Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 28 juillet 2012

lectures en mer et "petite poucette"

au port du Crouesty, à l'entrée du golfe du Morbihan, là, où sans doute, il y a plus de 2000 ans, les Vénètes et César se livrèrent une parmi les belles batailles navales de ce coin de mer*.

 

DSC_4609.jpg

 

Toujours, dans la bibliothèque du bord, il y a à portée de langue un verset des Amers.

Guide-moi, plaisir, sur les chemins de toute mer; au frémissement de toute brise où s'alerte, l'instant comme l'oiseau vêtu de son vêtement d'ailes... Je vais, je vais un chemin d'ailes, où la tristesse elle-même n'est plus qu'aile...

Saint-John Perse, Amers

 

Mais il y a plus terrien. Comme L'art de vieillir de John Cowper Powys qui recommande, entre autres conseils de longévité, de traduire pour soi-même Homère et de se référer au dictionnaire grec, le Liddell-Scott, l'équivalent de notre Bailly, et plus souvent encore à la grammaire grecque :

cette "laisse de la marée, entre le rivage sablonneux et la mer infinie, éparpillée avec ses magiques trésors, coraux, étoiles de mer et toutes les coquilles de nacre possibles et imaginables... Et ces merveilles de la laisse de marée qui craquent ou se brisent sous des pas insouciants, qui gisent sur les strates des rivages de l'esprit des personnes âgées ne proviennent pas seulement d'événements extérieurs. Elles ont dérivé depuis ces mers paradisiaques que sont les livres".

Dac'hlmat a aussi embarqué un autre livre de terrien, d'un vrai "glaiseux" de Corrèze, le Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux, comme un contre-point aux "laisses de mer" d'Homère, de Perse et de Powys. J'en reparlerai.

 

 Comme à bord, depuis une semaine, vit, manœuvre et barre DSC_4515.jpgquand elle ne dort point et que ses pouces ne s'agitent pas avec agilité sur les claviers, la seconde de mes "petites poucettes", j'ai glissé le mince mais fécond bouquin d'un qui fut jadis marin, de Michel Serres, Petite Poucette, au long mais explicite sous titre, le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d'être et de connaître...

Bouquin qui m'a permis, tout vieux "geek" que je suis pourtant, de réaccorder mon mental à celui de mes deux "petites poucettes", Célia et Noémie.

Les sciences cognitives montrent que l'usage de la Toile, la lecture ou l'écriture au pouce des messages, la consultation de Wikipédia ou de Facebook n'excitent pas les mêmes neurones ni les mêmes zones corticales que l'usage du livre, de l'ardoise ou du cahier. Ils peuvent manipuler plusieurs informations à la fois. Ils ne connaissent, ni ne synthétisent comme nous, leurs ascendants. Ils n'ont plus la même tête.

Et ça n'empêche point de nous aimer !

 

Note-bene : la photo prise, hier matin, par Nicléane, dans le léger gris-bleu que nous accordait la Bretagne-Sud, est la Goué Vas Est, bouée rouge, latérale babord qui balise l'entrée du passage de la Teignouse quand nous venons du large.

* César, La guerre des Gaules, Livre III, 13 à 16. Sensible au trop grand effort exigé par le Grec, Cowper Powys déconseille la pratique du latin : « Le Latin s'arrogera bien entendu la deuxième place » même s'il estime que cette langue « ne saurait cependant jouer un dixième du rôle joué par le Grec losrqu'il s'agit d'apporter aux Occidentaux que nous sommes de l'eau au moulin de leurs sens et des leur esprit ».

Les commentaires sont fermés.