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jeudi, 08 décembre 2005

Arobase ? Vous avez dit @ ?

@ l’arobase ?
Le caractère à l’origine mystérieuse. Un site, entre autres, CLEVE, lui consacre quelques écrans.
En novembre, L’Histoire dans son numéro sur l’Écriture depuis 5000 ans lui consacre un encart. Abréviation ? Unité de mesure ? Expression typographique ?
Après celui des machines à écrire, il a conquis le clavier de nos ordinateurs.

Je cherchais, pour mes petits travaux de Grec ancien, les Moralia de Plutarque. Les hasards - est-ce hasard ? - m'envoient des moralia aux apophthegmes. Me voilà dans le Lycosthènes. Je viens de me “relier” avec un vieil ami d’adolescence qui “inventa” aux Puces de Saint-Sernin de Toulouse, il y a quelques années, un exemplaire du Lycosthènes, recueil d’apophthegmes* du XVIe siècle annoté, aux marges, de la main d’un mystérieux lecteur.

Ce dernier utilise l’arobase. Certes, ça ne renseigne point sur les origines, mais voici découverte une utilisation originale de notre petit signe familier.
Il faut aller lire le maître d’œuvre de ce chantier du Lycosthènes qui va bien au-delà de la recherche sur un signe typographique.

Presque systématiquement le scripteur use d'un bel @, arobase, correspondant toujours au français autr comme on peut le constater dans les exemples qui suivent, que nous zoomons en raison de la petitesse de l'écriture. Pour rappel : les marges font environ deux centimètres.
medium_arobase_2.jpg
*mesmes les theatres et eschafaux ou ils iouoient leurs farces et comedies ils les ornoient de peïntures tapisseries et autres paremens riches Val max. 64 (lyc.168 de comoedia libertate)
ÉTIENNE ITHURRIA


Mon vieux copain d'adolescence avec qui je partageais les poètes symbolistes et décadents de la fin du XIXe - nous étions déjà "à côté" et nous lisions Moréas, Ghil, Lafforgue, Henri de Régnier, Anna de Noailles... - est un bel et grand érudit. Je lui dois bien un vrai poème symboliste bien décadent :

Il est une heure exquise à l'approche des soirs,
Quand le ciel est empli de processions roses
Qui s'en vont effeuillant des âmes et des roses
Et balançant dans l'air des parfums d'encensoirs.

Alors tout s'avivant sous les lueurs décrues
Du couchant dont s'éteint peu à peu la rougeur,
Un charme se révèle aux yeux las du songeur :
Le charme des vieux murs au fond des vieilles rues.
.........................................................................
Oh ! les vieux quais dormants dans le soir solennel,
Sentant passer soudain sur leurs faces de pierre
Les baisers et l'adieu glacé de la rivière
Qui s'en va tout là-bas sous les ponts en tunnel.

Oh ! Les canaux bleuis à l'heure où l'on allume
Les lanternes, canaux regardés des amants
Qui devant l'eau qui passe échangent des serments
En entendant gémir des cloches dans la brume.

Tout agonise et tout se tait : on n'entend plus
Qu'un très mélancolique air de flûte qui pleure,
Seul, dans quelque invisible et noirâtre demeure
Où le joueur s'accoude aux châssis vermoulus !

Et l'on devine au loin le musicien sombre,
Pauvre, morne, qui joue au bord croulant des toits ;
La tristesse du soir a passé dans ses doigts,
Et dans sa flûte à trous il fait chanter de l'ombre.

Georges Rodenbach,(1855-1898),
Vieux Quais



Mais qui est donc le lecteur qui annota le Lycosthènes ?
À lire donc sur lyscosthènes.org

* APOPHTEGME, subst. masc. : Parole, sentence mémorable de personnages de l'Antiquité. Les apophtegmes des Sages, les apophtegmes de Caton.

Commentaires

A ma connaissance l'arobase est d'origine purement technique, je devrais dire technologique.
L'adressage informatique d'un flux de données électroniques s'opère, en anglais, "at" tel destinataire (machine). Or, la nécessité de coder de façon standardisée, en particulier pour internet, une foultitude d'adresses impliquait d'utiliser un code séparateur explicite et court. "At" n'ayant rien d'un code et rien non plus d'un séparateur, l'arobase @ fut conçu pour symboliser ledit "at", permettant sur un seul octet de distinguer clairement les deux déterminants d'une adresse complexe.
Il n'y a rien de surprenant à ce que cette forme d'écriture raccourcie d'un mot d'une syllabe commençant par "a" ait déjà existé auparavant. Pourquoi devrait-il y avoir un seul créateur originel à tout ? Une chose peut être réinventée sans le moindre lien avec un passé quelconque.
L'origine du monde est plutôt un éternel recommencement !
Bien @ vous :)
Hegurka

Écrit par : Hegurka | jeudi, 23 juin 2011

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