jeudi, 18 novembre 2010
elle nous lisait l'hisoire sainte
Je devais être dans cette classe qu'on nomme actuellement le Cours Préparatoire ; j'aurai bientôt six ans.
C'était Mme Nicolas qui, chaque après-midi, au début de la classe et pendant un quart d'heure, nous lisait l'Histoire Sainte. J'écoutais dans le ravissement. Peut-être le sommeil me gagnait-il, préfigurant les lointaines siestes à venir ?
École primaire des Frères de Ploermel, 1 rue Talensac - 1941/1942
Plus tard, je pris sans doute des chemins bibliques qui divergent de ceux empruntés par un de mes actuels littérateurs préférés (voir la note précédente). Plus laïcs, pour être "tendance". J'ai un penchant plus net pour ce qui s'avoue "inventé" que pour ce qui s'affirme "révélé".
Je continue de lire et la Bible et Michon.
Post-scriptum : (qui a peu à voir avec la Bible, les mythologies et Pierre Michon)
Quand nous fâchions madame Nicolas, elle s'écriait : « Je vous pilerais dans mon moulin à café ». Ce conditionnel présent était sa seule violence.
08:12 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
L'endoctrinement religieux, que j'ai connu également étant enfant, à ceci de bon qu'il passe et que l'on peut s'en passer ! Cela me donne bon espoir pour les masses musulmanes endoctrinées...Cela leur passera. Elles reviendront à plus de raison et de tolérance et peut-être comprendront-elles que l'existence est un mystère et que mettre un nom sur ce mystère -nom qu'on labellise et pour lequel on tue - est un blasphème...
Écrit par : alain BARRE | vendredi, 19 novembre 2010
Il n'y a pas lieu de s'ébaubir lorsqu'on nous parle de faire de la "philosophie" à l'école maternelle. On nous parlait bien théologie au petit catéchisme — et un peu plus sérieusement ! De cet "endoctrinement" nous avons gardé au moins une certaine nostalgie des anges sulpiciens, des rituels et de la liturgie, de l'odeur des cierges et de l'encens, du brin de buis fiché dans la pomme des rameaux...
Pour Michon, j'avoue que j'ai un peu de mal avec "Le roi vient...", compilation répétitive d'interviews qui n'apportent pas grand-chose à la lecture des textes mêmes de l'auteur — assurément l'un des meilleurs que nous ayons. Mais on sait que les meilleurs auteurs ne sont pas forcément les meilleurs exégètes...
Écrit par : C.C. | lundi, 22 novembre 2010
Repentir : le livre terminé, je me rends compte que mon commentaire est injuste envers Michon, écrit sous le coup de l'agacement suscité par la noria de questions prévisibles, voire stupides qui scandent cette succession d'entretiens. Compilation qu'on devine dictée par des raisons d'ordre strictement commercial. Et puis, tout de même, cet épluchage des carnets de la "Grande Beune"... et ceci : "Vous avez accepté une résidence d'écriture en Vendée. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?" Après le texte, le contexte... "Vous aimez les chiens ?"
Écrit par : C.C. | vendredi, 26 novembre 2010
Cher C.C., ce qui est ma déception face à Michon, c'est qu'il ne se pose pas cette question :
« Sommes-nous des Juifs ? Sommes-nous des Grecs ? Nous vivons dans la différence entre le Juif et le Grec, qui est peut être l’unité de ce qu’on appelle l’histoire. Nous vivons dans et de la différence, c’est-à-dire dans l’hypocrisie dont Lévinas dit si profondément qu’elle est “ non seulement un vilain défaut contingent de l’homme, mais le déchirement profond d’un monde attaché à la fois aux philosophes et aux prophètes ”.
Sommes-nous des Grecs ? Sommes-nous des Juifs ? Mais qui sommes-nous... d’abord des Juifs ou d’abord des Grecs ?... À l’horizon de quelle paix appartient le langage qui pose cette question ? Où puise-t-il l’énergie de sa question ?Peut-il rendre compte de l’accouplement historique du judaïsme et de l’hellénisme ? Quelle est la légitimité, quel est le sens de la copule dans cette proposition du plus hégélien, peut-être, des romanciers modernes :“Jewgreek is Greekjew. Extremes meet”(James Joyce) ?
Dans L’écriture et la différence, à propos de Emmanuel Lévinas, (p. 127-128)
C'est extrait de ma première note de blogue en octobre 2004... N'en déduisez point que je saisis tout Derrida. Mais il est des lueurs !
Écrit par : grapheus tis | dimanche, 28 novembre 2010
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