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jeudi, 07 février 2008

Chronique Portuaire de Nantes LXXX

Période Révolutionnaire


1799.— LE CORSAIRE LA " CONFIANCE ".

Le corsaire nantais la Confiance, joli trois-mâts de 300 tx., 24 can-, 6 pier. et 145 h., construit à la Fosse et armé par Cossin, sortait de la Loire dans les premiers jours de 1799, sous le commandement du capitaine Dimanche et commençait sa croisière en amarinant deux trois-mâts portugais : le SEIGNEUR-DE-BONNE-FOI et le NOTRE-DAME-DE-LATALAYE.
En février, il attaquait sur les côtes anglaises un gros corsaire de 22 can., qui se défendit vaillamment ; après un épouvantable corps-à-corps, dans lequel les ponts des deux vaisseaux ruisselèrent de sang, le Nantais amarinait son adversaire.
La Confiance, dégréée de toutes ses manœuvres, venait à peine de mettre un peu d'ordre dans ses agrès, lorsqu'un bâtiment anglais se dessina, rasant la côte, et cingla sur elle. Hélé d'amener pavillon, le corsaire nantais hissa sa couleur à sa corne, l'appuya d'un coup de canon, et bientôt les deux navires, vergue à vergue, échangèrent d'incessantes bordées. Après un combat des plus meurtriers, le Nantais amarinait son adversaire en vue des côtes anglaises couvertes de population, et faisait ensuite voile vers les côtes de France, amarinant en route un riche navire américain (1).


LE CAPITAINE PINAUD ET LE " PRINCE ".

Le Gouvernement anglais, inquiet du grand nombre de prisonniers français renfermés à la suite de prises dans les prisons de Madras, résolut en 1799 de les transférer sur les pontons de la métropole où la surveillance était plus facile. Six cents prisonniers, dont le Nantais Pinaud, ancien capitaine de la Clarisse, furent embarqués sur le navire le PRINCE, escorté de six vaisseaux de guerre.
Le capitaine Pinaud conçut alors le hardi projet de s'emparer du PRINCE et de reconquérir ainsi sa liberté. Il communiqua son dessein à ses compagnons les plus déterminés et, en vue de l'Ile-de-France, profita d'un grain violent pour le mettre à exécution.
Tandis, que les navires de l'escorte, prenant la cape pour laisser passer le gros temps, carguaient leurs basses voiles et brassaient carrée leurs vergues, Pinaud et ses compagnons s'assuraient en un instant des Anglais occupés à ferler les voiles et prenaient le commandement du PRINCE. Sous l'influence des larges pièces de toile audacieusement déployées sous la rafale le navire s'inclina brusquement, l'eau battant ses dalots de bâbord, tandis que sur l'autre flanc le cuivre poli de sa quille effleurait la crête brillante des grosses lames vertes ; puis il se releva sous l'habile coup de barre de son capitaine, et courant vent arrière, ses mâts pliant comme des baguettes, fut assez heureux pour aborder à l'Ile-de-France, où Pinaud débarqua les six cents Français arrachés par son hardi coup de main aux horreurs des pontons (2).


LE CAPITAINE LAFONT.

Dans le courant de 1799, le corsaire nantais l'Hippolyte, cap. Douillard, amarinait un Anglais à bord duquel le second Lafont était envoyé comme capitaine de prise pour le ramener en France. Quelques jours après que les deux navires se furent séparés, un marin de l'équipage de prise, un étranger, Marc Canonna, la livra par trahison aux Anglais, et Lafont et ses hommes étaient à leur tour prisonniers sur le navire dont ils s'étaient emparés. Ce ne fut d'ailleurs que pour fort peu de temps, car le brave Lafont parvint de nouveau à reconquérir sa liberté et sa prise qu'il ramena à Nantes (3).

(1) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 424.
(2) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, pp. 436-7.
(3) GALLOIS, Les Corsaires Français sous la République et l'Empire, t. II, p. 421.

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