vendredi, 17 décembre 2010
Quand à nouveau l'ombre s'étend
à "Lison"
Sa voix s'éleva encore tremblante de la fragilité de la douleur. Elle dit l'amour sans mesure pour sa mère. Elle ouvrit Les Matinaux que celle-ci, naguère, lui avait offert. Sa voix nous éloigna de la mort. À nouveau, nous étions dans le soleil.
Dans mon pays, les tendres preuves du printemps
et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts
lointains.
La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie. Le
verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif.
Dans mon pays, on ne questionne pas un homme
ému.
Il n'y a pas d'ombre maligne sur la barque chavirée.
Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays.
On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.
Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les
arbres de mon pays. Les branches sont libres de
n'avoir pas de fruits.
On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.
Dans mon pays, on remercie.
Qu'il vive*
Ce fut d'une beauté austère, nue. Le silence seul — ou la musique — était possible.
Nous entrions, apaisés, dans cette absence sans retour.
*René Char, La sieste blanche, Les Matinaux, 1950/1986.
17:10 Publié dans Char à nos côtés, Les graves, les lectures, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
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