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lundi, 25 janvier 2010

Haïti, presque comme un silence

Quinze jours de fracas, les paroles, les images, les appels, l'argent, la plainte, les enfants, les adoptants...

 

Est-ce bien dans tout ce fatras que se situe le sentiment humain d'être proche de la femme désincarcérée des tôles de sa cabane, du jeune qui, onze jours, a survécu à coup de cocacola, celles et ceux qui ont cesser de respirer ces dernières heures, sous des tonnes de fatras  ? — À sept ans, remontant la rue du Calvaire qui n'est plus qu'un amas de décombres après le bombardement du 23 septembre 1943, j'entends les hurlements assourdis. Huit jours plus tard, les décombres toujours et le silence — .

 

L'adoption, les adoptants ? M'inquiètent cette propension à adopter, cette aisance dans l'abandon ?

Gens d'Haïti, que faites-vous ?

 

Toute la terre retentit de la secousse des foreuses
dans les entrailles de ma race dans
le gisement musculaire
de
l'homme noir.
Voilà de nombreux siècles
que dure l'extraction
des merveilles
de cette race,
Oh couches métalliques de mon peuple
mînerai inépuisable de rosée humaine
combien de pirates ont exploré de leurs armes
les profondeurs obscures de ta chair
combien de flibustiers se sont frayés leur chemin
à travers la riche végétation de
clartés de ton corps
jonchant tes années de tiges mortes
et de flaques de larmes

Peuple dévalisé peuple de fond en comble retourné
comme une terre
en labours
peuple défriché pour l'enrichîssement des grandes foires du monde
Mûris ton grisou dans le secret de ta nuit corporelle
nul n'osera plus couler des canons
et des pièces d'or dans le noir métal de ta colère en crues !



René Depestre
Minerai noir
Anthologie de la Belle Jeunesse

 

Oui, Haïti, presque comme un silence ! Ou un long cri ?

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