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dimanche, 28 octobre 2012

28 octobre 1967

Ce soir-là, je sors de l'Hôpital Parnet. Je remonte le ravin de la Femme Sauvage. Je chante. Je suis enfin heureux. 

Je suis père.

samedi, 20 octobre 2012

orphique, biblique

Une nuit de la semaine qui s'achève. Un mitan de cette nuit, une voix qui avoue "son livre de chevet", la Bible, mais reconnait modestement qu'il ne peut écrire ni "orphique"ni "biblique"; et la voix, devinée admirative, de nommer Pierre Emmanuel, Jean-Claude Renard, Jean Grosjean. C'est la voix de Robert Sabatier dont je n'ai jamais lu une seule page et dont sans doute je ne lirai pas, non plus, une seule phrase. Mais les trois cités, je les ai fréquentés dans un temps où je ne m'interrogeais guère sur les dieux — ils avaient été  ! — et sur dieu — il était encore !

Au matin je les ai, tous trois réouverts.

Emmanuel et son Tombeau d'Orphée, Renard et sa litanique incantation de Père voici que l'homme, lus dans l'intensité de la douleur, de l'absence irréversible pour l'un, dans la foi fissurée et le doute s'insinuant, pour le second. Toujours en quelque étagère à portée de la main, mais trop peu fréquemment ouverts.

Jean Grosjean, lui, avec son Apocalypse, ses Élégies, son Hiver, ses Parvis, ne m'a plus quitté.

L'eau qui affleure entre les saules invente un abîme d'étoiles. L'espace à y rêver je le déploie et il m'obsède.

Peut-être me parle-t-il à travers ce grand charroi de terre, d'arbres, de fleurs et de fruits, de ces dieux ou de ce dieu qui s'inventeront dans ce chaos où s'enchevêtrent ses mots et ses silences, la chevelure de la femme et l'abondance des pluies.

 

Orages qui passâtes au loin la nuit sur vos chars de ferraille, vous dispensez après vous des jours d'infinie bruine, et les toits luisants de larmes s'accoudent contre le ciel aveugle.

Un coquelicot crie dans l'orge bleue. Les bourdons, ci et là, plus lourds d'humidité que de pollen. De jeunes pommes ont le ventre qui gonfle. Comme tu te voiles le visage!

Et tout le jour procédèrent de grandes averses, défaisant les gloires d'églantiers, couchant sur le talus la sauge, échevelant les saules du ru. A peine entre le bruissement des robes si le soleil montra son égide.

Dans le soir calmé l'ombre des arbres s'égoutte sur les prêles, un rossignol mouillé bégaie, la plus haute feuille du tremble chuchote. Salut pâles jambes des avoines comme à l'heure où le faucheur affûte.

Marbrures des nuées dans le ciel. La roue montre un instant sur les forêts sa jante rouge. Les majestés égalitaires n'ont plus part qu'à l'étoile trifide.

Ma vue baisse n'était encore quelque ardente onde sous les aulnes. Au loin dialoguent avec la brise voix céleste et cor anglais. Déjà la lune hausse sur le toit sa face balafrée de vapeurs.

La pleine lune sur les arbres, son lait sur la noire giroflée dans une conspiration d'arômes. Telle est la paix exaspérée des rôles, un bonheur hanté par la voyelle de la hulotte.

Ta hanche je la sens nue, prête à tourner, m'appuyant la drupe de ton sein. Derrière tes yeux effrayants l'âme en extase, l'âme qu'on ne détourne plus. Les dieux qui ne sont pas toi passaient.

La Vehme à l'œuvre, Apocalypse


De Jean Grosjean, je maintiens au creux du corps vieillissant comme une incision douce et cruelle :

J'aurais aimé avoir longtemps vingt ans comme un busard qui plane.

 

 

 

jeudi, 18 octobre 2012

pour le 17 octobre 1961

Merci à ces messieurs de la Ve République de ces jours-ci.

Il n'est jamais trop tard pour reconnaître l'atrocité des conneries d'un service d'ordre commandé par un plus que "chelou" préfet de police. Et si ce n'est pas injurier les flics de cette époque, il est vrai que la mémoire du président d'alors voit s'ensanglanter un peu plus largement encore les taches de son vêtement de gloire.

Mais ce n'était que "problèmes d'intendance", n'est-ce pas !

dimanche, 14 octobre 2012

la pulpe des pommes écrasées

Ce matin, les mains dans la râpe extrêmement odorante des pommes, des "draps d'or", qu'ici en gallo, on nomme aussi pommes de Chailleux. Pluie à verse au dehors du pressoir. Et ce sont des bribes automnales de poèmes de Cadou qui me reviennent... toujours les mêmes, lancinantes et douces au bord du cliché, inépuisabes cependant qui suivent le geste de mes mains aplanissant la râpe, comblant les angles et refermant les jutes sous la presse encore haute qui, bientôt descendue, va extraire le jus mordoré.

 

Cadou et...019.jpgCadou, depuis avant-hier déjà relu dans la belle revue 303 qu'a édité la Région en 2009, et qui cette fois rappelle Cadou, Bérimont et l'École de Rochefort  : je scanne pour Nicléane quelques portraits qui illustrent la revue, croqués par Guy Bigot, Roger Toulouse, Jean Jégoudez, les amis de Cadou.

Et revient "l'habituel" portrait de Cadou par lui-même, que je retrouve à tout bout de champ dans les plaquettes, les dépliants, les revues, mais si souvent amputé de cette esquisse féminine qui livre seulement l'ovale d'un visage et la sensualité d'une chevelure reliée à celle même de Cadou. Le dessin serait daté du 19/9/48.

Cette esquisse féminine ? Comme une énigme.

Sans t'avoir jamais vue
Je t'appelais déjà
Chaque feuille en tombant
Me rappelait ton pas
La vague qui s'ouvrait
Recréait ton visage
Et tu étais l'auberge
Aux portes des villages



La vie rêvée, 1943.

vendredi, 12 octobre 2012

de retour

Les contreforts du Mondarrain et de l'Artzamendi qui dominent Itxassu sont plutôt démunis en wifi.

La lassitude d'une cure trop matinale et la paresse aidant, voilà pourquoi même le huitième anniversaire du blogue de "grapheus tis" n'a pas vu la trace de la moindre note et un silence débordant largement la durée du mois.

Mais en Pays Basque, les lectures y furent, cependant, rares et fécondes.

Quelques vers de Francis Jammes :

Le coteau est comme un sang noir et, du haut,
les montagnes nagent au ciel doux, simple et beau.
De l'autre côté des coteaux sont les villages
doux qui dorment au soleil comme des haches.
Là, il y a des tonnelles tristes au vieux jardin
où les poules grattent près des buis, des ricins.
La tonnelle en lauriers luisants est verte et noire.
Il y a un banc, au fond, en bois couleur de soir,
et qui est un peu humide, à cause de l'ombre,
même l'été quand le soleil est en bleu plomb.
Viens-y ! L'après-midi sera luisant.

Caügt...1895
De l'Angelus de l'aube à l'Angelus du soir

 

De François Bon, trois ou quatre autobiographies d'objets qui m'ont renvoyé avec délices et toute une cohorte d'humains côtoyés à quelques soixante années de moins : Le Toumelin, "mon" navigateur solitaire, la lessiveuse de ma grand'mère Gilais, "mon" Olympia, la première machine à écrire, mon premier Kodak Rétinette et ses diapos, le transistor d'Aïn N'Sour ! Déjà, quand l'homme du "tiers livre" rédigeait ses billets, il sollicitait les commentaires — et je ne m'en suis pas privé, — mais avec ce livre, l'invite à l'écriture se fait insistante.

« Comment croire que soi-même on provienne d'un tel monde ? »

 

Et puis, Pascale étant de passage, elle m'offre, sorti de la "librairie" de l'ami Étienne, un mince bouquin que je n'aurais jamais dû rater en 1984, tant j'étais en quête de ces informations et de cette analyse depuis mon retour en France, La guerre commence en Algérie de Mohammed Harbi.

Le mouvement de libération nationale n'était pas monolithique. A l'image des groupes sociaux, les familles politiques qui le composaient étaient dans des rapports conflictuels. Chacune d'elles, réformiste ou radicale, se présentait comme la détentrice par excellence de la vérité et recourait plus volontiers à l'exclusion qu'à la discussion. Toutes appartenaient cependant au camp anticolonialiste. Les affinités entre elles étaient nombreuses et le passage d'une organisation à l'autre courante... Les forces sociales emprisonnées ont été seulement contraintes de déguiser leurs actes.
...j'ai mis l'accent sur les données structurelles qui ont nourri les aspirations et façonné les mentalités. Sans une telle optique, il serait difficile de saisir pourquoi des hommes dont la résistance force l'admiration n'ont pas su devenir des hommes libres.


Les écritures ne furent que le laborieux et quasi monastique travail de remise du "blogue à l'endroit". J'achève à peine l'an 2006. Je ne cache point un certain plaisir à la relecture qu'oblige ce retour : ne fut-ce que parce, très involontairement, au fil de ces huit ans, c'est le projet de mon autobiographie de lecteur — modeste — qui s'écrit.

Vains dieux, au delà de ce mois de silence, je persiste en ce sillon en m'imposant plus grande assiduité.

À propos de dieux, parmi les recensions du Monde des Livres, un bouquin rare, bref, que je ressens hors-frontières : Il y a des dieux* de Frédérique Ildefonse.

Le philosophe chroniqueur du Monde, R.P. Droit,  joue au chroniqueur philosophe de Libération avec un titre à la "Libé" : Trop poly pour être mono. Mais, c'est vrai où sont-ils donc passés, ces dieux.

Sans doute y en a-t-il encore dans les latrines d'Héraclite** ?

Voilà où mènent huit ans de brinquebales à travers les écrans et le papier. Aux dieux qui, c'est une évidence, n'existent pas, aux "chiottes" d'un Grec obscur, à une vieille lessiveuse et encore, et encore, à des mots, des mots, des mots.

 

* Aux Presses Universitaires de France, octobre 2012.

** Possible de relire ma note du 8 février 2008 sur les visiteurs d'Héraclite

lundi, 10 septembre 2012

en vrac pour une fin d'été

de sournoises tendinites,

des heureuses amitiés de passage,

un blogue du type "fosse à bitume" du temps écoulé — dixit l'homme du tiers livre — que le grapheus ne maîtrisant guère son logiciel "Pages" tente de remettre à l'endroit, la tendinite du coude s'insinue dans le poignet, le métacarpe et les quatre doigts qui enserrent la souris et ne s'arrangent point les copie/coller et le replacement des images, pour des années de blogue à publier en codex dans Calaméo ??? Manie de vieil archiviste !

un écrivain qui prétend à l'ironie pour le moins maladroite et titre son pamphlet Éloge littéraire de Anders Breivik (sic),le tueur dans l'île de Utøya, que je ne lirai pas parce que trop modeste blogueur lecteur je n'ai point de service de presse et que jamais je ne dépenserai le moindre sous pour le lire, ça cause beaucoup dans le landerneau des lettrés, La meillleure chose entendue : à la Grande Table du 7 septembre, je relis toujours dans de pareilles occasions le Rien n'est sacré, tout peut se dire de Raoul Vaneigem, si l'on estime ce qui est dit écrit infâmant, à nous de brandir les bonnes armes : 

On ne combat pas et on ne décourage pas la bêtise et l'ignominie en leur interdisant de s'exprimer : la meilleure critique d'un état de fait déplorable consiste à créer la situation qui y remédie.

certains y remédient,

pour réanimer le passé et enrichir l'avenir : une belle Autobiographie des objets de François BON, il va me faire devenir "Proustien" , le diable d'homme,

 

 et une belle devise renvendiquée par un autre de "mes" auteurs

Otium et libertas.

 

Les notes du blogue en cette fin d'été qui déjà est début d'automne sera au gré des wifi basques.

mercredi, 29 août 2012

collision sur l'écran du lecteur

en écho à certain ministre assurant, ces jours, dans la presse locale, que certaine industrie "est une filière d'avenir" :

Face à l'énergie nucléaire, la lampe d'argile du poète suffira-t-elle à son propos ?
— Oui, si d'argile se souvient l'homme.
 
 

Saint-John Perse
Allocution au Banquet Nobel du 10 décembre 1960

mercredi, 22 août 2012

Amers

 rade Lorient - copie.JPG

Entrée de la rade de Lorient, Passe de la Citadelle, ©Nicléane


AMER, s. m. Mark, Leading mark. Moulin, tour, clocher, bouée, balise, objet, enfin, fixe et remarquable, situé sur une côte ou en mer, et qu'il est convenu d'employer soit seul, soit combiné avec d'autres pour des relèvements ou pour des indications qui s'y rattachent, à l'effet de faire connaître la route à suivre près de terre ou dans les passes des rades et des ports. Les Amers convenus sont marqués sur certaines cartes, et la manière de les combiner est minutieusement décrite dans les ouvrages et les instructions qui traitent de la navigation et du cabotage.

Les Amers servent encore à préciser la position qu'on a prise au mouillage; par eux, on s'aperçoit si un mauvais temps fait varier cette position.

Ils ont enfin pour but, lors d'un atterrage, de faire connaître un port, un mouillage ou tel autre point important.

Les pilotes côtiers doivent très-versés dans la connaissances des Amers des lieux qui sont de leur ressort.

Dictionnaire de la marine à voile, Bonnefoux & Paris, Éditions de la Fontaine au Roi, Paris 1987, (réimpression d'un ouvrage de 1856)


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  Tourelle du Rouleau, cardinale Ouest , Passage du Béniguet entre la Chaussée du même nom et l'île de Houat, ©Nicléane


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Tourelles des Esclassiers, cardinale Ouest et cardinale Est, Chaussée du Béniguet, dans l'est du passage de La Teignouse, ©Nicléane

 

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Golfe du Morbihan, la Maison Rose, entrée de la rivière de Conleau, ©Dac'hlmat


mercredi, 08 août 2012

déserté à nouveau le jardin


« ...Et les pluies sont passées de nul interrogées. Leurs longs trains de présages s'en sont allés, derrière les dunes, dénouer leurs attelages. Les hommes pleins de nuit désertent les sillons. De lourdes bêtes conjuguées s'orientent seules vers la mer.

Et qu'on nous tance, ô mer, si nous n'avons aussi tourné la tête... La pluie salée nous vient de haute mer. Et c'est une clarté d'eau verte sur la terre...

(Et, là, que voulions-nous dire, que nous n'avons su dire ?)

 

Saint-John Perse, Amers, VI

lundi, 06 août 2012

saluer Chris Marker

 

 « Mais il chercha d'abord le visage d'une femme,
au bout de la jetée. Il courut vers elle. »

 

La Jetée

 

Et pour célébrer une fois encore la Vie vraie, Marker offrait à l'inattentif ce cillement de la femme qui en souriant s'éveille.

mercredi, 01 août 2012

au bord des sables comme des bribes d'or



pour Abderrhamane Boulkour
vieux travailleur émigré et lutteur insensé
qui, quelque part dans Nantes,
sur un lit d'hôpital, tente de ne pas mourir

 

cette glane de mots tracés par ses "sœurs" et ses "frères" de terre natale, recueillie par vent arrière entre Houat et Belle-Île.

 


À la saignée des bras les oiseaux viennent boire

Anne Gréki, Algérie capitale Alger


 

...le sang verset de la lumière

Nabile Farès, Absence des sources


 

              ...à l'écoute des fontaines si rares


Mais si belles que les jasmins et les roses
Rescapés de miracle nous tissent d'impossibles aurores

M'Hamed Aoune, Après les grottes


 

...d'ile en île
Nous osons la calligraphie inquiète

Jamel-Eddine Bencheikh, Le conte immergé



la mer comme un couteau dans la mémoire

Abdelmajid Kaouah, Par quelle main retenir le vent




Il dit

Seigneur
Je vous rapporte
Intacte

Ma part de haine
Comptez !
Je n'ai rien dépensé.

 


Mourad Bourboune , Le Pélerinage païen




Je cherche l'encrier des siècles


Hamid Skif, Poèmes d'El Asnam et d'autres lieux

 

 

à bout de mémoire
et accablée d'îles


Mohamed Dib, Femme par chance



Quand la nuit se brise, anthologie de la Poésie Algérienne, éditions Points, février 2012

 

 

 

 

samedi, 28 juillet 2012

lectures en mer et "petite poucette"

au port du Crouesty, à l'entrée du golfe du Morbihan, là, où sans doute, il y a plus de 2000 ans, les Vénètes et César se livrèrent une parmi les belles batailles navales de ce coin de mer*.

 

DSC_4609.jpg

 

Toujours, dans la bibliothèque du bord, il y a à portée de langue un verset des Amers.

Guide-moi, plaisir, sur les chemins de toute mer; au frémissement de toute brise où s'alerte, l'instant comme l'oiseau vêtu de son vêtement d'ailes... Je vais, je vais un chemin d'ailes, où la tristesse elle-même n'est plus qu'aile...

Saint-John Perse, Amers

 

Mais il y a plus terrien. Comme L'art de vieillir de John Cowper Powys qui recommande, entre autres conseils de longévité, de traduire pour soi-même Homère et de se référer au dictionnaire grec, le Liddell-Scott, l'équivalent de notre Bailly, et plus souvent encore à la grammaire grecque :

cette "laisse de la marée, entre le rivage sablonneux et la mer infinie, éparpillée avec ses magiques trésors, coraux, étoiles de mer et toutes les coquilles de nacre possibles et imaginables... Et ces merveilles de la laisse de marée qui craquent ou se brisent sous des pas insouciants, qui gisent sur les strates des rivages de l'esprit des personnes âgées ne proviennent pas seulement d'événements extérieurs. Elles ont dérivé depuis ces mers paradisiaques que sont les livres".

Dac'hlmat a aussi embarqué un autre livre de terrien, d'un vrai "glaiseux" de Corrèze, le Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux, comme un contre-point aux "laisses de mer" d'Homère, de Perse et de Powys. J'en reparlerai.

 

 Comme à bord, depuis une semaine, vit, manœuvre et barre DSC_4515.jpgquand elle ne dort point et que ses pouces ne s'agitent pas avec agilité sur les claviers, la seconde de mes "petites poucettes", j'ai glissé le mince mais fécond bouquin d'un qui fut jadis marin, de Michel Serres, Petite Poucette, au long mais explicite sous titre, le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d'être et de connaître...

Bouquin qui m'a permis, tout vieux "geek" que je suis pourtant, de réaccorder mon mental à celui de mes deux "petites poucettes", Célia et Noémie.

Les sciences cognitives montrent que l'usage de la Toile, la lecture ou l'écriture au pouce des messages, la consultation de Wikipédia ou de Facebook n'excitent pas les mêmes neurones ni les mêmes zones corticales que l'usage du livre, de l'ardoise ou du cahier. Ils peuvent manipuler plusieurs informations à la fois. Ils ne connaissent, ni ne synthétisent comme nous, leurs ascendants. Ils n'ont plus la même tête.

Et ça n'empêche point de nous aimer !

 

Note-bene : la photo prise, hier matin, par Nicléane, dans le léger gris-bleu que nous accordait la Bretagne-Sud, est la Goué Vas Est, bouée rouge, latérale babord qui balise l'entrée du passage de la Teignouse quand nous venons du large.

* César, La guerre des Gaules, Livre III, 13 à 16. Sensible au trop grand effort exigé par le Grec, Cowper Powys déconseille la pratique du latin : « Le Latin s'arrogera bien entendu la deuxième place » même s'il estime que cette langue « ne saurait cependant jouer un dixième du rôle joué par le Grec losrqu'il s'agit d'apporter aux Occidentaux que nous sommes de l'eau au moulin de leurs sens et des leur esprit ».

vendredi, 20 juillet 2012

pour un départ


Le vent se lève. Hâte-toi. La voile bat au long du mât. L'honneur est dans les toiles; et l'impatience sur les eaux comme fièvre du sang. La brise mène au bleu du large ses couleuvres d'eau verte. Et le pilote lit sa route entre les grandes taches de nuit mauve, couleur de cerne et d'ecchymose.

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... Et la mer, de partout, nous vient à hauteur d'homme, pressant, haussant l'essaim serré des jeunes vagues, comme mille têtes d'épousées...

Saint-John Perse, Amers, IX, 6.

samedi, 14 juillet 2012

Le matin du 14 juillet

"Comme d'habitude",

 


"Et pendant ce temps-là".... Finkielkraut dans ses Répliques geint à propos de la Toile, des livres numériques et de ces écoles qui ont des micro-ordinateurs. Heureusement, son interlocuteur matinal, le "bonhomme" Chartier et ses adorables chuintements sur les labiales, quand il évoque les supports antiques, médiévaux, renaissants et actuels des écrits, quand il précise la Lecture et LES lectures, me met du baume au cœur !

samedi, 07 juillet 2012

Kurun au Croisic

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C'était le 7 juillet 1952, il y a soixante ans, Le Kurun achevait son périple. Je me souviens de la première page de notre quotidien familial, la Résistance de l'Ouest : elle enchanta mon adolescence. Le Toumelin, un caractère de cochon, mais un fieffé marin !

Une parmi de bonnes raisons d'avoir un jour écarté le quai du pied ?

Et arpenter, à mon tour, ces traces qu'il ramenait dans ses flancs.

 

...Des terres neuves, par là-bas, dans le très haut parfum d'humus et de feuillages

Des terres neuves, par là-bas, sous l'allongement des ombres les plus vastes du monde...

Saint-John Perse
Vents, II, 1.