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dimanche, 03 mars 2013

un fin blogueur actuel, le Joachim

Les Regrets ont souvent été lus comme un journal ; depuis l'émergence sur la Toile de ce genre d'écrit appelé "blogue", j'ai souvent pensé que Joachim Du Bellay aurait très vite investi dans cette écriture qui rythme et les nuits et les jours, et le quotidien qui demain deviendra hier, et les morts et les amours, et les scandales et les déboires, et les pouvoirs et les révoltes.

Plus grave, mais tout autant risible que les rêts tendus ces jours derniers par une essayiste à un lourdaud pantin médiatique, s'ouvre à Rome pour la nième fois depuis la première sur les bords du lac de Tibériade une assemblée de vieillards qui se dit Conclave. Joachim, secrétaire de son cousin Jean Du Bellay, le cardinal, fut le témoin de ce Conclave de 1555 qui élit le 223e pape, un certain Paul IV Caraffa connu pour ses intransigeances inquisitoriales ; et notre déjà fort laïc poète, d'affûter sa verve satyrique et dans les idées et dans les rythmes — un joyau de sonnet à se mettre en bouche et qu'il me plaît de publier en blogue :

Il fait bon voir, Paschal, un conclave serré,
Et l'une chambre à l'autre également voisine
D'antichambre servir, de salle et de cuisine,
En un petit recoin de dix pieds en carré.

Il fait bon voir autour le palais emmuré,
Et briguer là-dedans cette troupe divine,
L'un par ambition, l'autre par bonne mine,
Et par dépit de l'un être l'autre adoré.

Il fait bon voir dehors toute la ville en armes
Crier : « le Pape est fait », donner de faux alarmes,
Saccager un palais : mais plus que tout cela,

Fait bon voir, qui de l'un, qui de l'autre se vante,
Qui met pour celui-ci, qui met pour celui-là,
Et pour moins d'un écu dix cardinaux en vente.

 Les Regrets, CXXXI

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