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mercredi, 21 décembre 2005

En vrac


« Le badinage est la manière élégante, plaisante et joyeuse de traiter avec légèreté les sujets les plus graves et les plus sérieux …… il a partie liée avec la mélancolie. »

C’était hier matin, Christine Goémé présentant l’éloge du savoir qui retransmet les cours de Michael Edwards sur Le génie de la poésie anglaise

Il y fut aussi question de Jean de La Fontaine ; Edwards est à me faire aimer celui qu’un de mes vieux professeurs de classe de seconde avait échoué à faire.
J’ai pris le chemin de retour vers le "bonhomme" en lisant quelques-unes de ses fables à Célia et Noémie ; le sentiment géographique m’est un ressort puissant pour relire des auteurs délaissés, à l’été 2004, nous fîmes étape au château de Boscherville, près de Bourgtheroulde : La Fontaine y aurait résidé, lors ses tournées de maître des Eaux & Forêts, pour de galantes nuits, c’est du moins ce que narre l’hôte du lieu.
medium_boscherville.jpg

Aurais-je dormi dans une des chambres que fréquenta Jean le paresseux ? Ce n’est point déplaisant d’y songer !
J’ai réouvert quelques pages des fables et des Contes.

Soeur Jeanne ayant fait un poupon,
Jeûnait, vivait en sainte fille.
Toujours était en oraison.
Et toujours ses soeurs à la grille.
Un jour donc l'abbesse leur dit;
Vivez comme soeur Jeanne vit;
Fuyez le monde et sa séquelle
Toutes reprirent à l'instant:
Nous serons aussi sages qu'elle
Quand nous en aurons fait autant.

Guère sérieux à l’approche de Noël et d’une certaine vierge qui enfanta : je deviens sacrilège !

Ce matin, France Cul me fout en rogne. La dame Thérèse Delpech sévit encore, invitée par Demorand ; elle fait un tabac avec son bouquin “L’ensauvagement, le retour de la barbarie au XXI° siècle” primé par le Fémina/essai.
Mais quel péremptoire dans le ton ! Le non référendaire à l’Europe lui a déplu, ça se sentait ; son dépit laissait même transpirer que nos gouvernants auraient pu - dû- faire l’économie de cette procédure démocratique ; j’avais bien envie de la renvoyer à Platon et à ses finassements aristocratiques d’ancien catcheur qui méprisait le peuple.
Elle eût dû, faisant sa toilette pour venir à la Maison de la radio, écouter la reprise de l’émission “À voix nue” ; elle eût reçu une belle leçon d’humilité de l’historien Éric Hobsbawn. C’était peut-être un peu tôt pour madame.
Bref ! Je suis remonté pour toute la journée.

Le solstice d’hiver approche, le 23, je pense : le Soleil de midi sera à son plus bas et Orion , accompagné de Sirius, culminera dans le Sud au mitan de la nuit.

jeudi, 15 décembre 2005

Soleils ondes pures et ombres

Michael Edwards dans Éloge du savoir, à propos du génie de la poésie anglaise, me réveille vers 6 h 30 ; il parle de la fable du loup et de l'agneau, écrite par Ésope le Grec, puis par Phèdre le Latin, enfin par La Fontaine le Français ; et sa voix, à la diction parfaite mâtinée d'un si léger accent britannique, colore de douceur le vers de La Fontaine :

Dans le courant d'une onde pure.

Agréable réveil qui me renvoie à la soirée malouine de samedi quand j'ai dit - j'ai commencé ma lecture par ce sonnet - Abraham de Vermeil*

Un jour mon beau soleil mirait sa tresse blonde
Aux rais du grand soleil qui n'a point son pareil :
Le grand soleil aussi mirait son teint vermeil
Au rai de mon soleil que nul rai ne seconde.

Mon soleil au soleil était soleil et onde :
Le grand soleil était son onde et son soleil ;
Le soleil se disait le soleil non pareil :
Mon soleil se disait le seul soleil au monde.


Mettez-vous ces deux quatrains en bouche : onde est certainement un des mots les plus suaves de notre langue et quand il s'accote aux "eil" des soleils, aux "ai" des imparfaits des verbes, sa belle ombre s'étend sur votre réveil et paradoxalement vous éclaire la grisaille du jour qui s'annonce. Nous ne serions point dans le proche de l'hiver, j'oserais hasarder le moment de sieste estivale quand, sous un arbre bienveillant, jolie brise et feuillage s'allient pour des tendres éclats sur le visage

Hier au soir, nous étions dans d'autres ombres plus sombres, les ombres de la mort : dans À voix nue, Hervé Guibert disait simplement ceci qui ne peut que bouleverser celles et ceux qui écrivent :
...Mon journal s'éteint...


* Abraham de Vermeil (1555-1620 ?), gentilhomme calviniste, compagnon d'Henri de Navarre.

• À noter, cet après-midi sur France Cul, à 14 h, François Bon s'entretient dans Affinités électives avec Francesca Isidori, autre voix séduisante et sensuelle de la radio, .
À 17 h, encore pour deux soirées, Hervé Guibert !

jeudi, 08 décembre 2005

Arobase ? Vous avez dit @ ?

@ l’arobase ?
Le caractère à l’origine mystérieuse. Un site, entre autres, CLEVE, lui consacre quelques écrans.
En novembre, L’Histoire dans son numéro sur l’Écriture depuis 5000 ans lui consacre un encart. Abréviation ? Unité de mesure ? Expression typographique ?
Après celui des machines à écrire, il a conquis le clavier de nos ordinateurs.

Je cherchais, pour mes petits travaux de Grec ancien, les Moralia de Plutarque. Les hasards - est-ce hasard ? - m'envoient des moralia aux apophthegmes. Me voilà dans le Lycosthènes. Je viens de me “relier” avec un vieil ami d’adolescence qui “inventa” aux Puces de Saint-Sernin de Toulouse, il y a quelques années, un exemplaire du Lycosthènes, recueil d’apophthegmes* du XVIe siècle annoté, aux marges, de la main d’un mystérieux lecteur.

Ce dernier utilise l’arobase. Certes, ça ne renseigne point sur les origines, mais voici découverte une utilisation originale de notre petit signe familier.
Il faut aller lire le maître d’œuvre de ce chantier du Lycosthènes qui va bien au-delà de la recherche sur un signe typographique.

Presque systématiquement le scripteur use d'un bel @, arobase, correspondant toujours au français autr comme on peut le constater dans les exemples qui suivent, que nous zoomons en raison de la petitesse de l'écriture. Pour rappel : les marges font environ deux centimètres.
medium_arobase_2.jpg
*mesmes les theatres et eschafaux ou ils iouoient leurs farces et comedies ils les ornoient de peïntures tapisseries et autres paremens riches Val max. 64 (lyc.168 de comoedia libertate)
ÉTIENNE ITHURRIA


Mon vieux copain d'adolescence avec qui je partageais les poètes symbolistes et décadents de la fin du XIXe - nous étions déjà "à côté" et nous lisions Moréas, Ghil, Lafforgue, Henri de Régnier, Anna de Noailles... - est un bel et grand érudit. Je lui dois bien un vrai poème symboliste bien décadent :

Il est une heure exquise à l'approche des soirs,
Quand le ciel est empli de processions roses
Qui s'en vont effeuillant des âmes et des roses
Et balançant dans l'air des parfums d'encensoirs.

Alors tout s'avivant sous les lueurs décrues
Du couchant dont s'éteint peu à peu la rougeur,
Un charme se révèle aux yeux las du songeur :
Le charme des vieux murs au fond des vieilles rues.
.........................................................................
Oh ! les vieux quais dormants dans le soir solennel,
Sentant passer soudain sur leurs faces de pierre
Les baisers et l'adieu glacé de la rivière
Qui s'en va tout là-bas sous les ponts en tunnel.

Oh ! Les canaux bleuis à l'heure où l'on allume
Les lanternes, canaux regardés des amants
Qui devant l'eau qui passe échangent des serments
En entendant gémir des cloches dans la brume.

Tout agonise et tout se tait : on n'entend plus
Qu'un très mélancolique air de flûte qui pleure,
Seul, dans quelque invisible et noirâtre demeure
Où le joueur s'accoude aux châssis vermoulus !

Et l'on devine au loin le musicien sombre,
Pauvre, morne, qui joue au bord croulant des toits ;
La tristesse du soir a passé dans ses doigts,
Et dans sa flûte à trous il fait chanter de l'ombre.

Georges Rodenbach,(1855-1898),
Vieux Quais



Mais qui est donc le lecteur qui annota le Lycosthènes ?
À lire donc sur lyscosthènes.org

* APOPHTEGME, subst. masc. : Parole, sentence mémorable de personnages de l'Antiquité. Les apophtegmes des Sages, les apophtegmes de Caton.

mercredi, 07 décembre 2005

Petite histoire de c...ls

Soirée de samedi prochain à Saint-Malo, plus précisément à Saint-Servan - les Gallos s’y reconnaîtront en ces citadines litanies.
Joc et Pie joueront sur leurs flûtes douces Monsieur Naudet, Telemann, entre autres musiciens du XVIIIe siècle.
Je les précéderai... d’un siècle en lisant quelques poètes baroques du XVIIe.

En écho à un poème de Raymond Federman publié sur Poézibao à la mi-novembre

le musée des culs imaginaires
(traduction Christian Prigent)

Quand on pense aux millions et aux millions de gens
qui ont rêvé devant la Joconde,
on peut imaginer leur sourire si Léonard avait peint
son cul plutôt que son visage.
De tous temps, le cul a fasciné les artistes et,
dans leurs tentatives pour saisir les délices de sa forme
éternellement changeante,
ils nous ont donné une stupéfiante
collection de culs. Par exemple :.....

- suit une longue énumération de plus de trente vers sur les beaux culs que flattèrent les peintres -, en écho donc, et en hommage aux belles et à leurs peintres, je lirai un très doux poème de Vincent Voiture, titré malicieusement

À une dame dont la jupe fut retroussée
en versant
dans un carrosse à la campagne


À découvrir, si l’on peut écrire ainsi. La dernière strophe est :
Philis, cachez bien ses appas :
Les mortels ne dureraient pas,
Si ses beautés étaient sans voiles.
Les dieux qui règnent au dessus nous,
Assis là-haut sur les étoiles,
Ont un moins beau siège que vous.




Note-bene
: Dans l’ordre de belle apparition ; un Rubenscul, un Gauguincul, un Dalicul et le cul de Cléopâtre, celle du musée des Beaux-Arts de Nantes !

dimanche, 04 décembre 2005

De la "vie secrète" au "cul de Judas"

Vendredi, tellement obnubilé - ce n’est guère sérieux pour un lecteur - par le prix des QUIGNARD(s), que j’en ai oublié le bandeau de la Une du Monde des Livres.

À gauche :

Antonio Lobo Antunes
Rencontre avec le grand romancier portugais à l’occasion...

À droite :
Pascal Quignard
Pas moins de six volumes de l’auteur de « Vie secrète »....


Et pourtant, elle m’a frappé, cette Une, accotant les deux auteurs qui depuis dix ans, m’ont enfin désappris la lecture du roman traditionnel. L’un, l’Ibère lisboète, par le tumulte symphonique de ses monologues infinis, l’autre, par la concision de ses fragments. Dans l’un, de la nécessité de me couler de longues heures dans un fleuve charriant l’immondice et la beauté. Dans l’autre, le né normand devenu ermite bourguignon, du luxe de ne m’accorder que de brèves minutes pour cueillir l’essentiel souvent sensuel, parfois cruel, toujours érudit d’un moment, d’un paysage, d’un corps.

Bref, il y est des vendredis fastes du Monde des Livres où je renoue avec “mes” auteurs, n’en déplaise à certains grognons des blogues qui donnent , par l’envie qui suinte de leurs écrits, raison à ces journalistes médiatiques tout aussi envieux décriant la blogosphère et les humbles écrivants que nous sommes. (Aller entendre sur le blogue non envieux du Désordre à la date du 27 novembre).

En cette époque de remémorations confuses et superficielles, quand on sort du Tombeau pour cinq cent mille soldats de Pierre Guyotat, on peut farouchement plonger dans Le Cul de Judas, La splendeur du Portugal et Le Retour des Caravelles de Lobo Antunes. On resurgit dans la colère de Césaire ! C’est fort, beau et rinçant pour la mémoire. Je n’ai pas lu Exhortations aux crocodiles, ce serait peut-être un titre utile pour certains jeunes historien(ne)s du colonialisme. De toute obédience

vendredi, 02 décembre 2005

Livres et marché ! Marché du livre !

Retour du cours de Grec ancien - thème : l’ostracisme - halte coutumière aux rayons du libraire, chez Coiffard, rue de la Fosse. Je feuillette l’un des derniers Quignard publié aux éditions Galilée, Écrits de l’éphémère.
Bel objet austère avec le retour à d’un procédé d’imprimeur-éditeur, le Prière d’Insérer, depuis des années supplanté par le texte d’accroche de la quatrième de couverture. S’évanouit la lourdeur publicitaire, on revient à une finesse qui devait se partager entre lettrés.
Seulement ! Seulement, un hiatus : l’art de vivre lettré se paie. 45 €, le beau bouquin.
Nous attendrons la parution en poche, messieurs de Galilée !

À fortiori quand Quignard, très en verve éditoriale, publie quelques opuscules plus minces mais tout aussi bellement édités que Écrits de l’éphémère :
Pour trouver les enfers, Georges de La Tour, Le vœu de silence, Une gêne technique à l’égard des fragments, Inter ærias fagos, qui sont, sans nul doute, des regards aigus sur la littérature, la peinture, les écritures, l’histoire gréco-romaine
Je n’ai point l'espoir que ma bibliothèque communale s’engage dans l’achat de ces Quignard(s). J’avais eu quelques remarques réticentes quand, avant même qu’il ne reçoive le Goncourt, j’avais déposé une suggestion d’achat pour les trois tomes du Dernier Royaume.

Toujours et encore le clivage « littérature populaire/littérature lettrée ». Ça m’avait bien amusé les remarques des critiques sur le marquage très “élitaire” quant à l’attribution du prix à Quignard. Le Goncourt, n’est-ce pas, c’est ni trop peu, ni pas assez !

Post-scriptum :
Je suis allé au marché, ce matin, et par grand vent. D’excellentes darnes de lieu jaune à préparer avec un émincé de poireaux et d’échalotes, revenu sur un fond de cidre. J’ai aussi, dans le panier, la mâche, la brioche, les pieds de porc et Le Monde du vendredi ; j’ouvre l’encart “Livres”, la page 3 est quasi entière sur le Quignard nouveau ! Je fus “précédé”.
Je ne puis que, jalousement et prosaïquement, me rabattre sur les coûts.
Je fais mon marché, alors les prix, ça me connaît. Si la passion “Quignard” est vôtre - c’est la mienne ! - ce sera 163 €, non inclus le Inter ærias fagos en édition de luxe et à tirage limité...
Ils sont chers les Quignard(s) de fin d’automne !

Post-scriptum II :
S'ajoute le retour, dans le même numéro du quotidien, en pleine page du "vicaire" de l'athéisme et de l'hédonisme, Michel Onfray. J'ai entrevu sur les rayons de la FNAC - qu'il m'arrive de fréquenter en dilettante - qu'il est très sérieusement "encadré" par un anti-traité d'athéologie - même format, mêmes couleurs, mise en page identique de la première de couverture - et par l'ouvrage d'une dame d'œuvres pieuses.
J'ai "décroché" depuis "la Politique du Rebelle", estimant qu'il ressasse toujours le même "Art de jouir" depuis 1991. Que n'a-t-il trouvé d'autres chemins que l'édition pour règler ses malheurs d'enfance avec les Salèsiens ?
Je lui suis encore très fidèle quand, sur la Toile, il publie ses cours de l'Université populaire ; il est, là, très bon dans ses remontées au jour des penseurs écartés par l'ordre.
Saint-Èvremond, le curé Meslier, La Mothe Le Vayer, Cyrano de Bergerac, les Grecs qu'on voulut effacer, même Montaigne et Spinoza, racontés par Onfray, donnent appétit à ma pensée ! Racontés, il est vrai ! Il est plus historien de la philosophie que philosophe ; ce fut déjà écrit à son sujet ! Mais c'est pertinent, cette démarche "de l'anecdotique au philosophique" ; il y en eut un bel exemple, ce matin sur France Cul, avec Véronique Nahoum-Grappe.

Tiens ! On s'est éloigné d'Alain et de ses tourments, méchamment classé parmi les "nouveaux réacs" par quelques branleurs et branleuses du Nouvel Obs.

mardi, 25 octobre 2005

Artamène ou le Grand Cyrus

Ça pourra paraître étrange, ce titre !
Mais que ce soit un grand écrit baroque qui déboule ainsi sur la Toile me semble un événement considérable à l'heure où Google*, Jeanneney et Cie, faisant assaut de mondialisation, nous annoncent de borgésienne manière toute la Bibliothèque universelle sur nos petits écrans. Voila donc trois chercheurs et quelques autres, Suisses**, qui offrent à lire "littéralement et dans tous les sens" ce que pourrait être sur la Toile ce qu'aucun support papier n'a jamais pu nous donner d'une œuvre.
Une sacrée volute baroque, hénaurme !
Un texte quasi illisible, quasi inconnu, qui est à portée de clavier et de main, pour tous projets de lectures sélectives ou intégrales, pour cent pages ou dix lignes, pour universitaires de haut rang ou braconniers de basse souche !

Nous apprenons ce bonheur grâce à Litor - Berlol en étant le modérateur.
Il faut aller y voir. Y courir !
Le site : Artamène

Quelques lignes. La lettre de Mandane reprochant à Cyrus son inconstance :

Je voudrois bien pouvoir renfermer dans mon coeur, le ressentiment que j'ay de vostre inconstance : mais je vous avouë que j'ay esté si surprise, d'aprendre que vous avez changé de sentiment pour moy, que je n'ay pû m'empescher de vous donner des marques de mon estonnement, et de mon indignation ; quoy que je sçache bien qu'il y a de la foiblesse à se pleindre à ceux de qui nous avons esté offencez : et qu'il y a plus de Grandeur d'ame à n'accuser pas soy mesme les coupables à qui on ne veut point pardonner. Mais enfin puis que je n'ay pû souffrir vostre changement sans m'en pleindre, il faut au moins que je m'en pleigne comme une personne qui ne veut pas estre appaisée : c'est pourquoy je vous declare, que je ne veux plus servir de pretexte à vostre ambition ; ny estre la cause innocente de la desolation de toute l'Asie. Rendez donc au Roy mon Pere les Troupes que vous avez à luy : afin que ce ne soit pas de vostre main que mes chaines soient rompuës : car je vous advouë que j'aime encore mieux estre Captive d'un raviseur respectueux, que d'estre remise en liberté par un Prince infidelle : et par un infidelle encore, à qui j'ay donné cent illustres marques de fidelité.
MANDANE.


Et que les pisse-froid ne maugréent point que c'est encore une lubie informatique, les Trois Suisses (!) s'offrent le plaisir d'éditer - sur papier donc - de larges extraits de la Dame Madeleine de Scudéry et de son frère Georges chez Garnier-Flammarion.

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Qui s'en plaindra ?

* Googleprint, indiqué sur la liste Litor par Ronald Klapka, peut aussi nous apporter pas mal de plaisirs.
** Claude Bourqui (direction scientifique), Alexandre Gefen (conception technique), Barbara Selmeci (assistante de recherche), Juliette Reid (assistante de recherche), Bérénice Selmeci (auteur des fiches de personnages et de lieux).

dimanche, 23 octobre 2005

Comme suite à la soirée du 20 octobre *

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Y a-t-il jamais eu plus franche affirmation d'un projet éditorial ?
C'était le cul-de-lampe du Sourire qui mord en ses premières années. Sans doute disparut-il des publications quand l'équipe éditoriale s'accorda avec Gallimard pour diffuser les albums publiés plus efficacement ?

* Soirée évoquée dans la note du 13 de ce mois sous le titre Venise/sourire/morsure/foot/Pratt

jeudi, 13 octobre 2005

Venise/sourire/morsure/foot/Pratt

Belle et bonne pluie d'hier, doux ciel gris. Continus, tout au long de la journée. J'aime.

Préparation très accaparante de la soirée de jeudi prochain 20 octobre, à propos du Sourire qui mord.

Je ne voulais point rater hier soir le match France-Chypre, j’ai donc descendu le petit Mac dans la salle de séjour et me suis affairé au montage des images que La, Br et moi avions scannées ; naturellement, j’ai loupé les ratages de Djibrill Cissé.
Z’ont besoin d’un coup de jeunes, ces trentenaires du ballon rond. Ou alors, Domenech leur fait lire le Sourire qui mord avant la Coupe du Monde. Si “nous” voulons garder quelque espoir.

Voilà qui réjouirait fort l’ami Bruel !

J’ai trouvé ce matin, aux aurores, la tournure de ma “problématique” ! Outrant dans le trivial l'assertion de Bruel disant qu'en tant qu'éditeur il se situe "entre dans les dents de lait et les dents de sagesse", je corrigerais "entre les dents de laits et les dentiers". Façon d'intégrer la mamy et le papy dans la "colecture"*.

Des Albums ?
N’est-ce que pour les enfants ?

Qu’avec eux,
mamans et papas,
grands-pères et grands-mères,
nous les lisions, soit !

Mais si nous les lisions comme de brefs romans illustrés
qui ramènent à nos propres enfances !

Où même, ailleurs ?


Et je rêve sur les images de Venise n’est pas loin. Il est sûr qu’il y a du Hugo Pratt dans certains images d’Anne Bozellec.
Peut-être bien que la jeune héroïne est amoureuse de Corto Maltese ?

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À bien le lire, ce court roman imagé, certains psychologues, pédagogues et autres bibliothécaires politiquement corrects ont encore du mouron à se faire.


* À ce propos : bientôt les vacances, Noémie et Célia arrivent.

mardi, 04 octobre 2005

Peut-on ainsi lire le même livre ? *

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* Cette note est dédiée à Bourdaily on the web qui a entrepris un labeur étonnant et riche à propos du tableau de Delacroix, le bouquin d'Assia Djebar ayant, pour certains d'entre nous, suscité grand intérêt.

N-B : La première de couverture du livre édité par "des femmes" est de 1980.

mercredi, 21 septembre 2005

Une dette envers Assia Djebar

Hier soir, lors de "Bouguenais bouquine", j'ai proposé "Ces voix qui m'assiègent". J'ai clos par cette citation qui illumine les premières pages , dans la note "Assise au bord de la route dans la poussière" et qui fait référence à ses rencontres et son travail dans son djebel natal du Chenoua :

« Ils m'ont donné l'impatience ardente de vieillir. »


Merci, Madame !

Au bout des mémoires du monde

Pour Jacques Lacarrière

Même parti très loin, je ne sais
Quel est le plus réel, de ma mémoire ou de ces routes,
Quel est le vent qui pousse ce bateau,
Quelle est la mer qui pousse ces oiseaux.
Je suis arrivé près de lagunes ocrées
Où la patience des sauriens ruminait
Le long enfantement de l'homme.
Ainsi de toi, lointaine, jusqu'à moi :
Ta main est ce serpent lacustre dont le sommeil
M'attend au bout des mémoires du monde.


les nouvelles géorgiques
Chemins d'écriture


ou encore le paraphrasant

...il s'éloigne du quai. Ses gestes, dans l'horizon vindicatif, dessinent une fresque où je tente de lire une démarche sans détresse. Sur la mer, le bateau poursuit une signature inutile....

samedi, 17 septembre 2005

Entre France Cul et têtes de gondoles

En écoutant les invités de Finkeilkraut tenter de parler de la langue, de la langue ouvrière*, je corrige ma dernière note "Humeur", ayant quelques remords quant à mes souhaits de longévité de vie à l'intention de monsieur Dantzig - à propos de son livre, recension modérément critique de P. K. dans le Monde des Livres d'hier. Dernière remarque sur son dictionnaire - et on n'en parle plus - il a repris 2 pages sur la dernière version du Nouvel Obs . Quels écrivains ont été rajoutés ? Le prix est le même !

J"ai fait mon tour des "gondoles" à l'espace culturel Leclerc voisin : amusant de voir s'affairer à l'échafaudage des piles "poches" une jeune vendeuse qui avait dû lire le Libé-livres de jeudi ; elle ressortait les bouquins "poche" de Thomas Gunzig et autre Lélu... Il paraîtrait que ces deux-là "font la peau à quinze années de roman générationnel".
Le peu que j'ai pu en parcourir ne m'a livré que de bien tristounettes sexualités.
La promotion des "poches" ne concerne point que ces deux-là : les Jauffret, Fleutiaux, Houellebecq, Nothomb, Besson, Dantec, Claudel et autres, et autres, etc. Ça envahit tout !
Il est rare, très rare, que j'achète en ces lieux que je n'utilise habituellement que comme "catalogues" ou "revues de presse" en situation. Eh bien ! Cela même ne devient plus possible. Mais pourquoi aussi s'obstiner à aller y voir ?
Là, je me suis enfui !

À "Répliques", Finkeilkraut ou Mordillat mentionnent Richard Hoggart à propos du relâché dans le parler ouvrier.
Je réouvre "33, Newport street"

« ..."Les flics ne chient pas des roses." C'est la phrase populaire type ». page 175.

Plus loin, page 215,
« Il y avait, bien sûr, des filles qui voulaient bien montrer "tout ce qu'elles avaient pour quelques sous :"Un sous pour voir, deux sous pour toucher / Trois sous pour tirer les poils du frisé" (assez originale celle-là).

Comme une sorte de gaieté face aux grisâtres "trous de balle" de Thomas Gunzig !

J'ai toujours un frémissement de plaisir quand j'entends citer des gens qui m'ont "formé" - ainsi l'autre soir au conseil d'administration de notre asssociation de coopération, Jl évoquant un "développement conscientisant" et c'est Paolo Freire qui resurgit !
Ces grands bonshommes de la culture populaire ne sont donc point oubliés !

* Débat loin d'être clos : il s'agit bien, encore et maintenant, de ce que doit être un lettré, même issu du milieu populaire, quand il "écrit" - transcrit/traduit/trahi ? -les parlers qu'il souhaite faire lire. "Répliques" m'a paru à côté de la plaque, la référence sous-jacente demeurant la langue lettrée.

jeudi, 15 septembre 2005

Humeur

La forfanterie de monsieur Dantzig* m’amuse et m’emmerde. Du moins, avec le peu que je puisse en lire dans ce qu’il livre aux journalistes, Pierre Lepape, Didier Jacob et autres... Lecteur à 7 ans de Verlaine, de Baudelaire à 10 ans ? Fichtre ! Quel lecteur !

Je ne suis point fils de lettrés et ma grand-mère lavait, aux bords de Vilaine, le linge sale des nobles de sa paroisse. À 7 ans, je lisais le Général Dourakine, à 10 ans, le Dernier des Mohicans, Les Chasseurs de loups, Cœurs vaillants et la semaine de Suzette, à 11 ans - et c’était un exploit - La Reine Margot.

Il m’amuse quand il renvoie Claudel - que j’aime - à la fonction de grand emmerdeur... Saint-John Perse - que j'aime aussi -aux pompes... et Sade - que je n'ai jamais été foutu de lire sans en avoir les poils hérissés - à "l'un des romans les plus mal écrits de la langue française"
J’irai le lire - je n’achèterai point - j’irai le lire en l’empruntant, même pas en le volant. Je le lirai cependant avec quelque doute sur ses capacités de lecteur.
À cause de cet aveu :« Ce sera pour ma vieillesse, Montaigne. Huit fois j’ai décidé de lire les Essais ; allez, cette fois-ci, en entier jusqu’au bout ! Huit fois, j’ai abandonné, la plus longue après deux cents pages. Il ne me parle pas beaucoup ; ou je ne l’entends pas beaucoup. Pour tout dire, il m’emmerde.»

Je doute, que, vieillard, s’il y parvient, il puisse lire Montaigne de telle manière** !
À la neuvième tentative, lui restera-t-il assez de jours, pour franchir le cap - pour lui, fatidique - du chapitre XXXI, Livre I, page 202, de l’édition aux Presses universitaires de France ?

Qui contient, page 205, cet admirable passage :

Or, je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage...

Sans doute devrais-je appliquer ce sage et tolérant principe “montaignien” à ma propre lecture de monsieur Dantzig !


* Dictionnaire égoïste de la littérature française
, par Charles Dantzig, Grasset, 968 pages. Ça a un prix, quoiqu'en dise Jérôme Garcin : 28,50 €. (À noter que le bouquin fait 1 000 pages dans le Magazine littéraire et qu'il se réduit à 968 dans le Nouvel Obs. Trente-deux pages à la trappe !)

** Il eût fallu conseiller à monsieur Dantzig de lire "à sauts et à gambades" le chapitre 3, du Livre III du dit Montaigne, pp. 818 à 829, dans l'édition précédemment citée. Il a 44 ans, dit-on ! J'étais un bien mûr quinquagénaire, quand je découvris cette "clé". Peut-être, n'est-ce pas, pour lui, trop tard ?

Brouillards matinaux

Brume dans le vallon.
“Vieux livres” à réouvrir, comme l’écrit François Bon, le 12 de ce mois.

Les bois étaient recouverts de brumes basses,
Déserts, gonflés de pluie et silencieux ;
Longtemps avait soufflé ce vent du Nord où passent
Les Enfants Sauvages, fuyant vers d’autres cieux,
Par grands voiliers, le soir, et très haut dans l’espace.

Patrice de la Tour du Pin
,
Les Enfants de Septembre,
La quête de la joie.


Sans doute n’ai-je lu du poète que ce recueil, mais chaque matin de brouillard, ce sont ces mots qui émergent dans ma nostalgie de fin d’été s’imprègnant des vendanges, de la cueillette des pommes et déjà des fraîcheurs affirmées des petits matins.

Je suis allé sur “Google” : La Tour du Pin ne semble pas oublié ; il serait toujours un livre “ouvert” , mesuré au nombre de pages recensées ; il est vrai que son côté “catholique” semble aujourd’hui le plus pratiqué....

Ce qui naguère me fascinait dans la Quête de la joie, c’était son lyrisme qui charrie dans ses libres alexandrins les influences du Romantisme et du Symbolisme.

Il est chez lui des ciels et des paysages hautains que ne renieraient pas Tolkien et ses épigones cinéastes.