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lundi, 19 octobre 2020

jour pour jour , il y a soixante cinq ans

Et c'est par hasard qu'après une longue journée, ayant préparé  le jardin pour l'hiver et rassemblant les notes du blogue pour un livret sur CADOU,  cette note émerge...

Octobre 1955
Ce jour du 19 octobre, il a préparé sa belle cantine neuve, riche de toutes les rouilles et cabosses à venir ; la veille, il a peint avec soin, sur la tôle verte, son prénom, son nom, Ancenis d’où il part, Bongouanou où il va. Sa mère lui a, une fois encore, préparé son “trousseau” ; mais cette fois, ce n’est plus pour un trimestre de pensionnat, c’est pour trois ans d’Afrique.


Il part ! 
Il est au bord du rêve de l’enfant qui, dans les années d'après-guerre, arpentait le quai de la Fosse ! Joie paisible !


En cette fin d’été, il a la certitude du voyage ; il écrit encore des poèmes adolescents qui ressemblent à de faux poèmes de René Guy Cadou.
Il a des tristesses d’amours navrées qui s’atténuent en préparant ce départ.

 

L’attente a gravi les talus de bruyères
Où des ramiers furent massacrés
La lisière des songes était confondue
dans le lointain aux soleils d’argent
qui dévalaient le fleuve en crue
Il feuilleta des pages millénaires
et connut au bas d’un parchemin crissant
l’étape audacieuse que franchirait son front
Des rouliers dans la salle basse d’une auberge égarée
parlaient de chairs dévastées
au fond de moiteurs vertes
À l’avant des jours pressentis
il se souvint d’une ombre fugace
un matin de savane
qui s’enfonçait dans les herbes du vent

                                 

Demain sera la dernière nuit dans la chambre d’adolescence.

lundi, 03 août 2020

l'homme aux pirates

 

 

G. Lapougr.jpgPendant Ouvrez les guillemets,
lors d'Apostrophes, pour moi, Pivot pouvait aller se rhabiller.
Cet homme-là, homme aux pirates, était cette liberté de penser, de voyager, qui me tenait éveillé.

Gilles Lapouge
est mort en cet août 2020. Ses mots sont vivants. Et même ceux qu'il empruntait comme exergues — les tristes puristes, disent épigraphes — pour annoncer ses chapitres de piraterie étaient de puissantes saveurs.

 

Shakespeare

Dieu tout-puissant ! Il y a  dans toute chose mauvaise une essence de bien pour les hommes qui savent la distiller.

Saint-John Perse

Pour nous le libre lieu de mer, non ce versant de l'homme usuel  aveuglé d'astres domestiques.

Voltaire

Votre Excellence m'excusera, dit Pangloss; la liberté peut subsister avec la nécessité absolue; car il était nécessaire que nous fussions libres; car enfin la volonté déterminée...

Baudelaire

Étonnants voyageurs! Quelles nobles histoires!
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers!

William Faulkner

Mais avez-vous la prétention de me dire exactement quelle est la proportion du mal dans l'apparence du mal...

Henri Michaux

Et moi, je me suis contenté de l'Équateur.

Paul Claudel

Tout ce que le cœur désire peut toujours se réduire à la figure de l'eau.

L'Apocalypse

Bientôt ce sera la fin de tout; et il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre.

Arthur Rimbaud

Elle est retrouvée.
Quoi? — L'Éternité.
C'est la mer allée avec le soleil.

 

Et

Sseu-Ma-Ts'ien, Roland Barthes, Samuel Beckett, Franz Kafka, Claude Lévi-Strauss, Robinson Crusoé, Jean Genet, Rabelais, Xénophon, Jacques Lacan et... et.......                                                            

Ces lignes dernières :

De leurs repaires désertés nous reviennent les échos du vide : ils nous parlent  du goût de néant, du goût d'éternité qui dévasta jadis quelques cœurs détestables ou généreux — inconsolés.*

 

* Gilles Lapouge, les pirates, Balland, 1969.

En merci à Angèle Paoli
de Terres de femmes
qui sur Twiter fait signe
pour ce qui donne sens
.

mardi, 13 août 2019

apprendre le plateau de Millevaches

à Mau, vieux compagnon
d'errances marines
à Sylvie, sa compagne
qui partage si bien sa passion d'herboriser

Milevaccua.JPG


Quand, à neuf cents mètres d'altitude, sur le plateau de Millevaches*, ayant plongé dans la tourbière du Longeyroux, aux sources spongieuses de la Vézère, y ayant admiré le voisinage — un quasi cousinage — de la commune bruyère violette — dite Erica Cinéréa — et de la callune rose pâle — dite Calluna Vulgaris — le voyageur âgé se surprend à rêver d'un mouillage à Houat, sur Tréac'h Salus... afin d'y respirer, à la tombée du jour, l'odorante Immortelle des dunes — dite Helichrysum stoechas.

Er Salus 2.jpeg
                                                                                                   © Nicléane

 

*Millevaches : au diable l'histoire d'un troupeau de bovins abandonné à Satan par une paysanne effarée par l'orage, retour à une étymologie branlante entre latin ou gallo-romain qui évoque par ce "melo vaccua" un espace vide ou un millier de riens ou quand s'y ajoute une origine celte, "mille batz", les mille sources.

vendredi, 12 juillet 2019

Ha-Huka, un Homme et son arboretum

Décidément, l'année 1999 n'est pas terminée.
Quand une visite à l'expo de la semaine dernière "La Mer en XXL" me ramène à Ua-Huka.

Il y avait un stand sur l'Océanie avec une superbe carte jusqu'aux côtes américaines et une île minuscule non identifiée dans l'est du Mexique. À haute voix, je m'étonne que Clipperton — c'est d'elle qu'il s'agit — n'est point été nommée.

À côté de moi, une dame s'exclame et, tout de go, me questionne. Brièvement, je lui narre ma navigation "Pacifique" d'il y a vingt ans...
Et nous voilà à nous entretenir de Ua-Huka et de son arboretum, de notre rencontre avec Nicolas, cet homme qui Nicolas.jpgl'a créée.
Elle est... du coin. Elle a un certain âge, le teint cuivré d'une Océanienne. Elle est chaleureuse.

Elle me rassure : « Nicolas est toujours bien vivant. c'est sa fille qui a gère l'arboretum qu'il a beaucoup, beaucoup — elle insiste —développé au point qu'il est devenu la référence océanique pour la sauvegarde et le renouvellement de la végétation du Pacifique. »
Me souviens bien qu'il nous avait dit avoir fait le tour du Pacifique Sud jusqu'aux Amériques pour collationner arbres et plantes et créer cet arboretum.

J'ai pensé tout de suite que je me devais d'en informer mes deux compagnons, en reprenant une page de mon blogue écrit en 2007 et qui, déjà, leur était dédiée.

http://grapheus.hautetfort.com/archive/2007/10/20/nostagiedesmarquises.html#comments

Pour moi, une de mes plus fortes rencontres, comme celles, tout aussi rares, que j'avais pu faire, jadis et naguère, de ces quelques femmes et quelques hommes qui luttaient pour la vie de leur Terre,  en Côte d'Ivoire, en Algérie, au Sénégal.

samedi, 25 mai 2019

Pacifique XII - Quatre ciels pour conclure

Entre les 120° et  90° méridiens Ouest
Entre les parallèles 20° Sud et 20° Nord

 

Quarante-huit jours durant, cette alternance de ciels qui pourront paraître des clichés, mais qui sont le réel des situations météorologiques, vécues le long de cet Équateur Pacifique,
il y a vingt ans,
entre le 25 février et le 14 mars 1999.

 

Pacif3004.jpg

Pacif1001.jpg

Pacif4005.jpg

Pacif2003.jpg

 

Manquent ! Manquent les splendeurs nocturnes de la voûte étoilée, quasi inégalées hors les nuits de saison sèche en Moronou et les nuits estivales de Biskra au pied des Aurès.

La majesté ondulante de la constellation du SCORPION face à la rigueur géométrique d'ORION.

 

 

* L'étoile Polaire et la Croix du Sud ne sont que des banalités astronomiques, certes utiles aux navigateurs. Elles guident mais ne font point rêver !

 

 

 

 

 

mardi, 21 mai 2019

Caribean Sea — VI Fort-de-France

 

Le vendredi 21 mai 1999, à 00H30 heure locale
par 14°36,0 Nord et 61°04,20 Ouest

Ancre mouillée en baie de Fort-de-France.

Le périple s'achève.

lundi, 20 mai 2019

Caribean Sea — V

 

Le jeudi 20 mai 1999, à 12 h 00 heure locale
par 14°28,30 Nord et 62°25,50 Ouest

À 75 mn... de Fort-de-France.
Y serons-nous dans la nuit ?

samedi, 18 mai 2019

Caribean Sea - entre le 16 et le 20 mai 1999

Ultimes événements
des 500 derniers milles

De Mathieu

Départ sous le vent de l'île où nous repérons un kitesurfer qui se fait embarqué au large.
En annexe, nous nous approchons de lui et lui demandons de monter à bord ce qu'il refuse de faire. Xavier s’énerve et avertit les gardes-côtes.
Un bateau moteur vient vers nous avec à son bord des personnes qui ont clairement abusé de produits illicites colombiens.
Je me souviens d'un mec avec un casque allemand complètement en vrac. Ils nous demandent si nous avons vu un gars en kitsurf. Nous leur indiquons une route sachant que nous avons perdu le mec de vue.
Est-il arrivé jusqu'en Colombie? A-t-il été mangé par les requins? Les mecs l'ont-ils retrouvé?

Et l'odeur de la terre pour la dernière fois !

 

De Xavier

Après un dilemme écologique : fallait-il mieux les laisser sombrer et se dégrader par 4000 m de fond ou les confier à l'improbable processus de valorisation des déchet d'une île caribéenne (fusse-t-elle un département français !) nous avions jeté la veille nos deux gros bidons orange de réserve de gasoil complémentaire qui étaient et ne nous seraient plus utile d'ici la Martinique.
Dans les heures qui ont suivi et probablement sans lien de cause à effet nous avions été survolés par un avion. Puis un navire de la marine américaine est apparu dans notre arrière droit à 16 miles suivant notre radar.
Au petit matin il a appelé à la radio. Mathieu est venu me réveiller. La marine américaine me demandait de décliner l'identité du navire et son dernier port de passage. Ils voulaient probablement savoir si nous avions accosté les côtes colombiennes.
Je leur ai dit que nous venions directement de Colòn. Et après quelques heures à nous suivre encore (peut-être le temps de vérifier mes dires), ils ont disparu à l'horizon... 

 

De Jacques

Ce n'est plus l'impatience du quai. C'est l'impatience d'autres quais.

jeudi, 16 mai 2019

Caribean Sea — IV


Le dimanche 16 mai 1999

par 12°34,19 Nord, 70°03,35 Ouest

Depuis deux jours, au mouillage sur ancre en baie de Paradera,
dans le noroît d'Aruba.
L'alizé d'est  a soufflé à 30 nœuds.
Au soir du 16, il est enfin calmé.

Nous appareillons vers 19 heures.
Paré le phare de California, cap à l'ENE sur la Martinique à 530 mn.
Au moteur, dans la moiteur tropicale.

Adieu les rêves pirates de Maracaïbo !

 

mardi, 14 mai 2019

Caribean Sea — III

 

le jeudi 13 mai 1999
fin d'après-midi
, au large du golfe de Maracaïbo
par 12°31,01 Nord, 70°02,20 Ouest

entre les digues du port d'Oranjestad
ARUBA, Antilles Néerlandaises.