jeudi, 22 février 2007
Chronique portuaire de Nantes XLII
Du commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1711. — CAMPAGNE DE JACQUES CASSARD EN 1711.
Appelé par le Duc de Vendôme, Jacques Cassard, escorta enjavascript:;core en 1711, un convoi de quarante-trois voiles, chargé de munitions de toutes sortes, et bloqué par six navires anglais. Sa division se composait des vaisseaux : le Parfait, le Neptune, le Téméraire, le Sérieux, le Fendant et le Mercure-Volant.
Chaque fois, en effet, que l'on avait besoin d'un hardi capitaine pour mener à bien une entreprise aussi difficile que celle de l'escorte d'un nombreux convoi de navires marchands, guetté par des forces ennemies, on s'adressait au marin nantais ; parce que l'on savait, ainsi que l'avaient déclaré les Marseillais, que les navires escortés par Cassard étaient toujours « des navires en sûreté » (1).
CAMPAGNE DE JEAN VIE EN 1711.
Le 15 juillet 1711, Jean Vie, commandant la frégate de Nantes l'Illustre, avec une Commission Royale lui donnant pour mission de purger les côtes bretonnes des corsaires anglais, s'emparait du JEAN-GALEY, de 40 tx., 4 can. et 53 h., qui, attaché au port de Nantes sous le nom de l'Hermine, suivit ensuite l'Illustre dans ses croisières (2).
CORSAIRES NANTAIS EN 1711
.
Trois navires appartenant à des armateurs nantais ; la frégate la Mutine, de 28 can. ; la Fidèle, de 26 can, ; et le Jupiter, de 36 can., amarinaient en 1711 six Hollandais d'une valeur totale de 1.298.007 livres 18 s. 6 d. ; c'étaient; la PAIX ; le GRAND-SAIMT-ANDRÉ, de 4 can. et 6 pier. ; le PRINCE-DUC-DE-MALBOROUGH, de 18 can. ; le ROY-DE-PORTUGAL ; le ROY-DAVID et le JEUNE-ÏSAAC.
La Mutine prit la même année le KOUHER, de Londres.
Le Lusançay enleva le CHARLES-ÉLISABETH et le JEAN-JACQUES.
Le Saint-Pierre amarina le JEUNE-JEAN, corsaire de Flessingue (3).
Enfin, l'Achille fit une prise magnifique en enlevant un navire chargé de « sequins d'or ou bageoires ». Mais les marins du corsaire, exaspérés par la lutte et grisés par la vue des richesses de leur prise se révoltèrent et s'en emparèrent ; les armateurs plongés « dans un grand chagrin », accusèrent les officiers d'avoir trempé dans ce pillage qui montait à près de 50.000 écus (4).
_______________________________________________________________________________
(1) S. DE LA NICOLLIÉRE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, pp. 56 et suiv.
(2) S. DE LA NICOLLIÉRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 96 et suiv.
(3) S. DE LA NICOLLIÉRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 71.
(4) GABORY, La Marine ef le Commerce de Nantes au XVIIe s. et au commencement du XVIIIe s., p. 128.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
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mardi, 20 février 2007
une tant belle phrase
Revenant d'un entretien avec MT pour mettre la dernière main — finaliser, dit-on aujourdh'hui — à la parution d'un bouquin qui fêtera en août le centenaire de la Société coopérative des Pêcheurs de Passay sur le lac de Grand'Lieu, je m'arrête rue de la Fosse chez Coiffard — toutes les encres numériques, papiers électroniques et les fosses à bitume ne me feront point abandonner cette halte hebdomadaire entre de vieux rayons traditionnels, inaccessibles sans échelle parfois — j'échange contre un Zao-Wou Ki déjà offert à Nicléane, un Manchette plein de romans noirs et pour combler mon avoir ainsi obtenu, je me dégotte en me mettant à genoux — harmonie des contraires avec la nécessité de l'échelle —, un "Michon" de bas de rayon qui est d'une haute prose : L'empereur d'Occident, aussitôt feuilleté dans le tramway du retour et je glisse dans l'une de ces phrases qui comble de félicité un vieux lecteur marin :
Dès ce premier jour, je m'assis auprès de lui sur le petit banc de pierre ; et comme je contemplais aussi les voiles, nous parlâmes naturellement de navigation des amis de la rame et des vaisseaux noirs, de navigation et de poésie grecque : car l'une ne peut être dite sans l'autre, à tel point qu'on ne sait laquelle est le texte de l'autre, et si d'abord on jeta de frêles charpentes goudronnées, ou des mètres de juste syntaxe, sur le pur hasard de la mer et des langues.
Tout y est inclus, et les siècles antiques et les rives de ces jours, l'Homère implicite et le linguiste dissimulé, la juste balance des propositions du grammairien et le Chant II de l'Iliade qui dénombre à perte d'horizon les flottes des cités grecques.
Demeurent, immuables, le banc de pierre et l'amitié, les voiles, l'océan et le poème.
Pierre Michon — ne fut-ce que pour cette phrase, rédigée bien avant son choix de résider dans "ma" ville — affirme bien son droit d'être devenu Nantais : Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j'ai l'impression que... où certains regards brûlants... et cætera** .
* Pierre MICHON, L'empereur d'Occident, Verdier poche, 2007.
** André BRETON, Nadja, Gallimard, réédition en Livre de poche, 1964.
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dimanche, 18 février 2007
une vigne en friche
Char centenaire
Marche matinale dans la vallée. Marée de vives eaux, au flot, l’estuaire a envahi la vallée. Nombreux envols de mouettes dans la mince brume qui lève des prairies inondées.
Je souhaitais écrire sur le serpent dans l'œuvre de Char.
Mais voilà qu’en remontant le coteau, une vigne délaissée qui m’est familière, mais que je n’avais jamais vue s’impose à moi, parce que, tout simplement à la recherche des serpents dans les textes de Char, j’ai lu ceci :
Dessus le sol durci du champ à l’abandon
Où les ceps subsistaient d’une vigne déserte
Filaient une envie rose, une promesse rousse.
Sur le cadran de l’heure au lent départ
Petit jour n’assouplit pas l’espoir
S’il ne donne la grâce aux yeux qui la dégrèvent.
Écarlate, incarnat, pourpre, ponceau, vermeil,
Ce petit jour dans mon regard
Découvrit au marcheur précédé de son chien
Que la terre pouvait seule se repétrir,
Point craintive des mains distraites,
Si délaissée des mains calleuses.
Newton cassa la mise en scène
Chants de la Balandrane, 1975-1977
Georges Mounin énonce avec justesse la patience de l’attente pour qu’un texte s’éclaire à la toute neuve lumière d’une expérience vécue par le lecteur, texte dont jusqu’à ce moment le bonheur de lire n’était que dans la sonorité ou l’image verbale, et qui se fait connaissance émotionnelle, “exactitude émotionnelle”, précise Mounin.
Ce matin j’ai vécu le contre-point : ce sont les mots de Char qui m’ont révélé l’espoir que la force de la terre livre au regard parfois inattentif du marcheur.
J’ai acquis la “grâce du petit jour” dans cet arc-en-terre de l'écarlate, incarnat, pourpre, ponceau, vermeil, éclairci par l'or des ajoncs en fleurs et de quelques genêts en folie - ceux-ci ne fleurissent qu'en avril — ; me sont revenues en mémoire les “mains calleuses” de mes aïeux vignerons.
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samedi, 17 février 2007
encres, écrits, livres, écrans,TOILE
Ce week-end commence bien pour nos écrits et ses supports. Après deux articles dans le Monde des Livres d'hier sur le livre numérique et le blues des libraires, Masse critique de Frédéric Martel sur France Cul, invitait Agnès Saal de la BNF, qui planche sur Europeana, le projet de bibliothèque numérique européenne face à Google.
On y reparle des e-livres à encre numérique, des saints droits d'auteurs — dans cinquante ans, de ceux-là, on ne reparlera plus.
Mais l'auditeur perçoit toujours une petite nuance rageuse quand Google est mentionné, assimilé à Bush junior par Barbara Cassin (Google-moi) qui est plus audible quand elle parle des Présocratiques que du moteur de recherche que d'un déclic vous et moi, pouvons envoyer aux enfers — les gens de Google ont de quoi payer bien Caron.
Anecdotiquement, j'ai "rencontré Google" en 1996, à la BNF, quand, faisant des recherches sur la Kahéna, une bibliothécaire m'a conseillé ce moteur de recherche, qu'elle estimait autrement plus perfomant que AltaVista ou HotBot.
Ô tempora, Ö mores !
J'en ai sept ou huit dans mes marque-pages et, selon, je choisis. Rarement déçu.
La bonne nouvelle de cette numéraisation européenne c'est qu'enfin les bouquins seront numérisés en mode texte et non en mode image.
Je ne pense pas que mon libraire s'étonne de mes absences hebdomadaires. Là, mes fidélités sont indéfectibles !
Pour cette affaire plus que jamais en cours, avoir toujours sous le coude Livre, de Michel Melot et sous le clic, le site d'Affordance.
Il y a du grain à moudre et pour jeudi, France Cul annonce une journée sur javascript:;toutes ces choses !
Post-scriptum (qui a peut-être à voir) : Merci à Berlol pour le Cendrars.
Post-scritum 2 : Après Masse critique, suivait RÉPLIQUES ; j'ai foutu le podscast à la corbeille. Dommage pour les invités du sieur F. Le jeu de marelle des intellectuels — tout courts — m'emmerde (cf. Le NouvelObs de la semaine).
Post-scriptum 3 : Aujourd'hui, ce 17 février, mon PÈRE aurait 100 ans.
Mon père tu fus et tu seras
à travers tes bontés tes erreurs tes courages
ma fierté OUVRIÈRE
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jeudi, 15 février 2007
Chronique portuaire de Nantes XLI
Cette 41ème Chronique est manière de me réjouir de la belle, quoique coûteuse, rénovation du château de nos Ducs de Bretagne. Le Fleuve de nos corsaires en baignait encore au XVIIIe siècle les murailles sud. Il serait bien que les Marseillais se souviennent de Jacques Cassard qui fréquenta pacifiquement les rivages maghrébins
Du commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1709. — EXPLOIT DE JACQUES CASSARD DEVANT MARSEILLE.
En 1709, Cassard se trouvait à Toulon, et armait en grande partie à ses frais deux vieux vaisseaux : le Sérieux, de 28 can., et l’Éclatant, de 66 can., que le ministre de la Marine Pontchartrain lui avait abandonné ; on adjoignit bientôt à cette petite division la corvette de 6 can., la Diligente.
C'est alors que Marseille, bloquée par les Anglais, et en proie à la famine, fit supplier le marin nantais d'aller à la rencontre d'un convoi de blé qu'elle attendait, et de l'escorter ; « Nos navires seront en sûreté, — lui dirent les députés de la ville, — lorsque M, Cassard les escortera ».
Cassard accepta, et le 29 avril 1709, la flotte anglaise, composée de quinze vaisseaux, attaquait le convoi et son escorte.
Durant tout un jour, Cassard, à bord de l'Éclatant désemparé et rasé comme un ponton, foudroya l'un après l'autre ses adversaires. Finalement, les Anglais renoncèrent à s'emparer du convoi, et se retirèrent. Le convoi entra à Marseille, et l’Éclatant, proche des côtes de Barbarie, alla se faire réparer à Porto-Farina, dans la Régence de Tunis, où Cassard fut reçu avec acclamations (1).
CAMPAGNES DE JEAN VIE EN 1709.
Revenu dans sa ville natale en 1709, Jean Vié y commanda le Lusançay, de 200 tx., 24 can. et 196 h. d'équipage.
Le corsaire nantais sortit de la Loire le 28 novembre 1709, avec une Commission de guerre de S. A. le Comte de Toulouse, amiral de France ; et durant les années 1709 et 1710, entreprit trois croisières de course, qui coûtèrent aux ennemis quarante-cinq navires, parmi lesquels : le REBÉCCA, le PHÉNIX, le KINGFISH, le BRISWATER, la PROVIDENCE et le PORT-ROYAL que Vié ramena à Nantes.
Tout n'était pas rose d'ailleurs dans ce métier de Corsaire ; c'est ainsi que le 27 mai 1710 l'équipage du Luzançay se révoltait en mer contre ses officiers ; et Vié, à la tête de son état-major, ne vint à bout des mutins qu'à coup de sabre. Les plus enragés furent mis aux fers ; et le matelot Belas, coupable d'avoir octroyé un coup de couteau à son capitaine, fut attaché, le torse nu, à un canon et reçut un certain nombre de coups de « furin » (2).
1710. — EXPLOIT DE JACQUES CASSARD.
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En 1710, Cassard renouvelait devant Marseille son exploit de l'année précédente. Le 9 janvier, en effet, avec les navires le Parfait de 70 can. qu'il commandait, le Toulouse , le Sérieux et le Phénix, vaisseaux de 500 à 700 h. d'équipage, il débloquait dans le golfe Jouan un convoi de quatre-vingts voiles, chargé d'environ 100.000 charges de blé, estimées six millions, et destinées à ravitailler Toulon et Marseille, Cassard avait eu à lutter avec ses quatre vaisseaux contre une escadre anglaise de six vaisseaux et deux frégates ; et rentra triomphalement à Marseille avec le convoi, et deux des vaisseaux de guerre anglais : le PEMBROKE et le FAUCON dont il s'était emparé. C'est à la suite de ce beau fait d'armes que Cassard reçut le brevet de capitaine de frégate (3).
LE CORSAIRE “LA BÉDOYÈRE”.
Le 18 mai 1710, le corsaire nantais La Bédoyère, de 380 tx, 26 can., et 84 h,, sorti de la Loire le 3, rencontrait quatre frégates anglaises dont trois lui donnaient la chasse ; elles comptaient l'une 30 can., , l'autre 18, et la troisième 10. Pendant quatre heures, le capitaine Le Coq, commandant La Bédoyère, soutint, avec ses 26 can., et 84 h., le choc de ses trois adversaires qu'il réussit à mettre en fuite après un combat héroïque. Sa victoire assurée, le corsaire nantais se lança à la poursuite de ses ennemis et leur donna la chasse ; mais le brave Le Coq dut l'abandonner, son grand mât, endommagé par un boulet, menaçant de rompre sous le poids des voiles (4).
(1) DE LAPEYROUSE-BONFILS, Histoire de la Marine française, t. II, pp. 112-113.
L. GUÉRIN, Histoire maritime de France, t. IV, p. 147,
RICHER, Vie de Cassard, pp. 37 et suiv.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 92-94.
(3) L. GUÉRIN, Histoire Maritime de France, t. IV, pp. 149-150.
RICHER, Vie de Cassard, pp. 48 et suiv.
(4) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 88.
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dimanche, 11 février 2007
la fin d'un monde ?
À JCB,
qu'il fasse comme Blaise
et nous revienne un jour !
Pour clore le dépoussiérage, une mince plaquette, un peu oubliée entre de gros bouquins. Pas d'ex-libris. Donc, ni date, ni lieu d'acquisition.
La couverture, pourtant, est loin d'être anodine, rouge avec un jeu typographique sur la lettre N, répétée six fois entre le titre et l'auteur, un jeu dû à Fernand Léger, une première édition de 1919, reprise chez Seghers en 1949, préfacée par l'auteur... Blaise Cendrars.
Drôle de préface. À la Cendrars : il y parle de son travail d'éditeur à La Sirène, des 221 volumes qu'il y a préparés, qui furent ou non publiés ; mais, sauf la dernière, où il évoque ce labeur, il va consacrer l'ensemble des pages à Casanova, aux Mémoires du chevalier, aux travaux de recherche menés par une "équipe de lettrés et de rats de bibliothèque internationaux".
La fin du Monde filmée par l'ange N. D. ne sera mentionnée en deux lignes que dans l'avant-dernier paragraphe.
En une longue, longue phrase, ponctuée d'énumérations d'une belle efficacité, Cendrars relit Casanova et sa vie.
Je considère les Mémoires comme la véritable Encyclopédie du XVIIIe siècle, tant ils sont vivants, contrairement à celle de Diderot, et l'œuvre d'un seul homme, pas d'un idéologue ou d'un théoricien, ce grand vivant de Casanova qui connaissait tout le monde, les gens et les choses, et la façon de vivre de toutes les classes de la société dans les pays d'Europe, et la route et les hostelleries, les bordels, les tripots, les chambrières, les filles des banquiers, et l'Impératrice de Russie pour qui il avait fait un calendrier, et la Reine de France qu'il avait interviewée, et les comédiennes et les chanteuses d'opéra, Casanova qui passait aux yeux de la police pour un escroc dangereux et dans les salons pour un beau joueur ou un sorcier, le brillant Chevalier de Seingalt, chevalier d'industrie, qui fréquentait les ouvriers, les artisans, les brodeuses, les marchandes à la toilette, le petit peuple des rues, cochers et porteurs d'eau, avec qui il était à tu et à toi comme avec le prince de Ligne, comme avec le comte de Salmour qui se mourait d'impatience pour avoir la suite de ses Mémoires alors que ces Mémoires n'étaient pas encore publiés mais circulaient sous le manteau et par courriers rapides qui galopaient à travers l'Europe (et depuis lors le public ne s'en est pas encore rassasié !), l'homme s'étant improvisé écrivain à l'âge de 60 ans pour meubler ses loisirs de bibliothécaire dans un château de Bohême, les soirées et les nuits d'hiver étant plus longues que les mille et une nuits de Shéhérazade dans le château désert du comte de Wallenstein de Dux, malgré les 25.000 volumes de la bibliothèque, le viveur se sentant devenir vieux dans la solitude, il revivait sa vie crépitante, noircissant des cahiers tout en ajoutant des bûches au feu de la cheminée, et je trouve prodigieux le sort de ses écrits qui sont devenus un des grands livres du monde alors que le vieillard n'était en rien gens de lettres ni ne maîtrisait sa langue et que la version que l'on connaît des Mémoires n'est ni le texte original ni même une traduction fidèle ou un arrangement moralisateur ou un choix des meilleurs morceaux ou une adaptation piquante, érotique, ce qui est un cas unique dans l'histoire de la littérature mondiale pour un écrit devenu un livre de chevet et prouve bien que malgré l'avis des psychologues, des moralisateurs, des historiens, des hommes de plume professionnels nul n'est besoin d'avoir du style, de la grammaire, de l’orthographe, de la science, des idées, de la religion, ni même une conviction quelconque pour écrire un livre immortel, et que le tempérament et l'amour de la vie y suffisent, ainsi que l'amusement d'écrire sans prétention et pour son seul plaisir des histoires vraies.
J'avais tourné le dos. J'avais tourné la page. J'étais parti au Brésil. Je prenais des films. Je chassais. Je voyageais. Je flânais. Je perdais mon temps. Je respirais, je vivais et foin des bibliothèques ! Quant aux livres en panne que j'abandonnais au bon et au mauvais génie de La Sirène, je n'y pensais plus...
Parmi ces livres était le scénario de LA FIN DU MONDE sur lequel je comptais beaucoup pour faire fortune, mais... habent sua fata libelli.
Un éditeur devrait être astrologue !
BLAISE CENDRARS.
(Saint-Segond, 27 janvier 1949)
Post-scriptum : On reparle du grand Blaise, ces temps-ci à propos de la réédition du tome XV de ses œuvres complètes et du bouquin de sa fille Myriam, réédité aussi avec quelques ajouts. La webradio de France Cul, les Sentiers de la Création, rediffuse "En bourlinguant avec Blaise Cendrars", les entretiens réalisés par Michel Manoll, en 1950.
Que du bon et grand air !
20:55 Publié dans les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 09 février 2007
pour un Char jardinier
Char centenaire
Ce fut un des étonnements de mes toutes premières lectures : voici un poète qui n'hésite pas à mettre des pommes de terre dans ses poèmes ; ça contrastait fort avec les obscures mais fascinantes abstractions qui se donnaient à lire.
Plus tard, approchant Héraclite — par Char, d'ailleurs — sa philosophie au plus près de l'observation de la terre, des eaux, du feu, des airs et son harmonie des contraires, l'accès me devint plus aisé. Mais cette histoire de pommes de terre m'interloquait toujours ; jusqu'au jour où je suis tombé sur la courge!
Char, décidément, m'entraînait dans ses maraîchages.
Biens égaux qui est certainement un des textes que je me suis trimbalé tout au long de mes jours m'apporta la lumière sur les deux légumes précités et, bien sûr, sur sa démarche tout aussi "végétale" que celle de Cadou, mon autre ancêtre.
...De si loin que je me souvienne, je me distingue penché sur les végétaux du jardin désordonné de mon père, attentif aux sèves, baisant des yeux formes et couleurs que le vent semi-nocturme irriguait mieux que la main infirme des hommes...
Biens égaux
in Le poème pulvérisé
Les aphorismes ne m'étonnaient plus, je les lisais avec une bonne odeur d'humus humide s'échappant du bouquin.
Si les pommes de terre ne se reproduisent plus dans cette terre, sur cette terre nous danserons. C'est notre droit et notre frivolité.
À une sérénité crispée
À partir de la courge l'horizon s'élargit
Moulin premier, LVIII
Certains se seraient gaussé de ce dernier aphorisme : ils ne furent donc jamais des enfants émerveillés, à plat ventre dans les rangs de légumes du jardin familial ?
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jeudi, 08 février 2007
Chronique portuaire de Nantes XL
Du commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1707. — CAMPAGNES DE JACQUES CASSARD EN 1707.
Jacques Cassard, élevé depuis peu au grade de capitaine de brûlot, pour l'habileté qu'il avait montré dans le lancement des bombes au siège de Carthagène, prit en 1707 le commandement du corsaire nantais, la Duchesse-Anne : joli navire de 100 tx, 18 can. et 104 h.
Avec ce navire il prit ou rançonna : le BŒUF ; le CYGNE ; la JEANNETTE ; le TONNELIER ; la MARIE-DE-POTWEN ; I'HÉLÈNE ; I'ISABELLE ; le CHASSEUR ; la ROSE ; le PHÉNIX ; l'ÉLIZABETH, etc.
Le plus remarquable de ses faits d'armes de cette année fut la prise, le 25 octobre 1707, du MALBREY, de Liverpool, audacieusement enlevé en plein port de Corck, et sous les canons de la place. Ce coup d'audace eut un retentissement énorme dans tout le Royaume ; et, pour la première fois, la Gazette de France cita le nom de Cassard en même temps que celui de Duguay-Trouin (1).
1708. — JACQUES CASSARD À VERSAILLES.
L'exploit de Cassard ayant été rapporté à Louis XIV, le Roi désira voir le marin nantais et le manda à Versaillles : « Monsieur, — lui dit-il, — vous faites beaucoup parler de vous, j'ai besoin dans ma marine d'un officier de votre mérite, je vous ai nommé lieutenant de frégate et j'ai ordonné qu'on vous donnât 2.000 livres de gratification. »
Cassard prit en effet le commandement du vaisseau du Roi, le Jersey, de Dunkerque, chargé de donner la chasse aux corsaires anglais de la Manche ; et durant cette année 1708, le capitaine nantais prit ou rançonna : le CHATEAU-DE-DOMBRETON, enlevé à l'abordage ; le SAINT-ANTOINE-DE-PADE, de Bilbao ; la SOCIÉTÉ, de Bedfort ; I'UNION, de Corck ; l'UNION, de Dublin ; la FORTUNE, de Withaven ; le Louis, galère de Londres ; le DAVID-ET-SARA, de Londres ; un autre SAINT-ANTOINE ; l'ESSEX ; et un autre CYGNE.
Ces cinq derniers navires faisaient partie d'une flotte anglaise de trente-trois voiles que Cassard rencontra le 4 août 1708, escortée par le vaisseau de 48 can. montés, I'HEXETER, et une frégate de 36 can.
Bien que son navire fût de beaucoup plus faible que I'HEXETER, et ne portât que 18 can., Cassard l'attaqua à deux heures de l'après-midi ; et après un combat pendant lequel l'Anglais reçut 700 coups de canons et 10,000 coups de mousquets, l'obligea à fuir ; I'HEXETER, fort maltraité, forçait en effet de voiles, faisant au convoi le signal de sauve-qui-peut. Cassard se lança à sa poursuite, et parvint à lui capturer cinq navires (2),
NAISSANCE DE DU CHAFFAULT
L'amiral Louis-Charles Du Chaffault de Besné, l'une de nos plus belles gloires maritimes, naquit à Nantes le dernier jour de février 1708, et fut baptisé le 1er mars en l'église Saint-Vincent de Nantes.
II appartenait à une vieille famille nantaise, descendant des anciens Comtes de Nantes, et qui donna à l'épiscopat de cette ville l'un de ses plus illustres prélats : Pierre Du Chaffault, évêque vers la fin du XVe siècle, et auquel on doit l'impression du premier missel connu en Bretagne.
Du Chaffault qui avait épousé le 7 janvier 1732, sa cousine Pélagie de la Roche-Saint- André, fille de Louis de la Roche-Saint-André, seigneur des Ganuchères et des Chambrettes en Poitou, fut nommé enseigne de vaisseau en 1736 (3).
___________________________________________________________________________
(1) L. GUÉRIN, Histoire Maritime de France, t. IV, p. 143.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, p. 21.
L. GUÉRIN, Histoire maritime de France, t. IV, p. 143.
RICHER, Vie de Cassard, pp. 33 et suiv.
(3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJElRO, Comte du Chaffault, p. 18.
Le Chercheur des Provinces de l'Ouest, année 1900,
Questions et réponses, p. 79, année 1901, p. 325
Revue du Bas-Poitou, année 1906, p. 195, 1907, p. 184.
Revue Hebdomadaire, n° de mars 1906.
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mercredi, 07 février 2007
poussières, poussières, bientôt peintures....
Deux bouquins qui resurgissent, l'un pour demain ou après-demain : La fin du Monde filmée par l'Ange N.D. de Cendrars ! Mince plaquette à la couverture illustrée par Fernand Léger, un diamant du grand Blaise, où le personnage de dieu est d'une savoureuse actualité.
L'autre, un gros pavé : Panorama de la nouvelle Littérature française de Gaétan Picon. C'est le lieu et la date d'achat qui m'ébranlent : Affreville, juillet 1960.
Affreville, aujourd'hui Khemis-Miliana, petite ville coloniale de la vallée du Chélif, baptisée du nom d'un archevêque de Paris, mort sur une barricade de 1848, en s'interposant entre l'armée et ceux qu'on appelait des insurgés .
Pour nous détendre (!) des crapahuts dans le djebel, l'autorité militaire nous envoyait en plaine garder les moissons. Nous étions à la Ferme Colonna. Entre deux patrouilles et une embuscade, je m'emmerdais, j'écrivais des poèmes et "j'apprenais" en autodidacte la littérature.
Je suis toujours surpris des livres que je pouvais trouver dans ces librairies du "bled"; le plaisir de mes trouvailles littéraires a duré bien au-delà de l'indépendance.
Après la "seconde" guerre, où en sont les librairies algériennes ?
La fin du Monde et le Panorama sont encore très actuels.
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samedi, 03 février 2007
note hebdomadaire et... pluviale pour le centenaire
Char centenaire
Au bord d'un texte obscur certes, mais dont la contemplation lente et répétée finira bien par me livrer des amorces de sens. Les pluies, souvent fines chez Char, apportent fécondité, parfum d'aromates, chairs savoureuses du gibier.
Demeurons dans la pluie giboyeuse et nouons notre souffle à elle. Là, nous ne souffrirons plus rupture, dessèchement ni agonie ; nous ne sèmerons plus devant nous notre contradiction renouvelée, nous ne sécréterons plus la vacance où s'engouffrait la pensée, mais nous maintiendrons ensemble sous l'orage à jamais habitué, nous offrirons à sa brouillonne fertilité, les puissants termes ennemis, afin que buvant à des sources grossies ils se fondent en un inexplicable limon.
Dans la pluie giboyeuse
Homme de la pluie et enfant du beau temps, vos mains de défaite et de progrès me sont également nécessaires.
Partage formel, XIX
Que les gouttes de pluie soient en toute saison
Les beaux éclairs de l'horizon...
Odin Le Roc
Les Transparents, in La sieste blanche
Chez Char, avec la pluie, la venue de la femme est proche.
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vendredi, 02 février 2007
pourquoi pas ?
Cinq minutes sans électricité ?
Pourquoi pas ?
Mais aussi
une journée sans "bagnoles"
une semaine sans campagne... présidentielle
un mois sans sondages !
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jeudi, 01 février 2007
Chronique portuaire de Nantes XXXIX
Du commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1706. — CAMPAGNES DE JACQUES CASSARD EN 1706.
Durant toute l'année 1706, Jacques Cassard, toujours à bord du Saint-Guillaume, prit et rançonna un nombre incalculable de navires ; et très rapidement, le capitaine nantais, inconnu la veille, se plaça au premier rang des hardis marins de notre histoire.
Pendant ses différentes croisières en 1706, il amarinait ou rançonnait : la FLEUR-DE-MAY, le JAMES, I'EXPÉDITION, le DOUFF, le RECOVERY, la CATHERINE-ET-ÉLIZABETH, le FORT-DE-WICK, la CORONATION, le JEAN-DE-SALTES, le ROBERT-ET-JEAN-DE-SALIONS, l'ÉLIZABETH, la MARTHE, le GUILLAUME-BT-JEAN, un autre JAMES, le LIBAN, le JACQUES-ET-ARTHUR, et la MARIE-MARTHE (1).
LE CORSAIRE LE "COESARD".
Le corsaire nantais le Coesard, ou César, — pour employer une orthographe un peu moins archaïque, — frégate de 150 tx. et 164 h. armateur la Bouillère, cap. David Cazala, de Bayonne, sortait de la rivière de Nantes, le 29 novembre 1706, pour une campagne de Course.
Le 9 décembre, il amarinait I'ÉLISABETH, de Londres, sur les côtes d'Irlande ; puis la CATHERINE, également de Londres, qu'il ramenait dans le Morbihan. Le 7 février 1707, il faisait voile vers le Sud, amarinait un petit Anglais chargé d'oranges et de fruits confits ; et quelques jours après faisait la rencontre d'un riche galion espagnol désemparé et prêt à couler bas, l'équipage exténué ne pouvant suffire à manœuvrer les pompes. La France était alors en paix avec l'Espagne ; aussi le César s'empressa-t-il de porter secours au galion, mit son propre équipage aux pompes et l'escorta jusqu'à Cadix, où l'armateur espagnol témoigna sa reconnaissance en versant 70.000 francs au capitaine Cazala et 14.000 piastres à son équipage.
Le César s'apprêtait à quitter Cadix lorsque le roi Philippe V, menacé par les Anglais de Gibraltar, mit l'embargo sur les navires de son allié le roi de France et réquisitionna le capitaine et l'équipage du César pour la défense des forts de Cadix.
Après quelques mois de ce service abhorré de « terriens », contre lequel les braves marins nantais durent plus d'une fois tempêter, la liberté de partir leur fut enfin accordée, et le 3 novembre 1707, les matelots du César, virant joyeusement au cabestan, hissaient à poste les ancres de bossoir et déployaient les voiles depuis longtemps ferlées de leur frégate. Les grandes nappes blanches soudainement détachées des vergues ralinguèrent indécises le long des mâts, puis s'enflèrent nonchalamment, et le vaisseau, cédant à leur influence, fendit les vagues et mit le cap sur la rivière de Nantes. Les Nantais, heureux de sentir de nouveau chanter dans les agrès cette plainte de la brise si agréable aux oreilles des marins, comptaient bien d'ailleurs réparer en chemin le temps perdu ; ce fut vite fait.
Le 14, ils amarinaient la JULIENNE, d'Amsterdam : puis, la FEMME-DE-LONDRES, et la CATHERINE, de Londres, qu'ils enlevaient le 20 février 1708, En mars, le César s'emparait du DEKBY, de Dublin ; de l'Hollandais le SAINT-PAUL, et le 31, du CHERCHELL-GUELLY, de Jersey, et de la ZUZANNE, de Londres. Le 16 mai, le César prenait chasse devant un gros vaisseau anglais qui le poursuivit pendant toutes les journées du 16 et du 17, et auquel il n'échappa qu'en jetant par dessus bord vingt-neuf canons, ses ancres, deux mâts de hune, onze barriques et toute sa cuisine, fourneaux et marmites. Enfin, en juillet 1708, il rentrait en Loire, riche de marchandises, mais pauvre de matériel, après avoir fait neuf prises en cinq mois de campagne active.
Ses aventures n'étaient pas encore terminées, toutefois ; car, à peine ancré dans la rade de Paimbceuf, une révolte éclatait à bord au sujet du règlement des prises. Les soldats et flibustiers du corsaire, la plupart étrangers, tombèrent à coups de hache sur l'équipage et le capitaine, qui n'échappa à la mort que grâce à l'intervention et à la poigne de l'aumônier, le dominicain Jean Le Roy. A la suite de cette rixe, le capitaine et douze hommes furent obligés d'entrer à l'hôpital de Paimbceuf pour y faire soigner leurs blessures (2).
TEMPÊTE EN LOIRE.
Tous les chroniqueurs et annalistes de Nantes rapportent que, — en 1705 suivant les uns, en 1706 suivant les autres, — un épouvantable ouragan passa sur Nantes et la région. Sur la rade de Paimbœuf, avant-port de Nantes, tous les navires brisèrent leurs amarres et plus de quarante furent fracassés. L'un d'eux fut jeté par les vagues et le vent dans un jardin entouré de murs ; et un second fut poussé si avant dans les terres que l'on dut creuser un canal pour le ramener en Loire. Pendant un an la rivière fut à peu près impraticable, obstruée qu'elle était d'épaves et de débris ; et les pertes occasionnées par ce sinistre furent évaluées à plus de trois millions de francs (3).
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(1) S. DE LA NICOLLIERE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, pp. 15-17.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 78 et suiv.
(3) MACÉ DE LA VAUDORÉ, Dictionnaire de Nantes, p. 248,
GUÉPIN, Histoire de Nantes, p. 347.
GABORY, La Marine et le Commerce de Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 153.
MEURET, Annales de Nantes, t. II, p. 247.
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mercredi, 31 janvier 2007
las, las et malgré tout...
Épuisant, l'époussetage des livres, même si la réouverture d'anciens bouquins est belle glane.
Monter, descendre, remonter, redescendre ! L'escabeau n'est pourtant pas bien haut.
Aujourd'hui, c'étaient les grands familiers... et quelques rares dont un certain Calaferte qui me trouble toujours autant avec sa Mécanique des femmes :
— Tu sais qui je suis ?
Ironique.
— Une débauchée.
Son mouvement lascif.
— Débauchée, luxurieuse, corrompue, déréglée, voluptueuse, immorale, libertine, dissolue, sensuelle, polissonne, baiseuse, dépravée, impudique, vicieuse.
Me baisant la main avec une feinte dévotion.
— Et malgré tout ça, je veux qu'on m'aime.
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dimanche, 28 janvier 2007
grands rebelles
Char centenaire
Dans le Nouvel Obs, à propos de l'abbé Pierre :
« C'est avec des déchets de choses qu'on récupère des déchets d'hommes.»
En miroir — Pierre avait-t-il lu Char ? Ils avaient pris le même sentier de rebellion —
« J'ai confectionné avec des déchets de montagnes des hommes qui embaumeront quelque temps les glaciers. »
En lointain écho, Apollinaire :
« ... la bonté, contrée énorme où tout se tait.»
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vendredi, 26 janvier 2007
après le gel, il y aura...
Char centenaire
... le retour du printemps
Petite pluie réjouit le feuillage et passe sans se nommer.
Le terme épars
Dans la pluie giboyeuse
René Char
09:50 Publié dans Char à nos côtés | Lien permanent | Commentaires (1)