lundi, 27 octobre 2008
Marins & Corsaires Nantais (suite des chroniques portuaires)
Le 21 avril 2006, j'expliquai le pourquoi de ma démarche quand j'entrepris de scanner le bouquin de Paul Legrand, j'avais commencé le 1er avril et délaissé préface et introduction ignorant alors dans quelle tâche je m'aventurais et si j'allais la mener à son terme.
Eh bien ! Nous y voici au terme et cette brochure centenaire a trouvé quelque lectorat.
Je dois donc à ce fidèle lectorat marin de revenir aux premières pages de MARINS & CORSAIRES NANTAIS et de publier particulièrement la longue introduction et le paratexte (page de titre, dédicace, préface) qui explicitent le projet de Paul Legrand et souligne la modestie de son propos.
Je ne reprends point mes commentaires sur première de couverture et page de titre ; il suffit de les donner à lire :
L'argument de vente et de vulgarisation explique sans doute le passage du très sévère titre "Annales de la Marine Nantaise" qui fait plus référence au patronage des Société Académique, Société Archéologique et Société de Géographie de Nantes et de la Loire-Inférieure et à la dimension historique reconnue avec la haute approbation de la LIGUE MARITIME FRANÇAISE, passage donc à la première de couverture, destinée à accrocher le chaland nantais.
La modeste mais sympathique revue "Le Pays d'Arvor" était sans aucun doute en quête de reconnaissance, mais aussi à la recherche de quelques espèces sonnantes et trébuchante.
La préface du secrétaire de rédaction du Pays d'Arvor souligne l'effort de la revue pour faire de cette publication "à la fois un manuel de vulgarisation et une luxueuse plaquette de bibliophile".
L'ouvrage est dédié
A M. Charles-Ed. SIMON
Vice-président de la section de Nantes
de la
Ligue Maritime Française
Demain, je publie la préface.
Post-scriptum — qui a cependant quelque chose à voir avec ce qui précède — :
Ces chroniques portuaires ne sont pas loin d'être de vieilles cousines de ce qui se passe sur le VendéeGlobe aux Sables d'Olonne. Peut-être y-a-t-il un peu plus d'argent en jeu ? Quoique ?
16:22 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 26 octobre 2008
un homme à mi-mât
Le VendéeGlobe, un matin d'automne, il y a trois jours. Nicléane photographie les lignes, les couleurs, les pavillons, la complexité de l'accastillage, le "tissage" des gréements. Ce ne sont point les "monstres" dont parle la presse dite spécialisée, ce sont de superbes carènes pour affronter toutes mers du monde, menées par de très bons marins
Un homme à mi-mât ? Nicléane photographie. Une heure plus tard, au restaurant du Ponton à une table voisine, un équipage, celui de Roxy, et un profil que nous croyons reconnaître ? C'est bien lui. Il y a bientôt dix ans, il avait vingt ans. C'était aux Marquises, le grand large lui paraissait encore une épreuve. J'ai toujours gardé nostalgie de son débarquement, sur l'unique quai de NukuHiva. Ce jour d'octobre, sur les pontons de Port-Olonna, il a la belle trentaine et il est devenu Homme de mer ! Une forte émotion réciproque. Nous nous embrassons. Plus tard en enregistrant les images : cet homme à mi-mât. C'est lui Erwan Le M! L'après-midi, nous irons jusqu'à l'extrémité de la digue de Saint-Nicolas : dans notre suroît, la bouée du Nouc'h, et l'ouvert du golfe de Gascogne. Dans quinze jours, trente marin(e)s s'effaceront à l'horizon. Dans un recoin du village du Vendée Globe, comme un clin d'œil, vieux de plus de quatre cents ans : La Pinta, une caravelle de l'escadre de Colomb, la première qui revint des "Indes occidentales" à Bayona, port de Galice, commandée par Martin Alonso Pinzon.20:29 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 23 octobre 2008
Chronique portuaire CIV
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1829. — ARMATEURS ET NAVIRES NANTAIS.La dernière chronique
À la fin du règne de Charles X, le commerce maritime nantais entrait dans une ère de prospérité. Nantes comptait alors 111 maisons d'armement, et possédait 184 long-courriers, jaugeant ensemble 37.950 tx.
La plus importante de ces maisons d'armement, la maison Vve Th. Dobrée, comptait quatre navires jaugeant ensemble 1.829 tx. ; elle possédait le plus fort navire du port, le Cap-Horn, d'un tonnage de 717 tx.
Venaient ensuite les maisons : B. Dufou, 6 navires, 1.803 tx. ; Soubzmain, 4 navires, 1.197 tx. ; Th. Carmichaël, 6 navires, 1.110 tx. ; J.-B. Couy. 6 navires, 939 tx., etc.
La construction navale figurait parmi les industries nantaises les plus florissantes ; elle comptait quatorze chantiers à l'Ile-Gloriette, à la Chézine, à la Piperie et à Chantenay (1).
(1) F. LIBAUDIÈRE, Histoire de Nantes sous le règne de Louis-Philippe, p, 9.
-=oOo=-
Avec la chute de Charles X et l’avènement de Louis-Philippe, nous arrêtons ces « Annales de la Marine Nantaise », non pas certes que cette marine disparaisse précisément en 1830, mais simplement parce qu'à cette date correspond une phase nouvelle de son histoire.
Et, en effet, tandis que la fin des corsaires et des négriers vient enlever à ces pages tout leur intérêt anecdotique, — le seul que nous ayons eu en vue, — la vapeur, sortie de la période des tâtonnements et des essais, s'apprête à révolutionner le commerce maritime et son instrument obligé : le navire.
Sans doute, il eut été extrêmement intéressant d'étudier la transformation radicale de notre port pendant le XIXe siècle, en même temps que le développement considérable de notre commerce et de nos industries maritimes. Mais cette étude, purement économique d'ailleurs, outre qu'elle eût dépassé le cadre forcément restreint de cet ouvrage, et le cadre encore plus restreint de notre compétence, ne rentrait nullement dans le plan que nous nous étions proposés : esquisser à grands traits l'histoire anecdotique de nos navires et de leurs capitaines.
Tel a été notre but unique; et quelque incomplet que puisse être cet ouvrage, nous nous estimerions satisfaits si cette faible contribution à notre histoire locale fût de nature à faire connaître et apprécier davantage les héros dont les faits d'armes remplissent ces pages.
Qu'il nous soit permis, en terminant, de remercier ici tous ceux qui nous ont aidés de leurs conseils et de leur science en facilitant nos recherches; et d'exprimer notre profonde gratitude aux Sociétés Savantes de Nantes et à la Ligue Maritime Française, qui ont bien voulu accorder leur patronage à cette initiative du " Pays d'Arvor ", dont nous n'avons été que le très imparfait interprète.
Paul LEGRAND.
Nantes, le 1er août 1908.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
Pages scannées par grapheus tis
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mercredi, 22 octobre 2008
Internet bon pour le cerveau
Des scientifiques américains ont découvert qu'effectuer régulièrement des recherches sur Internet stimulait les centres clés du cerveau chez les personnes de plus de 50 ans. Surfer sur la Toile mobilise davantage de circuits neuronaux que la simple lecture et améliore le fonctionnement du cerveau.
C’était dans Ouest-France d’il y a deux ou trois jours.
Je précise, à l'usage d'un ami, Her, avec qui j'ai eu, samedi, un échange très passionné, qu'il est nécessaire de savoir... lire....
À cette pratique quotidienne de la Toile, ajoutons un litre de thé vert — Gunpowder, Bancha ou Sencha Aryaké, au choix — un râpé de radis noir et quelques maquereaux enveloppés dans une page des Essais ou des poèmes de Catulle et je m’en vas, centenaire, d’un pas alerte vers un fonctionnement mental à l'efficacité redoutable. Ce serait une sacrée amélioration.
Enfin !
Vieillir, une découverte ! Nous a-t-on écrit.
21:26 Publié dans les diverses, les lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
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mardi, 21 octobre 2008
« Et quand personne ne me lira... »
Un parler ouvert ouvre un autre parler et le tire hors, comme le fait le vin et l'amour.
C'était jeudi dernier dans Une Vie, une Œuvre , le ton, le tempo d'une langue qui s'était habillée de la voix de Piccoli. Il me suffit de si peu pour retourner à cette lecture qui depuis plus de vingt ans ponctue des jours, des soirées, quelques heures, parfois une minute ou deux, pour quelques chapitres ou pour une phrase, trois ou quatre mots : Montaigne.
Rien de tel que les regards si brefs soient-ils de lecteurs ou savants ou naïfs pour me remettre en goût d'ouvrir les Essais. Ce matin-là, les passeurs avaient indistinctement nom Magnien, Sève, Pouilloux, Pachet. Peu importe l'indistinct de l'intervenant ; les voix surgissaient de leurs lectures faites, des bribes copiées et recopiées ; des paysages montaigniens s'ouvraient, rénovés, se dévoilaient, neufs, actuels.
Les paroles s'accordaient plus sur l'épicurien, délaissant le sceptique. Et l'ironie légère, comme un rouge aux joues, s'entendait dans les commentaires.
Et quand personne ne me lira, ay-je perdu mon temps, de m'estre entretenu tant d'heures oisives, à pensements si utiles et aggreables ? Moulant sur moy cette figure, il m'a fallu si souvent me testonner et composer, pour m'extraire, que le patron s'en est fermy (affirmé), et aucunement (quelque peu) formé soy-mesme. Me peignant pour autruy, je me suis peint en moy, de couleurs plus nettes, que n'estoyent les miennes premieres. Je n'ay pas plus faict mon livre, que mon livre m'a faict.
Montaigne
II, XVIII
Dans les lignes précédant ce texte, il reconnaît la facilité d'usage qu'apporte l'imprimerie, mais il s'estimerait récompensé si les pages de son livre servaient, citant Martial* et Catulle**, d'emballage pour les olives, les thons ou les maquereaux, lui se contentant d'empêcher que quelque coin de beurre ne se fonde au marché.
*Ne toga cordyllis, ne penula desit olivis (Martial)
"Que les bonites ne manquent point d'emballage, ni les olives de cornets !"
**Et laxas scombris saepe dabo tunicas (Catulle)
"Souvent je fournirai de larges tuniques aux maquereaux"
15:50 Publié dans & Montaigne si proche, les lectures | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 19 octobre 2008
retour à à la Possonière, terre de Ronsard
Ce matin un commentaire d'Alain B. et voilà mon projet de note autour de Montaigne et de l'émission de jeudi dernier, Une vie, une Œuvre, repoussé à un autre jour, parce qu'Alain cite un voyage en Vendômois, à la Possonière, manoir de Ronsard.
J'ai, à la suite de mes lectures de Michel Chaillou le "sentiment géographique" très développé qui m'est un puissant excitant à l'ouverture d'une œuvre.
Je ne quitterai donc point ce cher XVIe siècle, j'ouvre les Amours de Marie, cette brune Fleur angevine, paysanne pucelle de quinze ans. Alain soutient que Ronsard est le poète le moins superficiel de la langue française ; ça me chiffonne un peu pour mon Du Bellay préféré.
J'ai passé un après-midi enchanteur et ensoleillé dans les allitérations, les pétraquismes, les yeux, les poils, les roses, les herbages, les tétins, les aporismes et l'élégie la plus ivre : je suis revenu avec ce geste désespéré que j'adresse à Alain, mon compagnon de bord de mer qui a le mal de mer, mais célèbre si bien dans ses images et la mer, et les roses, et la femme.
Je veux, me souvenant de ma gentille Amie,
Boire ce soir d'autant, et pource, Corydon,
Fais remplir mes flacons, et verse à l'abandon
Du vin pour réjouir toute la compagnie.
Soit que m'amie ait nom ou Cassandre ou Marie,
Neuf fois je m'en vais boire aux lettres de son nom,
...........................................................
..........................................................
Gagnons ce jour ici, trompons notre trépas :
Peut-être que demain nous ne reboirons pas.
S'attendre au lendemain n'est pas chose trop prête.
et trois sonnets plus loin, cette épitaphe désespérée
Celui qui gît ici sans cœur était vivant,
Et trépassa sans cœur, et sans cœur il repose.
Le moins superficiel ? Ne sais. L'un des plus graves, souventes fois.
19:13 Publié dans Du Bellay mon voisin, Les blogues, les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 18 octobre 2008
quelques minutes de télévision dite littéraire
Tombé par hasard sur le café littéraire de Picouly. La gueule un peu serrée de Onfray m'y retient. Le voilà qui s'étend encore sur les tristesses de la sexualité chrétienne qui mènera à la pornographie libérale. Quand se nettoiera-t-il de son passage adolescent chez les Salésiens ? Il est au café littéraire pour la parution de Le souci des plaisirs. Pour une érotique solaire. Beau titre !
La caméra bouge et s'arrête sur un jeune homme qui approuve à plein corps la sexualité libertaire prônée par notre philosophe.
J'identifie ainsi le jeune homme : François Bégaudeau qui est invité pour son Antimanuel de littérature. Le jeune homme que je n'ai ni lu, ni vu — son film avec Cantet — devient très vite un sale gosse quand, toujours aussi serré, Onfray paraît contester le copiage/copillage du titre "antimanuel"*. Le sale gosse se déchaîne avec la venue sur écran de l'homme au blogue de littérature critique le plus lu et commenté — évidemment que je suis jaloux — Assouline. Vraiment un sale gosse, Bégaudeau, une tête à claques, sûr de lui...
Asinus asina fricat, à l'envers. Avec Bégaudeau, le frottement serait plutôt de la ruade. Assouline submergé et la gueule immobile de Onfray.
Bof ! Leurs antimanuels sont quand même des manuels : les leurs.
Auraient mieux fait d'écouter Clément Rosset et son Précis de philosophie dans l'émission , le jeudi précédent.
À propos de ces manuels antimanuels, chez mes Bons Pères, j'ai appris dans le Précis de Littérature Française du chanoine Ch.-M Des Granges. J'estime que je m'en suis sorti aussi bien que ceux qui plongèrent plus tard dans les Lagarde et Michard. L'important c'est de se façonner ses contres — ou ses antis — soi-même.
D'ailleurs le discours de Mirabeau, cité hier, je l'ai retrouvé chez... le chanoine.
* L'un et l'autre reconnaissaient leur dette (?) à Duneton et à son Anti-manuel de Français. Lire le blogue de Constantin C.
Post-scriptum (qui n'a rien avoir avec les noms cités ci-dessus) :
Notre jus de pommes 2008 aura été pressé, à la Pierre-Anne, avec des pommes de Chailleux, nom gallo de la Drap d'Or.
16:55 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (3)
vendredi, 17 octobre 2008
sur la Criiiiii......se
Je ne comprends goutte aux mécanismes des Bourses, aux placements, aux indices nikkei, dow jones, nasdaq et autres cac40, aux discours de mesdames, messieurs les économistes et les politiques. Je rangeais quelques papiers — après avoir rincé mes cinquante bouteilles pour la matinée "jus de pommes" de demain, aux pressoirs de la Pierre-Anne — ; je suis tombé sur cette intervention à l'Assemblée...!
Si actuelle.
Messieurs, au milieu de tant de débats tumultueux,
ne pourrai-je pas ramener à la délibération du jour par un petit nombre
de questions bien simples? Daignez, Messieurs, daignez me
répondre.
Le premier ministre des Finances ne vous a-t-il pas offert le
tableau le plus effrayant de notre situation actuelle?
Ne vous a-t-il pas dit que tout délai aggravait le péril? qu'un
jour, une heure, un instant pouvaient le rendre mortel? Avons-
nous un plan à substituer à celui qu'il nous propose?
Je ne crois pas les moyens de M. (...) les meilleurs possibles;
mais le ciel me préserve, dans une situation
si critique, d'opposer mes moyens aux siens. Vainement je les
tiendrais pour préférables; on ne rivalise pas en un instant
avec une popularité prodigieuse, conquise par des services
éclatants, une longue expérience, la réputation du premier
financier connu, et, s'il faut tout dire, des hasards, une destinée
telle qu'elle n'échut en partage à aucun mortel.
Il faut donc en revenir au plan de M. (...).
Mais avons-nous le temps de l'examiner, de sonder ses bases,
de vérifier ses calculs? Non, mille fois non.
D'insignifiantes questions, des conjectures hasardées, des
tâtonnements infidèles, voilà tout ce qui, dans ce moment, est
en notre pouvoir. Qu'allons-nous donc faire par la délibération?
Qu'est-ce donc que la banqueroute, si ce n'est le plus cruel,
le plus inique, le plus inégal, le plus désastreux des impôts? .
Mes amis, écoutez un mot, un seul mot.
Deux siècles de déprédations et de brigandages ont creusé le
gouffre où le royaume est près de s'engloutir. Il faut le combler,
ce gouffre effroyable! Eh bien! voici la liste des propriétaires
français. Choisissez parmi les plus riches afin de sacrifier moins
de citoyens; mais choisissez, car ne faut-il pas qu'un petit
nombre périsse pour sauver la masse du peuple?
Allons, ces deux mille notables possèdent de quoi combler le
déficit. Ramenez l'ordre dans vos finances, la paix et
la prospérité dans le royaume.... Frappez, immolez sans pitié ces tristes
victimes! précipitez-les dans l'abîme! Il va se refermer.... Vous
reculez d'horreur.... Hommes inconséquents! Hommes pusillanimes!
Et ne voyez-vous donc pas qu'en décrétant la banque-route,
ou, ce qui est plus audacieux encore, en la rendant inévitable
sans la décréter, vous vous souillez d'un acte mille fois
plus criminel, et, chose inconcevable, gratuitement criminel,
car enfin cet horrible sacrifice ferait du moins disparaître le
déficit. Mais croyez-vous, parce que vous n'aurez pas payé, que
vous ne devrez plus rien? Croyez-vous que les milliers d'hommes
qui perdront en un instant par l'explosion terrible ou par ses
contre-coups tout ce qui faisait la consolation de leur vie,
et peut-être leur unique moyen, de la sustenter, vous laisseront
paisiblement jouir de votre crime?
Contemplateurs stoïques des maux incalculables que cette
catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui
pensez que ces convulsions du désespoir et de la misère passeront,
comme tant d'autres, et d'autant plus rapidement qu'elles
seront plus violentes, êtes-vous bien sûrs que tant d'hommes
sans pain vous laisseront tranquillement savourer les mets
dont vous n'aurez voulu diminuer ni le nombre ni la délicatesse?
Non, vous périrez... et dans la conflagration universelle que vous
ne frémissez pas d'allumer, la perte de votre honneur ne sauvera pas
une seule de vos détestables jouissances.
Voilà où nous marchons....
Je ne vous dis plus, comme autrefois : Donnerez-vous, les
premiers, aux nations, le spectacle d'un peuple assemblé pour
manquer à la foi publique? Je ne vous dis plus : Eh! quels"
titres avez-vous à la liberté, quels moyens vous resteront pour
la maintenir, si dès votre premier pas vous surpassez les turpitudes
des gouvernements les plus corrompus, si le besoin de
votre concours et de votre surveillance n'est pas le garant de
votre Constitution? Je vous dis : Vous serez tous entraînés
dans la ruine universelle, et les premiers intéressés au sacrifice
que le gouvernement vous demande, c'est vous-mêmes.
Votez donc ce subside extraordinaire et puisse-t-il être suffisant!
Votez-le, parce que, si vous avez des doutes sur les
moyens (doutes vagues et non éclairés), vous n'en avez pas sur
sa nécessité, et sur notre impuissance à le remplacer, immédiatement du moins.
Votez-le, parce que les circonstances politiques ne souffrent aucun retard,
et que nous serions comptables de tout délai. Gardez-vous de demander du temps;
le malheur n'en accorde jamais...
Vous avez entendu naguère ces mots forcenés : "Catilina est aux
portes de Rome, et l'on délibère!" et certes, il n'y avait autour de
nous ni Catilina, ni péril, ni factions, ni Rome.... Mais aujourd'hui
la banqueroute, la hideuse banqueroute est là ; elle menace
de consumer, vous, vos propriétés, votre honneur, et vous délibérez?...
Mirabeau
Discours sur la contribution du quart des revenus
(Septembre 1789.)
Jusqu'au nom de Necker, le M. (...), les mâles accents éliminaient déjà madame Lagarde, et on n'y entend guère les scansions "énarchistes" de messieurs Fillon et Woerth ; même le "nègre" de notre président ne suscite chez son petit maître d'envolées telles.
Les "parachutes dorés" ne seront point ces "tristes victimes...précipitées dans les abimes".
AH ! qu'un petit nombre périsse pour sauver la masse du peuple?
En ces jours,nous serions plutôt dans l'inverse.
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jeudi, 16 octobre 2008
chronique portuaire de Nantes CIII
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1828. — LA DUCHESSE DU BERRY À NANTES.
Durant le séjour à Nantes, en juin 1828, de la Duchesse de Berry, que le vapeur la Ville-de-Nantes avait été chercher à Saint-Florent, escorté d'un grand nombre de barques pavoisées, le yacht de la marine royale, la Girafe, splendidement aménagé pour la circonstance, fut mis à sa disposition.
Le lundi 30, elle s'y embarquait, et, accompagnée de toute une flotille enguirlandée et pavoisée, elle se rendait à la Dennerie, chez le comte Humbert de Sesmaisons, où elle assista à une fête champêtre et à l'embrasement du château de Barbe-Bleue; puis à la Trémissinière, chez le baron de Charette, où Madame et les autorités restèrent à diner.
À minuit seulement, la Girafe et la flotille accostaient à la chaussée de Barbin, trop tard pour que la Duchesse put assister à la représentation de gala organisée au théâtre en son honneur (1).
VAPEURS NANTAIS EN 1828 - LE "PARISIEN" ET LA "PARISIENNE".
Le Breton du 1er mai 1828 et des jours suivants, annonçait la mise en vente des « deux bateaux à vapeur le Parisien et la Parisienne, faisant antérieurement le service de Paris à Saint-Cloud. Ces deux bateaux — mentionnait l'avis, — ont chacun une machine de la force de 12 chevaux, deux chambres parfaitement ornées, et tout le matériel nécessaire à leur service ».
Le 13 juin 1828, le même journal avisait ses lecteurs que MM. Gaillard et Cie, propriétaires de ces vapeurs, se proposaient de les consacrer à un service régulier entre Nantes, Paimbœuf et Saint-Nazaire, en même temps qu'à des excursions au Croisic, à Pomic, à Belle-Ile et à Lorient, ainsi qu'à « la remorque des navires ». Leur solidité et sûreté, — ajoutait-il, — sont « garanties par le voyage qu'ils ont fait par mer », et ils sont décorés avec tout le goût et le luxe que le service de la Seine exigeait (2).
On se rappelle en effet que ces deux vapeurs, construits à Nantes en 1825 et 1826 et destinés à la navigation de la Seine, s'étaient rendus par mer de Nantes à Paris, non sans de multiples incidents et péripéties.
Indépendamment de ces deux bateaux, et des vapeurs américains de la compagnie fondée par Fenwick en 1822, plusieurs compagnies de navigation se formèrent en 1828 :
• les Riverains du bas de la Loire, fondés par Cossin et Leray ;
• les Riverains du haut de la Loire, fondés par Cuissard, Mesnard et Métois ;
• la Compagnie de navigation accélérée sur la Loire et ses affluents, fondée par Arnous-Rivière et Dufort ;
• enfin sur l'Erdre, le Riverain de l'Erdre, de Guichard fils et Cie, en concurrence avec un yacht de Gâche et Guibert.
À la fin de 1828, Nantes possédait en tout quinze vapeurs en activité (3).
(1) F. LIBAUDIÈRE, Précis des événements qui se sont passés à Nantes, du 11 juillet 1815 au 4 août 1830 (Annales de la Société Académique), Année 1905, p. 76.
Le Breton, n° des 23, 24 et 30 juin 1828.
(2) Le Breton, n° des 1er mai et 13 juin 1828.
(3) Le Breton, n° des 10 août, 29 et 30 septembre, et 7 novembre 1828.
Annales de la Société Académique, Année 1838, p. 90.
F. LIBAUDIÈRE, Histoire de Nantes sous le règne de Louis-Philippe, p. 12
09:08 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 15 octobre 2008
un après-midi peu ordinaire
Passionnant d'arpenter une zone commerciale particulièrement monstrueuse avec FB : il râle, maugrée, mais son regard est en alerte et l'appareil photo prend les notes.
Un parking de quarante mille places. Au nord, le Zénith ; au sud, Ikéa ; à l'est, Décathlon et Boulanger, à l'ouest, Leclair Atlantis — une injure à l'océan proche. Et puis encore UGC-Ciné, Flunch, PathéCiné et un cube culturel noir, ONYX.
Nous échangeons devant un café noir, dans l'interminable galerie marchande Leclerc près des "travellators" d'Ikéa. FB maugrée toujours sur cet espace, mais nous évoquons l'océan, l'île de Houat, Saint-Simon, l'aventure du remue.net ancien, du publie.net nouveau — comme un vin —, de Gracq, de ce que j'écris dans ma paresse, de Calaméo, de mon année Char, des Chroniques portuaires.
Passe l'ombre d'une religieuse âgée qui, dans un autre centre commercial, précédait FB, en y déposant, à la caisse, une paire de collant "Golden Lady" et ce sont des pages de Tumulte qui s'ouvrent.
Tout à l'heure, nous allons entrer sous le chapiteau ceinturé de ganivelles qui fait verrue parmi les quarante mille véhicules. La médiathèque de Saint-Herblain — son adjoint à la Cultre et son bibliothécaire — donne à feuilleter son nouveau site Danslalecture*.
Puis FB va dialoguer avec le secrétaire général de la Société des gens de lettres sur la création littéraire à l'heure du numérique. Dialoguer enfin, ce seront deux parallèles qui parfois se courbent jusqu'à se rapprocher, mais tout aussi vite s'éloignent : que peuvent-elles tracer d'autre entre un monsieur très correct qui avoue ne pouvoir écrire de la poésie qu'avec un crayon et du papier et un "huluberlu" échevelé qui agite un SonyReader contenant certainement tout Rabelais et Saint-Simon, en reconnaissant qu'il ne sait peut-être plus calligraphier le moindre mot.
La nuit du parking nous a séparés. Merci, François ! L'après-midi fut belle dans "l'horreur" mercantile que tu vitupères.
Au printemps prochain bien établi, nous arpenterons les grèves de Houat.
le mouillage de Houat En-Tal au mois de juin 2008 - Photo de Nicléane- manière de se laver les yeux de la zone Atlantis de Saint-Herblain !
Ce soir, au cinéma le Beaulieu, le passé rattrape quelques-un(e)s d'entre nous : Germaine Tillion et ses images oubliées. D'actualité bien vivante après la semaine du Colloque de Blois : naguère acteurs, nous serons témoins, conteurs d'une Algérie douloureuse qui nous tient au cœur..
* Y. A. qui est un grand bibliothécaire prétend qu'une anthologie — ce que veut être Danslalecture — ne peut être que subjective. Je rêve d'une anthologie collective qui rassemblerait les choix des lectrices et des lecteurs d'une collectivité citoyenne, bien sûr, à l'usage non-exclusif de cette collectivité... avec un flux RRS pour les textes nouveaux qui s'y aggloméreraient. N'est-ce pas, François.
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dimanche, 12 octobre 2008
dans cet automne de douce lenteur, encore de si pesantes questions
La dernière grappe de la treille a été coupée. Cette treille, elle est tardive, abondante aux lourdes grappes sucrées.
Je ne suis pas mécontent de descendre d'aïeux vignerons.
Hier, invitation à la Médiathèque Condorcet, pour l'inauguration de l'exposition "Femmes en résistances" : "hénaurme" absence de Germaine Tillion, nulle part nommée.
Je ne sais que trop pourquoi ! Désormais, ce silence peut prêter au sourire.
Quand on se tenait à l'écart des doctrines et des modes de pensée, on ne pouvait que s'attendre à ce silence — quand ce n'était pas aux injures — des tenant(e)s de la pensée correcte anti-colonialiste.
« Si le mal répond au mal, quand le mal finira-t-il ? »
Toute l'œuvre de Tillion est un essai lucide, inquiet mais jamais désespéré, d'approfondir la question que pose cette enfant aurésienne*
* En feuilletant L'Algérie aurésienne de Germaine Tillion, aux éditions de la Martinière, 2001.
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vendredi, 10 octobre 2008
ce Nobel, un peu "téléphoné", non ?
La semaine dernière, un entretien avec Garcin dans le Nouvel Obs et en baie de Douarnenez, un "7 à 9" avec Ali Baddou et sa fine équipe, mercredi matin et hier au soir, le Prix. Certes, on savait Le Clézio "nobélisable", mais le hasard médiatique a trop bien fait les choses.
Ce qui m'a paru intéressant, c'est le contenu de la revue de presse internationale de ce matin, sur France Cul. Pourra-t-on écrire plus juste sur le "saint" de notre appareil littéraire, ainsi qualifié par Sollers, ce vieux "satan" — Lévy et Houellebecq n'étant, en ces jours d'effervescence éditoriale, que des "diablotins" ?
Après Désert, j'ai rouvert le dernier qui me chamboula l'âme, et pour cause, il me renvoyait à ces années côte-d'ivoiriennes, quand je descendais le soir, au bord de l'étang derrière la concession de l'école, pour me baigner parmi les nudités éclatantes des filles du Moronou.
Les jeunes filles étaient très belles, longues, étincelantes dans l'eau de la rivière. Il y avait une femme étrange que Bony emmenait (Fintan) voir, chaque fois, à travers les roseaux. La première fois qu'il l'avait vue, c'était peu de temps après son arrivée, il pleuvait encore. Elle n'était pas avec les autres filles, mais un peu à l'écart, elle se baignait dans la rivière.
Elle avait un visage d'enfant, très lisse, mais son corps et ses seins étaient ceux d'une femme. Ses cheveux étaient serrés dans un foulard rouge, elle portait un collier de cauris autour du cou. Les autres filles et les enfants se moquaient d'elle, ils lui jetaient de petites pierres, des noyaux. Ils avaient peur d'elle. Elle n'était de nulle part, elle était arrivée un jour, à bord d'une pirogue qui venait du sud, et elle était restée. Elle s'appelait Oya.
Elle était nue au milieu de la rivière. Elle se lavait, elle lavait ses vêtements. Le cœur de Fintan battait fort, pendant qu'il la regardait à travers les roseaux. Bony était devant lui, pareil à un chat à l'affût.
Ici, au milieu de l'eau, Oya n'avait pas l'air de la folle à qui les enfants jetaient des noyaux. Elle était belle, son corps brillait dans la lumière, ses seins étaient gonflés comme ceux d'une vraie femme. Elle tournait vers eux son visage lisse, aux yeux allongés. Peut-être qu'elle savait qu'ils étaient là, cachés dans les roseaux. Elle était la déesse noire qui avait traversé le désert, celle qui régnait sur le fleuve.
De Onitsha
J.M.G. LE CLÉZIO.
Plus de cinquante ans ! Et c'est encore hier.
Je n'en étais point à l'ère du post-exotisme ; l'Afrique me façonnait dans la sensualité et la rudesse.
Décidément, il m'est très bon de relire de grands romans.
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jeudi, 09 octobre 2008
à chaud
Le Clézio, prix Nobel !
Bien, très bien pour la langue française.
J'ai commencé de lire Le Clézio avec Désert. Je me suis arrêté avec Onitsha. Du moins ce sont les livres que je garde précieusement sur mes étagères.
Les bouquins d'avant, les bouquins d'après ?
Je m'y suis souvent ennuyé.
Merci quand même, J. M. G. Le Clézio !
Ne serait-ce que pour ces quelques lignes :
C'était un pays hors du temps, loin de l’histoire des hommes, peut-être, un pays où plus rien ne pouvait apparaître ou mourir, comme s'il était déjà séparé des autres pays, au sommet de l’existence terrestre. Les hommes regardaient souvent les étoiles, la grande voie blanche qui fait comme un pont de sable au-dessus de la terre. Puis ils écoutaient la nuit.
Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit. Ils étaient apparus, comme dans un rêve, en haut d'une dune, comme s'ils étaient nés du ciel sans nuages, et qu'ils avaient dans leurs membres la dureté de l’espace. Ils portaient avec eux la faim, la soif qui fait saigner les lèvres, le silence dur où luit le soleil, les nuits froides, la lueur de la Voie lactée, la lune ; ils avaient avec eux leur ombre géante au coucher du soleil, les vagues de sable vierge que leurs orteils écartés touchaient, l’horizon inaccessible. Ils avaient surtout la lumière de leur regard, qui brillait si clairement dans leurs yeux.
...c'était le seul, le dernier pays libre peut-être, le pays où les lois des hommes n’avaient plus d'importance. Un pays pour les pierres et pour le vent... quand le soleil brûle et que la nuit gèle.
De Désert
J.M.G. LE CLÉZIO.
C'était écrit avant que le désert ne devienne un "trekking" pour randonneurs aisés.
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chronique portuaire de Nantes CII
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1825.— LES "DAMES DE LA HALLE" ET LES NAUFRAGÉS.
En octobre 1825, le navire le Seineur, armateur J.-B. Couy, rentrait à Nantes avec soixante-cinq matelots naufragés qu'il avait rencontrés en mer et arrachés à la mort. Le capitaine Prevel, qui commandait le navire nantais, les avait accueillis à son bord ; les avait nourri pendant dix-sept jours sur ses propres vivres, chacun diminuant joyeusement sa ration pour venir en aide à ces malheureux ; et les ramenait sains et saufs à Nantes.
Leur première pensée, — c'étaient des Bretons, —fut de se rendre au pied des autels ; et le spectacle était magnifique de voir ces soixante-cinq naufragés dans leur costume déchiré et souillé d'eau de mer, s'agenouiller sur les dalles de l'église où ils entendirent la messe au milieu d'une assistance considérable.
Pendant la cérémonie, les « Dames de la Halle, ces femmes qui ne sont étrangères à aucun acte d'humanité » — se plaisait à reconnaître le Journal, — prirent l'initiative d'une collecte parmi la foule qui stationnait en dehors de l'église.
Le résultat dépassa leurs espérances ; aussi, lorsque les naufragés sortirent de l'église, elles les prirent tous par le bras, et, « sans autre discours que les « larmes qui coulaient de leurs yeux, » continuèrent dans tous les quartiers de la ville la collecte commencée.
Pendant que les commerçants, réunis à la Bourse, organisaient de leur côté une souscription pour ces malheureux, les « Dames de la Halle », plus pratiques, songeaient avant tout au nécessaire, et réclamaient pour leurs protégés de chauds et solides habits ; ce ne fut pas en vain ; « des boutiques, des balcons, les nippes pleuvaient sur elles..., et ces malheureux naufragés, tout-à-l'heure presque nus et transis de froid, se trouvèrent dans un clin d'œil couverts et à l'abri des injures du temps ».
Restait à les habiller, les « Dames de la Halle » s'en chargèrent, mais le Journal ne nous dit point comment elles s'y prirent en présence de tant de monde, ni ne nous décrit « l'heureux artifice dont elles s'avisèrent pour satisfaire à la fois à la pudeur et à la nécessité ». (1).
1826. — VAPEURS NANTAIS EN 1826.
D'après une enquête faite par la Société académique sur la demande du Préfet, Nantes possédait, en 1826, cinq bateaux à vapeur seulement munis de machines de 12 à 15 chevaux, toutes de construction anglaise (2). Ils appartenaient tous à la Société fondée en 1822 par le consul américain Fenwick
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(1) Journal de Nantes et de la Loire Inférieure, n° du 28 octobre 1825.
(2) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 3 janvier 1826.
14:33 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 07 octobre 2008
la Grande Vieille
Le blogue se hâte lentement vers sa cinquième année. Ces jours-ci, j’ai dû ouvrir quelques petits chantiers de trop. Je crois bien que je ferai ma rentrée littéraire d’autre façon qu’à la manière “de Bretagne”.
Bien que les amours de Viviane et de Merlin relatées par Roubaud et par Élléouêt valent bien un long détour par le Val sans retour !
Mais deux pressent pour la semaine à venir :
• le mardi prochain, pour un après-midi autour de l'Édition et la Toile à Saint-Herblain, une relecture des textes de François Bon sur “écriture et informatique” — l’un doit daté du début de l’an 2001 quand je pataugeais dans mon premier site : il y présentait remue.net qui n'était pas encore le tiers-livre et se fendait de quatre pages de judicieux conseils à l’usage des débutants de la Toile
• le mercredi qui suit, un feuilletage des bouquins de et sur Germaine Tillion : à propos de la projection du documentaire de François Gauducheau sur les Images oubliées de Germaine Tillion, au cinéma de ma petite cité, je dois témoigner (!) — trente ans après elle, dans l’Algérie enfin en paix (?), deux ans durant, j’arpentais, en compagnie de mon vieux copain Er-Klasker, les vallées de l’Oued Abiod et de l’Oued Abdi, les ravins vertigineux et pierrailles de l’Ahmar Khaddou. Elle fut aussi, à travers ma formation et mon expérience professionnelle des Centres sociaux éducatifs, ma mère intellectuelle.
Témoigner ?
Ce soir, je me dis qu’il suffirait de lire cette assertion très spinoziste de la jeune ethnologue “aurésienne”:
« Ne pas croire qu’on sait parce qu’on a vu, ne porter aucun jugement moral ; ne pas s’étonner ; ne pas s’emporter...»
ou cette autre encore :
« Dire le vrai ne suffit pas, il faut dire le juste ! »
Cette sacrée bonne femme, une Grande Vieille, peut bien reposer dans les cieux sahariens parmi les Imouqqranen — les Grands Vieux — qui l'accueillirent naguère et boire avec eux une céleste tasse de “kawa”.
19:22 Publié dans les civiques, les lectures, Web | Lien permanent | Commentaires (0)