samedi, 27 avril 2019
Côtes américaines du Pacifique — III
Le mardi 27 avril 1999,
par 09°52,06 Nord et 85°30,71 Ouest
mouillés dans l'est de la Bahia Samara (Costa-Rica)
Au matin, nous avons jeté l'ancre dans l'est de la Bahia Samara. L'urgence, c'était de commander — ou de faire commander — au chantier Fountaine-Pajot une martingale qui pourrait être envoyée au port de Balboa, le "versant Pacifique" du canal de Panama et réceptionnée à notre arrivée. Nous sommes alors à plus de 600 milles nautiques de Balboa que nous devrions atteindre en 4 ou 5 jours.
Xavier estimait que le téléphone était plus sûr que la liaison radio avec Monaco-Radio toujours aléatoire et liée à des conditions météo favorables ou non à la propagation des ondes courtes.
Au petit matin, pilotant à vue, — nous n'avions point de carte de détail et "Google Earth" n'existait pas encore (?), — nous avons mouillé en face de ce qui nous paraissait — et qui l'était — un village-vacances. Fort bien accueillis par la direction du village, le coup de fil technique fut passé, prolongé de plusieurs autres communications plus intimes.
À 18 h 30, l'ancre fut levée.
13:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 26 avril 2019
Côtes américaines du Pacifique — II
Le lundi 26 avril 1999, en soirée
par 10°08,58 Nord et 86°27,38 Ouest
à une vingtaine de milles au large du Costa-Rica
Dans le sud-ouest de notre route, surgissant par trois fois de la surface océane,
la Raie Manta.
Superbe envol...cinq secondes...dix secondes, elle plonge.
Elle resurgit. Poursuit-elle ? Est-elle poursuivie ?
La beauté et la puissance.
Les premières raies Manta, c'était dans le lagon de Bora-Bora.
Paisibles ébats sur les fonds de sable.
Mais là, ce triple surgissement blanc et noir, ce vol suspendu !
Oubliés les avatars de la martingale : le brêlage promptement assuré par Xavier et Mathieu fut du bon travail.
Qu'il tienne jusqu'à Balboa. Nous songeons à une escale costa-ricaine pour passer commande à La Rochelle d'une martingale neuve. Le téléphone sera plus sûr moyen.
20:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 25 avril 2019
Côtes américaines du Pacifique — I
Le dimanche 25 avril 1999, à 07 h00 locale
Largué le ponton depuis 10 jours
à 950 mn d'Acapulco
à 600 de Panama
par 10°26,03 Nord et 87°25,02 Ouest
à une vingtaine de milles au large du Costa-Rica
La martingale qui assure l'étai nous lâche au petit matin.
Au soir, ratés dans les moteurs, réservoirs de gazole sans doute encrassés.
Le comble, quoi !
10:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 14 avril 2019
Pacifique — XI
Le mercredi 14 avril 1999, à 07 h00 locale
Quarante-huitième jour de mer depuis Hua Hauka aux Marquises
par 16°48,01 Nord et 99°54,25 Ouest
en rade d'Acapulco.
12:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 13 avril 2019
Pacifique — X
Le mardi 13 avril 1999, à 12 h00 TU
Quarante-septième jour de mer depuis les Marquises,
par 15°43,4 Nord et 101°04,2 Ouest
à 93 milles nautiques d'Acapulco.
«...lorsque les hommes en voyage disputent des choses de l'esprit adossés en chemin à de très grandes jarres...»
lisant Saint-John Perse
Amitié du Prince, I,
quand proches s'annoncent les rivages d'Amérique.
16:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 11 avril 2019
Pacifique — IX
Le dimanche 11 avril 1999, à 7 h00 TU
Quarante-cinquième jour de mer depuis Hua Hauka,
par 13°38,00 Nord et 104°14,5 Ouest
à moins de 400 mn d'Acapulco.
Temps calme, longue houle.
Soudain, dans notre suet, à 11 h, rompant la ligne bleu de l'horizon, une tache blanche.
Notre troisième bateau !
Ce fut L'ATALANTE, l'un des navires français de l'IFREMER.
Quand nous nous fûmes identifiés, il se dérouta, nous offrit les cents litres de gazole qui nous assuraient les 400 milles nautiques restants, une photocopie qu'ils tirèrent de la carte marine de la baie d'Acapulco et surtout, surtout, les chaleureux sourires d'un équipage de marins et de chercheurs, quasi tous rassemblés sur le pont de l'Atalante, "amusés " par ces trois voileux Nantais en goguette entre les Marquises et le Mexique, qui arboraient à babord de leur catamaran le "Gwenn ha Du", ce bon vieux pavillon breton.
Cette rencontre, l'une des plus fortes, que nous aurons vécue, n'aura point fait mentir la devise des armes de notre ville de Nantes :
Neptunus favet eunti
Neptune favorise celui qui part.
18:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 09 avril 2019
Pacifique 99 — VIII
Le vendredi 9 avril 1999, à 7 h00 TU
Quarante-troisième jour de mer depuis les Marquises, par 12°35,00 Nord et 106°39,4 Ouest
à 465 mn d'Acapulco,
à 2 377 mn des Marquises
à 3 120 mn de Tahiti.
Depuis Clipperton, nous sommes dans un chaudron à grains,
vents à plus de 20 nœuds, rafalesà 30. Le 7, la têtière de grand'voile s'est déchirée.
Météo plus calme depuis la veille.
Je ne sais plus quand le congélateur nous a lâché.
Ni depuis quel jour, les vivres sont comptées : un jour, graine de couscous avec sauce tomate à la Xavier; le deuxième jour, riz avec sauce tomate à la Mathieu; le troisième jour, pâtes avec sauce tomate à la Jacques; et ainsi jusqu'à....
Pour maîtriser "l'impatience du quai", lire et écrire comme par exemple : « L'absurde de s'imposer des tensions de quelque ordre qu'elles soient... Seul projet : vivre paisiblement, c'est-à-dire, chaque jour l'un après l'autre ».
Réflexion de sexagénaire ! Mes compagnons ont quarante ans de moins...
19:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 04 avril 2019
Pacifique 99 — VII
Le dimanche 4 avril 1999, à 9 h TU
Trentième-huitième jour de mer depuis les Marquises, par 10°03 Nord et 109°35 Ouest à 695 mn d'Acapulco.
... et à 20 mn dans le nord de Clipperton que nous ne verrons point.
Depuis le 27 mars, nous faisons donc route sur Acapulco.
Les 31 mars, 1er et 2 avril, des bancs de dauphins.
Lointains jusqu'à l'horizon, puis proches, si proches entre les deux coques du catamaran
que Xavier et Mathieu plongent parmi eux.
Temps bouché à grains.
À demi-nus pour intervenir dans la pluie et les vents.
Mathieu nous nomme "les mercenaires des grains".
Nous serions le Dimanche de Pâques !
15:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 01 avril 2019
Pacifique entre VI & VII
lisant de René CHAR, Partage formel
...une éternité de tenailles...
...qui va nue sur ses pieds de roseaux sur ses pieds de caillou...
...en laines prolongées...
...en aurore artérielle...
le poète étend sa santé chaque jour
...ayant tes lèvres pour sagesse et mon sang pour rétable...
...orages pélerins...
...le Visage de l'échange...
la pastorale des déserts
l'exégèse des dieux puissants et fantasques
derrière cette persienne du sang brûle le cri
la voix de ses fontaines
les clefs accourues dans sa main
tirer parti de l'éternité d'une olive
Toute respiration propose un règne
le retour éternel de l'entêté portefaix passeur de justice
cette fourche de vapeur qui tient dans l'air
...suivant l'allée de la vigne commune...
avec la Femme à son côté s'informant du raisin rare
...soleil et nuit dans un or identique
ce n'est pas la mort université suspensive
...soucieux du recueil de l'azur
...l'aisance redoutable du sommeil
...jusqu'au soir qui complète l'amour
...ce rameau du premier soleil
... De ta fenêtre ardente...
les lisses épargnants du sommeil
Ô urne de laurier dans un ventre d'aspic.
bribes de beauté recueillies
dans l'ouest de Clipperton,
par 9°18,2 de latitude Nord
et 111°53,12 de longitude Ouest
après plus de trente jours de mer.
00:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 28 mars 2019
Pacifique 99 - VI
Le 27 mars 1999, à 9 h TU
Trentième jour de mer depuis les Marquises, par 5°00,00 Nord et 113°12,30 Ouest à 1424 mn des Galapagos.
À 14 H 00, notre deuxième cargo faisant route au sud-est
Vent léger d'est, si léger que nous décidons de faire cap au nordet, sur Acapulco, à un peu moins de 1 000 mn.
Le soir, Xavier et Mathieu ont préparé un petit festin pour fêter mes 63 ans.
Trente ans plus tard,
je fête mes 83 ans, accompagné de Noémie, ma petite-fille qui, jour pour jour ce 27 mars 2019, célèbre ses 23 ans, en vivant la plus brève traversée maritime de ma vie de "voileux", - 1/4 d'heure de navette entre le quai Laubeuf du vieux port de Cannes et le débarcadère de la plus grande des deux îles de Lérins, Sainte-Marguerite... Léger regret de n'avoir point choisi Saint-Honorat et son monastère cistercien.
16:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 26 mars 2019
Pacifique 99 - V
le 24 mars 1999, à 6 heures
Au vingt-septième jour de mer, par 0°5,05 Nord et 114°41,4 Ouest.
À la cape. La vieille, le génois s'est déchiré sous un grain en début de nuit. Xavier et Mathieu, paumelles en main, aux coutures..
À 11 heures, on fait route au Nordet.
15 heures : les voileux siestent. À bâbord, une masse sombre, comme un écueil. Je me rapproche. À vingt mètres, par mon travers, "l'écueil" redresse sa tête : la tortue regarde avec une certaine insistance l'incongruité de cet engin qui la dépasse.
Nous sommes à plus de 1 400 mn des Galapagos. Les Marquises à plus de 2 000 mn dans notre Ouest.
Et là, lente et sereine, à quelques brasses, cette VIVANTE !
'
11:41 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 21 mars 2019
Pacifique 99 — IV
Le 19 mars 1999, à 8 heures
Vingt-et-unième jour de mer depuis Ua Huka
Par 0°27,15 Sud et 115°28,9 Ouest
à 1 469 mn des Galapagos.
À 17 heures 55, nous franchissons l'Équateur,
par 0°00,00 et 115°16 Ouest
à 2 250 mn de Panama
Vent léger de Est-Sud-Est
22:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 13 mars 2019
Pacifique 99 — III
Le 13 mars 1999, à midi
Seizième jour de mer depuis Ua Huka
Par 2°03,1 Sud et 120°00 Ouest
à 1 600 mn des Galapagos.
Nous venons de franchir le 120ème méridien Ouest
Calme plat.
Avions-nous vraiment gagné une heure sur notre vie ?
17:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 10 mars 2019
Pacifique 99 - II
Le 10 mars 1999, à 07 h 30
Treizième jour de mer depuis les Marquises
Par 3°23,77 Sud et 123°47,38 Ouest
à un peu moins de 1 900 mn des Galapagos
À 20 h 30, dans notre Suet, un cargo faisant cap au Nord-Ouest.
Post-scriptum : Nous étions encore dans l'option "cap sur les Galapagos".
C'était donc notre treizième jour de mer
et un premier bateau croisait notre route, venant du Chili (?) et allant sur Hawaï ou le Japon (?).
Toujours dans l'alternance de longues pluies et de calmes plats
17:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 16 janvier 2017
Saluer mon Compagnon Jean-Paul Frenais
« Et si c'était de notre ressort à nous, les encore vivants, de continuer nos morts bien au delà du simple et pieux souvenir ? D’entretenir à travers nos enfants et les enfants de nos enfants, la force vitale et les vertus qui animaient les actes de ce mort ! »
À Gildas, Réjane, Régis,
à leurs enfants qui auront à cœur et sauront assurer l'accès d'un Jean-Paul Frenais mort au statut d'Ancêtre Vivant.
Ancêtre qui vient du latin antecessor, celui qui précède, d'abord attesté, non comme lointain aïeul, mais comme terme commun au sens de « éclaireur ».
Dans les ruelles de Kounghani
Nous venons de Dakar, après avoir suivi pendant plus de onze heures la route du Fleuve, c'est ici, plus encore qu'à Bakel, que se fait l'entrée dans « notre » Afrique. Le taxi-brousse se glisse entre les collines de pierres aigües et noires qui dominent une étendue grisâtre d'arbustes épineux et de champs de manioc en jachère. Kounghani se devine bientôt dans le nord-est à ses palissades de bois qui ceinturent les enclos de troupeaux et à cette fracture d'horizon que l'on pressent comme l'annonce du Fleuve proche.
Kounghani, nous en avons toujours entendu parler comme de la « Ville Sainte » du Gadiaga. Y réside le clan des Tandjigora, nobles religieux soninkés dont l'influence est reconnue dans toute cette région du Sahel.
Un soir de saison sèche, après une journée lourde de palabres : nous descendons. Jean-Paul et moi, la ruelle principale qui mène au fleuve en quête d'un peu de douceur humide. Nous visitons la mosquée sertie dans un enclos de fraîcheur végétale, architecture qui s'inspire trop du roccoco maghrébin, oublieuse du style soudanais, pourtant proche... Djenné, Mopti ! Nous allons jusqu'au Fleuve ; les femmes s'affairent dans les petits périmètres maraîchers, une noria continuelle de larges cuvettes émaillées ; l'eau est jetée sur les carrés de légumes ! Le conseiller agricole se réveille chez Jean-Paul qui s'effare de ce geste qui tasse la terre ; il emprunte une cuvette à une femme et en disperse l'eau de la main en pluie légère, puis d'une seconde cuvette, il verse lentement cette eau au pied de chaque plant.
Quand nous remontons, trois majestueux boubous, de parme, de vert et d'or, descendent à notre rencontre. Salutations et présentations en soninké et en français : le personnage central vêtu de l'or, c'est Ali Tandjigora l'imam de Khounghani, il a recu visite d'allégeance de deux autres imams voisins, le parme, du Mali, le vert de Mauritanie. II les raccompagne jusqu'aux pirogues et revient s'entretenir de notre voyage, de ce qui nous lie à sa communauté. Il nous invite à prendre le thé rituel dans sa concession. Nous parlerons longuement de Tierno Bokar, le Sage de Bandiagara et maître d'Hampâté Bâ ; il souligne qu'il est toujours bon de converser avec les gens d'une autre religion et que ceci ne peut qu'affermir sa propre foi.
Dès lors qu'un homme croit en Dieu, il est mon frère !
Dans ces années-là, aux rives du Sénégal, l'Islam était encore empreint d'une grande douceur.
15:43 | Lien permanent | Commentaires (0)