vendredi, 08 février 2008
mais où trouver le texte grec ?
À propos d'Héraclite et Aristote ? j'ai pris une journée de retard.
Il y a déjà quelque temps qu'une anecdote sur Héraclite, rapportée par Aristote, me turlupine.
Elle est reprise dans le Magazine littéraire, en introduction du dossier sur Aristote, par un monsieur dont je ne puis douter du sérieux, Michel Crubelier ; le texte est paré d'un titre savoureux : Des dieux dans la cuisine et relate ce qu'aurait écrit Aristote :
«On dit qu'Héraclite, à des visiteurs étrangers qui, l'ayant trouvé se chauffant au feu de sa cuisine, hésitaient à entrer, dit : "Entrez, il y a des dieux aussi dans la cuisine". Eh bien, de même, entrons sans dégoût dans l'étude de chaque espèce animale : en chacune, il y a de la nature et de la beauté. »
...Aurait écrit Aristote... ! Selon Michel Crubelier, qui se situe très pudiquement dans la lignée d'une longue tradition de commentateurs et d'Héraclite et d'Aristote. Pudibonds effarouchés : on ne philosophe point avec son corps !
Car Héraclite n'était point dans sa cuisine, il était dans ses chiottes !
Ce qui justifie le "Entrons sans dégoût" d'Aristote qui n'était point le bégueule dont ses successeur en philosophie ont souhaité nous laisser le souvenir.
C'est du moins ce que propose Jean-François Pradeau, dans son Héraclite, Fragments (citations et témoignages), paru chez Garnier-Flammarion en 2002, pages 193 et 324.
« On dit qu'Héraclite, à des visiteurs étrangers qui, l'ayant trouvé occupé dans ses toilettes, hésitaient à entrer, dit cette remarque : "Ici aussi, il y a des dieux". Eh bien, de même, entrons sans dégoût dans l'étude de chaque espèce animale : en chacune, il y a de la nature et de la beauté. »
Pradeau, qui souligne avec humour que "la localisation domestique d'Héraclite a donc longtemps erronée", ajoute que Diogène Laërce propose une réminiscence explicite de cette anecdote qui concerne Diogène de Sinope, le Cynique, l'homme du tonneau, des harengs, des éternuements "gauchistes" et autres branles publiques :
À qui lui reprochait d'entrer dans des lieux impurs, il dit :"Le soleil pénètre bien dans les latrines et pourtant il ne se souille pas.”
Francs, triviaux et sains anciens Grecs !
Qu'auraient-ils (elles) dit du cul de Simone de Beauvoir, notre moderne Hipparchia, découverte en couverture d'un certain hebdomadaire, laquelle fit tournebouler nos collègues de la Toile ? (à lire dans Diogène Laërce, pp.760-761 dans la Pochotèque, l'histoire d'Hipparchia, pas les blogues scandalisés de nos compagnons de Toile.)
Quand même, j'aimerais un jour avoir entre les mains le texte d'Aristote "Parties des animaux"* ; en grec ancien, bien sûr ! Je me précipiterais sur mon "Bailly".
*Il y aurait une édition et traduction par J.M. Leblond, chez Aubier (Paris, 1945). Trouvable sur la Toile ?
17:26 Publié dans dans les pas d'Héraclite, Les antiques | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Je peux vous procurer le texte grec en question si vous voulez.
J'attends votre réponse et votre adresse postale.
Cordialement.
Écrit par : Pierre COAVOUX | mardi, 23 septembre 2008
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