lundi, 19 janvier 2009
Diversité ?
Nos belles et diverses stations de Radio-France, à l'occasion l'investiture de Barack OBAMA — ce qui au plus ras de la géographie, des continents, des ethnies et des cités, est sans doute une des rares bonnes choses, arrivées à notre Terre en ces temps derniers — consacrent cette journée de lundi à la DIVERSITÉ.
Je ne ferai pas la fine gueule, trop engagé que je fus — et suis peut-être encore — dans la grande aventure du métissage des corps, des pensers, des arts. Je serai attentif tout au long du jour, hors la parenthèse de deux heures, à l'atelier "Mallarmé", bien que celui-ci fut loin d'être étranger au désir de la diversité — lire le très symboliste et lisible Brise marine, qui le pourrait ranger dans la case des Exotes et non des pseudo-Exotes (cf. les dernières lignes du texte qui achève cette note).
Beaucoup de chausse-trappes dans cette notion. Dans l'après-midi venteuse d'hier, j'ai réouvert l'Essai sur l'Exotisme de Victor Segalen, moins pour résoudre que pour questionner et me questionner une fois encore autour de ce qui fut et est, pour moi, un vécu, un senti, un penser !
... la sensation d’Exotisme : qui n’est autre que la notion du différent ; la perception du Divers ; la connaissance que quelque chose n’est pas soi-même.
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Mot compromis et gonflé, abusé, prêt d'éclater, de crever, de se vider de tout. J'aurais été habile en évitant un mot si dangereux, si équivoque. En forger un autre ? ....J'ai préféré tenter l'aventure, et garder ce qui m'a paru bon, foncièrement, malgré ses galvaudages ; mais j'ai tenté, en l'épouillant d'abord, et le plus rudement possible, de lui rendre, avec sa valeur ancienne, toute la primauté de sa saveur. Ainsi rajeuni, j'ose croire qu'il aura la verdeur aguichante d'un néologisme, sans en accepter l'aigreur et l'acidité. Exotisme : qu'il soit bien dit que moi-même je n'entends par là qu'une chose, mais universelle : le sentiment que j'ai du Divers ; et, par esthétique, l'exercice de ce même sentiment ; sa poursuite, son jeu, sa plus grande liberté ; sa plus grande acuité ; enfin sa plus claire et profonde beauté.
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Ma faculté de sentir le Divers et d'en reconnaître la beauté me conduit à haïr tous ceux qui tentèrent de l'affaiblir (dans les idées ou les formes) ou le nièrent, en bâtissant d'ennuyeuses synthèses...
D'autres, pseudo-Exotes (les Loti, les touristes, ne furent pas moins désastreux. Je les nomme les Proxénètes de la Sensation du Divers).
Victor Segalen,
dans diverses pages d'Essai sur l'exotisme.
Marcel Mauss, Margaret Mead, Michel Leiris, Henri Michaux, Claude Lévy-Strauss, Jean Rouch vont bientôt surgir.
Et Aimé Césaire, pousser un grand cri !
06:45 Publié dans les civiques, les voyages, Web | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 16 janvier 2009
encore à propos de "Gaza" et sans commentaires
Pourquoi me tuez-vous ?
Et quoi, ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ?
Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin, et cela serait injuste de vous tuer de la sorte.
Mais puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave et cela est juste.
Blaise Pascal
Pensées, fragment 84
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mercredi, 14 janvier 2009
la poulie coupée
Entre Apollonios de Rhodes, ses Argonautica et l'auteur breton de la chanson à virer "À Nantes vient d'arriver", plus de deux mille ans d'écart, mais le constant d'un machisme avéré : les marins redoutaient la présence féminine à bord.
Apollonios :
Jason prit ensuite un long javelot, gage d'hospitalité qu'Atalante lui avait donné sur le mont Ménale. La jeune héroïne voulait alors marcher elle-même à la conquête de la Toison d'or, mais Jason l'en détourna, craignant que sa beauté ne charmât les Argonautes et n'excitât parmi eux la discorde.
Livre I, 750.
La chanson à virer des marins nantais :
La Belle, sur les trois-mâts carrés
On n'embarque point d'poulies coupées.
Point n'est nécessaire de commenter longuement la "poulie coupée", qui, donc en argot marin, clairement métaphore allusive, nomme le sexe féminin et désigne la femme en général ; avec plus de précision, parfois, la femme "facile".
Curieusement dans son anthologie de La poésie érotique, Marcel Béalu ne mentionne pas le terme parmi les quelques deux cents qu'il recensa. Je ne le retrouve point non plus dans Les mots et la chose de Jean-Claude Carrière.
La courtoisie est pour le Grec, la trivialité chez le Nantais.
Mais cette hantise de la femme à bord n'était pas encore éteinte, il y a quelques années encore et un navigateur à la grande gueule ne se gênait guère pour clamer l'incompatible de la femme et de la mer.
Isabelle Autissier, Elen Mac Arthur, Samantha Davies, Dee Caffari, Anne Liardet sont des femmes de mer qui ont démenti l'affirmation de la "grande gueule". Mais ces femmes naviguent plus en solitaire et équipage féminin qu'en équipage mixte. Quoique...
Toujours rôde la crainte, que dans le grand large, " la beauté ne charme et n'excite la discorde".
Post-scriptum : Apollonios de Rhodes prend en défaut Wikipédia. Saississez Atalante ! Et lisez. À moins que pour le périple mythique, il y eût d'autres commentateurs...
18:59 Publié dans Les antiques, les lectures, les marines | Lien permanent | Commentaires (1)
de la concision de Quignard
Pour me reposer d'une traduction ardue d'un passage de Platon, dans ION , à propos de l'origine du poème — souffle ineffable des Muses ou sueur de l'artisan langagier, j'ai lu quelques pages de Boutès, un des derniers opuscules de Quignard ?
Ce foutu Platon, sous couvert de retranscrire la sagesse de Socrate, il emberlificote la pensée du Maître dans une syntaxe qui use et abuse des particules pré et postpositives. À en perdre son...Grec !
Ce Grec que je retrouve avec un plaisir un peu pervers d'hélléniste sur le retour, tant Quignard parsème son texte de citations et grecques et latines.
Mais aussi a-t-on pratiqué avec autant de virtuosité l'art de l'ellipse dans les proses romanesques ?
Sa concision, au détour d'une digression, ouvre souvent des horizons innombrables. Le lecteur lève les yeux de la page, s'égare dans le songe marin,
Ainsi :
Je raconte brièvement l'histoire de la Grèce : partir sur la mer, foncer dans le vent, fonder une ville, coloniser un rivage, sacrifier un homme en le poussant du haut d'un promontoire, avoir honte du sang qui a coulé, se purifier, repartir d'une autre grève, d'un autre comptoir, d'une autre citadelle.
Au contraire des Grecs, les Romains de l'Antiquité éprouvaient le regret du jardin, des fleurs, des fauves, le regret de l'ombre originaire, des chênes, de la source, du sauvage, du limes, de l'outre-forêt...
Boutès, ch. III
Boutès ? Celui des Argonautes qui saute du vaisseau pour rejoindre les sirènes chantant sur les écueils, écrit Apollonios de Rhodes au chant IV des Argonautica.
Le lecteur, attisé, persiste en son songe tout en s'en allant vérifier sur les écrans la justesse de l'érudition et découvre le possible d'autres fictions.
Car si Quignard, n'ayant point retenu le saut de Boutès, mais avait rencontré Atalante, cette femme si belle à qui Jason refusa la montée à bord d'Argos, craignant, bien avant la rencontre des Sirènes, le trouble sexuel de ses compagnons, quelle fiction se serait esquissée entre les mains du lecteur et en son regard suspendu ?
ἀλλὰ γὰρ αὐτὸς ἑκὼν ἀπερήτυε κούρην, δεῖσεν δ' ἀργαλέας ἔριδας φιλότητος ἕκητι.
mais celui-ci (Jason) l'en détourna, craignant que sa beauté ne charmât ses compagnons et n'excitât parmi eux la discorde.
00:36 Publié dans Les antiques, les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 13 janvier 2009
commentaire sur commentaires
J'aime bien que les poètes viennent exposer leur "déraison" dans les commentaires de ce blogue.
C'est plus encourageant que les injures des amateurs de "contrelittérature" aux sentiments très conservateurs — la semaine passée, mais le commentaire est effacé — et un peu moins désopilant que les demandes égarées, juvéniles (?) et aimables — c'était hier — pour traiter les acnés.
Me rappele tout ÇA, la dame d'un anodin commentaire du genre "Ho ! la belle photo" qui avait un pseudo allèchant, la gourmande, et qui séduisant ainsi ma "souris", d'un clic, vous exposait son cul ! Ce n'était pas l'an passé ! C'était la première année et la dame au cul nu a disparue de la Toile !
Grapheus tis avait encore quelque naïveté.
06:40 Publié dans Les blogues, Web | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 12 janvier 2009
La Toile déjà dans l’histoire ! La Grande et une plus modeste
Ce début de l’an 2009 verrait donc la WORLD WILDE WEB — la Toile, quoi ! — entrer dans l’Histoire.
Déjà en grand témoin et à la Pérec, le 1er janvier, FB se remémorait ses premiers “outils” dans Liste de mon bureau. J’avais beaucoup apprécié sa webCaméra qui montrait l’environ de son “établi”.
Voilà que Place de la Toile la si bonne émission de France Cul — certains vont encore me dire « Mais tu ne fais que ça : écouter France Cul » — ce vendredi 9, invite deux des pionniers de la Toile française et nous fait entendre le merveilleux et inquiétant petit son du modem qui annoncera l’échec ou la réussite de la connexion jusqu’à la venue de la LiveBox... SsssBbboïnggg...
Et voilà que, dans ma modeste aventure, je suis renvoyé à mes premiers pas. J’ai toujours un mince cahier jaune — j’en suis au cinquième, je prends encore des notes, des adresses, des url avec mon stylo, j’y glisse des coupures de presse — commencé le 21 mai 1996. Où ont été laissées des adresses de sites, de "news", de "mailing-lists", des échecs et des réussites de connection, les abonnements aux serveurs, des adresses IP et les premières adresses de courriels — toujours cette préférence pour ce terme francais du Québec.
J’allai quitter le métier, j’avais des rêves de textes à faire courir, je bossais déjà depuis 89 dans les ateliers de Publication assistée par ordinateur, animés par mon vieux compagnon Ch, je pouvais m’offrir un stage de cinq jours de formation professionnelle sur “Internet et les autoroutes de l’information”, à cette espèce d’école nomale supérieure de l’Éducation populaire qu’était l’INEP de Marly-le-Roi.
L’url était http://www.injep.fr. Elle l’est toujours, mais le vieil Institut créé en 1945 a beaucoup changé, ça s’est rajeuni, ce n’est pas le mieux qui pouvait lui advenir.
Ma première connexion, ce fut le soir même avec la BNF et un site bizarre : http://www.tripod.com/”yannk”/ ; le lendemain, j’étais chez des poètes et j’échangeais avec un taulard américain qui émettait depuis sa cellule dans une prison du Minnoseta ou de l’Arkansas...et je commençais la fréquentation qui allait devenir bientôt assidue des sites de Météo.
En juillet 96, premier modem, un Olitec et Netscape comme navigateur — normal ! l’icône était une barre à roue —une tentative avortée avec Groslier (Club-internet), après une sèche engueulade avec “un” aide en ligne peu amène, ce sera donc AOL, jusqu’en septembre 2002.
Et la création du premier site “Dac’hlmat” avec le logiciel FreeWay et cinq url parce que je n'avais droit qu'à 10 Mo à répartir en 2 Mo par pseudo et qu’il ne fallait pas charger avec trop de Mo, le protocole de transport étant lent et la connexion plus que volatile. Je mis une nuit, celle du 24 au 25 janvier 2000, pour télécharger mes pages sur l’espace qu’Aol m’offrait dans le temps mensuel qu’il m’accordait. Cette nuit-là j’avais consommé mon attribution du mois. Dans la nuit du 5 au 6 février entre 3 et 5 heures, après corrections, à nouveau, je réimplantais le site et c'était bouclé en 1 h 40
En 2002, ce fut Wanadoo et sa petite pieuvre verte... l’ADSL — plus de ...Sssbbboinggg...— en décembre et le site Dac’hlmat transféré sur l’espace personnel, site qui existe encore, toujours consultable, mais figé parce que je n'ai pas mis à jour le logiciel FreeWay, attiré par les sirènes libres de SPIP.
Je ne fis aucune démarche pour résilier avec AOL. Le site se “délabrera”. Mais curieusement, jusqu’à cette fin d’année 2008, trois parties de l’ancien site demeuraient accessibles ; ce n’était point pour me déplaire : elles étaient comme trois vestiges d’un site en ruine, s’étalant dans l’immensité de la Toile, L’Écritoire, Le Grand’Lieu et Le Tombeau pour Adrian. Je les ai cru oubliées par AOL, j’allais de temps à autre les consulter, pensant ainsi les maintenir, ce qui semblait vraisemblable. Et puis la semaine dernière je suis “tombé” sur ce site
http://www.peopleconnectionblog.com/2008/11/06/hometown-h...
et cette note :
Hometown Has Been Shutdown
Posted on Nov 6th 2008 1:30PM by Kelly Wilson
Dear AOL Hometown user,
We're sorry to inform you that as of Oct. 31, 2008, AOL® Hometown was shut down permanently. We sincerely apologize for any inconvenience this may cause.
Sincerely,
The AOL Hometown Team
* permalink * email this * im this * comments [28] * share
AOL, victime de la crise, ferme ses serveurs sans crier gare. Rude pour les abonnés non prévenus.
Je n’ai pas jugé bon de protester à la suite des 28 commentaires, certains furieux, d’autres désespérés : les pages semblent irrécupérables.
Dans un dossier “vieux site”, depuis mon abandon d'Aol, j’en avais archivé toutes les pages. Resurgiront peut-être sur les écrans, un soir de nostalgie.
Pour clore cette note “Histoire du Net”, le MAC a 25 ans. Je suis depuis 1991, mes débuts en Pao, un "Macintoshiste forcené". Cinq ans de Thomson TO 16 à double lecteur de disquette m'avaient épuisé par l'encombrement et le poids des machines qui s'ajoutaient aux caisses de bouquins à transporter de stage en stage.
Sur l’établi, se sont succédés, depuis 1991, un LC II, un LC III, un Perfoma 6300 et le bel iMac 20" ; dans les sacs, un PowerBook 145b, un 150 et un des premiers iBook qui ont "fait" le Sahel, les Îles-sous-le vent, les Marquises, Panama, les Asturies, la Galice, Les Andalousies, Gilbraltar, les Baléares, la Catalogne et la Bretagne-Sud. Et si peu de pépins !
18:27 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 08 janvier 2009
lire le Grec ancien
J'ai tant à lire et relire — La Presse à Nantes de 1757 à nos jours de Cozic & Garnier, Tout sur le Web 2.0 d'une certaine Capucine Cousin, La double pensée de Michéa, Boutès de Quignard, Le guide des nouvelles lectures de la Bible de Lacocque, Pierre Reverdy de Rousselot & Manoll , le dossier Roland BARTHES du Magazine littéraire de ce mois-ci — que je ne sais plus quoi écrire sur le blogue.
Je me suis dit que je publierais bien le courriel que je viens d'expédier à mes "condisciples" en Grec ancien. Qui sait ? Peut-être des visiteuses et visiteurs seraient-ils intéressés par ces renseignements d'entr'aide.
Voici la "chose" :
1. http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/
extrait du site de l'Université de Louvain dont voici le portail :
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/default.htm
2. http://remacle.org/index2.htm
extrait du site plus complexe
http://www.remacle.org/
3. http://juxta.free.fr/spip.php?rubrique1,
numérisation d'éditions anciennes (fin XIXe-début XXe), quasi des fac-similés, que vous pouvez charger sur votre disque dur
4. http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/lettres/LanguesAnciennes/Textes/biblio_lycee.htm
Si vous êtes passionné(e)s par les Pères de l'ÉGLISE, proposés l'an dernier :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bibliotheque.htm
mais on n'y dispose que du texte en français.
Enfin, le site de Robin Delisle de l'académie de Versailles, qui regroupe la plupart des sites abordant la Grèce en tous ses états antiques (!),
in-con-tour-nable :
http://www.usenet-fr.net/fur/lettres/adresses-langues-anc...
Il y en a certainement d'autres, beaucoup d'autres, anglo-saxons, hispaniques, germaniques et ...grecs.
Les 1 & 2 me paraissent répondre le mieux à nos ...attentes d'étudiants à la recherche de quelques facilités pour apprécier la lecture du Grec ancien..
Il est évident que sur les sites, il faut d'abord retrouver l'auteur, puis l'œuvre, puis les pages du texte que notre...bon Maître nous a proposé.
Un excellent entraînement à la recherche documentaire sur la Toile, qui nous serait, selon un récent article d'Ouest-France*, à nos âges, profitable.
Pour les deux textes à venir qu'a bien voulu déjà (!) nous saisir Gym, je vous donne les "adresses précises" des pages :
•"L'inspiration poétique..." de Platon dans ION p.36-37 du bouquin à télécharger :
http://juxta.free.fr/spip.php?article133
• "Le passage du Rubicon" d'Appien dans Les Guerres civiles, Livre II, § 34-35
http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/appien_guerres_c...
.
N'hésitez point à m'écrire si vous avez besoin d'un "vieux"marin" qui ne barre pas trop, trop mal dans les courants de l'Internet.
grapheus tis
* Internet bon pour le cerveau
Des scientifiques américains ont découvert qu'effectuer régulièrement des recherches sur Internet stimulait les centres-clés du cerveau chez les personnes de plus de 50 ans : surfer sur la Toile mobilise davantage de circuits neuronaux que la simple lecture et améliore le fonctionnement du cerveau.
Ouest-France du samedi 18/10/2008
18:12 Publié dans Les antiques, Les blogues, les lectures | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 06 janvier 2009
sur Gaza et
les images, les vidéos, les commentaires, quelles que soient les sources ?
En une seule chose, ne le céderai-je à personne : en la recherche de la vérité, de laquelle néanmoins je ne me fais pas garant.Théophraste Renaudot
22:54 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 04 janvier 2009
Pour l'An NEUF
Retour d'un périple en Gascogne.
À toutes et tous, bonnes brises, beaux écrits sur beaux papiers et sur beaux écrans pour l'an Neuf.
Je demeure fidèle à cette vieille image d'un "vieux" marin acagnardé au creux d'une dune qui cause aux oiseaux, aux herbes et au vent.
20:31 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 24 décembre 2008
à la manière de Cadou, une espèce de Noël
à toutes et tous ami(e)s qui viendront
cette nuit ou ce lendemain lire ce blogue,
pour cette lumière au-dessus d'eux.
Ma mère aux longs cheveux tu figures la Vierge
La Vierge un soir d’hiver en une salle d'auberge
II est des gens nombreux et comme au Moyen âge
On touche la servante et l'on brise les tasses
Ce tableau d'autrefois n'est dans aucun musée
Mais tu as les yeux bleus des riches épousées
Dans les faïences du vaisselier de noces tu te mires
Parmi les coqs tu mets les fleurs de ton sourire
Tu es toute tristesse pour les buveurs qui battent
Leurs chiens maigres à grands coups de savate
Et tu me montres à tous en t'excusant un peu
De promener cette lumière au-dessus d'eux
Les nuits d’hiver sont comme lampes à pétrole
Fumeuses et chargées d'un détestable alcool
Si bien qu'on ne voit plus les poils ni les rousseurs
D'un braconnier qui joue dans l'ombre au Donateur
Et qui mêle des doigts les valets et les reines
En balançant l'atout comme on lance la graine
Un soir de lents corbeaux dans un ciel plein de vent
Qu'elle vive à jamais dans le cœur de l'enfant !
René Guy Cadou
La femme à l'enfant
Le Cœur définitif
18:46 Publié dans Cadou toujours, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (5)
dimanche, 21 décembre 2008
solstice d'hiver
Ce midi, à 12 heures 05 TU, par 47°10 Nord et 1°37 Ouest, le soleil était au plus bas de sa course, sa déclinaison était de moins 23°43.
Seul, le parterre au fond du jardin était ensoleillé.
Après-demain, le rai de lumière s'élargira et les bulbes, sous terre, à nouveau tiédiront..
Au solstice d'hiver, la remontée du soleil !
De grandes œuvres à façon, de grandes œuvres, durement,
se composent-elles aux antres de l'An neuf ?
Et l’Hiver sous l'auvent nous forge-t-il sa clef de grâce?
« ... Hiver bouclé comme un bison, Hiver crispé
comme la mousse de crin blanc,
Hiver aux puits d’arsenic rouge, aux poches d'huile
et de bitume,
Hiver au goût de skunk et de carabe
et de fumée de bois de hickory,
Hiver aux prismes et cristaux dans les carrefours
de diamant noir,
Hiver sans thyrses ni flambeaux, Hiver sans rosés ni piscines,
Hiver ! Hiver ! tes pommes de cèdre de vieux fer !
tes fruits de pierre ! tes insectes de cuivre !
Tant de vers blancs d’onyx, et d'ongles forts,
et de tambours de corne où vit la pieuvre du savoir,
Hiver sans chair et sans muqueuse, pour qui toute fraîcheur gît
au corps de la femme... »
Et la terre ancillaire, mise à nu, refait au Ciel d'hiver
le lit de sa servante.
Saint-John-Perse,
Vents II, 2.
20:16 Publié dans Les antiques | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 19 décembre 2008
il ne fait pas bon avoir la tête épique
... en France. Du moins !
Et la récente biographie parue sur Alexis Léger dit Saint-John Perse* semble bien confirmer l'adage littéraire. Aux dires des critiques, Jacque Julliard dans le Nouvel Obs de la semaine dernière et Philippe Lançon dans le LibéLivres d'hier, la stèle érigée par le diplomate-poète lui-même commencerait de se lézarder.
Ce ne sont que critiques de critique.
Julliard appuye là où sans doute le jeune universitaire auteur de la biographie fait déjà mal — ce serait surtout le diplomate qui serait visé, ouf !, affabulateur... problème d'identité... don de réécriture de l'histoire... pseudomanie galopante... ondoyant et divers... dissimulé, calculateur, opportuniste. Julliard clôt son article assez bêtement : « Il y aura toujours des unhappy few pour préférer Éluard, Char et Saint-John Perse à Apollinaire, Aragon et Desnos. » Mais non, mais non ! monsieur Julliard, qui n'aimez point Saint-John Perse, le lecteur peut préférer (!) les six à la fois.
Lançon écrit plus mesurément sur le diplomate, mais sans l'épargner : « Craignant d'être tué sous les bombes, il rejoint aussitôt les États-Unis. Il y nuit avec efficacité à l'image gaullienne. » Et la chute de l'article qui ébranle le "monument" Pléiade, après les allusions aux manœuvres diplomatiques pour obtenir le Nobel : « Le mausolée de la Pléiade roule la pierre sur cette destinée accomplie entre élévations et reniements. Quelques vers splendides, de beaux hommages, cette extraordinaire cadence verbale statufiée, continuent de s'en échapper. Et cette question sans réponse, posée dès l'âge de 20 ans : "sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?..." Rien. »
Critique de critiques ! Certes. Faudra-t-il lire le livre de Renault Meltz ? Sinon la curiosité. Quand les statues sont ébranlées, la lecture n'en peut être que libérée.
Mais, que m'ont apporté récemmment, les biographies de Greisalmer sur Char, de Martin sur Michaux, passé un certain premier malaise dans le dévoilement de "l'humain, trop humain" de ces hommes ?
Des années de lecture furent dans l'ignorance des petitesses et des grandeurs ; le retour aux textes estompent très vite, sinon effacent, les gênes biographiques tant qu'il n'est en question que les trivialités des vies quotidiennes et que les valeurs de la common decency** ne sont point lézardées.
Demeure la grande vendange de la langue et du rythme. Scribes dépassés par leur propre labeur : ils seraient demeurés anonymes, le lecteur n'en serait pas moins comblé.
Un des ultimes textes de Perse me parait être à la fois un aveu, un plaidoyer et une réponse au biographe et à ses critiques.
LES voici mûrs, ces fruits d’un ombrageux destin. De notre songe issus, de notre sang nourris, et qui hantaient la pourpre de nos nuits, ils sont les fruits du long souci, ils sont les fruits du long désir, ils furent nos plus secrets complices et, souvent proches de l’aveu, nous tiraient à leurs fins hors de l’abîme de nos nuits... Au feu du jour toute faveur ! les voici mûrs et sous la pourpre, ces fruits d'un impérieux destin — Nous n’y trouvons point notre gré
Soleil de l’être, trahison ! Où fut la fraude, où fut l’offense ? où fut la faute et fut la tare, et l'erreur quelle est-elle ? Reprendrons- nous le thème à sa naissance ? revivrons-nous la fièvre et le tourment ?... Majesté de la rose, nous ne sommes point de tes fervents : à plus amer va notre sang, à plus sévère vont nos soins, nos routes sont peu sûres, et la nuit est profonde où s'arrachent nos dieux. Roses canines et ronces noires peuplent pour nous les rives du naufrage.
Les voici mûrissants, ces fruits d’une autre rive. « Soleil de l’être, couvre-moi ! » — parole du transfuge. Et ceux qui l’auront vu passer diront : qui fut cet homme, et quelle, sa demeure ? Allait-il seul au feu du jour montrer la pourpre de ses nuits ?... Soleil de l’être, Prince et Maître ! nos œuvres sont éparses, nos tâches sans honneur et nos blés sans moisson : la lieuse de gerbes attend au bas du soir. — Les voici teints de notre sang, ces fruits d’un orageux destin.
À son pas de lieuse de gerbes s'en va la vie sans haine ni rançon.
Nocturne
1972.
* Alexis Léger dit Saint-John Perse, par Renault Meltz, Flammarion.
** ma note du 5 décembre : j'ai fait l'école buissonnière.
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mardi, 16 décembre 2008
Lisant Mallarmé 2
Rien, cette écume, vierge vers
À ne désigner que la coupe ;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l'envers.
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l'avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d'hivers;
Une ivresse belle m'engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile
À n'importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.
Salut
Le sonnet qui ouvre le recueil Poésies.
Mallarmé, c'était depuis la fin de l'adolescence un "trou noir". J'avais gaîment sauté de Verlaine et Rimbaud à Claudel.
L'Azur, le Tombeau d'Edgar Poe, Le Vierge, le Vivace et le Bel demeureraient des obscurités très belles à murmurer et qui le sont encore cette nuit. Mais obscurités cependant.
L'atelier animé par Stanguennec se propose d'exposer Mallarmé sous les lumières de ...Kant. De l'un à l'autre, les schèmes et les symboles procèderaient, à un siècle d'écart, d'un cheminement identique. Me faudra-t-il me glisser dans les raisons kantiennes autre "trou noir".
L'analogie marine du Salut, déjà effleurée dans ma lecture de Au seul souci de voyager me guidera peut-être jusqu'à Mes Bouquins refermés qui clôt le recueil en évoquant Paphos le village ceint d'écume qui vit naître Aphrodite.
D'écume en écume !
Le poète ose donner une forme sensible aux Idées de la raison... en les élevant au-delà des bornes de l'expérience, grâce à une imagination qui s'efforce de rivaliser avec la raison.Emmanuel Kant,
Critique de la faculté de juger, 1798.
... la patience de la lecture du poème par la philosophie !
Et par la chanson : me revient un air populaire que ne désavouerait point
Mallarmé, quand aux vers 5 et 6, il souligne d'un rejet fortement marqué ses amitiés :
Nous naviguons, ô mes diversCet air ? Les copains d'abord.
Amis...
Kant et Brassens en lisant Mallarmé, ça me va !
Prenons le temps. Nous l'avons.
Et soyons hilares.
Ses fluctuat nec mergitur
C'était pas d'la littérature
N'en déplaise aux jeteurs de sort
Aux jeteurs de sort
Son capitaine et ses mat'lots
N'étaient pas des enfants d'salauds
Mais des amis franco de port
Des copains d'abord
23:27 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 15 décembre 2008
lisant Mallarmé...
La mer dont mieux vaudrait se taire que de l'inscrire dans une parenthèse si, avec, n'y entre le firmament — de même se disjoint, proprement, de la nature. Quelque drame d'exception, entre eux, sévit qui a sa raison sans personne.Grands faits divers,
Divagations
Poésie/Gallimard, p. 316.
Brume d'automne au large de Penerf.
...qui a sa raison sans personne ? Peut-être Mallarmé a-t-il oublié les oiseaux ?
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vendredi, 12 décembre 2008
Héraclite "nobélisé"
Le dernier homme que cite Le Clézio, lors de son discours de réception* du Nobel 2008, est Héraclite.
Héraclite dit :
Le temps est un enfant qui joue en déplaçant les pions : la royauté d'un enfant.**
Le Clézio ne dissout-il point la tension polémique de l'aphorisme dans l'innocence d'un futur que susciterait une enfantine royauté ?
La grande bonté est naïve : faut-il pour autant l'en amoindrir ?
* Merci à FB pour avoir mis en ligne une version propre et nette .
** La traduction proposée est celle de Marcel Conche ; dix autres pourraient être offertes : les pions — "pesseuône"— sont objet de variations. Les hellénistes sont de vieux grands enfants qui n'achèveront jamais leur jeu de ...gloses.
Post-scriptum :
J'aime beaucoup dans la signature du bas de dernière page la notation du lieu : J.M.G. Le Clézio, Bretagne, 8 novembre 2008.
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