vendredi, 16 novembre 2007
à un "vieux" compagnon
JPD reprend sa liberté — chez "nous", on ne prend pas sa retraite —, je fus un de ceux qui l'accueillirent en 1981 dans l'euphorie d'une Éducation Populaire qui se croyait enfin reconnue, fut-ce à travers une bien curieuse dénomination : le "Temps libre".
Nous ne prenons pas de retraite, ai-je écrit. Je lui glisse dans sa "caisse à outils" cette brochure* que MJ, Cl et moi, avons commis cet été, avec l'aide du Centre de l'Histoire du travail, pour accompagner nos copains, les pêcheurs du lac de Grand-Lieu qui fêtaient les cent ans de leur Coopérative.
Sur la page de faux-titre, j'ai tracé quelques mots :
À Jean-Paul,
cette mince brochure pour lui écrire :
Compagnon,
Il est encore des chantiers d'Éducation populaire à prolonger, à ouvrir
pour un homme de "ton" métier.
Et ce, dans la grande et belle liberté
d'un citoyen enfin délié de toute attache institutionnelle.
À La Plinguetière, ce 16 novembre 2007
* Disponible dans les deux "vraies" librairies de Nantes, Vent d'Ouest et Coiffard. Elle est même, chez cette dernière, en vitrine. Et la vente est au seul profit de la Coopérative de pêche.
Ceci n'est pas une publicité. Ni pour la brochure, ni pour les anguilles du lac !
Cette brochure fait suite à un "chantier" entrepris avec les gens du village de Passay, de 1990 à 2000, qui s'acheva avec la publication d'un livre "À Grand-Lieu, un village de pêcheurs"; l'aventure est brièvement relatée dans les "ruines" d'un site, bâti en 2000 et encore consultable, Dac'hlmat.
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jeudi, 15 novembre 2007
premières gelées
Comme chaque automne avec les premières gelées, ce n'est pas René Char, c'est René Guy Cadou qui revient à mes lèvres avec son Chant de solitude. Parce qu'il y a ce vers qui évoque le dahlia dont les tiges s'inclinent alourdies des pétales brutalement fanées par cette première nuit de gel.
.................................................
Les fumures du Temps sur le ciel répandues
Et le dernier dahlia dans un jardin perdu !
Dédaignez ce parent bénin et maudissez son Lied !
.................................................
C'est à cause de ce vers que chaque printemps, je plante un parterre de dahlias et que chaque automne, je maintiens le plus tard en novembre un "dernier dahlia" comme témoin nostalgique de l'été...
21:25 Publié dans Cadou toujours, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
Chronique portuaire LXVIII
Période Révolutionnaire
1793. — CORSAIRES NANTAIS EN 1793.
Dès le lendemain de la déclaration de guerre à l'Angleterre, le 31 janvier 1793, tous les ports de France rivalisèrent de zèle et d'entrain dans leurs armements de corsaires, Nantes fut loin de rester en arrière dans ce mouvement de patriotisme ; et presque tous ses long-couriers ou négriers furent armés en Course.
C'est ainsi que du 7 février au 27 juillet, les armateurs nantais expédièrent une vingtaine de corsaires contre les Anglais.
Cossin et Dupuy armèrent : l'Eugénie, de 300 tx., 16 can., 12 pier. et 120 h. d'équipage (deux croisières), l’Espérance, de 150 tx., 12 can., 8 pier. et 100 h. et la Musette, de 300 tx., 22 can. et 180 h.
Clair Ricordel : l'Espoir, de 300 tx,, 14 can. et 130 h.
Pierre Ricordel : la Georgette, de 300 tx., 16 can. et 120 h.
Guertin et Ouvrard : le Neptune, de 200 tx., 16 can, et 4 pier. (deux croisières).
Pierre Ragideau : la République, de 300 tx., 18 can. et 200 h.
Margerain Chesneau : le Porhin, de 300 tx., 10 can., 10 pier et 80 h.
Perrotin père et fils : le Robert, de 300 tx., 18 can., 12 pier. et 100 h.
René Nau aîné : la Didon, de 300 tx; 14 can, et 100 h.
François Delamare : le Sans-Culotte-Marseillais, de 100 tx., 10 can., 8 pier. et 86 h,
L. et F. Richer frères : le Père-Duchesne, de 14 can., 12 pier. et 120 h.
C.A. Jalabert et Rousset : le Jean-Bart, de 500 tx., 22 can. et 225 h.
J.-B.-René Anizon ; le Breton, de 350 tx., 24 can., 4 pier., 6 obusiers et 170 h,
P. Laporte, négociant et courtier ; le Sans-Culotte-Nantais, de 100 tx., 12 can. et 100 h. (1).
Touzeau et Abautret ; le Tyrannicide, ainsi nommé par le Comité qui en avait accepté le parrainage sur la demande des armateurs (2),
Enfin, sans dénomination d'armateur : le Furet, de 12 can., 10 pier. et 75 h., et le Mandrin, de 200 tx., 16 can., 12 pier. et 120 li.
Le plus célèbre de ces corsaires fut le Sans-Culotte-Nantais, qui, armé en février, et ainsi appelé par autorisation municipale, amarina douze ennemis en moins de six mois. II était commandé par le capitaine Plunkett (3).
TRIBUNAL DE COMMERCE & COMITÉ DE MARINE.
Le Tribunal de Commerce fut installé à Nantes le 11 février 1793. Il était composé des citoyens ; Alexis Mosneron, Rosier, Guesdon, Dehergne jeune, Claude Lory, Bonamy, d'Haveloose aîné et Lornoier (4).
Au mois d'avril de la même année, un Comité de Marine, composé des citoyens : Passant, Bailly, Berthault, Bourmaud, Suet, Chevert, Bridon et Cathelineau, était constitué dans le but de sauvegarder les intérêts maritimes et commerciaux de Nantes.
À peine réuni, ce Comité s'efforçait d'assurer la liberté de la navigation troublée par les Rebelles. Il envoyait d'abord vers Indret un ponton armé et monté par cinquante hommes ; puis présentait un plan de bateaux stationnaires armés au Comité Central qui l'approuvait et ordonnait la mise en adjudication immédiate de deux de ces bateaux.
Enfin, il armait quatre chaloupes canonnières, avec deux pièces de canon chacune, pour faire la police du fleuve de Paimbœuf à Nantes (5).
COCARDE TRICOLORE REMISE AU CAPITAINE AMÉRICAIN HUBLE.
Le Conseil communal de Nantes avait décidé de profiter de l'arrivée du capitaine Huble, commandant l'Amitié, venu de la Nouvelle-Angleterre avec un chargement de blé, pour manifester dans sa personne la fraternité des citoyens de Nantes et de ceux de la République de la Nouvelle-Angleterre. Une cocarde tricolore, avec cet exergue : « La Ville de Nantes au citoyen Huble », lui fut solennellement remise le 21 février, par le maire Baco, qui profita de cette occasion pour prononcer un discours énergique contre « la superbe Albion » (6).
EMBARGO
En raison des bonnes relations existant alors entre la France et les Etats-Unis, et de l'empressement que ces derniers avaient mis à expédier, des subsistances, le Conseil autorisait, le 4 octobre, quatre navires américains à sortir du port avec leur cargaison de vin, sucre, café, et leur provision de biscuit, bien que l'état de disette de la ville eut fait interdire l'exportation et la sortie d'aucun produit alimentaire.
Par contre, la République était en guerre avec les Villes libres, et le 1er mars, une lettre du Ministre de la Marine avait ordonné de mettre l'embargo sur les navires d'Hambourg, de Brème et de Lubeck, ancrés en Loire ; encourageant les corsaires nantais à donner de leur côté la chasse à ceux qu'ils rencontreraient en mer (7).
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(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 244 et suiv.
(2) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. V, p, 453.
(3) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. VII, p. 107.
(4) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. VII, p. 106.
(5) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. V, pp. 434-5.
GUIMAR, Annales Nantaises, p. 602.
(6) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, p. 111.
(7) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. V, pp. 322-384
06:00 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 13 novembre 2007
Camus à propos du bouquin de Berger sur Char
Centenaire René CHAR
Cabris, le 25 février 1951
... J'ai lu rapidement avant mon départ, pour le laisser à Francine qui me le demandait, le livre de Berger. C'est bien qu'il ait été fait, le choix des poèmes est efficace. Je regrette peut-être que Berger vous ait parfois paraphrasé, dans sa prose, au lieu de conduire le lecteur pas à pas. Il s'agissait de vous traduire en langage critique, non de vous répéter. Après tout, la poésie c'est vous. La prophétie, c'est vous.
Je le comprends d'ailleurs. Certaines œuvres, si on sait les aimer, il est impossible de s'en défendre, d'inventer pour elles un nouveau langage. Elles ne sont grandes que parce qu'elles ont créé leur propre langage et démontrent par là qu'elles ne pourraient être, ni parler, autrement. Au reste, Berger a réussi l'essentiel, faire comprendre la signification présente, et décisive, de votre œuvre.
Albert Camus
Il s'agit bien du n°22 de la collection Seghers "Poètes d'aujourd'hui". L'exemplaire que j'ai date du second trimestre 1953 : la linguistique n'est pas encore à l'œuvre dans l'approche critique des poètes, même si l'essai de Georges Mounin, Avez-vous lu Char ? est paru en 1946.
Je ne pense pas que cette démarche soit déjà dans le projet éditorial de Pierre Seghers : « Rapprocher les poètes de leur public ».
Quand je feuillette les bouquins de la collection, je ressens bien la critique de Camus : la langue du poète imprègne celle du commentateur :
Charbonnier, qui pourtant rompt la charte éditoriale, avec Artaud, René Micha avec Jouve, Soupault avec Lautréamont, Théophile Briant avec Saint-Pol-Roux, Manoll avec Cadou sont plus dans la paraphrase identitaire, le commentaire chaleureux que dans la démarche critique que souhaite Camus. Même beaucoup plus tard, en 1975 : il suffit de feuilleter le Michel Deguy par Pascal Quignard.
Je reviendrai sur quelques-uns quand j'aurai mené à bon port mon projet de parcourir les cinquante et deux Seghers qui m'attendent sur l'étagère des Poètes d'aujourd'hui. J'en suis encore à Pierre-Jean Jouve, le seizième précédant Pessoa et... Reverdy — celui-là, j'appréhende vraiment, il va me falloir me faire "aider" !
Pour celles et ceux qui souhaiteraient lire ou... relire les quinze bouquins déjà présentés, il suffit de cliquer dans la catégorie "Poètes, vos papiers !" : toutes les notes.
Moi-même, c'est clair, je n'y échappe point à l'imprégnation et du poète et de son commentateur !
19:00 Publié dans Char à nos côtés, quelquefois Quignard | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 11 novembre 2007
dans un matin toujours gris
Prolongeant le réveil en lisant sous la couette — "la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas", nous sommes le 11 novembre ; pour commémorer, mieux valait regarder sur Arte, Les sentiers de la gloire — lisant donc des poètes bédouins de la période anté-islamique, je m'enfuis de l'automne brumeux vers les jours passés— naguère ? jadis ? — dans l'aridité du grand Erg oriental.
Sans doute fallait-il cette extrême aridité des pierres et des sables pour atteindre à une telle concision du désir. La sexualité est peut-être le domaine où la langue résiste le plus à l'effet du temps.
D'emblée, ces hommes des déserts atteignent la beauté ; ils sont dans l'avant de Bagdad, de l'Andalousie, des Troubadours, des Renaissants, des Romantiques, de nos textes contemporains.
J'ai souvenir que Ricœur dans un numéro d'Esprit— en 1960 ? — avait écrit de fortes intuitions sur sexualité et langue. À retrouver pour creuser ces "poèmes- étendards" dont certains seraient "poèmes suspendus" sur les murailles cachées de la la Ka'aba*.
Oui, demain, aujourd'hui, ainsi qu'après-demain,
Sont autant de gages de ce que tu ne sais pas.
Elle te laisse voir, quand tu la surprends, seule
Et qu'elle est à l'abri des yeux des gens haineux,
Lee deux bras d’une blanche chamelonne au long col
À la robe racée, qui n’a jamais porté,
Un sein comme un ciboire, taillé dans l'ivoire, tendre
Et que jamais aucune paume n'a touché,
Les deux versants d’un dos doux, doux, svelte et allongé,
À 1a croupe charnue, et parties contiguës,
Un haut de hanches tel qu'étroite en est la porte
Un flanc, dont possédé je fus, à la folie
Deux colonnes, [pour jambes], d'albâtre ou bien de marbre
Où les bijoux cliquètent: sonore cliquetis !
‘Amr ben Khultûm al Taghlib (?-vers 600)
extrait des Mu’allaqat,
(poèmes-étendards ou poèmes suspendus de la période anté-islamique)
traduction de Pierre Larcher
*Abdallahh AKAR, Les poèmes suspendus, peintures et calligraphies, Collection Grand pollen Éditions Alternatives, 2007
23:30 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 10 novembre 2007
de ci de là
J'ai repris les séances d'aquagym — on ne peut y lire, même avec deux "frites" sous les aisselles, dommage ! — j'ai planté un mahonnya, un cornouiller, une clématite, demain, je planterai trois rosiers, un Sheila's Perfume, un Westerland ancien, un Double Delight, j'écoute Mozart dans ses symphonies de jeunesse, j'ai envoyé plus de trente courriels aux proches, aux amis pour Hors Saison, la dernière chorégraphie de Gianni, filmée par Patrik, j'ai rédigé huit billets à de vieux amis sahéliens que Ja qui part demain pour Baalu leur remettra s'ls ne sont pas en voyage ou morts, ce soir nous sommes invités pour les quinze et vingt ans de nos jolies voisines, je lis Lettre à D., d'André Gorz, je suis "empoigné", je pense très fort à leur commune mort volontaire.
« J'écrivais pour conjurer l'angoisse. N'importe quoi. J'étais un écriveur. L'écriveur deviendra écrivain quand son besoin d'écrire sera soutenu par un sujet qui permet et exige que ce besoin s'organise en projet. Nous sommes des millions à passer notre vie à écrire sans jamais rien achever ni publer. »
André Gorz, Lettre à D., Histoire d'un amour, récit, pp.32-33, Galilée, 2006
Je ne serai pas un écrivain, je serai toujours un écriveur !
Paisible tristesse d'une soirée grise d'automne.
18:15 Publié dans les diverses, les lectures | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 09 novembre 2007
littérature et blogue, mêmes aléas
Dates sans note ! Notes blanches comme page blanche, comme copie vierge.
Les "filles" ont regagné leur Gascogne, elles ont largement meublé les jours, mais guère facilité l'accès à hautetfort.com.
Centenaire René CHAR
Le poète et son lecteur, à cinquante ans de distance, sont soumis aux mêmes douleurs dentaires.
Char à Camus, en novembre 1956 :
...j'ai eu des ennuis dentaires désagréables et fulgurants ces jours-ci. J'étais chez mon dentiste tous les matins.
Peut-être m'avez-vous téléphoné...
le mardi suivant :
Mon dentiste, au cas vous désireriez en changer, s'appelle : Dr Y. Le Chanjour, 151 Boulevard Haussman, Téléphone Élysée 70-93 (2° étage). De ma part — simplement de la vôtre — il vous recevra sur-le-champ.
Voilà qui rapproche Char d'un autre génie du quotidien et du trivial, Montaigne qui, de ses coliques néphrétiques à l'indocilité de sa queue en passant par le pet, écrit de son corps sans gêne aucune :
Le corps a grand'part à notre être, il y tient un grand rang... Ceux qui veulent déprendre nos deux pièces principales et les sequestrer l'une de l'autre, ils ont tort.
(II, XVII)
Pour ne point quitter nos deux pièces principales, partant en promenade, j'ai tracé sur l'ardoise qui accueille nos visteurs dans le couloir d'entrée :
Dès que la campagne surgit, il y a une chance de peser moins, à condition qu'on ne nous détruise pas en nous ce fil de la vierge qui naît au matin...
Lettre de Char à Camus, le 28 jullet 54.
Post-scriptum :
Ce n'est point la fonction d'un post-scriptum de mentionner une dédicace, mais lisant et rédigeant les différents objets de cette note, j'ai beaucoup pensé à la belle liberté dont fait preuve Berlol dans son blogue à propos d'indigestions, de transpirations vélocipédiques et autres petits avatars corporels qui ponctuent, parfois altérent ou dynamisent, notre mental.
Je ne donnerai pas l'adresse de Jeannot, mon dentiste qui est né le même jour que moi, seulement dix ans plus tard, qui est un excellent et doux dentiste, et qui naguère m'initia à la régate.
12:25 Publié dans Char à nos côtés | Lien permanent | Commentaires (3)
mercredi, 07 novembre 2007
Chronique portuaire LXVII
Période Révolutionnaire
1792. — EMBARQUEMENT DE PRÊTRES.
Le 26 août 1792, l'Assemblée Législative avait voté une Loi ordonnant de déporter à la Guyane les prêtres insermentés qui ne se seraient pas expatriés d'eux-mêmes dans un délai de quinzaine.
Un grand nombre d'ecclésiastiques s'embarquèrent alors individuellement ; quant à ceux déjà internés au Château, ils demandèrent et obtinrent, aux termes de la loi, l'autorisation de s'expatrier dans un pays de leur choix.
Quelques jours avant leur départ, le 7 septembre, le Conseil chargea les deux Commissaires de semaine de les visiter pour les engager, dans l'intérêt de leur sûreté, à changer de costume et surtout, en ce qui concernait les ex-capucins, à faire couper leurs barbes. Le 10, ils furent conduits à Paimbœuf, escortés par un bataillon de la Garde nationale, et furent embarqués à destination de l'Espagne qu'ils avaient choisie comme lieu de résidence (1).
Le Télémaque, cap. Pierre David, en reçut 38 et les débarqua à Bilbao et à Saint-Sébastien.
Le Marie-Catherine, cap. Hidulfe Masson, en reçut 44 et les débarqua à Santona, près de Santander le 24 septembre.
Le Bon-Citoyen, cap. d'Aspilcouet, en reçut 5 qu'il débarqua à Saint-Sébastien.
Et le Saint-Gédéon, cap. *** en reçut 8 qu'il débarqua sur la même côte (2).
Lorsque les délais d'expatriation volontaire furent expirés, la loi de déportation fut appliquée dans toute sa rigueur.
Le 21 septembre, les prêtres de Nantes, auxquels on avait joint ceux du Mans et d'Angers, furent embarqués à Paimbœuf, à bord de la Didon. cap. Lebrec, et du Français, cap. Le Goguet. Trois-cent-trente prêtres montèrent sur le premier navire et soixante-deux sur le second. Avant de partir, le capitaine de la Didon avait reçu des Commissaires du département une lettre soigneusement cachetée qu'il ne devait ouvrir qu'après plusieurs jours de traversée. Elle contenait l'ordre de jeter tous ses passagers à la mer, et vraisemblablement, le capitaine de l'autre navire devait avoir reçu des ordres semblables.
Le brave marin, incapable d'exécuter cette lâche action, alla s'échouer volontairement sur les côtes de Gallice et débarqua tous les prêtres sains et saufs à Santander. De son côté, le capitaine du Français, par une manœuvre semblable, débarqua ses passagers à la Corogne (3).
L'ÉQUIPAGE DE l’ “ALEXANDRE " À LA SOCIÉTÉ POPULAIRE.
Le 19 janvier 1792, La Société Populaire des Amis de la Constitution recevait en séance solennelle le capitaine Malingre et l'équipage du brick l' Alexandre, de Saint-Valéry-sur-Somme. Ce navire, tout désemparé par deux tempêtes successives, n'avait pas hésité cependant à se porter au secours d'une corvette espagnole la Sainte-Hyacinthe, prête à couler, et avait réussi, au prix de mille efforts, à sauver son équipage.
Incapable de gouverner, l’Alexandre avait été poussé par les vents contraires vers l'embouchure de la Loire, où il était rentré pour réparer ses avaries. Le capitaine Malingre fut décoré d'une couronne civique, et tous ses hommes reçus membres de la Société des Amis de la Constitution. (4)
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(1) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. V, pp. 288-9.
(2) ABBÉ DENIAU, Histoire de la Vendée, t. I, p. 199.
A. LALLIÉ, La déportation des prêtres emprisonnés à Nantes.
(3) ABBÉ DENIAU, Histoire de la Vendée, t. 1, pp. 205-6.
Revue de l'Anjou, Année 1853, t. II, p. 561.
(4) Journal de la Correspondance de Nantes, Année 1792, n°24.
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jeudi, 01 novembre 2007
Chronique portuaire LXVI
Période Révolutionnaire
1791. — INAUGURATION DU PAVILLON NATIONAL SUR LE PORT.
Le Pavillon tricolore fut inauguré solennellement sur la Fosse le 10 avril 1791, en présence de toutes les troupes de la garnison rangées sur le quai, et d'un immense concours de population.
À l'issue de la messe célébrée à bord du Cerbère, et après un discours du maire Kervégan, ce navire reçut un baptême nouveau et prit le nom du Mirabeau. À ce moment, il amena le drapeau blanc, et hissa à la corne le pavillon tricolore ; la manœuvre fut ensuite exécutée par tous les navires du port, au milieu des vivats et des acclamations (1).
PROTESTATIONS CONTRE LE PROJET DE SUPPRESSION DE LA TRAITE.
Le Journal de la Correspondance de Nantes publie, à la date du 27 février, une lettre du citoyen Pierre Legris, répondant à ceux « qui ont assez de noirceur » pour l'accuser d'être favorable à l'abolition de la Traite. Comme preuve du mal fondé de cette accusation, Legris rappelait le projet d'adresse contre la motion tendant à abolir la Traite des Noirs dont il avait donné lecture quelques jours auparavant, le 19 février, à la Société des Amis de la Constitution. Dans ce projet d'adresse, il s'efforçait de prouver que le maintien de la Traite était conforme à « l'humanité et à l'intérêt de l'Etat » (2).
_________________________________________________________________
(1) Journal de la Correspondance de Nantes, Année 1791, n° 33, p. 523.
(2) Journal de la Correspondance de Nantes, Année 1791, n° 14, p. 215.
Rappel
Scan de l'ouvrage
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
Note du scanneur : À peine hissé, le drapeau tricolore des bourgeois nantais se teinte déjà d'un futur qui dans le droit fil de la Traite annonce l'Empire colonial « conforme à l'humanité et à l'intérêt de l'État » !
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lundi, 29 octobre 2007
un mot de billet ?
Noémie et Célia sont là. Alors guère le temps depuis samedi, de rédiger le moindre mot de billet. Faudrait-il que "l'outil" ne soit point squatté !
Longtemps, j'ai cru que le "mot de billet" était une incorrection d'origine populaire, un pléonasme, quoi ! pour les puristes. En ai-je fait des mots de billet à l'intention de mon instituteur, des faux pour couvrir mes escapades d'école buissonnière ?
Voilà que lors d'une insomnie, lisant par hasard Le Misanthrope — ce Molière-là est mon préféré* — à l'acte III, scène VI, Célimène dit à Alceste :
Alceste, il faut que j'aille écrire un mot de lettre...
Molière, si ce n'est son nègre... de Corneille — lire sur Litor des controverses acharnées sur le sujet que relance avec pugnacité un certain J.M. Vilprey — me dédouane de mon sentiment honteux d'user de cette expression que je pensais jugée fautive par de fins lettrés. Mais l'est-elle ?
Hier, fêté les quarante ans d'Er qui, pour moi, évoquent une tournée très matinale dans les rues d'Alger à la recherche d'une pharmacie de garde pour apaiser des contractions qui annonçaient bel et bien l'arrivée du premier héritier...pour le soir même !
Crevettes sautées à l'algéroise, de celles que l'on peut encore, je l'espère, déguster dans les gargottes de l'Amirauté et couscous tout autant algérois, mes seules références culinaires magrébines bien maîtrisées !
Arrosés de Sidi-Brahim tunisien (?), à défaut de Mascara algérien, de plus en plus introuvable.
* Le Misanthrope, qui comblait les moments sombres de l'adolescence avec ces deux vers extraordinaires d'orgueil et dédain :
Et chercher sur la terre un endroit écarté,
Où d'être homme d'honneur on ait la liberté.
17:50 Publié dans les diverses | Lien permanent | Commentaires (3)
jeudi, 25 octobre 2007
"le rêveur éveillé"
de Mj
"Le rêve éveillé est une forme d'amour de la vie, une gravidité dont on a le pressentiment, une forme de conscience rêveuse de la vie. Le rêveur éveillé est celui qui, à l'état de chenille , dans le cocon, rêve la vie du papillon, une plénitude et une beauté indemnes. S'il quittait le cocon et se réveillait, il perdrait cette singulière innocence mais aussi cette totalité unique qu'il n'est possible d'"avoir" que de la sorte. Le désenchantement serait mortel. Le rêveur éveillé se refuse au désenchantement qui intervient avec l'âge adulte. Il est un éternel jeune homme. "
Paul NIZON
Marcher à l'écriture
Actes Sud, 1991
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lundi, 22 octobre 2007
ce que j'aurais lu ce matin
Centenaire René CHAR
Entre les deux coups de feu qui décidèrent de son destin, il eut le temps d'appeler une mouche : « Madame ».
Feuillets d'Hypnos, 42
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dimanche, 21 octobre 2007
Lire en fête ?
"Lire en fête" un peu tristounet sur l'île de Versailles. un atelier d'écriture par ci, une bibliothèque des prisons par là, quelques liseuses pour enfants et beaucoup de "bouquinistes". Était-ce bien des bouquinistes ? Certaines et certains ressemblaient plutôt à des enfants ingrats qui venaient brader la bibliothèque de leurs vieux parents décédés. Ça sentait l'entre-deux-guerres avec des Paul Bourget, Maurice Dékobra, Paul Morand, Jacques Chardonne, pas mal de René Bazin — ô "La terre qui meurt", ô Les Oberlé — directement issus de bien-pensantes étagères vendéennes.
Quelques Péguy, Gide et Koestler réédités chez Gallimard, en collection Blanche, fin des années quarante et les innombrables Fleuve Noir, Masque Noir, défraîchis, écornés. Et encore des Bibliothèque Nelson — à onze ans, dans mon grenier de la rue Rosière d'Artois, au n°9, j'y dévorai La reine Margot et Vingt ans après.
Un petit éclat rouge : je suis tombé entre deux tomes des Oberlé sur APOLLINAIRE, dans ma chère collection Poètes d'Aujourd'hui, chez Seghers. Ce n'est pas la première édition par André Billy, n°8, mais le n°227 de mai 1975 par Daniel Oster. C'est très post-soixante-huit, entre psychanalyse et sémiotique, jeux de mots inclus, et ce, dès les premières lignes :
Au moment d'écrire sur Guillaume Apollinaire, découverte de l’apolinéarité d'Apollinaire, toujours en ligne au-dessus de lui-même. Apollinaire, le poète hors de soi, périphérique. Poésie en recherche d'apogée. Flottement, expansion, extériorisation ou évanouissement. Rarement linéaire, marginal de son propre discours. On ne peut donc parler d'Apollinaire que d'une façon apolinéaire, par-dessus, en vol, commentateur-Icare, au risque de se brûler les ailes. (Apollinaire s'écrit avec deux ailes.) Apollinaire exige que je nous tienne en respect entre terre et ciel.
Pourquoi ne m'étais-je point procuré le n°8 ?
Sans doute parce que j'ignorais encore les Seghers et qu'en 1954, déjà dans les marges de la littérature qu'on m'enseignait — et que j'aimais d'ailleurs, j'avais clandestinement dans mon pupitre de lycéen Apollinaire par lui-même de Pascal Pia, dans "Écrivains de toujours" Au Seuil (1954), glissé prudement sous le Paul Claudel de Louis Barjon aux Éditions Universitaires, maison très appréciée chez mes Bons Pères.
C'était assez éclectique, c'était mes premières démarches critiques hors des manuels scolaires et, ma foi, Apollinaire et Claudel, côte à côte, ce m'était déjà une belle harmonie des contraires. Quoique, Claudel ?
Mon achat d'hier ne fut donc que la remontée sentimentale de mes lectures adolescentes.
Il fut troublant, cet Apollinaire de Pascal Pia, ce n'était encore ni les Poèmes à Lou, ni Les onze milles verges, mais quel plus doux émoi, alors, que la prose de L'enchanteur pourrissant, soutenu par les gravures sur bois d'André Derain.
« Je suis belle comme le jardin d'avril, comme la forêt de juin, comme le verger d'octobre, comme la plaine de janvier ». S'étant dévêtue alors la dame s'admira. Elle était comme le jardin d'avril où poussent par places les toisons de persil et de fenouil, comme la forêt de juin, chevelue et lyrique, comme le verger d'octobre, plein de fruits mûrs, ronds et appétissants, comme la plaine de janvier, blanche et froide........... .
«........J'ai laissé mon castel Sans-Retour, sur le mont Gibel. J'ai laissé les jeunes gens que j'aime et qui m'aiment de force, au castel Sans-Retour, tandis qu'ils aiment de nature les dames errant dans les vergers, et même les antiques naïades.
Je les aime pour leur braguette, hélas ! trop souvent rembourrée et j'aime aussi les antiques cyclopes malgré leur mauvais œil. Quant à Vulcain, le cocu boiteux m'effraye tant que de le voir, je pète comme bois sec dans le feu. »
Lui ayant prêté cet Apollinaire, l'une de mes amours d'alors me l'avait rendu en rougissant. Et pourtant elle n'était point bégueule.
Donc, Apollinaire m'a enjolivé ce samedi d'un "Lire en fête" qui s'exténue — lointaine, "la Fureur"... !
Ce qu'il écrivit à vingt ans me troubla à dix-huit et m'émeut encore à....
Sur toi Hélène souvent mon rêve rêva
Tes beux seins fléchissaient quand Pâris t'enleva.
18:05 Publié dans les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (3)
samedi, 20 octobre 2007
nostagie des Marquises
Centenaire René CHAR
Cette note est dédiée à Xavier et Mathieu.
Hier boudant le rugby, je regarde Thalassa qui s'achève sur les Marquises.
Depuis, une nostalgie irrépressible, qui me fait feuilleter les petits albums : Nuku-Hiva, la baie d'Anaho, Ua-Huka et la baie de Vaipaee, Nicolas et son arboretum : ce Marquisien a arpenté tous les rivages du Pacifique sud. Y a-t-il un arbre de ces rives qu'il ignore ?
Il nous donna des fruits, beaucoup de fruits.
Puis, j'ai réouvert mon livre de bord de cette traversée "Pacifique". J'y avais consigné des bribes de beauté recueillies dans l'illisible du Partage formel de René Char. Nous avions remonté le mouillage depuis plus de huit jours ; nous étions à quelques 3 000 milles de Panama.
je les livre en fétus :
...une éternité de tenailles...
...qui va nue sur ses pieds de roseaux, sur ses pieds de caillou
... en laines prolongées...
... en aurore artérielle...
Le poète étend sa santé chaque jour.
... ayant tes lèvres pour sagesse et mon sang pour rétable...
... orages pélerins...
... le visage de l'échange.
la pastorale des déserts
... l'exégèse des dieux puissants et fantasques...
Derrière cette persienne du sang brûle le cri...
... la voix de ses fontaines
...tirer parti de l'éternité d'une olive...
Toute respiration propose un règne...
...à l'écart, suivant l'allée de la vigne commune... avec la Femme à son côté s'informant du raisin rare.
Soleil et nuit dans un or identique... la mort, université suspensive.
Lectures en rêveries suspendues.
19:55 Publié dans Char à nos côtés, les marines | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 19 octobre 2007
un Char automnal et plus énigmatique encore
Centenaire René CHAR
Hors de nos mains, les anses de la marmite ! Y cuit l'amanite panthère après les souples confitures !
La collation interrompue
Effilage du sac de jute, 1978-1979.
Nous sommes enfin depuis quelques matins entrés dans l'automne.
Voilà ma glane, alors que, ayant parlé hier au soir, avec Gianni* d'Olivier Messiaen, je me suis mis en quête de rapprocher les passions ornithologiques du poète et du musicien.
C'est la teinte automnale des confitures et des champignons qui a prévalu. Mais pourquoi Char en empoisonneur ?
Faut-il rechercher dans les voisinages ésotériques ? Chamaniques, plutôt ?
...elle (l'amanite panthère) contient de la muscarine, de l'acide iboténique et du muscimole dont les propriétés hallucinogènes l'ont désignées pour un usage chamanique dans un but d'ivresse extatique.
in Wikipédia
* Voir dans les sites qui assurent provende : Cie Gianni Joseph.
08:35 Publié dans Char à nos côtés | Lien permanent | Commentaires (0)