dimanche, 11 mars 2007
librairie ? quand même !
J'aime bien le titre de la note de FB "librairie tiers livre, quand même".
Enfin ! Surtout son "quand même" qui laisse entendre tout le cumul de petites (!) saloperies qui lui furent écrites.
François, quant à moi, qui ne suis plus dans mes lointains tropicaux, sahariens ou maritimes, — tu m'aurais fichtrement été bien utile en ces temps — je continuerai d'aller QUAND MÊME
du Bon-Pasteur — Vent d'ouest —
par la Contrescarpe
à la Fosse — Coiffard.
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jeudi, 08 mars 2007
journée de la femme
À propos d'écriture de femme et/ou de littérature "féminine".
Il y a , à l'intérieur du champ littéraire, comme ailleurs, une lutte des sexes et je vois la mise en avant d'une « écriture féminine » ou de l'audace de l'écriture des femmes comme une énième stratégie inconsciente des hommes devant l'accès de celles-ci en nombre plus grand à la littérature pour les en écarter en restant les détenteurs de la « littérature », sans adjectif, elle.
Annie ERNAUX
L'écriture comme un couteau
— bouquin qu'une très ancienne et très chère amie m'a vivement recommandé.
Enfonçons l'épine : comme l'écrit dans un courrier un lecteur de Libé « ce 8 mars, journée de la femme, anomalie calendaire au milieu des 364 journées de l'homme » !
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mercredi, 07 mars 2007
....ils s'en vont, il s'en va....
Le corps se fait plus lourd, plus dense de jour en jour, insensiblement, sans changer presque de poids ni de forme, il se charge d'un poids mort qui s'ajoute à la charge utile du vivant. C'est comme si l'élasticité l'abandonnait pour laisser place à la force gravitationnelle. Il s'éloigne de la danse et se rapproche de la masse. Il s'éloigne du mouvement originel et se rapproche de la mort.
Baudrillard ! Je l'avais un peu délaissé au profit des vieux grecs et ses bouquins relégués au second rayon, hors ses Cool Memories, toujours à portée de lecture.
Il m'avait dopé le penser et revitalisé les pratiques de mon "métier". Mon premier bouquin lu et relu, conseillé, prêté : Simulacres et simulation, tout notre temps et ses géographies y sont, c'est "borgésien" en diable. Certes, comme pour Barthes, Bourdieu, Castoriadis, Morin, il fallait avec ténacité m'approprier son lexique.
C'est dans l'effort qu'il nous est nécessaire d'entendre les "prophètes" de notre ère
Ses Cool Memories étaient la merveilleuse inscription de son corps, de ses émotions, de ses amours dans le conceptuel de sa réflexion.
Bien sûr qu'il faut rêver de toutes les femmes. Il n'en est aucune qui ne serait blessée qu'un homme ne rêve de toutes à travers elle.
L'homme se jette dans la benne à ordures en criant : « Je suis une ordure ! ». On l'arrache, il s'y jette à nouveau en criant :« Je suis une ordure ! ». Il avait perdu l'usage de la métaphore.
Baudrillard était voisin de Michaux.
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mardi, 20 février 2007
une tant belle phrase
Revenant d'un entretien avec MT pour mettre la dernière main — finaliser, dit-on aujourdh'hui — à la parution d'un bouquin qui fêtera en août le centenaire de la Société coopérative des Pêcheurs de Passay sur le lac de Grand'Lieu, je m'arrête rue de la Fosse chez Coiffard — toutes les encres numériques, papiers électroniques et les fosses à bitume ne me feront point abandonner cette halte hebdomadaire entre de vieux rayons traditionnels, inaccessibles sans échelle parfois — j'échange contre un Zao-Wou Ki déjà offert à Nicléane, un Manchette plein de romans noirs et pour combler mon avoir ainsi obtenu, je me dégotte en me mettant à genoux — harmonie des contraires avec la nécessité de l'échelle —, un "Michon" de bas de rayon qui est d'une haute prose : L'empereur d'Occident, aussitôt feuilleté dans le tramway du retour et je glisse dans l'une de ces phrases qui comble de félicité un vieux lecteur marin :
Dès ce premier jour, je m'assis auprès de lui sur le petit banc de pierre ; et comme je contemplais aussi les voiles, nous parlâmes naturellement de navigation des amis de la rame et des vaisseaux noirs, de navigation et de poésie grecque : car l'une ne peut être dite sans l'autre, à tel point qu'on ne sait laquelle est le texte de l'autre, et si d'abord on jeta de frêles charpentes goudronnées, ou des mètres de juste syntaxe, sur le pur hasard de la mer et des langues.
Tout y est inclus, et les siècles antiques et les rives de ces jours, l'Homère implicite et le linguiste dissimulé, la juste balance des propositions du grammairien et le Chant II de l'Iliade qui dénombre à perte d'horizon les flottes des cités grecques.
Demeurent, immuables, le banc de pierre et l'amitié, les voiles, l'océan et le poème.
Pierre Michon — ne fut-ce que pour cette phrase, rédigée bien avant son choix de résider dans "ma" ville — affirme bien son droit d'être devenu Nantais : Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j'ai l'impression que... où certains regards brûlants... et cætera** .
* Pierre MICHON, L'empereur d'Occident, Verdier poche, 2007.
** André BRETON, Nadja, Gallimard, réédition en Livre de poche, 1964.
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samedi, 17 février 2007
encres, écrits, livres, écrans,TOILE
Ce week-end commence bien pour nos écrits et ses supports. Après deux articles dans le Monde des Livres d'hier sur le livre numérique et le blues des libraires, Masse critique de Frédéric Martel sur France Cul, invitait Agnès Saal de la BNF, qui planche sur Europeana, le projet de bibliothèque numérique européenne face à Google.
On y reparle des e-livres à encre numérique, des saints droits d'auteurs — dans cinquante ans, de ceux-là, on ne reparlera plus.
Mais l'auditeur perçoit toujours une petite nuance rageuse quand Google est mentionné, assimilé à Bush junior par Barbara Cassin (Google-moi) qui est plus audible quand elle parle des Présocratiques que du moteur de recherche que d'un déclic vous et moi, pouvons envoyer aux enfers — les gens de Google ont de quoi payer bien Caron.
Anecdotiquement, j'ai "rencontré Google" en 1996, à la BNF, quand, faisant des recherches sur la Kahéna, une bibliothécaire m'a conseillé ce moteur de recherche, qu'elle estimait autrement plus perfomant que AltaVista ou HotBot.
Ô tempora, Ö mores !
J'en ai sept ou huit dans mes marque-pages et, selon, je choisis. Rarement déçu.
La bonne nouvelle de cette numéraisation européenne c'est qu'enfin les bouquins seront numérisés en mode texte et non en mode image.
Je ne pense pas que mon libraire s'étonne de mes absences hebdomadaires. Là, mes fidélités sont indéfectibles !
Pour cette affaire plus que jamais en cours, avoir toujours sous le coude Livre, de Michel Melot et sous le clic, le site d'Affordance.
Il y a du grain à moudre et pour jeudi, France Cul annonce une journée sur javascript:;toutes ces choses !
Post-scriptum (qui a peut-être à voir) : Merci à Berlol pour le Cendrars.
Post-scritum 2 : Après Masse critique, suivait RÉPLIQUES ; j'ai foutu le podscast à la corbeille. Dommage pour les invités du sieur F. Le jeu de marelle des intellectuels — tout courts — m'emmerde (cf. Le NouvelObs de la semaine).
Post-scriptum 3 : Aujourd'hui, ce 17 février, mon PÈRE aurait 100 ans.
Mon père tu fus et tu seras
à travers tes bontés tes erreurs tes courages
ma fierté OUVRIÈRE
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dimanche, 11 février 2007
la fin d'un monde ?
À JCB,
qu'il fasse comme Blaise
et nous revienne un jour !
Pour clore le dépoussiérage, une mince plaquette, un peu oubliée entre de gros bouquins. Pas d'ex-libris. Donc, ni date, ni lieu d'acquisition.
La couverture, pourtant, est loin d'être anodine, rouge avec un jeu typographique sur la lettre N, répétée six fois entre le titre et l'auteur, un jeu dû à Fernand Léger, une première édition de 1919, reprise chez Seghers en 1949, préfacée par l'auteur... Blaise Cendrars.
Drôle de préface. À la Cendrars : il y parle de son travail d'éditeur à La Sirène, des 221 volumes qu'il y a préparés, qui furent ou non publiés ; mais, sauf la dernière, où il évoque ce labeur, il va consacrer l'ensemble des pages à Casanova, aux Mémoires du chevalier, aux travaux de recherche menés par une "équipe de lettrés et de rats de bibliothèque internationaux".
La fin du Monde filmée par l'ange N. D. ne sera mentionnée en deux lignes que dans l'avant-dernier paragraphe.
En une longue, longue phrase, ponctuée d'énumérations d'une belle efficacité, Cendrars relit Casanova et sa vie.
Je considère les Mémoires comme la véritable Encyclopédie du XVIIIe siècle, tant ils sont vivants, contrairement à celle de Diderot, et l'œuvre d'un seul homme, pas d'un idéologue ou d'un théoricien, ce grand vivant de Casanova qui connaissait tout le monde, les gens et les choses, et la façon de vivre de toutes les classes de la société dans les pays d'Europe, et la route et les hostelleries, les bordels, les tripots, les chambrières, les filles des banquiers, et l'Impératrice de Russie pour qui il avait fait un calendrier, et la Reine de France qu'il avait interviewée, et les comédiennes et les chanteuses d'opéra, Casanova qui passait aux yeux de la police pour un escroc dangereux et dans les salons pour un beau joueur ou un sorcier, le brillant Chevalier de Seingalt, chevalier d'industrie, qui fréquentait les ouvriers, les artisans, les brodeuses, les marchandes à la toilette, le petit peuple des rues, cochers et porteurs d'eau, avec qui il était à tu et à toi comme avec le prince de Ligne, comme avec le comte de Salmour qui se mourait d'impatience pour avoir la suite de ses Mémoires alors que ces Mémoires n'étaient pas encore publiés mais circulaient sous le manteau et par courriers rapides qui galopaient à travers l'Europe (et depuis lors le public ne s'en est pas encore rassasié !), l'homme s'étant improvisé écrivain à l'âge de 60 ans pour meubler ses loisirs de bibliothécaire dans un château de Bohême, les soirées et les nuits d'hiver étant plus longues que les mille et une nuits de Shéhérazade dans le château désert du comte de Wallenstein de Dux, malgré les 25.000 volumes de la bibliothèque, le viveur se sentant devenir vieux dans la solitude, il revivait sa vie crépitante, noircissant des cahiers tout en ajoutant des bûches au feu de la cheminée, et je trouve prodigieux le sort de ses écrits qui sont devenus un des grands livres du monde alors que le vieillard n'était en rien gens de lettres ni ne maîtrisait sa langue et que la version que l'on connaît des Mémoires n'est ni le texte original ni même une traduction fidèle ou un arrangement moralisateur ou un choix des meilleurs morceaux ou une adaptation piquante, érotique, ce qui est un cas unique dans l'histoire de la littérature mondiale pour un écrit devenu un livre de chevet et prouve bien que malgré l'avis des psychologues, des moralisateurs, des historiens, des hommes de plume professionnels nul n'est besoin d'avoir du style, de la grammaire, de l’orthographe, de la science, des idées, de la religion, ni même une conviction quelconque pour écrire un livre immortel, et que le tempérament et l'amour de la vie y suffisent, ainsi que l'amusement d'écrire sans prétention et pour son seul plaisir des histoires vraies.
J'avais tourné le dos. J'avais tourné la page. J'étais parti au Brésil. Je prenais des films. Je chassais. Je voyageais. Je flânais. Je perdais mon temps. Je respirais, je vivais et foin des bibliothèques ! Quant aux livres en panne que j'abandonnais au bon et au mauvais génie de La Sirène, je n'y pensais plus...
Parmi ces livres était le scénario de LA FIN DU MONDE sur lequel je comptais beaucoup pour faire fortune, mais... habent sua fata libelli.
Un éditeur devrait être astrologue !
BLAISE CENDRARS.
(Saint-Segond, 27 janvier 1949)
Post-scriptum : On reparle du grand Blaise, ces temps-ci à propos de la réédition du tome XV de ses œuvres complètes et du bouquin de sa fille Myriam, réédité aussi avec quelques ajouts. La webradio de France Cul, les Sentiers de la Création, rediffuse "En bourlinguant avec Blaise Cendrars", les entretiens réalisés par Michel Manoll, en 1950.
Que du bon et grand air !
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mercredi, 31 janvier 2007
las, las et malgré tout...
Épuisant, l'époussetage des livres, même si la réouverture d'anciens bouquins est belle glane.
Monter, descendre, remonter, redescendre ! L'escabeau n'est pourtant pas bien haut.
Aujourd'hui, c'étaient les grands familiers... et quelques rares dont un certain Calaferte qui me trouble toujours autant avec sa Mécanique des femmes :
— Tu sais qui je suis ?
Ironique.
— Une débauchée.
Son mouvement lascif.
— Débauchée, luxurieuse, corrompue, déréglée, voluptueuse, immorale, libertine, dissolue, sensuelle, polissonne, baiseuse, dépravée, impudique, vicieuse.
Me baisant la main avec une feinte dévotion.
— Et malgré tout ça, je veux qu'on m'aime.
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mardi, 23 janvier 2007
empoussiérée, la "librairie"
Plus de quatre mois de chantier, et malgré draps et cartons, livres, disques et dossiers sont empoussiérés.
Étagère après étagère, livre après livre, essuyer, épousseter, feuilleter...
Et glissent de vieux bouquins, pas ouverts depuis trente ou quarante ans, une note manuscrite, un article de presse découpé, une feuille de laurier-rose, séchée, la photo de l'amoureuse d'alors !
Il y en a pour quelques jours. Car ça prend du temps de relire de grands bonheurs qui resurgissent sous le hasard d'un plumeau.
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jeudi, 11 janvier 2007
il était une fois... Jean-Pierre Vernant
J'avais appris de lui, le lisant, la "philia" grecque, cette amitié citoyenne :
Pour les Grecs, l'amitié (la philia) est un des éléments qui fonde la cité. Elle tisse un lien entre le privé et le public, par lequel entre soi et l'autre « quelque chose » circule, « quelque chose » qui, tout en laissant chacun singulier, forge une communauté homogène. L'amitié, c'est mettre en commun. Par conséquent, il n'y a pas d'amitié sans égalité... On ne peut avoir d'amitié que pour quelqu'un qui est d'une certaine façon son semblable : un Grec envers un Grec, un citoyen envers un citoyen... Et pour les Grecs, il ne s'agissait pas seulement de vivre ensemble, mais de bien vivre ensemble.
Libé salue la "mort d'un guerrier grec" dont le regard éclaire notre avenir. Et nous en aurons fort besoin tout au long de ces mois de cyberpolitique vaseuse qui nous mènent à l'été.
Cet homme m'avait donné le goût de "refaire" du grec.
J'ai aussi, l'imitant, commencé à raconter Troie et Ulysse à Noémie et Célia, mes petites-filles. L'Univers, les Dieux, les Hommes fut un de mes premiers bouquins du XXIe siècle ; Vernant y donnait, dans les premières lignes, son art d'être grand-père et avouait sa volonté de faire entendre la voix grecque, "que ce soit elle, en écho, qui continue à résonner."
Claude Lévy-Strauss pourra affirmer, comme un constat d’évidence, qu’un mythe d’où qu’il vienne, se reconnaît d’emblée pour ce qu’il est sans qu’on risque de le confondre avec d’autres formes de récit. L'écart est en effet bien marqué avec le récit historique qui, en Grèce, s'est constitué en quelque façon contre le mythe, dans la mesure où il s'est voulu la relation exacte d'événements assez proches dans le temps pour que des témoins fiables aient pu les attester. Quant au récit littéraire, il s'agit d'une pure fiction qui se donne ouvertement pour telle et dont la qualité tient avant tout au talent et au savoir-faire de celui qui l'a mis en œuvre. Ces deux types de récit sont normalement attribués à un auteur qui en assume la responsabilité et qui les communique sous son nom, sous forme d'écrits, à un public de lecteurs.
Tout autre est le statut du mythe. Il se présente sous la figure d'un récit venu du fond des âges et qui serait déjà là avant qu'un quelconque conteur en entame la narration. En ce sens, le récit mythique ne relève pas de l'invention individuelle ni de la fantaisie créatrice, mais de la transmission et de la mémoire. Ce lien intime, fonctionnel avec la mémorisation rapproche le mythe de la poésie qui, à l'origine, dans ses manifestations les plus anciennes, peut se confondre avec le processus d'élaboration mythique. Le cas de l'épopée homérique est à cet égard exemplaire. Pour tisser ses récits sur les aventures de héros légendaires, l'épopée opère d'abord sur le mode de la poésie orale, composée et chantée devant les auditeurs par des générations successives d'aèdes inspirés par la déesse Mémoire (Mnémosunè), et c'est seulement plus tard qu'elle fait l'objet d'une rédaction, chargée d'établir et de fixer le texte officiel.
Aujourd'hui encore, un poème n'a d'existence que s'il est parlé ; il faut le connaître par cœur et, pour lui donner vie, se le réciter avec les mots silencieux de la parole intérieure. Le mythe n'est lui aussi vivant que s'il est encore raconté, de génération en génération, dans le cours de l'existence quotidienne. Sinon, relégué au fond des bibliothèques, figé sous forme d'écrits, le voilà devenu référence savante pour une élite de lecteurs spécialisés en mythologie.
Continuons donc d'être de modestes échos ! De ce JUSTE !
* dans Télérama n° 2443 du 6 novembre 1996
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mardi, 09 janvier 2007
virée de Gascogne
Retour de Gascogne, jusqu'aux frontières de son extrême sud-est chez l'ami du Lycosthenes.
Quelque lassitude et une contrariété : une belle poutre de chêne qui, après sablage, avait retrouvé son doux bois blond, se retrouve peinturlurée d'une laide lasure qui la transforme en traverse de chemin de fer...
Lassitude donc de ce chantier qui s'étire depuis quatre mois. Le tout donne des notes rares.
Allez donc lire l'aventure énigmatique du Lycosthenes : Étienne est mon ami d'adolescence. Il défendait Voltaire, je plaidais pour Rousseau. Nous échangions "en douce" de vieux bouquins d'anthologie sur les poètes symbolistes.
Comme les Apophtegmes du Lycosthenes, à la page de titre marquée "LP" liber prohibitis.
Si vous ne craignez point l'aridité érudite, entrez dans les méandres du "scripteur". Étienne y déplie l'horizon d'un sacré lecteur. Et certains vieux montaigniens aux fesses "engourdies" ne savent pas trop sur quels "trhônes"* poser leur cul.
Achevez, pour apaiser vos yeux, par le blogue d'Al qui ouvre l'espace de la peintresse dont les photos allègent parfois les notes de ce blogue-ci.
* à lire dans le Trésor de la langue française... et dyslexie montaignienne avérée.
Post-scriptum :`
Sur l'invention des Apophtegmes du Lycosthenes annotés, un article de trois pages, signé J.B. Harang dans le LibéLivres du... 15 juin 1989 et une communication d'Étienne, dans le numéro de la revue EUROPE, consacré à Montaigne en ...1990, lisible sur le site du Lycosthenes.
Passionnés de Montaigne aux archives !
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dimanche, 17 décembre 2006
quelques matins tristes et ...un rêve inabouti
Il ne faudrait point penser qu’après avoir égratigné un magazine littéraire, j’en célébrerais un autre. Non, je ne suis pas un abonné fervent du Magazine littéraire. J’y ai souvent trouvé ce que je me nomme une critique vaine, qui tourne à vide, qui ne me “cause” guère.
Néanmoins, il m’est souvent venu de l’acheter pour un dossier, un thème, un écrivain, parce qu’il allait m’être proposé une bonne bibliographie, une iconographie inédite, un entretien, qui allaient m’entraîner vers la rue de la Fosse ou la place du Bon Pasteur pour y vider ma bourse — dernier vécu en date, à propos de Cees Nooteboom.
Hier, un peu par hasard, je tombe donc sur le numéro anniversaire du mensuel quadragénaire — à vilaine couverture dorée —.
Quarante ans de littérature ! Donc au moins, quarante tout autant, pour le lecteur en son jardin ; sur presque soixante-dix ans — même si la lecture et les bébés n’était pas encore une pédagogie "puériculturelle" à la mode, c’est un bon bail.
Je me suis surpris à en prendre la lecture à rebours, une fichue et mince colonne bleuâtre, courant tout au long des cent trente pages, m’ayant foutu le bourdon.
Parce que ça ressemble à la rubrique nécrologique qu’un lecteur fidèle peut tenir quand au fil des jours, des semaines, des mois, des années, de ses horizons langagiers, disparaissent des noms, des visages, et au-delà des phrases, des chapitres, des titres.
J’ai bien écris “horizons langagiers” et non littéraires ; parce que un matin ou par radio ou par journal, j’ai appris la mort de telle ou de tel, c’est la tristesse profonde causée par la fin d’un vrai corps qui ne sera jamais plus, au-delà de ce mince objet sur l’étagère ou la table, vivant.
Perte irrémédiable d’un élargissement de la langue — de “ma” langue, d’une possible effervescence des mots et des idées que même la publication d’ouvrages posthumes n’atténuera point.
Ce n’est sans doute pas très gai, quoique ça m’incite à de folles relectures, mais ça donne ceci :
2006 - le 10 avril, meurt Jean Grosjean,
2005 - le 17 septembre, meurt Jacques Lacarrière,
le 6 juillet, Claude Simon,
2004 - le 28 décembre, meurt Susan Sontag,
2003 - le 11 décembre, meurt Ahmadou Kourouma,
2001 - le 20 décembre, meurt Senghor,
1997 - le 6 août, meurt Guillevic,
le 2 août, William Burroughs,
le 6 avril, Allen Ginsberg,
1994 - le 2 mai, meurt Louis Calaferte,
1991 - le 13 décembre, meurt André Pieyre de Mandiargue,
le 2 janvier, Edmond Jabès,
1990 - le 30 septembre, meurt Michel Leiris,
1988 - le 6 août, meurt Francis Ponge,
le 19 février, meurt RENÉ CHAR,
1987 - le 17 décembre, meurt Marguerite Yourcenar,
1986 - le 14 juillet, meurt JORGE LUIS BORGES,
le 14 avril, Simone de Beauvoir,
1984 - le 19 octobre, meurt HENRI MICHAUX,
1982 - le 24 décembre, meurt Louis Aragon,
1981 - le 4 octobre, meurt Albert Cohen,
1980 - le 14 octobre, meurt Louis Guilloux,
le 7 juin, Henry Miller,
1977 - le 11 avril, meurt Jacques Prévert,
le 14 janvier Anaïs Nin,
1976 - le 8 janvier, meurt PIERRE JEAN JOUVE,
1975 - le 20 septembre, meurt SAINT-JOHN PERSE,
1970 - le 9 octobre, meurt JEAN GIONO.
Trois grands — pour moi — oubliés :
1998 - le 17 février, meurt NICOLAS BOUVIER,
1989 - le 28 octobre, meurt KATEB YACINE,
1984 - le 29 décembre, meurt José Corti, l'Éditeur.
Par delà ce cénotaphe, au cœur de ce Magazine à la laide dorure, il est aussi du VIVANT. Bien vivant et paisible, un aïeul, un très grand aïeul, de quatre-vingt dix-sept ans qui marche le long des rives de Loire, évoque, justement, dans un entretien, un de ces horizons langagiers qui aurait pu s’ouvrir, mais qu’il avoue avoir laissé dans une impasse : La Route.
C’est l’un des trois textes du recueil de Julien GRACQ, La Presqu’île* ; ce titre évoquant le récit central d’une attente amoureuse, parcours géographique d’une presqu’île guérandaise qui m’est bien familière, où l’art de la toponymie et la précision des atmosphères sonores aiguisent à l’extrême la tension érotique de l’amant qui “meuble” la vacuité des heures :
...le gong lointain d’une casserole heurtée, passant par une porte ouverte — l’épais froissement de roseaux d’une toue invisible, le râclement mou, étouffé, de la proue plate glissant pour l’accostage sur la vase de la berge, et le bruit final de bois heurté de la gaffe reposée sur les planches, pareil au verrou tiré sur la journée finie.
Cette Presqu’île et un Roi Cophétua, qui inspira à André Delvaux ce “Rendez-vous à Bray” que j’aimerais tant revoir pour la nue beauté d’Anna Karina, sont donc précédés par un premier texte, La Route, que Gracq avoue être comme le vestige unique d’un livre mort parce qu’il n’avait “pas choisi, pour l’attaquer le ton juste...”
Et pourtant quelle fascination dans cet incipit qui annonçait un immense western, une épopée à la Tolkien ou à la ...Homère.
Dommage, dommage, Julien Gracq — je me permets de m’adresser à vous qui êtes bien vivant et qui marchez le long de notre fleuve commun — dommage que vous ayez décidé que “le sujet ne (vous) tenait pas assez à cœur”. Notre horizon en eût été tellement plus riche.
La première ligne :
Ce fut, si je m’en souviens bien, dix jours après avoir franchi la Crête que nous atteignîmes l’entrée du Perré ; l’étroit chemin pavé qui conduisait sur des centaines de lieues de la lisière des Marches aux passes...
Et la dernière, hélas ! :
Je me souviens de leurs yeux graves et de leur visage étrangement haussé vers le baiser comme vers quelque chose qui l’eût éclairé — et le geste me vient encore, comme il nous venait quand nous les quittions, avec une espèce de tendresse farouche et pitoyable, de les baiser au front.
Serait-ce qu’après les formidables huis-clos du Château d’Argol, du Rivage des Syrtes, l’ouverture de ces espaces pressentis vous ait coupé le souffle ?
* En ex-libris,
à L'Heptaméron,
Angoulême, le 16 juin 1970,
en la mort d'Elsa !
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samedi, 09 décembre 2006
un beau soir, à la Roche
Jeudi, je m'en fus à la Roche pour entendre François Bon lire Michaux. J'en suis revenu heureux doublement : un Bon en vrai corps, en vraie voix, en vrai sourire.
Un Michaux lu et relu depuis cinquante ans, mais entendu comme une première fois, ; j'ai beaucoup, beaucoup aimé ce dire en transe, scandé par un souffle et, plus en arrière la pulsation sourde d'un rythme cardiaque. Une juste ambiance sonore pour un Michaux qui écrivit aussi : «..comme on traîne un landau sous l'eau».
Quand je suis arrivé à la tombée du jour dans les parages de la bibliothèque municipale, le premier homme rencontré fut Louis Dubost avec qui nous avons évoqué les compagnons de haut-bord : Roger B., Étienne G.
Louis, très grand "petit" éditeur de L'I'(DÉ)E BLEU(E), mais aussi trop discret poète de L'Ile d'elle*.
Je me suis souvenu avoir animé avec lui, fin des années 70, une soirée autour de la poésie, dans je ne sais plus quelle maison de quartier.
Les Yonnais ont parcouru un bon bout de chemin jusqu'à ce colloque Michaux. Il est vrai que Cathy, Florian, Gwenael et d'autres ont, depuis cette enclave d'écriture qu'est la Maison Gueffier, élargi l'horizon.
Il était dit que ce "sacré" Bon me permettrait de renouer des liens très anciens : dans la cohue chaleureuse du pot qui suivit la lecture de Michaux : Bernadette et Jean-Damien Chéné.
Toujours ce petit miracle des durables amltiés. Dernière rencontre, dans les derniers jours de 1986, sur les quais de Port-Joinville (j'y traînais mes bottes de marin, même l'hiver ; depuis je me suis assagis !). Jean-Damien, dix auparavant, chômeur au sortir de l'Université — déjà ! — pris comme assistant dans des stages qui n'étaient pas encore des "ateliers" d'écriture, Jean Damien édité par Louis quand celui-ci faisait tourner sa ronéo entre 77 et 82, éditant alors "pour le plaisir et aux dépens d'un amateur" :
Louis. Tu es décidément l'éditeur de ce banc de textes. Tu m'assignais la braise :l'eau fit préemption. En un instant, la Loire eut ses inondations, puis se retira.
Éprouver dans mon sable la trace insistante de mots, cela m'irritait, m'émeut. Je n'y décelais que marée décharnant mes fossiles. c'est en amont, ce sont des pieux, où s'épavent mes effilochés. C'est dans la vase, humus et limon : résurgences, mes mots.**
Merci, François. Voici ce que cette soirée, qui n'était une venue à ta lecture de Michaux, m'a offert par surcroît.
J'ai failli te crier "chiche" quand pour clôre tu proposas à l'assistance que nous passions la nuit à lire l'œuvre complète de Michaux. Mais tu avais atelier le lendemain matin et, moi, je devais regagner mes rives de Loire avant la tempête de l'aube.
Aurais-je aimé un moment encore, de toi, un texte apaisé, pour entrer dans la nuit :
Emportez-moi dans une caravelle,
Dans une vieille et douce caravelle,
Dans l'étrave, ou si l'on veut, dans l'écume,
Et perdez-moi, au loin, au loin.
Dans l'attelage d'un autre âge.
Dans le velours trompeur de la neige.
Dans l'haleine de quelques chiens réunis.
Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.
Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,
Sur les tapis des paumes et leurs sourires,
Dans les corridors des os longs, et des articulations.
Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.
Emportez-moi in Mes propriétés
* Louis DUBOST, L'Évidence d'elle (précédé de) L'Ile d'elle , éd. Le Castor Astral, 2000. Pour moi, un de ses plus beaux recueils.
** Jean Damien CHÉNÉ, résurgences, mes mots, Le Dé bleu, 1982, (édition ronéotée).
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lundi, 04 décembre 2006
...ou je suis plus nul...
que..les nuls ?
Ou la clôture du jardin de grapheus tis est parfaitement étanche aux écumes de la littérature de masse.
En lisant cette nouvelle revue, “Le magazine des Livres”, j’apprends l’existence, en quatre pages et demie, d’un “écri-vain” dont j’avais à peine ouï le nom lors des années qui viennent de s’écouler. Marc Lévy ? Ah, bon !
Les Delly, Max du Vieuzit, Guy des Cars de tous temps ont eu la ponte annuelle généreuse, après Coelho Paulo, Marc Lévy serait leur digne rejeton.
Ce magazine semble vouloir “ratisser” large : et pourquoi pas ?
Le “cahier des livres, en vingt-cinq pages, recense une cinquantaine de livres, récemment parus. L’horizon de la classification décimale universelle est correctement balayé, les sciences pures étant hors-jeu.
Heidegger, Beckett, Delerm, Zweig sont les objets de chroniques, rencontres, bonnes feuilles, portraits souvenirs. Même le génie (?) de Jean-Edern Hallier est, inédit, évoqué.
Se ressent comme un flou dans la ligne éditoriale et dans la charte graphique.
Pour la qualité de la première de couverture, il n’est que de se reporter aux pages 78 et 79. Les deux précédentes ne sont pas mal non plus dans la mesure ou s’affiche l’entrepreneur-éditeur qui ne néglige point ses propres titres. Sûr ! À ne point souhaiter faire "lettré", le bimestriel sera noyé dans les accumulations des rayons de presse de mon hyper-U (10 mètres de long, 2,20 mètres de hauteur et les publications se chevauchent sur une, deux, trois épaisseurs).
En huit pages, on me rebat les oreilles à propos d’une polémique (?) qui, je le croyais, existe depuis que, par testament, les frères Goncourt ont fondé la “chose”. Ce sont les crues automnales de ce genre de ragots. Fallait-il en rajouter ? Et à quelles fins ?
Dans la foulée des pages, sept sont consacrées à développer un thème au titre accrocheur “Pourquoi deux millions de Français veulent écrire... et vous ?”
Ce “...et vous ?” intrigue le modeste blogueur et me propose une “balade au pays des écri-vains”.
Tiens ! un jeu à la Lacan ; y aurait-il donc des écrivains et des écri-vains ?
Ou des écrivains qui écriraient vainement ?
Et ces deux millions, ils veulent écrire ? Ou écrivent-ils ? Mon "grapheus tis" va s'y perdre.
Je m’enfonce, malgré un sous-titre qui me navre. Au terme des huit pages, le lecteur ne saura jamais si le rédacteur a pris défense, a plaidé pour ces deux millions qui écrivent. Ou si, les tournant en dérision, il justifie la noblesse hautaine des éditeurs qui n’estimeraient rien de ce qui leur parvient par la Poste — il est vrai que vu l’état actuel de ce Service public...
À ménager la chèvre et le chou, le rédacteur s’est-il demandé si ce qu’il me servait, c’était du lard ou du cochon.
Monsieur Ploton, mais dites-moi donc le nom de cet éditeur,
généraliste qui préfère garder l’anonymat,
éditeur masqué,
éditeur mystère,
éditeur à couvert.
Qui est-ce, monsieur Ploton ?
À moins que ce ne soit votre éditeur futur, pour lequel vous fites votre marché sur la Toile et que vous ne souhaitiez préserver la publication à venir de vos écrits vains !
Vous auriez haussé votre mise en problème en développant votre encart “Le blog, nouvel eldorado ou antichambre ?” Mais la potée “lard ou cochon” m’est à nouveau resservie.
Vient ensuite une autopromotion “maison” : la “toute jeune dans la cour des grands” — ça s’éclaircit : nous sommes chez les éditeurs, les vrais — Max Monnehay tient chronique, mais est aussi le sujet d’un entretien de trois pages à propos de son bouquin qui a obtenu le prix du premier roman 2006. Elle serait du 0,1%, envoyé par la Poste et cependant accepté.
Je fûs naïf, elle m'aurait appris que les pièces ont deux faces — citation, page 141 de son livre —, je fus gardien de but et capitaine de l'équipe des juniors de mon lycée, les arbitres me demandaient toujours : « Pile ou face ? », les arbitres de naguère avaient quelques connaissances en numismatique, jamais le plus borné d'entre eux — il y en eut ! — ne m'a proposé : « Face ou face ? ». Il n'y avait d'arbitre dans le jury du Prix du premier roman 2006.
À signaler quelques coquilles. Berlol en cite une ou deux. Je peux en ajouter trois ou quatre. Ce n’est plus une exception, depuis que, dans les logiciels de traitement de texte et de mise en page, il existe des correcteurs orthographiques. Qu’importe d’ailleurs, puisque l’acuité visuelle du lecteur est renvoyée aux oubliettes depuis que le ministre de l’Éducation se pique de pédagogie en matière de la lecture.
Mansuétude pour un numéro 1* ? Sans doute.
Achéterai-je le second numéro?
Curieusement, je vais quand même aller faire un tour du côté de la Presse littéraire en espérant qu’il n’y ait pas trop de coquilles et d’écri-vains.
* Jadis, pour que les vents soient favorables, les imprimeurs attribuaient le n° 0 à la première parution.
Mais les traditions de l'imprimerie sont comme les correcteurs, elles disparaissent.
« Sauvons-nous, nous-mêmes ! » proclamaient les "écriveurs" prolétaires. Cet aphorisme, je l'ai déjà cité trop récemment ; je radote.
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mardi, 21 novembre 2006
retour à Artaud
La glane matinale qu'une amie qui m'est plus que très chère m'envoie par courriel ce jour :
On peut commencer à tirer une idée de la culture, une idée qui est d'abord une protestation. Protestation contre le rétrécissement insensé que l'on impose à l'idée de culture en la réduisant à une sorte d'inconcevable Panthéon ; ce qui donne une idolâtrie de la culture, comme les religions idolâtres mettent des dieux dans leur Panthéon.
Protestation contre l'idée séparée que l'on se fait de la culture, comme si il y avait la culture d'un côté et la vie de l'autre ; et comme si la vraie culture n'était pas un moyen raffiné de comprendre et d'exercer la vie.
Antonin Artaud
Le théâtre et son double
Le dernier paragraphe a longtemps été une sentence que je m'emportais, dactylographiée dans mes dossiers, glissée dans un transparent entre des coupures de presse et un polycope.
Montaigne, lui, les faisait graver sur les poutres de sa "librairie".
Mais à propos, pourquoi doit-on payer 7 € pour voir une exposition sur Artaud à la BNF ?
Toujours feuilletant Jouve, pour préparer ma note sur le "Seghers", dans "En miroir, journal sans date" :
Des bandes se partagent aujourd'hui le commerce de la littérature. Elles pactisent entre elles, car elles sont engagées dans une opération unique contre la qualité. Leur solidarité s'exerce en vue de conquérir une définition, et une place, dans le cadre de la répétition. Leur littérature est chargée de faire dériver l'angoisse moderne, parvenue à un degré insupportable ; la platitude ou l'indécence du talent ne saurait être assez grandes, pour endormir ici, et aggraver là les douleurs de la répétition.
Comment les hommes de telle fabrication salueraient-ils la Poésie, dont le mouvement est libre, péremptoire et insolite ?
Ailleurs, vers la fin, très brièvement.
lâche-moi la main
dans l'enfer noir et blanc
mais l'incandescence bascule
le noir
le blanc
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samedi, 18 novembre 2006
simple à lire
Une note sur un bon bouquin paisible qui nous entretient du lire et de l'écrire, en nous conseillant de nous tenir dans les écarts — c'est un mot que j'affectionne beaucoup ces jours — écarts des médias, des panthéons, des pilons, des éditions, des critiques.
Sur le rayon de mon libraire, j'ai fait erreur sur le prénom ; j'avais lu "Michel Picard" ( Lire le temps, très bon livre sur la lecture).
C'est Georges Picard qu'il me fallait lire et c'est Tout le monde devrait écrire, José Corti éditeur.
Ça n'offre point de solution à celles et ceux qui éprouvent de la peine pour la "chose", mais c'est très apaisant pour celles et ceux qui écrivent sans se vouloir "écrivain(e).
Écrire pour penser plutôt que penser pour écrire... Peut-être publie-t-on trop, mais il n'est pas sûr qu'on écrive suffisamment. Tout le monde devrait écrire pour soi dans la concentration et la solitude.
À la page 96, il reprend, lui aussi, cette idée de Barthes qui me sert de pavillon* depuis presque quarante ans sur « l'utopie des textes écrits... qui circuleraient en dehors de toute instance mercantile. »
Il va de soi que le terme écrivain ne désigne pas ici une fonction sociale, de toute façon acquise dès la première publication, mais une passion, un destin. La création, faut-il insister ne se confond pas avec la production.
Ce qui nous ramène à nos commentaires de la semaine dernière sur littérature et blogue ; ce qui me renvoie à mon intérêt pour Fernando Pessoa et à sa malle de manuscrits.
Écrivant(e)s** de tous les pays, ne soyons point si mécontents de notre état !
* Pavillon : Pièce d'étoffe, généralement de forme quadrangulaire, que l'on hisse sur un navire pour indiquer sa nationalité, la compagnie à laquelle il appartient, ou pour communiquer un signal, une information (sanitaire, demande de secours, grade de commandement, etc.).
** Je n'oublie pas mon "login" grapheus tis qui, au pluriel, quelque soit le genre, se décline grapheis tivès.
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