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samedi, 08 janvier 2011

toujours en 2011 à minuit saluer Cendrars

Depuis le solstice, à minuit, Orion dans le sud, encore au méridien.

 

orion-constellation-akira-fujii.jpg

 

C'est mon étoile
Elle a la forme d'une main
C'est ma main montée au ciel

Durant toute la guerre je voyais Orion par un créneau
Quand les Zeppelins venaient bombarder Paris ils venaient toujours d'Orion

Aujourd'hui je l'ai au-dessus de ma tête
Le grand mât perce la paume de cette main qui doit souffrir
Comme ma main coupée me fait souffrir percée qu'elle est par un dard continue !


Orion
Feuilles de route


 

 

Le 21 janvier 1961, enfin il laisse aller !

2011 sera-t-elle l'année de Cendrars ?

Ant(e)Modernes*, PostModernes et autres de tous crins, poètes, romanciers, autobiographes, essayistes, blogueurs, ne l'oublions point.

N'a-t-il pas ouvert les voies !

 

*AntEModernes ou AntIModernes : j'ai préférence pour le premier terme, moins agressif, à l'image de certains littérateurs que l'on — mais qui "on" ? — classe avant ou contre les Modernes.

 

Post-scriptum : À propos, qui sont les Modernes ?


vendredi, 31 décembre 2010

Pour 2011, cette nuit

 

« Ne ratez pas votre matinée de printemps. »

disait Vladimir Jankélévitch.

 

Ce que je souhaite, en souriant, à toutes et tous.

mercredi, 29 décembre 2010

Je ne suis pas sûr de saisir encore ce qu'est le post-moderne

...............................................................................................?

mercredi, 22 décembre 2010

pour le solstice d'hiver

 

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aux lectrices,

aux lecteurs

 

 

 

"Que d'autres se flattent des livres qu'ils ont écrits,  

moi, je suis fier de ceux que j'ai lus.


                    Jorge Luis Borges

 

lundi, 20 décembre 2010

Madame la professeure*

Je n'ai guère fréquenté les livres de madame le professeur Jacqueline de Romilly. Quand je suis revenu aux Grecs, en langue, en mythologie, en philosophie, en littérature, ce fut plutôt chez Jean-Pierre Vernant, Cornelius Castoriadis, Marcel Detienne, que j'allai laisser traîner mes sandales.

 

Mais je ne cache point que son dernier petit bouquin, Petites leçons sur le grec ancien,  coécrit avec certaine dame Trédé présente pour de modestes héllénistes qui ont replongé dans la grammaire de Ragon et dans l'énormité du dictionnaire de Bailly, de délicates saveurs. Certes, des idées convenues sur ce que "nous" devons à la Grèce quant la langue, à la pensée, à la démocratie.

Mais dès qu'elles s'insinuent dans les nuances morphologiques et syntaxiques, les deux dames font s'envoler la philologie.

 

À lire donc pour héllénistes même débutants, À propos du verbe — chapitre 5 — et surtout le chapitre 6, Le jeu des particules, ou l'art d'interpréter l'intraduisible. J'eusse aimé — ce conditionnel eût-il plu à la dame ? — une approche des participes qui sont ma passion et qui souvent m'ont servi à justifier la "lourdeur" de mes phrases.

 

* Elle n'aurait pas aimé : madame le professeur était une puriste. Mais se retournera-t-elle dans sa tombe.

 

Post-scriptum : Hommage fortuit à la spécialiste de Thucydide : l'Atelier "Grec ancien" des Chantiers "planche "depuis plus d'un mois sur La guerre du Péloponnèse, I, 75,76 - I, 137, 138 - II, 65,66 - VII, 29,2.

Le site Juxtalinéaires propose les Livres I et III en numérisation d'une édition de 1877. Il n'y a pas que Google Books sur la Toile. Mais pour accéder à une lecture aisée, il faut importer les deux fichiers sur le disque dur.

vendredi, 17 décembre 2010

Quand à nouveau l'ombre s'étend

à "Lison"

 

Sa voix s'éleva encore tremblante de la fragilité de la douleur. Elle dit l'amour sans mesure pour sa mère. Elle ouvrit Les Matinaux que celle-ci, naguère, lui avait offert. Sa voix nous éloigna de la mort. À nouveau, nous étions dans le soleil.

 


Dans mon pays, les tendres preuves du printemps
et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts
lointains.

La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie. Le
verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif.

Dans mon pays, on ne questionne pas un homme
ému.

Il n'y a pas d'ombre maligne sur la barque chavirée.


Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays.

On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.

Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les
arbres de mon pays. Les branches sont libres de
n'avoir pas de fruits.

On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.


Dans mon pays, on remercie.

 

Qu'il vive*

 

Ce fut d'une beauté austère, nue. Le silence seul — ou la musique — était possible.

Nous entrions, apaisés, dans cette absence sans retour. 

 

 

 

*René Char, La sieste blanche, Les Matinaux, 1950/1986.


 

 

 

dimanche, 12 décembre 2010

écrire comme un tir

 

Seulement vers la fin de la trêve quand la situation fut de nouveau tendue, je fis un tir en plein jour sur des jeunes filles qui sortaient d'un lycée. Trois belles cartouches dont on parla dans tous les journaux.

 

C'est une parmi les brièvetés cruelles qui ponctuent — "-tuent" — la Perfection du tir, le premier bouquin de Mathias Énard. Manière d'aller flairer le romanesque avant d'affronter la phrase de cinq cents pages qu'est Zone.

 

(Chez Actes Sud, coll. de poche Babel).

 

 

Post-scriptum : Dommage qu'à longueur de tirs, le "sniper" appuie improprement sur la détente et non sur la queue de détente.

vendredi, 10 décembre 2010

ce n'est pas vrai !

la littérature aujourd'hui ?  Ah, bon ?

En ce cas-là, monsieur Finkielkraut, faut-il parler de "livres" ou de "bouquins" ?

S'il vous plait ?

 

Post-scriptum :

Autres temps, autres littératures et littérateurs.

Et dire que je me suis désabonné du Nouvel Obs.

mardi, 07 décembre 2010

irresponsable ? je suis donc un irresponsable

Je n'irai point prendre la queue devant la banque que depuis des annnées, pour percevoir mon modeste salaire et ma plus encore modeste retraite, je suis obligé de fréquenter : je suis "à sec", sinon à découvert. Et mon épargne, à peine placée, s'envole en bouquins ! J'aurais bien aimé être un irresponsable, ce matin.

J'ai beaucoup apprécié le commentaire de Paul Jorion sur France Cul. J'ai sur l'étagère "Mer" un de ses premiers (?) bouquins d'anthropologue économiste sur les pêcheurs de Houat*, une de mes Iles bien-aimées.. Lui aussi tient un blogue.

Un gars du côté des croquants. Totalement libre.

 

 

* Paul JORION, Les pêcheurs d'Houat, anthropologie économique, Coll. Savoir, chez Hermann, 1983

 

 

 

dimanche, 05 décembre 2010

lire un bouquin serait ne pas lire un livre

« — Et ça, il me  semble que quelque chose arrive à la littérature quand un livre devient un bouquin. J'ai même le sentiment très vieux jeu, très collet monté, que ceux qui lisent un livre comme livre et ceux qui le lisent comme bouquin ne lisent pas le même livre...

..........(gloussements d'acquiescement en fond sonore).................

— Ça, c'est un rapport spécifiquement vulgaire aux œuvres d'art en général.»

 

Trois messieurs, sans doute fort bien et pas du tout du genre vulgus (ou vulgum ou vulgare)pecus s'entretenaient hier matin de l'art de la lecture : en quelques mots, voici résumée l'atmosphère de la conversation que diffusait "Répliques". Des références stendahliennes, flaubertiennes, nietzschennes, barthésiennes — pas tout à fait les miennes. — deleuziennes. C'était de bon ton — déjà trop ? — mais je peux encore entendre. Et puis dans les dernières minutes, l'animateur qui déboule avec cet "Et ça..."

Et là, c'est trop : je suis issu — "je monte", aurait dit Veuillot — de la classe du "vulgaire" ; je lis plus souvent des bouquins que des livres; je n'ai pas lu l'introduction à l'analyse structurelle du récit, l'horizon restreint de mon vulgus (ou vulgum ou vulgare) pecus ne m'a apporté que le Plaisir du texte plus accessible, financièrement ; mais Montaigne est loin de "m'emmerder"*.

Ce qui, hier matin, n'a pas été le cas de deux de ces messieurs. Qui m'ont au plus profond, donc viscéralement — je ne prolonge que la "rumination bovine" nietzschenne, à laquelle il fut noblement fait allusion — EMMERDÉ !

Cet irrespect, ce mépris, cette morgue, cette impudence, ! Dantzig* et Finkielkraut sont parfois — souvent ? — des personnages indignes.

Finkielkraut a bien tenté d'atténuer sa morgue en lisant cette citation de Proust. Mais quelle sincérité attendre de cette bouche dédaigneuse ?

Dans la lecture, l'amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d'amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c'est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent qu'à regret. Et quand nous les avons quittés, aucune de ces pensées qui gâtent l'amitié : Qu'ont-ils pensé de nous ? - N'avons nous pas manqué de tact ? - Avons-nous plu ? - et la peur d'être oublié pour tel autre. Toutes ces agitations de l'amitié expirent au seuil de cette amitié pure et calme qu'est la lecture.



Marcel Proust
Sur la lecture, p.45 
Actes Sud, mars 1988 


Alentour de cet ordinateur, mes bons vieux BOUQUINS sont, pour la plupart, des rivages chaleureux. Leur "rumination" m'autorise paisiblement cette humeur.

 

 

* Référence à la fatuité du monsieur, naguère en septembre 2005, à propos de Montaigne.

mercredi, 01 décembre 2010

vih cancer et autres

 

à mes compagnons "en" vie

 

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« tomber malade, vivre debout »

 

C'est le très fort et très beau titre du chapitre I de "La traversée des catastrophes", certainement manuel de survie, mais aussi traité d'amitié.

 

09:19 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 28 novembre 2010

« il faut y aller »

Poser sur la table "La traversée des catastrophes"* me ramène à deux décennies en arrière quand j'ai ouvert "Traité du désespoir et de la béatitude"**.

Un de ces deux ou trois bouquins que, à peine ouverts, vous estimez rassembler toutes les questions que vous vous posez depuis un, deux, trois, dix ans — peut-être d'ailleurs depuis seulement un ou deux jours — mais questions qui taraudent, ou expériences ou situations qui ont blessé, incisé, déchiré, mais aussi bouquins dont les quelques pages feuillettées vous ouvrent des estuaires, des horizons, qui, sans apaiser, vous font accéder à une sérénité neuve.

Sans doute faut-il y entrer avec l'incertitude de la quête et le murissement acquis dans de longs cheminements en solitude.

J'ai posé quelques balises, me suis arrêté sur quelques pages.

La mort d'autrui exige ceci : ce que l'on ne peut pas dire, il faut malgré tout parvenir à le parler. Mais alors parler pour dire quoi, si l'on ne peut pas dire la mort ? Parler d'autre chose ? Parler pour ne rien dire er pour passer le temps ? Bavarder ? D'abord oui, évidemment oui : c'est là l'expérience de tous ceux qui ont tenu la main d'un mourant aimé, souvent avec une certaine noblesse et aussi un sens profond de la dérision. Mais on ne le peut que jusqu'au point où ce n'est même plus possible, où la demande d'un « parler la mort » devient trop forte, trop insupportable, et où un déni mélancolique menace trop fortement. Et alors, arrivé à ce point, que parler ou que dire d'un dit impossible ? Dire encore la seule chose qui puisse être dite, la vie,  mais avec un autre ton et une autre douceur, parce qu'il s'agit de trouver une parole apte à énoncer la vie au sein même de cette expérience du mourir, à partir d'elle et pour elle, dans ce qui subsiste et s'affîrme de force de vie au cours de l'expérience d'une disjonction radicale entre le parler et le dire : parler la mort pour dire la vie. (p.155) 

Mais le mourir a toujours une fin qui reste encore à vivre pour celui qui ne meurt pas : un jour, l'autre meurt pour de bon... Nier la mort qui monte, refuser de la « voir en face », tant que l'autre vit encore, même d'une vie de plus en plus diminuée, est souvent la marque d'une sagesse et d'un amour supérieurs, tout comme il est sage de ne pas regarder le soleil en face pour ne pas s'y brûler sottement les yeux. Mais face à la mort effective, face au cadavre, une telle négation ne peut que s'affaisser en une dangereuse dénégation. « La » mort n'était peut-être rien pour soi, mais pas « le » mort ou « la » morte : je l'aimais jusque-là, mais aujourd hui que m'est-il, que m'est-elle encore ? (p. 196)

 

Maintenant, comme le philosophe nous y invite, « il faut y aller ». Aux dernières pages du livre, il écrira encore : 

Il faut continuer...... c'est cela vivre. Accepter la continuité sous toutes ses formes, jusqu'à affirmer la continuité du noble et du bas, du splendide et du grotesque.

 

*Pierre ZAOUI, La traversée des catastrophes - philosophie pour le meilleur et pour le pire, Coll. L'ordre philosophique, au Seuil, octobre 2010.

** André COMTE-SPONVILLE, Le mythe d'Icare, t.1 et Vivre, t.2 - Traité du désespoir et de la béatitude, Coll. Perspectives critiques, PUF, janvier 1988.


Post-scriptum :

• Un entretien dans l'émission "La fabrique de l'humain".

Deux recensions : dans le Monde des Livres du 29/10/2010 et dans le LibéLivres du 18/11/2010.

Si le bouquin n'est pas disponible en librairie, il ne faut pas être pressé ; l'appareil de diffusion géré par La Martinière est plutôt "grippé".

mercredi, 24 novembre 2010

l'ombre portée...

 

……l'ombre portée de SA mort qui chaque année s'étend sur ces jours de novembre……

jeudi, 18 novembre 2010

elle nous lisait l'hisoire sainte

 

Je devais être dans cette classe qu'on nomme actuellement le Cours Préparatoire ; j'aurai bientôt six ans.

C'était Mme Nicolas qui, chaque après-midi, au début de la classe et pendant un quart d'heure, nous lisait l'Histoire Sainte. J'écoutais dans le ravissement. Peut-être le sommeil me gagnait-il, préfigurant les lointaines siestes à venir ?

 

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École primaire des Frères de Ploermel, 1 rue Talensac - 1941/1942

 

 Plus tard, je pris sans doute des chemins bibliques qui divergent de ceux empruntés par un de mes actuels littérateurs préférés (voir la note précédente). Plus laïcs, pour être "tendance". J'ai un penchant plus net pour ce qui s'avoue "inventé" que pour ce qui s'affirme "révélé".

 

Je continue de lire et la Bible et Michon.

 

Post-scriptum : (qui a peu à voir avec la Bible, les mythologies et Pierre Michon)

Quand nous fâchions madame Nicolas, elle s'écriait : « Je vous pilerais dans mon moulin à café ». Ce conditionnel présent était sa seule violence.

 

 

 

 

dimanche, 14 novembre 2010

quand revient le religieux dans mes petits matins

Les réveils matinaux entraînent des journées de réflexions et de lectures inattendues. Ce matin j'écoutais donc à mi-chemin de son émission, Abdelwahab Meddeb et ses cultures d'Islam.


La veille, j'avais refermé, fort marri, les propos de Pierre Michon sur la littérature, Le roi vient quand il veut ; les premières sondes m'avaient assuré d'un bon voisinage — Rimbaud, Giono, Borges et même Gracq — même si je suis plus éloigné de Balzac, de Flaubert, de Proust et de Faulkner.

Mais page 324, "La Bible est mon pays" m'a peiné. Plus, irrité parce qu'il renvoie en deux ou trois pages mes chers Grecs à leurs calendes, et ce, pour son aversion platonicienne et le je m'enfoutisme qu'il proclame à propos de "l'obsession méticuleuse des Grecs pour le demos". C'est le demos qui vous lit, cher Pierre Michon, même si ce n'est qu'une infime minorité de ce demos.

Plus souterrainement, je suspecte Michon d'avoir découvert sur le tard un penchant pour le sacré, sinon pour la spiritualité, et la plus religieuse* qui soit :

La Bible s'adresse à moi en direct. C'est une parole ad hominem. Il y a ce « Tu » qui m'enjoint d'entendre et de parler. Or, ce n'est pas un être grec qui peut proférer cette injonction, ni y répondre : ce n'est ni l'âme ni le corps de la philosophie grecque, c'est la chair et l'esprit de Paul, le «vif». Le texte d'Homère est très beau, indiscutablement, mais par le fait qu'il se suffit à lui-même, il est mort : on y croit autant qu'à l'intrigue de marionnettes siciliennes. Tout à l'inverse, le texte de la Bible est à vif, il ne se suffit pas. Il est en manque de moi. C'est une affaire d'énonciation. Et cela est au cœur de ce qui me précipite quelquefois à écrire. Si quelque chose de biblique se réveille en moi, c'est que la Bible me somme d'être vivant. Comment dire ? Oui, me somme d'être l'interlocuteur de Yahvé. Dans ce dialogue entre Dieu et le « Tu » à qui il s'adresse, je suis mis en demeure d'exister, de répondre présent, de répliquer par  ma propre voix. D'écrire donc. Et la seule réponse possible  est : Israël, c'est moi.

pp. 329-330

 

Et voilà Pierre Michon, en paulinien convaincu, de vivre son chemin de Damas ! Fichtre !

Nous avons fait sans doute le chemin inverse. Lui, il ouvre la Bible, à l'âge d'homme. Moi, c'est madame Nicolas qui me l'a lue dès la Maternelle.

Je la lis encore comme je lis l'Illiade et l'Odyssée — je trouve parfois plus sens dans les pérégrinations d'Ulysse pour éclairer mes sillages — mais j'avoue, la Bible, je ne l'ai point refermée. À preuve, ce matin, j'ai ouvert le Livre des Nombres (11,32). Pour retrouver la première Marie ou Miryâm ou Mériem, sœur de Moïse et d'Aarôn.

Et cette quête parce qu'au petit matin, un lecteur chrétien du Qoran — un comble  ! —  m'a paru ébranler vigoureusement les ineffables fadeurs mariales de la catholicité. Entre autres vérités évangéliques. Le "forçage étymologique" qui suit est salubre.

Marie est une des figures du nomadisme et de l’errance. Dousse procède à cette lecture après avoir été hafêz, après avoir appris par cœur le Coran dans sa langue originelle afin d’accueillir la résonance orale de cette parole inspirée qu’il lit en la mettant toujours en relation avec la Bible ; ainsi voit-il comment agit le dissemblable dans le ressemblant, comment opère le différent dans l’identique. Alors la parole coranique est reçue comme altérité et non comme altération. Parmi les audaces de cette interprétation, nous relevons le forçage étymologique qui ensource le mot arabe de masîh (qui désigne Jésus le Messie) non pas seulement dans la racine verbale M.S.H. (qui confirme le sens de l’oint) mais aussi dans S.^.H. qui ouvre sur l’errance (sâ’h), ce qui situe le nom même de messie au cœur de la tension entre temple et désert.

présentation de l'émission du 14.11.2010 sur France Cul

Ce Michel Dousse n'est pas qu'un étonnant récitant (hafêz) du Qoran. C'est un athlète de l'étymologie et il a quatre-vingt ans.

J'en ai oublié d'aller à la messe, mais ça fait plus de trente ans que c'est le même oubli, chaque dimanche que dieu ne fait point.

Je n'ai pas oublié mes deux douzaines d'huitres du Marais Breton.

 

 

* En ces temps de "spiritualité laïque", ce n'est point redondance.