mardi, 15 mai 2007
Dans la luzerne...
Char centenaire
Écrit sur
Dans la luzerne de ta voix tournois d’oiseaux chassent soucis de sécheresse.
Afin qu’il n’y soit rien changé, 3
Seuls demeurent
in Fureur et mystère.
Soucis de sécheresse
Un soir de désert une aridité de ronces au feu de la gorge je garde mémoire d’un visage nomade ses yeux brûlent
le lendemain accédant au haut-plateau l’horizon ardent des chaumes l’air crisse de soleil au midi effarant
Hamada de Tinrhert, Sahara oriental
Tournois d’oiseaux
Un soudain bruit de vent spirale piaillante et gaie aussitôt entendue et déjà si lointaine revient bientôt cette trombe duveteuse qui agite le ciel d'orage obscurci aile immense de plaisir en l’air palpitant frais
Baie de Cadix, Andalousie atlantique
Dans la luzerne de ta voix
Coupé à large faulx dans le matin d’été ce fourrage humidité tiède d’abondance sensuelle À rouler de désir dans cette charretée de provende odorante comme parole de FEMME
Pré-gras du Pont-Ligneau, rive de Sèvre
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dimanche, 13 mai 2007
quand le jardinier sarcle son poème
Char centenaire
pour Maguitte, Gasconne retirée aux confins du Pays Pourlet
Quand l'homme qui s'est approprié les aphorismes héraclitéens* se meut en fabuliste, on se dit que Char aurait pu être aussi un La Fontaine provençal.
N’égraine pas le tournesol,
Tes cyprès auraient de la peine,
Chardonneret, reprends ton vol
Et reviens à ton nid de laine.
Tu n’es pas un caillou du ciel
Pour que le vent te tienne quitte,
Oiseau rural ; l’arc-en-ciel
S’unifie dans la marguerite.
L’homme fusille, cache-toi ;
Le tournesol est son complice.
Seules les herbes sont pour toi,
Les herbes des champs qui se plissent.
Le serpent ne te connaît pas,
Et la sauterelle est bougonne ;
La taupe, elle, n’y voit pas ;
Le papillon ne hait personne.
Il est midi, chardonneret.
Le séneçon est là qui brille.
Attarde-toi, va, sans danger :
L’homme est rentré dans sa famille !
L’écho de ce pays est sûr.
J’observe, je suis bon prophète ;
Je vois tout de mon petit mur,
Même tituber la chouette.
Qui, mieux qu’un lézard amoureux,
Peut dire les secrets terrestres ?
O léger gentil roi des cieux,
Que n’as-tu ton nid dans ma pierre !
Complainte du lézard amoureux
les Matinaux.
On retrouve le jardinier, un "jardinier transcendental", qui éclaircit, sarcle, bine. À preuve, en lisant ce poème dans le hors-série récent que Télérama** consacre à Char, pp.76-77, ma mémoire de lecteur assidu se met à claudiquer :
à la strophe III
Quand l'homme gronde, cache-toi ;
Le tournesol est son complice...
à la strophe IV
...La taupe, elle, n'y voit pas ;
Là, tu n'as à craindre personne.
à la strophe V
...Le séneçon est là qui brille ;
Préfère-le aux noirs cyprès
À la semence des charmilles.
à la strophe VI
Les chats de ce pays sont sûrs
Écoute, je suis bon prophète ;
Je vois tout de mon petit mur...
à la strophe finale
Ô léger gentil roi des cieux,
Le tournesol n'est plus ton maître.
Il me semble qu'il s'agit d'une version antérieure, sous forme d'épreuve, que s'est proposé d'illustrer Miro pour une édition italienne (?)
Dans la version définitive, la strophe II a été ajoutée, les V et VI inversées. La tâche du jardinier a donné force à la fable et corrigé les écarts de rythme. Je regrette peut-être l'effacement des chats, mais l'innocent papillon me console dans cet aujourd'hui de "vainqueurs".
C'est quasi la rigueur aphoristique qui resurgit en un rythme octosyllabique ; le jardinier esquisse un pas de gavotte —deux fois quatre temps, à la mode de Bretagne — et n'oublie point que l'harmonie des contraires, basse continue des écrits de Char, — un petit reptile amoureux d'un petit oiseau — provoque la beauté.
* Dans La Sorgue et autres poèmes, madame Char et monsieur Veyne estiment que le terme "aphorisme" est impropre et trompeur. J'ose renvoyer Paul Veyne, professeur au Collège de France, aux définitions du terme grec "aphorismos" que propose "le Bailly", qui n'est peut-être plus le dictionnaire grec de référence ; mais c'est le mien !
** Télérama ? Hélas ? N'est-ce pas, Dame du Tout à fait décousu ! Pas de regards neufs, sinon Jérôme Prieur, Pascal Charvet ; la mise en page et l'iconographie et l'ensemble des textes offrent un beau portail d'entrée pour une première approche.
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jeudi, 10 mai 2007
Chronique portuaire LI
« Trop longues... inintéressantes... du copiage... » Critiquées, ces chroniques ! Je persite cependant, car scanner les pages d'un vieux bouquin qui ne bénéficia que d'une édition très locale m'est une modeste contribution à la sauvegarde d'un patrimone nautique qui baigna mon enfance et dont mes errances des jeudis d'après-guerre sur le quai de la Fosse demeurent un si beau souvenir.
J'avoue prolonger ce bonheur ancien et combler ainsi mon ignorance d'alors.
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1746. — LE "MARS" ET LA " BELLONE ".
Le 11 avril 1746, deux frégates nantaises: le Mars et la Bellone sortaient de la Loire, chargées d'annes et de munitions pour le Prétendant Charles-Edouard Stuart, et faisaient voile vers l'Écosse.
Le Mars, de 300 tx., 30 can. et 266 h., appartenait à M. de Seigné, et était commande par le capitaine Antoine Rouillé, de Nantes ; la Bellone, de 350 tx., 36 can. et 350 h., avait pour capitaine Claude Lory, également de Nantes.
Lorsque les deux frégates arrivèrent sur les côtes d'Ecosse, elles apprirent la défaite du Prétendant à Culloden, et la présence de trois navires ennemis dans les environs : elles se hâtèrent en conséquence de débarquer leurs munitions. Le 14 mai, au moment où elles se disposaient à repartir, les trois Anglais étaient en vue et faisant voile vers la baie où les deux frégates étaient en panne, se préparèrent au combat ; c'étaient la frégate le LÉVRIER, de 36 can., le senau BALTIMORE, de 18 can., plus un certain nombre de pierriers, fauconneaux et espingoles ; enfin un dogre de 16 can. Les deux Nantais, à bord desquels venait de monter le généralissime de l'armée du Prétendant, Milord Jean Drummond, Duc de Perth, accompagné d'un certain nombre de partisans du Prince, firent leur abattée afin de présenter le flanc à leurs adversaires ; et bientôt un mémorable combat s'engageait en vue des côtes entre le Mars et la Bellone et leurs trois antagonistes. Finalement les deux frégates nantaises l’emportaient, et faisaient voile vers Nantes tandis que les Anglais fuyaient au large. Le 22 mai, le Duc de Perth, mort la veille à bord du Mars, recevait la sépulture des marins ; et le 6 juin les deux frégates rentraient en Loire, non sans avoir amariné au passage le WILLES, de 400 tx. et 20 can., et le PEMBROKE, de 200 tx. et 16 can., venant de Saint-Christophe avec de riches cargaisons (1).
___________________________________________________________
(1) DE LA PEYROUSE-BONFILS, Histoire de la Marine française, t. II, pp. 282-8.
L. GUÉRIN, Histoire maritime de la France, t. IV, pp. 226 et suiv.
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mercredi, 09 mai 2007
la suite du 6 mai 2007
Obéissez à vos porcs qui existent. Je me soumets à mes dieux qui n'existent pas.
Nous restons gens d'inclémence.
Contrevenir
La parole en archipel.
René Char
23:03 Publié dans Char à nos côtés, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 04 mai 2007
carénage et autres
On n'abat plus en carène ; je le fis naguère : on échouait le bateau sur une plage, d'un côté à marée basse, puis de l'autre à la marée suivante. Aujourdh'hui, on sort le voilier de l'eau et on le pose sur un ber.
Il est beau, Dac'hlmat sur son ber.
Donc carénage et ponçage, lessivage et lasurage : modestes chantiers tardivement entrepris dans un printemps précoce !
Certain(e)s ne pourront plus me taxer d'incivisme, je suis revenu sur ma décision "nihiliste" : je voterai par procuration.
Entre deux deux banalités, y'a pas le feu ! L'eau féminine est la moins trouble ! Mais elle me semble encore lointaine, cette VIe République.
Le blogue est donc remisé, quelques jours, dans la cabane du jardin, le blogueur redevenant vieux marin.
Et même, point de chroniques portuaires : ça en réjouira certaines, en attristera d'autres.
Ainsi vont les eaux des océans et des rivières.
Ce pourrait un aphorisme d'Héraclite. À moins qu'un Char...
Tenez, de Char, pour son centenaire :
Quand on a mission d'éveiller, on commence par faire sa toilette dans la rivière. Le premier enchantement comme le premier saisssement sont pour soi.
07:50 Publié dans Char à nos côtés, les civiques, les marines | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 01 mai 2007
Il y a en a qui en veulent à mai 68 ?
Nous sommes rentrés d'Algérie, le 13 mai 68, un comble, je ne devrais donc point me sentir directement concerné par les jappements aigrelets de certain candidat... Je n'avais pu faire Mai 68.
Je me souviens même avoir rétorqué à un quidam qui, dans les embarras de la circulation, pensait m'injurier en me traitant de "post-soixante-huitard attardé" — cheveux longs et barbe à la Marx ou... à la Verne, caractérisant le jeune homme d'alors — « Non, monsieur, je suis un pré-soixante-huitard ! ». Mais il est vrai que ce que nous avions vécu entre 1961 et 1968 dans une Algérie encore euphorique, nous inclinait à une fort grande sympathie pour ces poings levés et ces places rebaptisées "Place du Peuple".
Comme j'aime bien les marque-page que m'offre en abondance un de mes libraires préférés — Coiffard, rue de la Fosse — je lui dis ainsi merci.
Et, par la même occasion, merde — encore une légende nantaise — aux "anti-soixante-huitards précoces". Manière de fêter un Premier Mai de paresse et non de travail.
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lundi, 30 avril 2007
qui dit mieux que cet homme ?
La nuit dernière — surgissement, sur les ondes, d'une des voix les plus justes pour porter un texte, Laurent Terzieff lit la première page de Tête d'or
Me voici,
Imbécile, ignorant,
Homme nouveau devant les choses inconnues,
Et je tourne ma face vers l'Année et l'arche pluvieuse, j'ai plein mon cœur d’ennui !
Je ne sais rien et je ne peux rien. Que dire ? que faire ? '
À quoi emploierai-je ces mains qui pendent, ces pieds
Qui m'emmènent comme le songe nocturne ?
La parole n'est qu'un bruit et les livres ne sont que du papier.
Il n'y a personne que moi ici. Et il me semble que tout
L'air brumeux, les labours gras,
Et les arbres et les basses nuées
Me parlent, avec un discours sans mots, douteusement.
Le laboureur
S'en revient avec la charrue, on entend le cri tardif.
C'est l'heure où les femmes vont au puits.
Voici la nuit. — Qu'est-ce que je suis ?
Il fut Cébès.
Claudel, ainsi dans la nuit d'orage, par Terzieff ! Ce pourrait être toute une longue nuit d'insomnie.
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vendredi, 27 avril 2007
la honte du juge
Ce matin, au réveil, une voix qui s'engage, hors des supputations, des commentaires bien pesés, des analyses de sondage et des ragots, une bonté juste, paisible, ferme est de retour. Enfin !
Char n'a pas eu tort : les mots lèvent les hommes.
J’en ai assez d’avoir honte de ce que je fais en tant que juge quand je maintiens dans des Centres de rétention des gens qui sont qui n'ont commis aucune infraction qui n’ont d’autre tort que d’avoir essayer de venir en France, soit pour rechercher un asile politique qu’ils n’ont pas eu, soit simplement pour des raisons de misère.
Je suis là aussi pour protester contre une politique qui me paraît fondamentalement contraire aux Droits de l’homme et à notre tradition républicaine.
Quand un ministre de l’Intérieur ose annoncer chaque année, comme dans une entreprise privée, qu’il faudra reconduire aux frontières 23 000 cette année, l’année suivante un peu plus, l’année suivante, 25 000, etc, parce qu’il faut augmenter les chiffres, j’ai honte.
Ça m’est presqu’arrivé de violer la loi parce qu’il y a des choses totalement insupportables.
Ce sont des gens qu’il faut sauver, je l’ai déjà fait, j’en suis fier !
C'était, à 7 heures 09, sur France Cul, Serge Portelli, membre du syndicat de la Magistrature, vice-président de la 12ème Chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris qui affirmait que la désobéissance civique est la seule issue, même pour des magistrats.
Le même Serge Portelli vient de publier un bouquin qui circule aussi en format PDF sur la Toile : RUPTURES*.
Ruptures_Serge_Portelli.pdf
* Pour la petite histoire éditoriale, Michalon l'éditeur qui devait publier Ruptures écrit que : « Après lecture et considérant que ce texte était décevant tant par sa forme que par son fond, nous avons exprimé notre réserve quant à une éventuelle publication. » Ce ne serait donc point par pression du ministère de l'Intérieur, mais de l'autopublicité par le juge lui-même.
Allez savoir !
Le courageux (!) éditeur ajoute : « Il est certes plus facile, pour sa réputation, de passer pour une victime de la censure que d’être l’auteur d’un manuscrit raté. »
Rien que ça !
Quels sont les critères pour estimer un « manuscrit raté, un texte décevant tant pas sa forme que par son fond » ?
Michalon n'est certes pas lu dans les Centre de rétention.
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jeudi, 26 avril 2007
Chronique portuaire L
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1744. — LE MARQUIS DE LA GALISSONNIÈRE .
Roland-Michel Barin, marquis de la Galissonnière, né au Pallet d'une vieille famille nantaise, était entré dans la marine avec son père en 1710.
Le 17 août 1744. commandant la frégate la Gloire avec le titre de capitaine de vaisseau, il coulait bas un corsaire anglais de 24 can., et amarinait les TROIS-MINISTRES, un second corsaire anglais de 22 can., ainsi que six bâtiments marchands (3).
LE CORSAIRE "L'AIMABLE-RENOTTE" .
L'Aimable-Renotte, corsaire nantais de 16 can. et 55 h., cap. Jacques Le Chantoux, et la Sainte-Thérèse, voyagaient de conserve lorsque, le 14 septembre 1744, ils rencontrèrent deux corsaires anglais. Le capitaine de la Sainte-Thérèse proposa alors de « fuir à toutes voiles », mais le brave Le Chantoux, loin de se ranger à cet avis trop prudent, ordonna le branle-bas de combat, appuyant son pavillon d'une volée de boulets. Les deux Anglais, ayant en tout 28 can., 12 pier, et 400 h., attaquèrent alors l'Aimable-Renotte, tandis que la Sainte-Thérèse se tenait prudemment à l’écart, sans prendre d'autre part au combat que« sept coups de canon qu'elle tira comme en deuil ».
Plusieurs fois les corsaires, dont le plus gros était venu se placer par bâbord à portée de pistolet, tentèrent en vain l'abordage, et trois fois le feu prit à l'Aimable-Renotte. Enfin, après une lutte de six heures, le capitaine Le Chantoux dut se rendre. Il avait une partie de la jambe gauche emportée, le pied droit coupé, le bras gauche brisé et un coup de hache dans les reins ; son navire avait reçu vingt boulets dans sa coque, avait sa vergue de misaine coupée et toutes ses manœuvres hachées.
Jacques Le Chantoux survécut à ses blessures, et reçut une épée d'honneur le 2 novembre 1747 (1).
1745. — L'" ÉLIZABETH " ET LE "DU TEILLAY". LE PRÉTENDANT CHARLES-ÉDOUARD STUART.
C'est à bord d'un corsaire de Nantes, le Du-Teillay, de 150 tx., 18 can. et 14 pier., armé et commandé par Antoine Walsh, Marchand à la Fosse, que le Prétendant Charles-Edouard Stuart, déguisé en abbé, s'embarqua à l'embouchure de la Loire, le 19 juin 1745, accompagné d'un petit nombre d'amis et de partisans. Un autre navire appartenant au même armateur nantais, l'Élizabeth, capitaine Douaud, armé de 60 can. et monté de 590 h. d'équipage, lui servait d'escorte et transportait des armes et des munitions.
Le 20 juillet, les deux Nantais rencontraient une flotte anglaise de quatorze voiles escortée de trois gros vaisseaux de guerre ; et tandis que le Du-Teillay, fin marcheur, se couvrait de toile et pinçait le vent pour gagner l'Ecosse, l’Élizabeth, poursuivie par l'un des Anglais, le LION, de 74 can., lui livrait un épouvantable combat de cinq heures et le forçait à s'éloigner. Le navire Nantais, sa mâture criblée, sa roue de gouvernail brisée, et cent cinquante boulets dans sa coque, ne put le suivre, et le LION s'échappa à la tombée de la nuit. Trente officiers et cent quatorze hommes de l'Élizabeth étaient hors de combat ; le capitaine Douaud, coupé en deux par un boulet, avait été tué à son poste, criant à ceux qui se précipitaient pour le secourir : « Rangez-moi, mes amis ! » ne voulant pas que son agonie vienne distraire ses officiers du combat, ni que sa dépouille soit une gêne pour la manœuvre.
Le Du-Teillay accomplit heureusement sa traversée, et débarqua le Prétendant en Écosse le 28 juillet 1745 (2).
LE CORSAIRE L' " HERMINE ".
Pendant une seule croisière en 1745, le corsaire nantais, l'Hermine, frégate de 200 tx., 18 can., 10 pier., et 198 h., armateur Leray de la Clartais, et capitaine Faugas, amarinait : I'HÉLÈNE, le PROSPERON-EXETER et le LION, de Londres ; le CHARLES ; I'UNION ; la BONNE-INTENTION ; le JEUNE-PHILIPPE ; la SAKA-MARIA, et la PLANTATION-D'ANTIGUE (3).
LANCEMENT DE L' " APOLLON " .
Les chantiers de constructions de la Chézine ayant été jugés insuffisants, de nouveaux chantiers avaient été aménagés tout à l'extrémité du port, au pied des carrières de Miséri ; et le premier navire construit sur ces nouvelles cales fut mis à l'eau en 1745.
C'était l'Apollon, de quarante-trois mètres de long, armé de 36 canons (4).
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(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 146-151.
(2) DE LAPEYROUSE-BONFILS, Histoire de la Marine Française, t. II, pp. 281-2.
E. DUBOIS, Les derniers jours de l'exilé, pp. 190-195.
S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 164-174.
M. de la Nicollière est le seul auteur qui rapporte exactement cet épisode ; partout ailleurs on trouve le nom du DU-TEILLAY transformé en la DONTELLE ou la DANTELLE ; le capitaine Douaud devient le Marquis d'O, etc., etc
(3) A PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, pp. 169-170.
(4) VATTIER D'AMBROYSE, Le Littoral de la France, Côtes Vendéennes, p. 437.
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mercredi, 25 avril 2007
« Mais si les mots sont des bêches ? »
Char centenaire
Tiré du Poème pulvérisé, Suzerain que j’ai mentionné avant-hier était précédé d’un écrit autrement plus fondamental dans le rapport à la langue :
Quand s’ébranla le barrage de l’homme, aspiré par la faille géante de l’abandon du divin, des mots dans le lointain, des mots qui ne voulaient pas se perdre, tentèrent de résister à l’exorbitante poussée. Là se décida la dynastie de leur sens.
.Seuil,
Le Poème pulvérisé
Dieu est mort ! Soit !
Mais Char pressent qu’il nous est important de garder de l’ancienne langue qui célébrait le sacré, la ferveur première des mots.
Ne fut-ce que pour nous tentions de maîtriser l’exorbitante poussée qui nous mène de notre appropriation du monde à la démence de sa destruction ?
Plus trivialement, dans un texte lu en 1946, à la Radiodiffusion française, il avait souligné la capacité de vie et de résistance des mots aux manœuvres de mort :
Des mots échangés tout bas au lendemain de 1940 s’enfouissaient dans la terre patiente et fertile de la révolte contre l’oppresseur et devenaient progressivement des hommes debout...
La liberté passe en trombe
I. Pauvreté et privilège
Recherche de la base et du sommet.
Quels mots ? Les miens ! Les vôtres !
À chacun d’entre nous de les tirer de nos lointains, de remonter à la dynastie du sens que nous faisons nôtre.
Entends le mot accomplir ce qu'il dit. Sens le mot être à son tour ce que tu es. Et son existence devient doublement la tienne.
.La scie rêveuse,
Le nu perdu
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lundi, 23 avril 2007
dépité
Ouais ! Je suis allé voter ; un bulletin, glissé dans ce qui est encore une urne, pour éviter ne fut-ce que l'ombre du vieillard éructant et raciste.
Mais ce n'est point conviction que de voter "contre".
Cette aberration démocratique qu'est une élection présidentielle me laissait-t-elle une alternative ?
86% de votants : une fête démocratique ? Je veux bien.
Je crains qu'il ne s'agisse d'une régression à ces "sociétés hétéronomes" dont parlait Castoriadis (note du 28 mars) qui imputent la création et le fonctionnement de leur institution à une source extra-sociale, extérieure en tout cas à l'activité effective de la collectivité effectivement existante : les ancêtres, les héros, les dieux.
En l'occurence, ces ancêtres, héros et dieux revêtent désormais les oripeaux d'un appareil médiatique incapable de la moindre régulation et qui s'autosatisfait, à coup de sondages et de commentaires "experts", de fausse démocratie.
Les deux marionnettes qui vont s'agiter pendant les deux semaines à venir — j'ai voté pour l'une d'elles — sont trop heureuses de surfer sur la vague qui les portent au pouvoir désiré pour lever la moindre ambiguité au sujet de cette régression. En sont-elles, elles-mêmes conscientes ?
Mânes de Mendès, ou êtes-vous ?
Le 6 mai, je serai en mer !
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dimanche, 22 avril 2007
le mot dans les écrits de Char et ...dans les nôtres
Char centenaire
Évoquer centenaire un poète que je fréquente depuis plus de cinquante ans offre quelques remises en question chez le “chasseur au carnier plat”. Par exemple, celle d’avoir été un lecteur trop hâtif, sautant d’image en image, d’aphorisme évident en aphorisme clair — qui me paraissait clair.
Je pense qu’il faut lire Char en marchant : les pulsations de ses textes sont les pulsations cardiaques d’un marcheur. J’ai trop couru.
À l’instar de Peter Handke — son témoignage dans le numéro d’Europe en janvier-février 1988, Nager dans la Sorgue – il eût fallu traduire. Traduire oblige au mot-à-mot.
Il n’y eut guère que les Feuillets d’Hypnos et la Lettera Amorosa pour échapper à mes “rapports” précipités, parce que l’un et l’autre, je me les suis mis “en bouche” pour l’Autre, les autres.
Et il y a, s’ajoutant à la cadence du marcheur, l’oralité, une oralité proférée. Avant même d’avoir écouté Char disant ses poèmes, je l’entendais déjà, je l’ai toujours “entendu”.
La lente attention est venue plus tard quand je m’interrogeais, enfin, sur mon propre comportement d’écrivant.
Plus tard ? Quand Char publia Chants de la Balandrane en 1977.
Il achevait le recueil par une sorte d’étude lexicographique, Le dos tourné, la Balandrane, démarche qu’il avait déjà inaugurée dans la Lettera amorosa avec la page finale sur l’iris, Sur le franc-bord.
Mais surtout, le quatrième texte Ma feuille vineuse allait décider d'un retour sur mes pratiques d’écriture et la première phrase sera, d’écrits en interventions, reprise comme un leitmotiv ; elle sera d’ailleurs l’exergue de ce blogue, un dimanche d’octobre 2004 :
Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux. Un moment nous serons l’équipage de cette flotte composée d’unités rétives, et le temps d’un grain son amiral. Puis le large la reprendra, nous laissant à nos torrents limoneux et à nos barbelés givrés.
Plus de vingt occurences, depuis Suzerain dans Le Poème pulvérisé :
Il m’apprit à voler au-dessus de la nuit des mots, loin de l’hébétude des navires à l’ancre.
Jusqu’à l’entretien de 1980, Sous ma casquette amarante, avec France Huser :
Les mots... Le malheur intérieur qui favorise la poésie n'a ni politesse ni majesté. C'est attiser un feu dans un endroit aride. On s'émerveille de la fumée, des taches bleues, des flammes vasculaires, de la liberté météorique. J'ai d'abord une représentation, avec mes cinq sens, des choses advenues. Voici les mots exactement comme si je participais à un bal. Bons voleurs ! Ils valsent, hésitent, fouettent l'air, déploient leurs facettes, et soudain j'arrive sur leur amande intérieure : leur amarre — c'est-à-dire le sens le plus propice à celui qu'exige le poème sur lequel je suis penché. Il y a le sens originel du mot, mais aussi ses attirances, ses répulsions, et cette logique de la poésie qui n'est jamais ni absente ni gangrenée.
Au sortir du maquis, Char pensera le mot en artisan, en fabricant, l’interrogeant, le caressant, le rudoyant, le repoussant, dans la colère, la rudesse, le doute, la tendresse, malgré lui — parfois — rejoignant le linguiste et tous ces êtres langagiers que nous sommes, vous et moi, dans cette incessante tension de la Parole et de la Langue.
notre parole
comme cri
larme
souffle
délire
rire
geste
de notre nécessité vitale
notre langue
comme cadres
règles
rigueurs
de nos nécessités sociales
harmonie de nos déchirures
Merci à Char de garder “force de mots jusqu’au bord des larmes”.
Nous allons continuer de remuer ce terreau.
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samedi, 21 avril 2007
avant d'entrer dans l'isoloir
Char centenaire
On oublie trop que ce ne sont pas des doctrines qui sont au pouvoir, mais des individus et des tempéraments. L'arbitraire, l'évolution ou le bien-être obtenus dépendent plus de la nature particulière des hommes que de l'exercice et des objectifs des idées. Mais à la longue, le dard sourd des idéologies...
À une sérénité crispée
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jeudi, 19 avril 2007
Chronique portuaire XLIX
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1738. — LE NÉGRIER L' " AMPHITRYON "
La mortalité à bord des négriers était parfois effrayante, et l'exemple le plus saisissant peut-être en est donné par le négrier l'Amphitryon, parti de Nantes en 1738, et qui, sur une cargaison de 450 Nègres en perdit 209, soit près de la moitié (1).
1740. — MORT DE JACQUES CASSARD.
Cassard, que Duguay-Trouin appelait le plus grand marin de son temps ; Cassard, « qui faisait plus avec un seul navire qu'une escadre entière » ; Cassard, l' « un des plus grands capitaines dont notre marine s'honore » ; Cassard, qui dès le début de sa carrière se signala « avec un tel éclat que son nom est acclamé par notre marine entière, que tous nos ports le saluent avec enthousiasme » (2).
Cassard, le hardi Corsaire nantais, mourut en prison, au fort de Ham, le 21 janvier 1740.
Parmi tant de gloires éphémères que les siècles qui passent effacent peu à peu, celle de Cassard au contraire semble grandir à mesure que se rapetissent et disparaissent tous ces héros d'un jour ; et de plus en plus se réalise cette parole de Richer, son historien : « Ses exploits militaires paraîtront comme des fables dans l'éloignement des temps » (3).
1743. — LA TRAITE DES NÈGRES EN 1743.
Le plus gros chiffre total de Nègres traités par les navires de Nantes se rencontre peut-être en 1743, où les négriers de notre port transportèrent le nombre énorme de 18.000 Noirs. Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, qui vit l'apogée de la Traite, ce commerce employa une moyenne de 10.000 marins, tandis que 15.000 ouvriers fabriquaient dans les ateliers de Nantes et des environs, les marchandises d'èchange : faïences, toiles peintes, poteries, clous, eau-de-vie, que les navires échangeaient ensuite sur la côte de Guinée, contre du « bétail humain ».
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(1) AUGEARD, Étude sur la Traite des Noirs avant 1790, au point de vue du commerce nantais, pp.43-5.
(2) VATTIER D'AMBROYSE, Le Littoral de la France. Côtes Vendéennes, pp. 421-423.
(3) RICHER, Vie de Cassard, p. 117.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
scannées pour le blogue Grapheus
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lundi, 16 avril 2007
insomnie pour une embellie matinale
Trois heures trente, dans la nuit, insomnie qui dure, écouteurs, des voix anciennes, une diction trop déclamatoire, façon années 1950.
Gide et son salut de boxeur, Gérard Philippe, la raucité de Maria Casarès : c'est Henri Pichette et ses Épiphanies !
Le poète dit encore :
C'est le livre du monde, le vent tourne la page, voici le fragment du cœur singulier, voici les pluriels dans leur unisson, c'est l'espèce par tous les temps du verbe et la mise à jour sous l'œil immémoriaL
L'amoureuse poursuit :
Les bergères des nuages
les cristalliers de la neige
les archers du soleil pacifique
Les pontonniers de l'arc-en-ciel
Les vents oiseleurs
les artificiers d'aurore boréale
les pilotes d'étoiles filantes
les plénipotentiaires de l'orage
les navigateurs de l'azur précis
Bonheur matinal de rouvrir Les Épiphanies et de plonger dans une profusion d'images.
13:45 Publié dans les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)