samedi, 20 février 2010
Mac Luhan et Teilhard de Chardin ! Fichtre !
Sur Place de la Toile, Teilhard de Chardin et Mac Luhan cités comme grands ancêtres annonçant l'Internet — entre la 19e et 20e minute. Pour le second, ce me semble aller de soi mais pour le grand Jésuite paléontogue (... et plus), le qualifier ainsi a remué mon affect d'internaute.
Moins dans les imaginaires de la Toile, mais dans un usage plus trivial, il faut lire le commencement d'un bilan chez Berlol l'homme qui — je me répète — écrivit, il y a huit ans, Les salons littéraires sont dans l'internet. Certes pas un ancêtre, mais déjà un aïeul dans l'âge galopant de l'Internet ouvert au plus grand nombre ! Il ne m'en voudra point.
C'était, avant de replonger dans le Surréalisme et Breton, ma rubrique "sur la Toile".
12:13 Publié dans les lectures, Web | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 18 février 2010
de ci de là
Enfin, le redoux et la pluie légèrement tambourine à la vitre. J'aime. Désormais éloigné — du moins je l'espère — des rigueurs neigeuses de Paris, la semaine dernière.
Mais ce fut beau d'entrer et de sortir des outre-noirs de Soulages en deux bourrasques.
Puis d'aller par des jardins et des quais blancs de glace de l'Orangerie — aux Nymphéas en quatre saisons — à l'ombre tiède des Arts Premiers, de leurs niches lumineuses d'où sortent, dérobés aux tropiques et autre équateur, des masques et totems qui me furent familiers.
J'ai craint les amas fripiers de Boltanski — on disait que le Grand Palais était, en tous points, glacial... Bourdaily-on-the web avait été pourtant bien près de me convaincre.
Hier, à Clisson, après-midi en archives familiales avec la très âgée — cent quatre ans —et encore mentalement très verte, la cousine Marie de Boussay, comme une grande sœur qui enchanta mon enfance de guerre. Elle commente le XXe siècle de son âge et n'oublie rien de sa journée d'avant-hier.
Aujourd'hui, sortent des étagères et s'accumulent en petits tas les Surréalistes pour la préparation d'une soirée à l'Atelier des Soupirs, où Al, le "photographieur" et votre modeste "écrivassier" tenterons de persuader notre auditoire que nous sommes, eux et nous, des "surréalistes sans le savoir".
Peut-être commencerons-nous par définir d'oulipienne manière quelques mots au hasard ?
— Qu'est-ce que dieu ?
— Ce n'est pas tous les jours dimanche.
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lundi, 15 février 2010
à Odette Garcia, philosophe
Elle questionnait le Logos d'Héraclite l'Éphésien, le Verbe de Jean l'Évangéliste, elle souhaitait traduire Sapphô. Elle était platonicienne ; c'était notre seul écart.
Aux Chantiers, ce mardi 9 février, elle devait animer une soirée autour d'Albert Camus, elle se tenait debout, la main posée sur le dossier d'une chaise.
Elle est morte ainsi, prenant la parole !
Rien ne laissait présager un tel foudroiement.
Nous avons perdu une Sage passionnée, pugnace et et si attentive à l'autre.
L'atelier de Grec ancien, à sa reprise en mars, sera glacé.
ταῖσι δέ ψῦχρος μἑν ἒγεντʹὀ θῦμος
πἁρ δʹἲεισι τὰ πτἐρα
S'est refroidie l'ardeur des colombes,
Leurs ailes ne battent plus.
Sapphô
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dimanche, 07 février 2010
post-moderne, dites-vous ?
La post-modernité, selon Michel Maffesoli, c'est la synergie de l'archaïque et du développement technologique.
C'était ce matin, 7 février 2010, à la 26e minute de l'émission "Vivre sa ville", sur le thème De l'importance des bistrots de village dans l'aménagement du territoire.
Naguère, je me suis vu qualifié de post-moderne par un antiquisant.
Était-ce donc dû à ce fait que je m'étais remis à étudier le Grec ancien —l'archaïque — dans le temps même où, depuis dix ans, je tente de pratiquer les écritures et lectures sur la Toile — le développement technologique.
Je refusais, même plus, je rejetais vivement ce qualificatif de post-moderne dont sont affublés actuellement — quand ils ne le revendiquent pas eux-mêmes — des romanciers, des philosophes, des essayistes, et qui me semblait d'un abscons !
Je me demande ce soir si je n'éprouve point finalement quelque fierté à m'être trouvé qualifié — traité, serait plus juste — de post-moderne, i.d. de vieux con, écrivailleur d'écran.
Mes bistrots de village se trouvent à tous les coins de rue et d'écrans.
Je suis cependant en quête de la synergie....
20:36 Publié dans Les blogues, les lectures, Web | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 30 janvier 2010
entre nocturne et sône **
J'aurais voulu célébrer la tombée d'une chevelure qui voile un visage de femme au dernier accord du septième Nocturne, le halètement d'une madone des steppes quand ses longues mèches enroulent leur noirceur dans les chevilles et la volute de son violoncelle.
Et son profil aigu se retourne à demi vers le visage de la pianiste pour clore le largo de la sonate en sol mineur de Chopin*.
La Beauté s'écoutait ainsi, hier matin, dans la seizième des Folles Journées.
Mais cet après-midi, la gueule ravagée d'un ange a éclaboussé les écrans : Xavier Grall, ses cinq filles et sa femme, l'homme des contre-chants, aux bronches lourdes de crachins, le nostalgique des oliviers, des argiles berbères, le célébrant des errances marines et des laminaires échouées.
L'une des cinq, Catherine, me fut compagne de labeur au service des lectures ouvrières. Elle m'offrit de son père, à mon départ, Cantique à Mélilla.
Ce soir, j'ouvre le Rituel breton à l'audacieuse dédicace :
"Pour Ulysse, s'il revient en Armorique"
...j'ai pleuré sur la splendeur
des mers sarrazines désertées.
Et j'ai rêvé de toi, gardienne
de l'extrême Ouest.
Ah quand allierai-je à tes noroîts
le miel des aurores africaines ?
Ah quand allierai-je la vigueur de tes chênes
à la sensualité des figuiers ?
Et ceci sera mon testament
à mes parents je lègue
ce rituel résidence de ma poésie
et ceci sera mon testament
à mes parents je lègue ma souvenance
des navires trépassés
qui s'en venaient comme des filles
d'Islande ou de Mauritanie
Et ceci sera mon testament
à mes Berbères je lègue
les oiseaux des Glénan
et le sourire de Concarneau
à mes Berbères je lègue
l'allégresse des fontaines
et les printemps du pays Gallo
Et ceci sera mon testament
à mes amis je lègue
l'alliance de l'Ouest et du Sud
le mariage des dolmens
et des mosquées
et les fiançailles des roses
d'avec les oliviers.
* Nocturne en ut dièze mineur par Claire Désert, sonate pour violoncelle et piano en sol mineur par Jingh Zhao et Claire Désert.
** Quant à la "sône" : une balade ? Une complainte ?
19:19 Publié dans Les musiques, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 26 janvier 2010
l'amour en liste
Je viens de quasiment achevé Vertige de la liste, le bouquin de Umberto Eco que m'a offert, pour l'an 2010, FV.
Je suis assez fier d'avoir publié, tirée de Augustin d'Hippone et non citée, la liste des hérésiarques qu'il combattait. Certes, nous en avions quelques-unes en partage: L'union libre de Breton, le Cortège de Prévert et la plus vertigineuse, celle des animaux de Borges.
Pensant au cinquantenaire de Camus et écrivant qu'en octobre, il ne faudra point oublier Giono, ma fringale de commémorer m'a porté jusqu'en 2011, me souvenant que le 21 janvier 1961, mourait un homme qui a bouleversé et mon sentiment amoureux et ma conception de la littérature ; j'étais dans ma sale petite guerre et dans un jeûn affectif radical ; entre deux opérations, un "chouf" et un "ratissage", j'avais tapé — j'y mis sur mon Olympia quelques heures avec deux doigts, scanner et OCR étant encore inconnus — quatre pages serrées de Moravagine. Et le texte commence par une sacrée énumération des avatars amoureux.
Liste poétique ? chaotique ? Selon la classifcation de Éco, j'opterais pour une liste pratique à l'usage des grands souffrants souhaitant se diagnostiquer leur mal d'amour:
L'amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur, l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète inhibition, la complète annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du cœur, ce besoin d'anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d'effusion, d'adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l'amour d'après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du masochisme ?
Blaise Cendrars
Moravagine, p.61
Le Livre de Poche, n° 275, Paris, 1960
C'est le premier paragraphe ; quatre autres suivent, du même tonneau.
Je pense être, à l'époque, sorti de cette lecture récuré, rincé, allègé, bien décidé à tomber plus que jamais amoureux.
Ce qui peut paraître un oxymore !
23:45 Publié dans Cendrars en bourlingue, les lectures, Les listes, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 25 janvier 2010
Haïti, presque comme un silence
Quinze jours de fracas, les paroles, les images, les appels, l'argent, la plainte, les enfants, les adoptants...
Est-ce bien dans tout ce fatras que se situe le sentiment humain d'être proche de la femme désincarcérée des tôles de sa cabane, du jeune qui, onze jours, a survécu à coup de cocacola, celles et ceux qui ont cesser de respirer ces dernières heures, sous des tonnes de fatras ? — À sept ans, remontant la rue du Calvaire qui n'est plus qu'un amas de décombres après le bombardement du 23 septembre 1943, j'entends les hurlements assourdis. Huit jours plus tard, les décombres toujours et le silence — .
L'adoption, les adoptants ? M'inquiètent cette propension à adopter, cette aisance dans l'abandon ?
Gens d'Haïti, que faites-vous ?
Toute la terre retentit de la secousse des foreuses
dans les entrailles de ma race dans
le gisement musculaire
de
l'homme noir.
Voilà de nombreux siècles
que dure l'extraction
des merveilles
de cette race,
Oh couches métalliques de mon peuple
mînerai inépuisable de rosée humaine
combien de pirates ont exploré de leurs armes
les profondeurs obscures de ta chair
combien de flibustiers se sont frayés leur chemin
à travers la riche végétation de
clartés de ton corps
jonchant tes années de tiges mortes
et de flaques de larmes
Peuple dévalisé peuple de fond en comble retourné
comme une terre
en labours
peuple défriché pour l'enrichîssement des grandes foires du monde
Mûris ton grisou dans le secret de ta nuit corporelle
nul n'osera plus couler des canons
et des pièces d'or dans le noir métal de ta colère en crues !
René Depestre
Minerai noir
Anthologie de la Belle Jeunesse
Oui, Haïti, presque comme un silence ! Ou un long cri ?
21:44 Publié dans les civiques, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 23 janvier 2010
après Camus, Gainsbarre
Et pourquoi pas !
Les commémorations ont du bon. Les nostalgies s'épanouissent.
De nouveaux regards, de nouvelles oreilles nous ouvrent à des écoutes et des lectures qui nous élargissent.
On parle peu des films de Gainsbourg. Je tiens Équateur pour l'égal du Coup de torchon de Tavernier, et Je t'aime moi non plus pour
une approche certes "hard", mais si rare de l'androgynie !
Que la machine à commémorer n'oublie point en octobre Giono ?
11:34 Publié dans Parfois un film | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 21 janvier 2010
ce jour où nos ancêtres ont guillotiné un roi
...et deux mois après, soit ils le regrettent, soit ils en ont déjà marre des "bourgeois" et vont se mettre en route pour en massacrer quelques-uns, façon de signifier à ceux qu'ils épargnent leur désaccord devant l'accaparement des terres soustraites à leurs anciens maîtres, les comtes, marquis et autres ducs.
Ce matin, non, je n'ai point assisté en la Cathédrale, à la messe célébrée en l'honneur du ci-devant Louis Capet, messe suivie d'un dépôt de gerbe à la colonne Louis XVI toute proche. C'est ainsi chaque année.
Enfin ! depuis que les ducs, marquis et autres comtes, accueillis par leurs valets, sont revenus quelques décades plus tard !
Je suis allé à la Médiathèque Jacques Demy lire quelques traces de ces méchants potaches d'En avant mauvaise troupe, qui avaient noms Vaché, Hublet, Sarment, suivis de plus jeunes qui emboitèrent le pas de Breton, entre autres Péret, Cahun, Baron, Viot.
J'ai noté du dernier nommé :
Il y a des magiciens chez nous comme il y a des poètes, et parmi les savants, certains qui ne savent rien.
Mes ancêtres ne m'ont point laissé Dieu et le Roi en héritage.
Je leur en sais gré.
18:53 Publié dans les civiques, les diverses | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 16 janvier 2010
mince matériau
Plus d'une semaine de silence alors même qu'il n'y avait aucune raison, et que le matériau pouvait s'avérer fructueux.
Négligence ? Flemme ?
Ou, ce qui serait plus optimiste, cette décision de remettre sur le métier — l'écran, désormais — "algériennes" et ses chroniques pour parvenir à son achèvement en cette année.
Tâche qui va accaparer γραφεὐς τις, cet écrivant quelconque.
Quand même ! Il me faut citer ce qui pourrait être la conclusion de la semaine— la semaine seulement — Camus ; il me faut évoquer la mort de Éric Rohmer qui m'est un cinéaste très cher, — à Noémie et Célia aussi ce qui n'a cesse d'heureusement m'étonner — et cité doublement Euripide pour une ou deux touches d'un féminisme certain.
Camus donc, par la voix de Jean-Baptiste Clamence, le non-héros de La Chute dans le long penser d'une nécessaire débauche :
Le jour venait doucement éclairer ce désastre et je m'élevais, immobile, dans un matin de gloire.
Tristes sont les saints et les purs de persister à repousser le désastre !
Rohmer ensuite, loin des débauches clamenciennes, et son inimitable écriture "blanche" cinématographique qui pourrait glisser vers le plus sirupeux des pires séries "télé", mais pourtant s'étend à longueur de films dans une si légère — et dense à la fois — perversité :
Allez donc vous promener sur le sentier côtier en cliquant ici du côté du cap Fréhel.
Euripide enfin, qui par la voix de Mélanippe la philosophe, affirme :
Εγὠ γυνἠ μεν ειμι νοῢς δ' ένστι μοι
Certes moi, je ne suis qu'une femme, mais l'entendement est mien.
assertion qu'il reprend dans Les Suppliantes, que civiquement nous traduisons ces jours dans notre atelier de Grec ancien, quand Thésée s'adresse à Æthra, sa mère :
ὡς πολλά γ´ἐστὶ κἀπὸ θηλειῶν σοφά.
Souvent la sagesse a parlé par la voix d'une femme.
De quoi meubler le blogue lors de la semaine écoulée.
Mais...
Post-scriptum :
Camus, Rohmer, Euripide ? Débauche, perversité, sagesse ?
Oserais-je écrire : cherchez la femme.
Mais n'est-ce pas aussi cette quête même dans "algériennes".
Décidément le matériau n'était point si mince.
17:35 Publié dans Les blogues, Web | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 07 janvier 2010
"camusien", eh, oui !
Sans doute, est-il plus facile d'être "camusien" dans les brumes actuelles. Quoique tout ce tintamare peut conduire à la saturation !
Camus moraliste, Camus philosophe, Camus journaliste, Camus théâtreux, Camus romancier, Camus amant et cœtera.
Me souviens des ricanements, sourires en coin quand en 1970, nous avions, avec quelques-uns de mes bibliothécaires animateurs en formation, organisé des coins de lecture, aux quatre... coins d'une... caserne charentaise.
Me souviens de la voix de Taos Amrouche qui soutenait les lectures et éclairait des panneaux architecturés en masses blanches et noires, une espèce de plasticité austère que nous avions tirée de notre lecture de L'Étranger que nous avions aussi "mis en procès".
J'ai au moins en commun avec cet homme qui me fut une lanterne loin devant dans la fin des années cinquante, d'avoir été dans l'adolescence footballeur et gardien de but.
« Nous sommes quelques-uns qui ne voulons faire silence sur rien.»
réponse de Camus à Gabriel Marcel, à propos de l'État de siège.
Char est si proche !
18:18 Publié dans les civiques, les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 01 janvier 2010
faut-il vous le souhaiter ? au moins en rêver !
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jeudi, 31 décembre 2009
pour achever l'an
Il y a, parfois, des veuves qui font de bonnes œuvres pour leurs défunts poètes.
Fallait-il éditer le Trousseau de Moulin Premier, déjà publié, pp. 76-79, dans René Char, Paysages premiers, par sa veuve ?
Pourquoi pas ? Les bibliophiles en seront ravis !... Je ne refuse pas la bibliophilie.
C'est au moins l'occasion de réeentendre Char scander quelques-uns de ses textes dans l'émission de samedi dernier, Ça rime à quoi *
Au bout du bras du fleuve il y a la main de sable qui écrit tout ce qui passe par le fleuve.
René Char
Moulin Premier, LX
* Merci à qui signala Char disant ce martèlement d'amour qu'est le poème A***, qui clôt À une sérénité crispée.
13:15 Publié dans Char à nos côtés, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 24 décembre 2009
fumée bleue dans la pluie froide
Aux proches,
aux amies, aux amis,
à l'étranger de passage,
aux inconnus qui suspendront leur heure pour lire ce poème.
Noémie et Célia sont là. Elles butinent sur la Toile. Elles me laissent quelques minutes, le temps d'une note et d'un poème, remonté de cette foi du charbonnier qui habitait un instituteur laïc nommé René Guy Cadou.
Fumée bleue dans la pluie froide. La bûche est dans la cheminée. Les vins blancs à la fraîcheur, chambrent les vins rouges.
En évitant les grand-routes
Et les agglomérations
On se moque des gendarmes
Des menées de la nation
Et l'on injurie Hérode
Le vénal le malappris
Qui confond c'est bien commode
Les parias et les brebis
Mais on marche dans la neige
Et soudain l'on aperçoit
Un brin de fumée qui trempe
Dans le vase bleu d'un toit
On pourrait qu'en dis-tu femme
S'arrêter là cette nuit
Une fois n'est pas coutume
De dormir dans un bon lit
L'ane rit l'âne respecte
La parole du patron
Cependant Marie inspecte
D'un coup d'œil les environs
Les voici devant l'auberge
L'aubergiste a beaucoup bu
II sent le rhum et l'absinthe
L'estomac les oignons crus
Quand ils furent dans l'étable
Que Joseph eût bien pleuré
A la plus grosse des poutres
Une étoile s'alluma
Et le ciel comme une terre
Qui longtemps a manqué d'eau
Aspira jusqu'à son centre
L'enfant-roi dans son maillot.
René Guy Cadou
Noël
L'aventure n'attend pas le destin
Enclave nocturne pour la paix !
16:19 Publié dans Cadou toujours, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (4)
mercredi, 23 décembre 2009
carrioles de bouquins
Polastron écrit qu'au temps de Confucius, vers les années 500 avant notre ère, certains lettrés chinois se déplaçaient avec leur bibliothèque dans des carrioles.
« La carriole de livres constitue d'ailleurs l'unité de mesure du savoir. On dit d'un homme très cultivé qu'il est un savant de quatre ou cinq carrioles. »
De 1955 à 1965, mes bouquins étaient dans des cantines, de solides cantines vertes en tôle ; d'une, à mon départ pour la forêt tropicale, je me suis retrouvé à trois en quittant le désert.
Je n'ai jamais pensé à mesurer mes savoirs en nombre de cantines.
Actuellement, combien de cantines me faudrait-il pour vider ma "librairie" et repartir sur les routes et les mers ? Une suffirait sans doute à estimer ma "culture" et aux seules fins d'entretenir mes savoirs.
Post-scriptum (qui a peu à voir avec ce qui précède) : en quittant le métier, j'ai transmis à une amie très chère le fonds de littérature de jeunesse que je trimbalais dans une de ces bonnes vieilles cantines en tôle verte. L'amie, plus tard, m' a dit que son compagnon y serrait le blé pour l'alimentation de leurs volailles.
Quelle fin plus honorable : des livres aux fruits de la moisson !
16:15 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)