mercredi, 27 mars 2013
enfin passé l'âge
L'âge de céder à cette consigne tintinophile "À lire de 7 à 77 ans". Adieu à Hergé, aux pantalons de golf, au caniche, aux vocalises et aux vignettes injurieuses et pseudo-blasphématoires.
Libre de lire, sans adjuration aucune,
Pichard et son Ulysse,
Crépax et son Anita,
Fred et son Philémon,
Hugo Pratt et son Corto Maltese.
23:55 Publié dans les autres... arts, les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 14 mars 2013
un Pape argentin ?
Qu'en eût pensé ce mécréant de Jorge Luis Borgès qui écrivait dans L'auteur et autres textes ?
Nous avons tiré les pesants revolvers... et, gaiement, nous avons tué les Dieux.
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mardi, 12 mars 2013
s'en aille l'hiver
À peine la descendance de la "fileuse" et du "laboureur" établie*, voici qu'a surgi le "gentilhomme". Du moins quelque bâtard du dit. Dans la lignée des Mérand-Bretaudeau, celle d'Augustine Marie, ma grand-mère paternelle, l'héroïne de "La sciences des ânes"**.
Bâtard, on dira petit-bâtard comme on dit petit-fils, puisqu'il s'agit de Louis Meschinot marié à Jehanne Pélerin en 1685 à Boussay.
J'avais souvent, dans ma petite enfance, été intrigué en entendant ce nom des Meschinot, nom qui me rejoignit au temps de mon adolescence dans les pages du manuel de littérature du Chanoine Des Granges au chapitre des Grands Rhétoriqueurs.
Jean Meschinot, seigneur des Mortiers en Monnières, près de Clisson, maître de quelques modestes fiefs — terres arables et vignes — qui lui permirent vivre en portant le harnois pour les ducs de Bretagne; il détestait le roi de France, Louis XI et acheva sa carrière en qualité de "maître d'hôtel" de la duchesse Anne de Bretagne. Plus écrivassier que gentilhomme, il écrivit ces fameuses Lunettes des Princes, entre 1461 et 1465, qui furent le premier livre imprimé à Nantes en 1493 par Étienne Larchier. À lire pour paisiblement s'ensommeiller ! Mais en glanant, de fort beaux vers s'y donnent.
Fut-il le grand-père de mon ancêtre Louis ?
Cecy m'advint entre esté et autonne,
Ung peu avant que les vins on entonne,
Lors que tout fruict maturation prent;
L'ung jour faict chault, l'autre pleut, vent et tonne,
L'air fait tel bruyt que la teste en estonne.
A nous mûrir celuy temps nous aprent,
Car, qui des biens lors n'asserre, il mesprent,
Pource qu'après hyver froit nous sourprent.
Qui n'a du bled ou du vin en sa tonne,
Au long aller son deffault le reprent;
Aussi, enfin, qui bien cecy comprent,
Cil jeûnera qui n'a fait chose bonne.
Ceci m'advint entre été et automne,
Un peu avant que les vins on entonne,
Lors que tout fruit maturation prend;
L'un jour fait chaud, l'autre pleut, vent et tonne,
L'air fait tel bruit que la tête en étonne.
A nous mûrir ce temps-ci nous apprend,
Car qui des biens lors n'enserre, il méprend (commet une erreur),
Parce qu'après hiver froid nous surprend.
Qui n'a du blé ou du vin en sa tonne,
Au long aller son défaut le reprend;
Aussi, enfin, qui bien ceci comprend,
Celui-ci jeûnera qui n'a fait chose bonne.
Jean Meschinot
Les lunettes de Princes
Et tant qu'à ouvrir le dictionnaire de français ancien, autant remonter de deux siècles encore et de feuilleter le roman préféré de notre ancêtre, le bouquin de Jean de Meung, le Roman de la Rose. La taille des rosiers est achevée. La sève déjà pousse les premiers bourgeons. Je crains cette froidure de ces jours-ci qui tard nous vient, mais j'ai patience.
Un baisier douz et savoré
Pris de la rose erraument ;
Se j’oi joie, nus ne le demant,
Car une odor m’entra ou cors,
Qui en gita la dolor fors,
Et adouci les maus d’amer
Qui me soloient estre amer.
Un doux et savoureux baiser
Je pris aussitôt de la rose .
Si j’en eus de la joie ?
Que nul ne le demande !
Car un parfum m'entra au corps
et en jeta la douleur hors
et adoucit les maux d’amour
qui d’habitude m’étaient amères.
Jean de Meung
Le roman de la Rose
* Voir la note du 27 février à propos des laboureurs.
**"La sciences des ânes" est lisible à droite dans "pages". Un double clic suffit.
14:01 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 03 mars 2013
un fin blogueur actuel, le Joachim
Les Regrets ont souvent été lus comme un journal ; depuis l'émergence sur la Toile de ce genre d'écrit appelé "blogue", j'ai souvent pensé que Joachim Du Bellay aurait très vite investi dans cette écriture qui rythme et les nuits et les jours, et le quotidien qui demain deviendra hier, et les morts et les amours, et les scandales et les déboires, et les pouvoirs et les révoltes.
Plus grave, mais tout autant risible que les rêts tendus ces jours derniers par une essayiste à un lourdaud pantin médiatique, s'ouvre à Rome pour la nième fois depuis la première sur les bords du lac de Tibériade une assemblée de vieillards qui se dit Conclave. Joachim, secrétaire de son cousin Jean Du Bellay, le cardinal, fut le témoin de ce Conclave de 1555 qui élit le 223e pape, un certain Paul IV Caraffa connu pour ses intransigeances inquisitoriales ; et notre déjà fort laïc poète, d'affûter sa verve satyrique et dans les idées et dans les rythmes — un joyau de sonnet à se mettre en bouche et qu'il me plaît de publier en blogue :
Il fait bon voir, Paschal, un conclave serré,
Et l'une chambre à l'autre également voisine
D'antichambre servir, de salle et de cuisine,
En un petit recoin de dix pieds en carré.
Il fait bon voir autour le palais emmuré,
Et briguer là-dedans cette troupe divine,
L'un par ambition, l'autre par bonne mine,
Et par dépit de l'un être l'autre adoré.
Il fait bon voir dehors toute la ville en armes
Crier : « le Pape est fait », donner de faux alarmes,
Saccager un palais : mais plus que tout cela,
Fait bon voir, qui de l'un, qui de l'autre se vante,
Qui met pour celui-ci, qui met pour celui-là,
Et pour moins d'un écu dix cardinaux en vente.
Les Regrets, CXXXI
14:15 Publié dans Du Bellay mon voisin, Les antiques, Les blogues, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 27 février 2013
une phrase interrogative si anodine ?...
Quand Adam bêchait et Ève filait, où donc était le gentilhomme ?
John Ball, prêtre paysan, exécuté en 1381 sous le règne de Richard II d'Angleterre.
Ce lundi-là, au milieu de l'après-midi, j'écoutais distraitement la radio quand s'insinua cette mince citation. La pensée devint rêveuse comme suspendue. L'énoncé d'une mise en problème plus rationnelle du thème qu'abordait ce Lundi de l'Histoire* effaça les points de suspension.
Du XIe au XIIIe siècle, l’Europe connut une phase sans égale de croissance et de développement. C’est alors que furent créés les paysages qui sont encore ceux de nos campagnes. Plus que le temps des chevaliers et des seigneurs ou des moines et des prêtres, ce temps fut celui des laboureurs et des vilains, dont le travail seul fut à l’origine de cette prospérité.*
Il ya quelques années que ce métier de laboureur rôde d'insistante façon quand nous abordons les histoires de notre famille. Je m'en suis donc allé chercher chez mes ancêtres. C'est bien quelque peu conservateur, faisant songer à cette anecdote qui courait dans notre milieu très chrétien à propos de ce journaliste plus conservateur encore mais fier qui répondait à un "descendant" de Godeffroy de Bouillon que lui, Louis Veuillot, "montait" d'un tonnelier.
Grâce à ma "petite sœur" et à mon "petit frère", qui depuis plus de dix ans ont entrepris des recherches généalogiques, dans une égale fierté, j'extrais de l'obscur enfouissement des registres de paroisse ou de l'état-civil deux couples d'ancêtres, le plus lointain et le plus proche, dont nous "montons" : ces Éves qui filaient et ces Adams qui bêchaient. Désormais, ils seront nommés sur la Toile.
Dans la branche paternelle, aux confins des Marches de Haute-Bretagne et du Bas-Poitou :
Pierre ANDRÉ, né le 29 août 1609 à Saint Hilaire du Bois, laboureur au village de la Pichaudière
et
Catherine LOIRET, née le 1er décembre 1618 en la même paroisse.
Dans la branche maternelle, sur les rives de Vilaine, au cœur de la Bretagne Gallèse :
Hyacinthe GILAIS, né le 13 juillet 1879, à Brains-sur-Vilaine, charpentier et barbier au bourg de Beslé
et
Marie RENAUD, née le 5 février 1882, à Guémené-Penfao, lavandière
Post-scriptum :
De cette longue lignée de laboureurs, un seul "demeure à la terre" comme un point d'orgue : c'est Jérôme le vigneron de Belle-Vue. Il n'a pas quarante ans. Il façonne le paysage entre Sèvre et Moine et joue de ses vins comme un pianiste.
* Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe (XIe-XIVe siècle), collection “L’évolution de l’humanité”, Albin Michel, octobre 2012, de Mathieu Arnoux.
Les lundis de l'Histoire, France-Culture, 18 février 2013.
15:34 Publié dans Les antiques, les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 26 février 2013
des chiottes d'Héraclite au four du boulanger
Cinq ans que cette histoire de dieux dans un lieu incongru me turlupine.
Et le sourire de se relancer avec une nouvelle allusion à cette anecdote relatée par Aristote que cite dans une brève recension du Monde des Livres de vendredi passé, ce bon Roger-Pol Droit, présentant D'un pas de philosophe, bouquin récent d'un certain Michel Malherbe. Voilà que l'âtre — ou les latrines — de notre Éphésien bien-aimé devient un four de boulanger. Interprétation qui surpasse... en noblesse toutes traductions antérieures.
Bref rappel du texte d'Aristote — De partibus animalium, A.5,645 — traduit pudiquement par Michel Crubelier :
« On dit qu'Héraclite, à des visiteurs étrangers qui, l'ayant trouvé se chauffant au feu de sa cuisine, hésitaient à entrer, dit : "Entrez, il y a des dieux aussi dans la cuisine". Eh bien, de même, entrons sans dégoût dans l'étude de chaque espèce animale : en chacune, il y a de la nature et de la beauté. »*
Traduire c'est choisir.
Le coin du feu ne me déplaisait pas ; quand j'ai découvert, par la vertu d'un traducteur très libéré, Jean François Pradeau, que ce fameux mot grec "hipnos" qui nomme tout autant la cuisine, le foyer, l'âtre, le four, — pouvait être aussi les chiottes, les latrines, les toilettes — qu'il y avait quelque cohérence avec l'hésitation des visiteurs à entrer, avec le chauffage d'un lieu où l'on se dénude — à Éphèse, les hivers peuvent être froids — et avec le prolongement du commentaire d'Aristote "entrons sans dégoût", j'ai fortement pensé que les toilettes — ou latrines, ou "chiottes" — m'était le terme le plus adéquat à l'harmonie des contraires affirmée par Héraclite pour énoncer fort concrètement son vécu de l'immanence des dieux.
N'en déplaise à certains, Héraclite était un philosophe qui savait rire.
Je dédie cette note à Pierre Coavoux qui m'envoya en février 2008 le texte d'Aristote qui m'était alors introuvable sur la Toile. Et cet aujourd'hui même, de lui, je reçois un courriel qui commente amicalement "mes lectures de salle d'attente". Le courriel est intitulé "Aristote (suite). À suivre donc.
Μετα φιλιας Ô Πέτρε
*Le texte d'Aristote sur le site de l'Antiquité grecque et latine de Philippe Remacle. Ou sur Hodoï, site de l'Université de Louvain.
Ἐν πᾶσι γὰρ τοῖς φυσικοῖς ἔνεστί τι θαυμαστόν· καὶ καθάπερ Ἡράκλειτος λέγεται πρὸς τοὺς ξένους εἰπεῖν τοὺς βουλομένους ἐντυχεῖν αὐτῷ, οἳ ἐπειδὴ προσιόντες εἶδον αὐτὸν θερόμενον πρὸς τῷ ἰπνῷ ἔστησαν (ἐκέλευε γὰρ αὐτοὺς εἰσιέναι θαρροῦντας· εἶναι γὰρ καὶ ἐνταῦθα θεούς), οὕτω καὶ πρὸς τὴν ζήτησιν περὶ ἑκάστου τῶν ζῴων προσιέναι δεῖ μὴ δυσωπούμενον ὡς ἐν ἅπασιν ὄντος τινὸς φυσικοῦ καὶ καλοῦ.
ΠΕΡΙ ΖΩΙΩΝ ΜΟΡΙΩΝ, V
18:39 Publié dans dans les pas d'Héraclite | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 11 février 2013
lectures de salle d'attente
Michel Onfray est très méchant dans son pavé libertaire sur la vie philosophique d'Albert Camus ; il y parle de ce qui "traîne dans les revues crasseuses accumulées sur les tables des dentistes et des coiffeurs", page 17.
Samedi, chez mon médecin de famille qui est aussi mon voisin, les séquelles trop durables d'une complexité rhume-grippe-bronchite — ou l'inverse — m'ont obligé à une assez longue attente, n'étant qu'un parmi mes nombreux concitoyens qui éternuent, éructent, toussent, mouchent et crachent sous les pluies qui inondent nos vallées.
J'y ai donc lu passionnément dans un vieux GÉO non crasseux de 1999, retrouvant ou découvrant :
• la vallée du Dadès quelque part dans le Haut-atlas marocain — mon benjamin y fut vers 2005 ;
• la remontée en 1805/1806 du Missouri et la descente de la Columbia par deux américains, Lewis et Clark, guidés par Sacajawéa, la compagne autochtone d'un trappeur canadien-français, Toussaint Charbonneau — j'ignorais ;
• La Nouvelle-Calédonie, la luxuriante forêt, les collines érodées par l'exploitation du nickel, l'île des Pins, le bagne des Communards et, à Nouméa, le labeur humaniste de Louise Michel, la grotte d'Ouvéa et les espoirs Canaques.
Mon attente s'acheva sur le feuilletage d'un tout aussi ancien Sciences et Avenir fin 2000 qui évoquait la vie et la mort d'un vieux maître du Désert qui enchanta en mon adolescence rêveuse mes soirées hivernales dans la salle d'étude tiède de l'internat à un point tel que je l'inventai pour de vrai cet "oncle saharien" à l'instar des oncles de Blaise Cendrars.
Quelles Méharées en ces jours de rapines, de narco-trafic, de violences, mais d'aussi douteuse "libération", écrirait Théodore Monod ?
16:18 Publié dans îles, la guerre, les lectures, les voyages | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 février 2013
Tombouctou, un mythe ?
J'ai failli, il y a quelques jours, titrer cette note ainsi "l'interminable livre de Livres en feu". Car dès qu'il y a la moindre explosion ou la plus grosse déflagration sur la rive droite du Niger, il est sûr que l'on brûle les précieux — toujours — manuscrits de Tombouctou. Un écran de télévision nous avait montré quelques rayons métalliques qui paraissaient avoir été ébranlés et des casiers de même matière, vides. Mais nulles cendres !
Et les commentaires, après l'alarme, étaient du genre :
d'un côté : « Le pire n'est pas sûr.... Ce qui est parti en fumée n'est pas l'essentiel... information à mettre sur le compte de la propagande...»
d'un autre côté : « Les manuscrits les plus importants mis à l'abri… une bonne partie de ces documents est sauvée pour avoir été soigneusement numérisée... il y a quelques mois l’essentiel des trésors évacué vers Bamako, où ils sont désormais sous protection...
On apprend que l'Université de Lyon, des chercheurs Sud-Africains, d'autres du Grand Duché du Luxembourg (!) ont scanné et numérisé.
La communauté internationale s'émeut, tremble, se révolte.
Les groupes armés qui ont terrorisés six mois durant les rives du Niger, tout autant pillards et iconoclastes, narco-trafiquants et preneurs d'otages, n'ont pas manqué de se dire qu'après tout, il valait mieux "faucher" que brûler. Dans quelque temps, sûr, des officines à l'usage de bibliophiles peu scrupuleux, écouleront bien quelques manuscrits certifiés "Tombouctou".
René Caillé, dans les cinquante pages de son séjour d'un peu plus de quinze jours ne mentionne l'existence d'aucune bibliothèque.
René Caillé, la lecture d'enfance. Et donc mon mythe du Voyage à Tombouctou. Je ne rêvais pas de bibliothèques.
Les bibliothèques, elles me sont venues à l'adolescence avec Théodore Monod, Méharées et Chinguetti.
Pour Tombouctou, je ne me suis pas aventuré plus au nord des falaises de Bandiagara et le rêve de Chinguetti s'est arrêté à Bakel sur la rive gauche du fleuve Sénégal. Là où le héros de mon enfance avait interrompu une première fois sa tentative.
16:10 Publié dans les lectures, les voyages | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 28 janvier 2013
pieds nus et en deux langues
Je n'ai pas écrit sur le VendéeGlobe. J'ai cependant suivi tous les jours et je suivrai encore ce tour du monde à la voile.
Je voudrais simplement relater le bref côtoiement de François Gabart que j'ai vécu quinze jours avant le départ, au hasard d'un restaurant de Port Olonna. Une heure durant j'ai vu un homme jeune portant son enfant et le câlinant avec tendresse et savoir-faire, faisant abstraction de la longue table qui devait rassembler son équipe de préparation et ses sponsors, totalement dans sa bulle paternelle. C'est le souvenir que j'ai gardé de ce père tout au long de ces 78 jours. Ce n'est pas un "petit prince". C'est un marin qui, interrogé pour savoir s'il "va y retourner" dit : « Je ne sais pas, il me faut du temps, que je respire...» Pieds nus et en deux langues.
Je n'oublie pas Armel Le Cléac'h qui depuis sa première course du Figaro en 2003 avait prouvé sa sagacité et son sens marin, hors normes.
11:46 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 26 janvier 2013
en miroir à la "flemme" de Léautaud
Je cherche la trace d'un aphorisme de Char dans la Rougeur des Matinaux. Mais c'est comme à chaque fois, à la basse mer, sur l'estran héraclitéen, je ne trouve jamais le même galet.
En voici un, miroir de la "flemme" d'hier :
Ne te plains pas de vivre plus près de la mort que les mortels.
Rougeur des Matinaux, XIX
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vendredi, 25 janvier 2013
« la flemme de décéder »
Dans les errances nocturnes de la radiophonie.
Entre quatre et cinq heures, ce matin.
Robert Mallet discute avec Paul Léautaud des corrections que celui a apportées dans son Journal. Le vieux éructe, grogne, regimbe, se justifie, ricane, se met en colère, rit.
Malllet le pousse à bout et Léautaud admet son erreur enfin, quand Mallet lui demande pourquoi il a corrigé par la peur de mourir, cette si belle expression :
la flemme de décéder.
17:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 20 janvier 2013
hors temps ?
Comme souvent c'est un enfant qui pose la question toute simple — et pourtant elle suscite en moi un léger vertige : « Est-ce qu'aujourd'hui sera hier, demain? »
J'avais cru lire cette interrogation ailleurs, récemment. Aurais-je donc oublié ce dernier paragraphe d'AVANT, un des derniers minces opuscules que publia J.-B. Pontalis qui s'en est allé le 15 de ce mois. Je ne suis pas un habitué des écrits qui se déclinent en "psy...". Une amie m'avait offert, il y a deux ans, En marge des nuits. J'avais aimé tout ce qui échappait au "psy".
L'an passé, j'avais acquis AVANT. Demeure de cette lecture, ce paragraphe. Et aussi ces deux lignes que Pontalis lui-même signait en quatrième de couverture :
Je me refuse à découper le temps.
Nous avons, j'ai tous les âges.
Nous deviendrons hors d'âge.
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dimanche, 13 janvier 2013
l'ostracisme de Thémistocle mène à tout
Foin de la panerée de lectures, promise par ce bon François Rabelais. Ce sera pour demain.
Cette nuit, c'était le grand Baroque avec ses volutes, ses vocalises, ses clusters, ses ornementations, ses ostinati.
J'ignorais tout de ce Leonardo Vinci, compositeur italien du commencement du XVIIIe siècle.
Artaserse, j'en savais davantage, sortant de trois ou quatre séances d'atelier de Grec ancien, sur la vie de Thémistocle par Plutarque, Thémistocle ostracisé par ses concitoyens d'Athènes étant allé proposer ses services à Artaxerxès, roi de Perse.
Un superbe délire avec six contre-ténors. Ouais ! Que des "mecs" ! Qu'il me faut nommer : Philippe Jaroussky, Max Emanuel Cencic, Daniel Behle, Franco Fagioli, Valer Bama-Sabadus, Yuriy Mynenko.
La grande Bartoli peut aller se rhabiller... en femme.
Ce serait réécoutable demain sur France MU - même visible sur YouTube
20:11 Publié dans Les musiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 janvier 2013
feuilletant le Cinquième Livre
L'an 2013 n'a pas trop mal commencé en s'ouvrant sur le Cinquième Livre de Rabelais — est-il de lui ? — avec quelques égarements bienheureux dans l'excès d'une liste en trois services quand aux sons des "veuzes, bouzines et cornemuses" me furent apportés six pages — en Livre de Poche — de mets de forte incohérence culinaire mais de belle sonorité — je ne cite que les deux dernières pages :
Des Hurtalis.
De la patissandrie.
Des aucrastabots.
Des babillebabous.
De la marabire.
Des sinsanbrebleus.
Des quaisse quesse.
Des coquelicous.
Des maralipes.
Du brocancultis.
Des hoppelats.
De la mimitaudaille avec beau pissefort.
Du merdiguon.
Des croquinpedaigues.
Des tintaloies.
Des pieds à boule.
Des chinfrenaux.
Des nez d'as de trèfles en pâte.
Des pâques d'œufs.
Des estafilades.
Du guyacoux
Des drogues sernogues.
Des triquedondaines.
Des gringuenaudes à la jonchée.
Des brededins brededas.
De la galimafrée à l'escafignade.
Des barabin barabas.
Des moquecroquettes.
De la huquemâche.
De la tirelitontaine.
Des neiges d'antan qu'ils ont en abondance en Lanternois.
Des gringalets.
Du salehort.
Des mirelaridaines.
Des mizenas.
Des gresamines, fruits délicieux.
Des mariolets.
Des friquenelles.
De la piedebillorie.
De la mouchenculade.
Du souffle à mon cul.
De la manigance.
Des titrepolus.
Des besaibenis.
Des aliborrins.
Des tirepétadants.
Du coquerin.
Des coquilles betissons.
Du croquignolage.
Des tintamarres.*
Pour le dessert, apportèrent un plat plein de m....
Je souhaite citer encore certaines dernières lignes du Prologue de ce Cinquième Livre, quand après avoir envoyer se faire pendre faiseurs de centons, botteleurs de matières cent et cent fois ressassées, rapetasseurs de vieilles ferrailles latines, revendeurs de vieux mots latins tout moisis et incertains, Rabelais — ou son plagiaire ? — affirme que notre langue vulgaire n'est pas aussi vile, aussi inepte, aussi indigente et méprisable qu'ils l'estiment** et nous encourage au lire, nous, les blogueurs, liseurs, lisards et...buveurs — et féminisons, que diable ! Blogueuses, liseuses, lisardes et...buveuses :
C'est pourquoi, buveurs, je vous avertis en temps opportun, faites-en une bonne provision aussitôt que vous les trouverez dans les boutiques des libraires, et il vous faudra non seulement les égousser mais encore les dévorer comme un opiacé pour le cœur et les incorporer en vous-mêmes; c'est alors que vous découvrirez le bien qu'ils réservent à tous les gentils égousseurs de fèves. A présent je vous en offre une bonne et belle panerée cueillie dans le même jardin que les précédentes, vous suppliant très respectueusement de vous contenter du présent, en attendant mieux à la prochaine venue des hirondelles.
* Notre souper du passage à l'an 2013 fut plus simple, mais de paroles tout aussi abondantes, illustrées de quelques airs en chant-contrechant, Bretagne oblige, de vielle et de clarinette.
** Beau soutien à Joachim et à sa Deffence et Illustration de la Langue Francoyse.
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mardi, 01 janvier 2013
2013 dans une bulle
L'habitude est de présenter — et/ou d'offrir — ses vœux pour l'an qui commence.
Vogue Ulysse, vent portant vers le ponant. Je n'offre que la bulle, parole blanchie d'Homère.
Que la lectrice, le lecteur, y glissent leurs rêves !
Dernière vignette de la Bande dessinée ULYSSE de Homère, scénariste, Lob, adaptateur, Pichard, dessinateur, aux Éditions Jacques Glénat, 2ème trimestre 1981.
00:04 Publié dans petite Odyssée portative | Lien permanent | Commentaires (0)