une île
Il y a trente ans la beauté nue
de la grève d’ En Tal
en plein visage
le village aux maisons à croupetons
autour de son clocher trapu
des heures pour le regard
et parfois l’insolite
dans l’encadrement des portes
les aïeules là depuis des années
adossées au chambranle
désormais vêtues de sombre
elles vivent placides et seules
occupant la vacuité de l’attente
dans les parleries du soir
les aïeux tassés noueux songeurs
ça ne va plus en mer
les aïeux comme de vieux outils
appuyés aux jetées
de nulle part à nulle part vers ailleurs
il n’est pas un jour pas un lieu de cette terre qui ne soit parcouru de vent
passage du front froid
le vent de galerne
est bleu
l’écume neige sur les rocs de Tréac’h Béniguet
je suis le témoin effaré de cette fin de terre
sel sur les lèvres
rougeur aux joues
l’air ventile à profusion
des plaisirs qui irriguent le corps
espace ivre
rasant la mer un cormoran
à Chubègue Bras ailes déployées
un autre cormoran hiératique
au creux des landiers
se tait
le froissement continu de l’eau
Gildas l’ermite autrefois se terrait au profond du vallon de Lann-er-Hoëd
au mouillage de Tréac’h Gouret
un soir de septembre
l’air calme
était épaisseur colorée
certains matins la rumeur de mer n’est plus qu’un léger ressac alentour de l’île et on entend à nouveau les oiseaux
Écrit par grapheus tis Lien permanent | Commentaires (0)
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