jeudi, 24 décembre 2009
fumée bleue dans la pluie froide
Aux proches,
aux amies, aux amis,
à l'étranger de passage,
aux inconnus qui suspendront leur heure pour lire ce poème.
Noémie et Célia sont là. Elles butinent sur la Toile. Elles me laissent quelques minutes, le temps d'une note et d'un poème, remonté de cette foi du charbonnier qui habitait un instituteur laïc nommé René Guy Cadou.
Fumée bleue dans la pluie froide. La bûche est dans la cheminée. Les vins blancs à la fraîcheur, chambrent les vins rouges.
En évitant les grand-routes
Et les agglomérations
On se moque des gendarmes
Des menées de la nation
Et l'on injurie Hérode
Le vénal le malappris
Qui confond c'est bien commode
Les parias et les brebis
Mais on marche dans la neige
Et soudain l'on aperçoit
Un brin de fumée qui trempe
Dans le vase bleu d'un toit
On pourrait qu'en dis-tu femme
S'arrêter là cette nuit
Une fois n'est pas coutume
De dormir dans un bon lit
L'ane rit l'âne respecte
La parole du patron
Cependant Marie inspecte
D'un coup d'œil les environs
Les voici devant l'auberge
L'aubergiste a beaucoup bu
II sent le rhum et l'absinthe
L'estomac les oignons crus
Quand ils furent dans l'étable
Que Joseph eût bien pleuré
A la plus grosse des poutres
Une étoile s'alluma
Et le ciel comme une terre
Qui longtemps a manqué d'eau
Aspira jusqu'à son centre
L'enfant-roi dans son maillot.
René Guy Cadou
Noël
L'aventure n'attend pas le destin
Enclave nocturne pour la paix !
16:19 Publié dans Cadou toujours, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Cette "atosinthe" ne procéderait-elle pas d'un "lapsus scansorii" ?
Il y aussi un beau "Noël" — que vous connaissez, bien sûr — dans "Les biens de ce monde" :
"Oh ! quelle odeur ont cette nuit
Les lys tourmentés de la neige..."
Bien à vous.
Écrit par : C.C. | vendredi, 25 décembre 2009
Il est bon d'avoir un correcteur attentif qui n'hésite point à forger des néologismes.
J'avais publié le Noël des "Biens de ce monde", le 24 décembre 2006. Je m'en réserve un ou deux pour les Noëls à venir.
"Au gui, l'an neuf", pour vous ! Et des vins gouleyants de Savennières et d'ailleurs.
Sur le foie gras, ma fille et moi avons tenté un Retsina — célébrons les Grecs — à contre-goût.
La sèche amertume n'est pas mésalliance.
Écrit par : grapheus tis | dimanche, 27 décembre 2009
"Reddite ergo quae Caesaris sunt..." J'aime bien les mots forgés ou factices, certes, mais je me suis contenté de relever ce "scansorium" (équivalent discutable de "scanner") sur un site de néologie latine...
Je crains que votre "correcteur attentif" ne tienne de l'euphémisme courtois : vous me pardonnerez d'avoir souligné — non sans cuistrerie — une vétille que chacun aurait spontanément rectifiée à la lecture.
Votre mariage Retsina/foie gras est assez audacieux, en effet. Mais pourquoi pas ? le classique bordeaux liquoreux nous conduit, avec le foie (comme le pain brioché) à une sorte de pléonasme gustatif qui finit par rebuter nos estomacs assagis par l'âge...
Bonne fin d'année — pour ce qu'il en reste !
Écrit par : C.C. | mardi, 29 décembre 2009
Etonnant Cadou qui sait, avec des mots simples, redonner du sens à une vieille histoire tant de fois ressassée !
cordialement
alainB
Écrit par : alain BARRE | vendredi, 01 janvier 2010
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