samedi, 25 juin 2011
juin ne sera donc qu'images
Des rives de l'estuaire vers :
Sarlat ( "parce que c'était lui, parce que c'était moi")
Saint-Cirq la Popie
(Pour André Breton et ses agathes du Lot, mais j'ai refusé d'acquitter le "péage" pour visiter le village)
Plaisance du Touch ( près de Toulouse) pour me perdre une journée entière dans la "librairie très montaignienne" de l'ami Étienne, à peine retrouvé et déjà perdu, l'homme du Lycosthénès : cinquante éditions des Essais, sur ses étagères, depuis celle de Marie de Gournay en 1602 jusqu'à la plus récente de la Pléiade :
La vallée d'Aure
et les crêtes du Mont Perdu
Puis, de cols en vallées, jusqu'Arette pour fêter dans l'amitié fervente, des noces de Diamant.
Traversées des Gaves et des Landes, la virée de Gascogne s'achèvera aux rivages du Bassin d'Arcachon quand l'Océan le pénètre encore — mais pour combien de siècles ? — par la passe Nord du Cap Ferret.
Sans ordinateur à bord, sans iPad, sans iPhone. Un vieux cahier de 96 pages à peut-être noircir : demain, Dac'hlmat mouillera dans son estuaire de Vilaine pour larguer au petit matin du 26 juin.
« Et nous (serons) soudain de ce côté du soir et de la terre où l'on entend croître la mer à nos confins de mer...»
Saint-John Perse, Amers, IV
Ce sera donc encore pour quelques marées un silence de blogue.
Post-scriptum : Les photos sont de Nicléane.
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samedi, 21 mai 2011
contre les "marées noires" bis
Sachant que quand se refermera ce déferlement, il ne soit ne pas oublier :
Dire le vrai ne suffit pas. Il faut dire le juste.
Germaine TILLION
09:03 Publié dans la guerre, les civiques | Lien permanent | Commentaires (1)
contre les "marées noires"
En ces temps de marée noire quand à propos d'une femme, d'un homme, "on" dit tout et autre chose encore, dans un ressassement épais et nauséeux, reprendre cette citation du joli mai sur Vilaine
... le devoir de tout citoyen est d'abord de se renfermer, par discipline, en solitude et de tracer une ligne de douanes sévères contre les opinions sans auteur qui voltigent autour, comme des mouches. Un bon chasse-mouches d'abord, contre les journaux et revues.
Alain
Mars ou la guerre jugée
06:34 Publié dans la guerre, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 18 mai 2011
Soufi
à Jobic "le fouineur"
La nuit dernière, il n'y avait aucune incompatibilité entre la voûte carolingienne de l'Abbatiale de Sant-Philbert de Grand'Lieu et les mélodiques extatiques du chant soufi de Nourredine Khourshid.
La voûte romane n'est-elle pas déjà une préfiguration de la danse des planètes, cet arkana du derviche qui tournoie, la main droite ouverte élevée vers le ciel, la main gauche, à hauteur de la hanche et tournée vers la terre ?
Et quand Djalâl-od-Din-Rûmi, narrant dans le Mathnawi, l'histoire de ce fainéant qui priait le dieu de subvenir à ses besoins et qui était exaucé au grand scandale des croyants, rejoint Paul Lafarge dans son éloge de la paresse, je ne puis qu'atteindre une certaine extase.
Dans ta convoitise, tu es un esclave. Dans ton désespoir, tu es un homme libre.
Les Soufis n'auraient-ils donc point lu qu'Aristote ?
Mais aussi Démocrite ? Épicure ? Lucrèce ?
17:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 08 mai 2011
joli mai sur Vilaine 5
ces notes de Vilaine dédiées à Boualem Sansal qui illumina d'un courriel ce 8 mai
Pour clôre sept jours de relative solitude, quelques pages écrites, d'autres envolées parce que non sauvegardées et donc des pages réécrites.
Dieu sait si l'on s'était figuré ça autrement.
La lisière d'un bois dans sa verdure première, une prairie couverte de rieurs et des coups de fusil qui claquent dans le printemps. La mort qui va et vient comme papillon entre deux lignes de tirailleurs de vingt ans. Le sang noir giclant sur les tiges vertes, les baïonnettes aux feux du matin, les trompettes et les drapeaux, ballet de rutilante joie.
Ernst Jünger
La guerre comme expérience intérieure
Post-scriptum :
Héraclite aurait pu ouvrir ce "joli mai sur Vilaine". Il le conclut.
Πόλεμος πάντων μὲν πατήρ ἐστι, πάντων δὲ βασιλεύς, καὶ τοὺς μὲν θεοὺς ἔδειξε τοὺς δὲ ἀνθρώπους, τοὺς μὲν δούλους ἐποίησε τοὺς δὲ ἐλευθέρους.
Le Combat est père de tout, de tout il est le roi, il dévoile ceux-ci comme dieux et ceux-là comme hommes, les uns, il les fait esclaves et les autres, il les rend libres.
Héraclite
Fragment 53
(selon Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 4.)
17:28 Publié dans la guerre | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 07 mai 2011
joli mai sur Vilaine 4
Marcher dans le parfum sucré des genêts, guetter bientôt l'odeur plus sexuée des châtaigners.
... le devoir de tout citoyen est d'abord de se renfermer, par discipline, en solitude et de tracer une ligne de douanes sévères contre les opinions sans auteur qui voltigent autour, comme des mouches. Un bon chasse-mouches d'abord, contre les journaux et revues.
Alain
Mars ou la guerre jugée
Maintenant, nous y sommes. Il n'est plus trop tôt pour le dire, la formule « force reste à la loi » tend à s'inverser et à devenir : « loi reste à la force ». Certes, jamais la loi n'est tout à fait ce qu'elle paraît, c'est-à-dire qu'elle n'a jamais comme seul but de maintenir les justiciables égaux devant elle. Elle est conservatrice et fournit par conséquent aux titulaires de privilèges le moyen de les exercer, elle défend une société dont elle est l'émanation ...
Casamayor
La Loi
Esprit, avril 1958
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jeudi, 05 mai 2011
joli mai sur Vilaine 3
Au hasard des pages comme au hasard du chemin.
C'est l'un des délices de la vie que de la voir, alors même que la mort se déchaîne en égorgements par guerres, révolutions et pestilences, passer légère, bigarrée et farceuse comme jamais.
Ernst Jünger
La guerre comme expérience intérieure
La disparité entre l'information que peuvent recueillir les forces rebelles et celle que possèdent les ennemis est l'un des points forts de guérilla. Tandis que ces derniers doivent traverser des régions hostiles où ils ne rencontrent que le silence impénétrable de paysans bourrus, les rebelles, eux, comptent un ami, voire un membre de leur famille dans chaque maison...
Che Guevara
La guerre de guérilla
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mardi, 03 mai 2011
joli mai sur Vilaine 2
Au matin s'ouvraient les chemins dans le coteau.
Allons, sérieusement qu'as-tu appris à la guerre?
- J'ai appris que la passion de gouverner est sans doute la source de tous les maux humains. Que le maître devient méchant par l’exercice du pouvoir absolu. Que la colère lui gâte l’estomac. Que les sentiments guerriers viennent de l’ambition, non de la haine. Que tout pouvoir aime la guerre, et qu'il faut réduire énergiquement les pouvoirs de toute espèce, quels que soient les inconvénients secondaires, si l'on veut la paix. »
Alain
Mars ou la guerre jugée
....ce sont (les) faibles détachements qui alimentent précisément le feu de l'insurrection. Il arrive que, de côté ou d'autre, la multitude les accable par le nombre ; le courage et le goût de la lutte s'en accroissent chez les insurgés, et dès lors l'intensité de ce combat ne cesse d'augmenter jusqu'à ce qu'elle arrive au point culminant qui doit décider de l'issue.
D'après la manière dont nous concevons la guerre d'insurrection, elle doit par sa forme ressembler à un gaz ou une vapeur, ne se condensant sur aucun point en corps de résistance.
Clausewitz
De la guerre
16:07 Publié dans la guerre | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 01 mai 2011
joli mai sur Vilaine 1
Choisir le plus grand des petits fleuves, plutôt qu'un monastère.
Et le carré d'un voilier, de préférence à une cellule.
Emporter un petit Mac et quelques provisions de bouche pour quelques jours.
Des bouquins plutôt décalés dans le paisible du paysage :
Mars ou la guerre jugée d'Alain
De la guerre de Carl Von Clausewitz
La guerre comme expérience intérieure d'Ernst Jünger
L'art de la guerre de Sun Tzu, traduit par le père Amiot (en version numérique)
La guerre de guérilla de Che Guevara
Histoire de la guerre d'Algérie de Bernard Droz et Evelyne Lever
Écrire contre la guerre d'Algérie 1947-1962 de la revue Esprit
Il fallait bien pour la paix de l'écrivailleur des champs de colza finissants, des blés en belle herbe et des semis de maïs encore discrets pour faire resurgir un passé de merde et de feu et arpenter un présent de sérénité, qui ne veut être d'oublieuse mémoire.
Post-scriptum : Il m'eût été salubre d'emporter aussi en contre-point Le bonheur ou l'art d'être heureux par gros temps de Jean Salem. Il fut oublié sur un banc de jardin.
03:00 Publié dans la guerre, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 22 avril 2011
Tamloul au matin du 21 avril 1961
J'ai vaguement entendu Carbone et Tidjane, au retour de leur embuscade, s'entretenir avec Tardier qui était de garde dans l'angle de la cahute.
Les gars chargés de l'ouverture de la porte sud du regroupement et et de celle du parc à bestiaux sont déjà descendus. Les jeunes bergers qui mènent leurs troupeaux de moutons et de chèvres paître jusqu'au soir aux limites de la zone interdite sont des matinaux.
Sept heures. Machinalement, j'allume le "transistor" règlé sur France V, l'ancienne Radio-Alger. Bizarre ! de suite le fameux chant, la Marche des Africains, repris très vite en boucle.
De suite, le souvenir des barricades de janvier 60. « Merde ! Ils remettent ça ! »
Qui ça, "Ils" ? Les mecs de l'Algérie française, ceux de mai 58, ceux de janvier 60. Les cons !
Et la Marche des Africains toujours reprise en boucle, suivie de tout le "folklore" des musiques militaires, chants "paras" et airs en fanfare des conquêtes coloniales.
Merde. Les gars dans la cahute sont réveillés. On s'interroge. Et lancinante, la foutue Marche.
À sept heures trente, lors de la vacation du matin qui relie les postes de la IIème Compagnie et le Bataillon, je décide de demander à parler à Willy et à Jean, le toubib, qui, là-haut à Rhardous, sont les copains sous-lieutenants appelés.
Très vite Willy au "bigophone". Lui aussi écoute et s'interroge. Très vite aussi : « Si "ils" nous préparent un nouveau 13 mai, on ne marche pas ! C'est clair. » Nous décidons de mettre en alerte tous les appelés.
À huit heures trente, enfin une voix :
« Officiers, sous-officiers, gendarmes, marins, soldats et aviateurs, je suis à Alger...»
Ça dure deux minutes, c'est Challe et les autres. C'est un 13-mai sans De Gaulle. Contre de Gaulle. On a compris, tous les gars sont aux transistors et c'est « Merde ! Et la quille ? » Sans doute ces premières réactions sont d'un très bas niveau citoyen, mais elle seront le soubassement du refus.
Vite à nouveau, aux vacations radio de 9 heures, vacations assurées par les appelés, de postes de sections à postes de compagnies, jusqu'au bataillon, de piton en piton, jusque dans les hameaux des vallées, le message va passer : « Nous ne marchons pas ! » Je monte avec Launay à Rhardous, une grimpette d'un quart d'heure en petites foulées. La-haut, tous les copains appelés, simples bidasses et gradés, les métropolitains et les FSNA, les Français de souche nord-africaine, sont sur l'esplanade.
« C'est non ! »
Ils nous délèguent pour aller voir Marcadot, le capitaine qui n'est pas encore sortit de sa "piaule". Soucieux, lui aussi, mais qui tente de temporiser et minimiser. Nous le savons vélléitaire. Et lui affirmons, tout à trac que nous ne sommes pas sûrs du comportement de Fromont, notre commandant de bataillon qui a "toute la gueule" à se rallier aux mecs du coup d'état. Ni même du sien, d'ailleurs. À bon entendeur...
Nous "bigophonons" à Bultat au poste de commandant ; c'est notre ancien patron du Commando de chasse ; sur lui, nous faisons fond pour, éventuellement, neutraliser Fromont.Et tant que nous y sommes, nous demandons liaison avec le PC du secteur de Cherchell, manière d'avertir le colonel du secteur qui est aussi le commandant de l'École d'appplication de Cherchell de notre position. Je me suis naguèrement durement affronté à lui à propos de Tamloul, mais notre relation est très vite devenue chaleureuse. Au-delà d'une relation de supérieur à subordonné; de colonel d'active à "sous-bit" appelé. Il est proche de De Gaulle.
Nous avons Corme de Saint-Aubin lui-même. Il nous remercie de la rapidité de notre appui et affirme sa détermination à s'opposer à cette fronde. Marcadot n'a pipé mot.
Le lendemain à 20 heures, De Gaulle lancera son appel à l'obéissance citoyenne du contingent, "ces cinq cent mille gaillards munis de transistors", il ne l'a point provoquée.
Nous l'avions précédé.
Il a confirmé notre refus.
Post-scriptum :
Sur cette rébellion d'avril 1961, on peut lire:
La Fronde des Généraux, Jacques Fauvais, Jean Planchais, chez Arthaud, 1961.
C'est relaté par le "haut". Quelques lignes entre les lignes pour... les appelés.
Pour celles et ceux qui auraient oublié ou qui ignoreraient, manière d'apprendre ou de se remettre en mémoire sur Wikipédia : Le putsch des généraux.
Cette note a été rédigée entre quatre heures et sept heures du matin, heure pour heure, jour pour jour, après ces événements qu'elle relate, vécus, il y a cinquante ans, dans l'obscur.
Mais dans le corps, c'est encore hier.
Les prénoms et noms des appelés ont été respectés ; modifiés, les noms des officiers d'active qui sont cités.
Pour le contexte, il est possible de lire dans les "pages" de ce blogue, Tamloul I.
06:40 Publié dans la guerre, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 21 avril 2011
ne pas oublier ce matin d'avril 1961
Tamloul, depuis le début avril, serait donc devenu un paisible village de regroupement.
Paisible, est-ce trop dire ? Pour ces deux cents familles paysannes parquées dans des huttes de branchages, si loin de leurs douars abandonnés sur les flancs du Bou Maad ?
Un printemps tiède qui ne fait pas croire à la guerre.
Pourtant, nous "ne relâchons point la garde". À 23 heures, ce vendredi 21 avril 1961, Carbone et Tidjane sont allés en embuscade dans le quartier nord-est du regroupement. Ils reviendront vers 2 heures.
La nuit s'annonce belle. Sera-t-elle calme ?
22:49 Publié dans la guerre, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 13 avril 2011
nous larguons
Cet après-midi, ceint de ma grand'paternité, de quelques vivres et bouquins numériques sur le MacBook Pro — un certain Après le livre *déjà cité en note du 1er avril et Vents de S.J Perse —, je largue pour cinq ou six jours.
Passer l'écluse, quitter l'estuaire entre Kervoyal et la pointe de Halguen, hisser la grand'voile. Vers l'ouest.
Je ne rends pas encore "la barque prêtée", comme l'écrivait le grand navigateur de l'océan et des sables, Thédore Monod.
Je ne pars point encore vers le pays des hommes " qui ignorent et la mer et le goût du sel".
Dans le calme des ports, j'attends de mes petites-filles qu'elles m'affûtent à FaceBook et autres réseaux...
* à relier à "de quoi la page WEB est-elle le nom ?" quand l'homme à l'aiguille dans la botte de foin relie (relit) page Web et enluminure.
11:43 Publié dans les lectures, les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 10 avril 2011
profusion
Profusion printanière au jardin — cela va de soi avec le bel ensoleillement de ces deux dernières semaines.
Sur la table du lecteur, la profusion devient confusion quand au traité de jardinage, le dernier cri, Le guide pratique du du potager en carrés, s'entremêlent philosophiquement — La traversée des catastrophes et Le bonheur ou l'art d'être heureux par gros temps — poétiquement — les Œuvres complètes de Rimbaud, Les poètes de la Méditerranée et Le testament d'Apollinaire — exotiquement — La carte d'identité de JeanMarIe Adiaffi — et depuis jeudi, — Manuscrits de guerre de Gracq et Tumulte de François Bon — ce dernier pour une relecture un peu hâtive.
Tous ces bouquins, parce qu'il faut bien vivre, littéralement et dans tous les sens.
À propos du "Gracq", j'ai, à la lecture du titre de la rubrique de FB, cru à un poisson d'avril.
Allant par la rive droite du fleuve à Bouchemaine chez mon "petit" frère, je venais de longer l'Île Batailleuse et il m'est toujours difficile en ces parages de faire abstraction de Julien Gracq et de ses bouquins, plus difficile encore de ne pas regretter d'avoir, sur le pas de la porte de Louis Poirier, suspendu le geste de soulever le heurtoir, naguère — jadis !
J'étais donc entré une fois de plus en "Gracquie", et pour quelques heures, quand j'ai lu dans le tiers livre dudit FB : Julien Gracq sniper.
Jeudi, le 7 avril au matin, les bonnes librairies nantaises et la FNAC présentait le "sniper" en tête de gondole. Ouest-France, Libé, Le Monde y allaient de leur page sur les Souvenirs de guerre de Louis Poirier, éditorialement devenus Manuscrits de guerre.
... Le fusil-mitrailleur, comme au temps où les grenadiers
prussiens tiraient « en seringue » — puis toute la colonne pliée
en deux, cheminant entre deux vins, du pas du caporal
Bidasse, le fourreau de la baïonnette serré dans la main
gauche, discutant de ses petites affaires dans son bas-breton
caillouteux, mangeant — buvant, — butant, secouée comme
de hoquets de rires homériques aux bordées de jurons
nobles qui jaillissaient de l'avant à chaque franchissement
de haie. Une drôle de collision - qui faisait dans l'esprit des
étincelles peu ordinaires - entre la Débâcle du père Émile
et les aventures des Pieds Nickelés.
page 233.
Quant à la réouverture de Tumulte, voici qu'à nouveau se relance, pour mes petits écrits sur la Toile, le grand intérêt d'un échange sur lectures et écritures qui s'éloignent des odeurs de colle et d'encre, des crissements d'acier du "laguiole" qui découpe les pages, du glissement du "feutre, de l'incision de la plume, du pli sacré du codex.
Ma vieille compagne d'Éducation populaire m'a invité à passer la matinée, petit ordi sur les genoux, à faire resurgir les vieilles utopies. Grâce à l'auteur du Tumulte.
20:45 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 avril 2011
anachronisme chez le liseur ?
Je suis à l'aise dans mes anachronismes de lecteur.
Certes, depuis un an ou deux, je m'en vas, encore sans iPad, dans les livres numérisés, alléché par l'accumulation généreuse et si peu onéreuse de publie.net : j'ai, d'abord, utilisé le traditionnel "acrobat reader", puis j'ai ouvert un compte privé chez Calameo et depuis peu, préparant l'acquisition d'un iPad — hypothétique, vu l'augmentation pharaonique de la retraite — Calibre.
De L'art de de la guerre et de L'Olive, passant par Les poèmes d'Ossian et Aurélia, à S'écrire mode d'emploi, La chambre des cartes et Après le livre... s'enrichit d'une trentaine de titres, la librairie numérisée. En attendant la bibliothèque universelle, thème qu'abordera en mai prochain, à l'Université permanente de Nantes, l'homme d'affordance.com, qui est, sur l'Internet, comme "une aiguille dans la botte de foin".
Mais voilà ! sur les étagères, j'ai encore quelques livres de chez José Corti, de chez Rougerie, qui nécessitent encore le coupe-papier — en l'occurence, un faux-vrai Laguiole, quand ce n'est pas le bon Opinel, grand ouvreur d'huîtres..
Depuis longtemps acquis, ils furent, sans être oubliés, remisés dans le second rayon pour une lecture à plus tard. Ainsi deux Bachelard, premières et dernières pages coupées, La terre et les rêveries de la volonté, L'air et les songes. Ainsi de J.C. Mathieu, La poésie de René Char, aux pages découpées selon le seul intérêt pour tel ou tel poème.
Et encore celui-ci, vraiment laissé pour compte par ennui de liseur — ça arrive : on peut être grand poète et médiocre critique —, Le testament d'Apollinaire de René Guy Cadou et dont les pages sont à nouveau découpées
Si je n'ai jamais été un "accroc" de l'odeur du papier — ce ne sont que de vieilles vapeurs de colle, pas toujours très saines, que hume le nez lecteur — le crissement de l'acier qui s'insinue dans le pli des pages encore scellées, laissant de minuscules flocons de papier sur les genoux, m'a toujours été l'annonce d'un mystère qui enfin va se dévoiler.
Le bonheur !
Anti-moderne ? Post-moderne ? Immoderne ? comme il fut dit ce matin à propos de Rimbaud sur France Cul.
Liseur, lecteur, liseur.
11:44 Publié dans Cadou toujours, les lectures, Web | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 27 mars 2011
quand Homère se répète
à Noémie, fille de ma fille.
En écho à ce même jour de 2010
Ce jeudi passé, lors de l'atelier de Grec ancien, notre "bon maître" le situait au Chant XXIV, nous échangions à propos de ce passage, je persistais en le maintenant au Chant XXIII, ayant d'ailleurs oublié que la première référence est au Chant XI quand Odysseus rencontre le devin Tirésias aux Enfers. Le vieil Homère pratique déjà le pédagogique adage latin "Bis repetita placent" — les choses répétées deux fois plaisent.
Ce n'est point que le passage cité soit fort joyeux, mais il aborde d'épicurienne — stoïcienne, affirmeront certains ! — manière teintée d'une note marine notre commun avenir.
Noémie, ce matin, m'ayant donné rendez-vous dans cinq ans pour ses vingt ans — donc aussi pour mes ...soixante ans qui la précèdent, je me dois de remettre encore à quelques années ce jour où je prendrai sur mon épaule ma "bonne rame bien faite".
Je le ferai donc, et sans rien te cacher
Ton âme n'en aura nulle joie; et moi-même
non plus, car il m'a ordonné d'aller de ville en ville
par le monde, tenant entre mes mains ma bonne rame,
jusqu'à ce que je trouve ceux qui ne connaissent pas
la mer, et qui ne mêlent pas de sel aux aliments;
ils ne connaissent pas les navires fardés de rouge,
ni les rames qui sont les ailes des navires.
Ensuite il me donna le clair indice que voici :
lorsque quelqu'un, croisant ma route, croira voir
sur mon illustre épaule une pelle à vanner,
alors il m'ordonna, plantant ma bonne rame en terre
d'offrir un sacrifice au seigneur Poséidon :
bélier, taureau, verrat capable de couvrir les truies,
puis de rentrer chez moi, d'offrir les saintes hécatombes
aux Immortels qui possèdent le ciel immense,
dans l'ordre rituel. Et la mort viendra me chercher
hors de la mer, une très douce mort qui m'abattra
affaibli par l'âge opulent; le peuple autour de moi
sera heureux. Voilà tout ce qu'il me prédit. »
La sage Pénélope alors lui répondit :
« Si les dieux te concèdent une vieillesse moins amère,
l'espoir nous reste d'être un jour déchargés de nos maux.
Tels étaient les propos qu'ensemble ils échangeaient.
Homère, Odyssée, Chant XXIII, 265-287
Je tiens à achever cette note, pour redonner une joie bonne et sereine à cette séquence, par les quelques versets qui suivent :
Alors
ils retrouvèrent avec joie la loi du lit ancien
.................................................................
(et)
Lorsqu'ils eurent joui des plaisirs de l'amour
ils s'adonnèrent aux plaisirs de la parole.
Post-scriptum : Hommage à celui qui traduit ainsi Homère : c'est Philippe Jaccottet en 1982, chez François Maspéro.
17:00 Publié dans Les antiques, petite Odyssée portative, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (2)