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dimanche, 05 octobre 2008

variables humeurs

Hier, réjouissant passage au Musée des Beaux-Arts.
J’avais quelque retard dans mes centres d’intérêt — toujours cette contemplation hébétée de l’océan. Je suis allé voir en plus qu’excellente compagnie — Nicléane, Ja, Da, quelques-unes de leurs compagnes d’atelier et Er, leur animateur, — “Regarde de tous tes yeux, regarde”, exposition qui se veut une lecture de l’art contemporain à travers le filtre perecquien — occasion : l’anniversaire de la publication du roman de Pérec, la Vie mode d’emploi.
Er, entre sarcasme et indulgence, avait prévenu : le vide-grenier du musée. C’était pas mieux, pas pis...
Ça tient du détournement amusant et de la supercherie souriante. Soixante-dix fois, de l’une à l’autre. On ne s’ennuie pas, on passe légèrement.
Post-modernisme !

Quand on sort du musée, on n’est guère dépaysé ; à quelques pas sur les cours voisins, entre la chapelle de l’Oratoire et notre belle cathédrale, “refroidie” par Viollet-Leduc, la Foire d’automne avec ses manèges, ses baraques foraines, ses odeurs de nougat et de barbe-à-papa. Les flonflons, les pétards et les parfums mis à part, j’aurai pu intervertir loterie de foire et vide-grenier muséographique. Dommage que le billet d’entrée du musée ne pouvait être présenté pour un tour de Grande-roue.
Même le Sacré laïcisé du XIXe siècle s’est évaporé.
Post-modernisme !

Je me faisais un plaisir de poursuivre par un passage au Lieu Unique, histoire de prendre date pour les ateliers de littérature. À reculons, certes, le post-modernisme même littéraire m’effarouchant un tantinet — que dire du post-exotisme qui s’annonce ?
Dans une note précédente, j’amorçais le pointillé d’un programme qui de Pynchon, via Claro, m’entraînerait à Sollers, de Volodine via Klapka à Mathias Enard et Claude Simon.
Je laissais tomber dame DetAmbel* et ses vieillardes amours — qui pourraient être les miennes — dame Angot et ses problèmes de fouilles en caisse — ça, c’est la Boite-en-valise de Duchamp, nœud de l’expo précitée, et ses calembours** qui me troublent —
À la billetterie, je n’ai pas pris la fuite. Non, mais une rogne qui ne s’atténue point !
Cet après-midi, avant sieste, je me suis fendu d’un amer courriel à la direction du Lieu Unique:

D’une Carte jaune à une Carte rose
ou comment  LU ponctionne l'aisance des retraités !

Je souhaitais m'inscrire à nouveau aux cours de littérature contemporaine de l'Université dite "POP".
Je tiens à remercier la direction du Lieu Unique pour la "fleur" qu'elle fait aux étudiants de plus de trente ans, en leur permettant de prendre la carte rose leur "offrant" le choix de trois spectacles. Le tarif de participation passe de 24 € à 42 €.
Il est évident que les étudiants de plus de trente ans inscrits à l'Université permanente sont une classe d'âge regroupant un nombre important de privilégié(e)s et que, même non intéressé(e)s par les programmations culturelles autres que celles de l'Université dite "Pop", ils doivent participer, sans réduction, aux frais des secteurs du Lieu, sans doute déficitaires — je pense , en autres activités, aux jolis "bides" passés et à venir d'Estuaire 2007 et 2009.
Les "retraités" sont tous aisés !


Non mais !

* Avec un A majuscule pour corriger l’erreur orthographique que me souligna avec gentillesse l’OrnithOrynque.

** Du type : il faut mettre la moelle de l'épée dans le poil de l'aimée.

vendredi, 03 octobre 2008

Les cinq Pen Duick

Elles* ne sont pas quatre, mais cinq, les belles "mésanges à tête noire", dans la lumière crue d'un front froid.

penduick.jpg



* Les voiliers se déclinaient naguère au féminin.

tout-venant du jour

Je crains d'être parfois trop sérieux. J'envie Berlol qui peut lire en pédalant. Moi, je ne peux rien faire en nageant !
Ce matin, non pas rentrée littéraire — ça tarde à venir, ma petite "matière de Bretagne", ça s'écrit, ça se lira — mais ma rentrée "scolaire"... "universitaire" — université de tous les âges !!! — pour donner dans la "pompe" : je reprends le Grec ancien ; l'aventure avec Aristote rapportant les propos d'Héraclite dans ses "chiottes" ne fait que m'y encourager (voir la note du 8 février de l'année en cours, j'y reviendrai).
Après Jardins et philosophie, je me balance dans Poésie et philosophie selon Mallarmé deux fois par mois. Rien que ça ! Et j'espère : six soirées sur SPIP, ma "belle Arlésienne".

J'irais en pointillé aux Ateliers de liitérature contemporaine du Lieu Unique. Claro y revient à propos de Pynchon, mais le programme et son artisan, Bruno Blanckeman, me paraissent avoir été phagocytés par la petit maffia "Mondaine" : Savigneau, Valérie Marin La Meslée, Kéchichian, Houssin y intervenant.
Après le post-modernisme, nous allons dans le post-exotisme. C'était déjà très tendance à l'ancienne usine des Petits-Beurre* nantais, ça le devient furieusement !
Bon en vrac, y seront abordés Tournier, Manbanckou, Sollers, Simon ! Et puis viendront Dames Garréta, Lenoir, Detembel, Caligaris, Minard ; s'intercaleront Volodine, Federman, Énard, Viel ! L'indigestion aux petits-beurre, vous dis-je. Et quand j'ajouterai que dans quelques jours, Dame Angot à l'écrirure si rapide viendra y lire à propos de ses problèmes de "trous", le fossé sera comblé !
Je mets terme à mes éructations cacochymes, ça va se sentir que j'ai des soucis avec le lieu "in" de la culture nantaise.

La culture nantaise qui retrouve sa culture maritime ! Quatre PEN-DUICK dans le bras de la Madeleine : le II, le III, le V et le VI. Tabarly était un enfant de cette ville.
Mais c'est bien mesquin quand on rêve au passé des Chantiers.
Ô tempora, Ô mores !

* J'ai hésité à propos de l'orthographe : un petit-beurre, des petits-beurre. L'usage veut beurre au singulier ; il est sage, l'usage, il s'agit bien de petits gâteaux... au beurre.

jeudi, 02 octobre 2008

Chronique portuaire de Nantes CI

Voici donc l'antépénultième chronique. Plus de corsaires, plus de négriers, encore moins de pirates et la Voile réduit ses toiles. Je laisse place à l'épilogue écrit par notre chroniqueur :

Avec la chute de Charles X et l’avènement de Louis-Philippe, nous arrêtons ces « Annales de la Marine Nantaise », non pas certes que cette marine disparaisse précisément en 1830, mais simplement parce qu'à cette date correspond une phase nouvelle de son histoire.
Et, en effet, tandis que la fin des corsaires et des négriers vient enlever à ces pages tout leur intérêt anecdotique, — le seul que nous ayons eu en vue, — la vapeur, sortie de la période des tâtonnements et des essais, s'apprête à révolutionner le commerce maritime et son instrument obligé : le navire.
Paul LEGRAND


Du Commencement du XIXe Siècle à 1830

1824. — L'INVENTEUR DU BATEAU ZOOLIQUE MÉDAILLÉ.

Vers la fin de 1824, le jury central de l'Exposition des produits de l'industrie française, organisée à Paris, décernait une médaille de bronze à l'inventeur nantais Guilbaud, pour son bateau zoolique, mu par des chevaux sur plan incliné.
Le bateau zoolique avait exécuté de nombreuses expériences sur la Seine, entre le Pont-Neuf et les Invalides et, de l’avis de tous les spectateurs, le procède adopté par Guilbaud semblait des plus pratiques ; ayant une vitesse peu inférieure à celle des vapeurs, et d'autre part, présentant sur ces derniers l'avantage d'une économie considérable de construction et d'exploitation.
Le bateau zoolique mis en service sur l'Erdre continuait d'ailleurs toujours ses voyages de Nantes à Nort, et organisait fréquemment des excursions supplémentaires en plus de ses départs réguliers.
Le même jury décernait également une médaille de bronze au constructeur nantais Bertrand-Fourmand pour les modèles de câbles en fer qu'il présentait, et qui, dans son esprit, devaient être substitués aux câbles de chanvre encore exclusivement employés dans la marine militaire (1).


1825. — PREMIER VOYAGE DE NANTES A PARIS ACCOMPLI PAR MER PAR UN VAPEUR NANTAIS.
LE “PARISIEN” - LE “COURRIER” - LA “PARISIENNE”.

C'était un tout petit vapeur que celui qui, le 28 mai 1825, quittait Nantes pour se rendre à Paris, et effectuer le long et périlleux voyage autour de la Bretagne, sur ces côtes semées de tant de récifs tristement célèbres et hérissées de caps toujours entourés de tempêtes.
II s'appelait le Parisien, étant destiné au service fluvial de la Seine ; avait une longueur d'à peine quatre-vingt trois pieds, de tête en tête ; et calait tout simplement deux pieds, ce qui était bien minime, en vérité, pour un vapeur devant travers de si dangereux parages. Il avait été construit sur les chantiers nantais ; mais sa machine, une modeste petite machine à basse pression de douze chevaux, venait d'Angleterre et avait été construite à Liverpool. Quant à son équipage, il était à l'avenant, et se composait : « d'un ancien capitaine au cabotage, d'un marinier de la Loire, d'un mécanicien peu capable, de deux chauffeurs, d'un ancien soldat dont on fit un cuisinier, d'un passager, du constructeur du bateau, de son fils et de son gendre ; tous, excepté le patron, sans aucune habitude de la mer ».

Parti de Nantes à midi, il n'arriva qu'à sept heures du soir à Saint-Nazaire, et prit la mer le lendemain 29 mai, à trois heures du matin. À onze heures, en face d'Hœdic, il faisait la rencontre d'un banc de sardines qui émerveillait considérablement le novice équipage ; puis, à quatre heures, il passait devant Belle-Ile, et comme la mer commençait à grossir et que des vagues de plus en plus pressées et de plus en plus hautes assaillaient, le pauvre petit vapeur se mit à danser follement, et bien au-delà, certes, de tout ce qu'il avait pu imaginer de plus terrible.Tantôt il piquait de l'avant, le nez dans une lame et son gouvernail affolé battant l'air, tantôt il se couchait sur le flanc, l'un de ses volumineux tambours s'enfonçant sous la vague qui menaçait à chaque instant de l’emporter, tandis que son autre roue tournait désespérément dans le vide. Bref, au bout de quelques milles de cette navigation mouvementée, tout l'équipage, sauf le capitaine, était en proie au mal de mer, et jusqu'au mécanicien et aux deux chauffeurs « dont les vomissements bruyants trahissaient l'état de détresse ». Incapable de continuer plus longtemps ce voyage, son malheureux capitaine courant perpétuellement de la barre à la chambre des machines pour alimenter les fourneaux, le Parisien mettait le cap sur Lorient pour y passer la nuit, et fort heureusement, au moment où il cherchait à tâtons le chenal, les fusées volantes du feu d'artifice qu'on tirait à Lorient pour le couronnement « de S.M. Charles X, qui se faisait sacrer ce jour même à Reims, lui servirent de phare et lui permirent de s'ancrer, à onze heures du soir, en face de Port-Louis ».

Le lendemain, à quatre heures, il repartait, bien que la mer fût encore très houleuse ; doublait la pointe du Raz à huit heures et demie, et, rencontrant une barque de pêche, la hélait pour lui demander sa route ; mais le pêcheur qui la montait, « épouvanté à l'aspect, nouveau pour lui, d'un bâtiment marchant sans voiles ni rames et exhalant une épaisse fumée », se hâta de s'enfuir à pleine voile, laissant le malheureux petit vapeur à son triste sort. Fort triste, en vérité ; il ne connaissait plus sa route ; son équipage était rendu de mal de mer ; son combustible commençait à manquer ; et de tous côtés de grandes taches pâles d'écume et de sinistres bouillonnements lui décelaient la présence d'écueils. Aussi mit-il son pavillon en berne, portant son propre deuil, le pauvre petit navire, et s'apprêtant à chaque instant à disparaître au milieu des rochers aigus et des tourbillons sauvages des mers bretonnes.

Le salut lui vint sous la forme d'une barque montée par huit douaniers qui, le prenant pour un fraudeur anglais, s'étaient lancés depuis l'aube à sa poursuite. Le capitaine les héla avec un grand soulagement, et leur expliqua qu'il venait de Nantes et qu'il se rendait à Paris, « ce qu'on prit pour une plaisanterie ». Enfin, l'un des douaniers consentit à servir de pilote au petit vapeur, et, le soir venu, le Parisien s'ancrait à l'île de Batz. où il avait été chercher un asile contre la tempête.

À trois heures du matin il en repartait, faisant route sur « Grenezey » ; mais le douanier-pilote, effrayé de l'état de la mer et des gémissements lamentables du petit vapeur, craquant lugubrement à chaque secousse, mit la barre sur la baie de Perros, où le Parisien entra, entouré d'une nuée de barques de pêcheurs « attirés par l'intention de porter secours, la fumée leur faisant croire qu'il s'agissait d'un navire en feu », mais attirés aussi « par l'espoir de se livrer au pillage » des épaves du soi-disant navire incendié.

À peine arrivé, le vapeur nantais recevait la visite des douaniers, visite qu'il attribua d'ailleurs « plutôt au désir de voir un bâtiment d'un genre tout-à-fait inconnu dans ces parages, qu'au soupçon et à l'austérité de leurs devoirs ».

Le 4, à dix heures, le Parisien appareillait pour Saint-Malo, au milieu de « la fougue vraiment effrayante des marées de la Manche, accrue par un vent violent », et, à huit heures du soir, il mouillait en rade de Saint-Servan. À peine y était-il entré, qu'une « épaisse colonne de fumée annonçait dans le lointain, du côté de la Rance, l'arrivée du Courrier. Ce vapeur, construit à Nantes sur les mêmes chantiers que le Parisien, avait été vendu à une Société de Saint-Malo pour faire le service entre cette ville, Dinan et Jersey ; il était parti de Nantes deux jours avant le Parisien, et revenait de Dinan après avoir effectué le premier voyage de son service.
Les deux Nantais se saluèrent, leurs pavillons et fanions arborés, à grands carillons de leurs cloches et acclamations de leurs équipages.

Le 6 juin, à quatre heures du matin, le Parisien quittait Saint-Malo pour se diriger sur Le Havre où il s'amarrait à onze heures et demie du soir. Le Parisien y fit sensation ; « des bateaux destinés à transporter les voyageurs, le vapeur nantais était, en effet, le premier qu'on y eut vu appartenant à des Français » ; aussi, l'enthousiasme fut-il très grand et manifesté « d'une manière très énergique », quand on vit le petit vapeur, « dans le trajet de trois lieues qui sépare Le Havre de Honfleur, devancer d'un tiers du chemin la Duchesse-de-Berri, paquebot appartenant au consul américain ».

D'ailleurs, depuis qu'il était en eau douce, oii tout an moins saumâtre, le Parisien semblait tout ragaillardi ; il filait à toute allure, battant l'eau calme de la rivière de ses larges palettes, et déroulant derrière lui une longue volute de fumée capricieuse. « À cette époque, les bateaux à vapeur étaient rares sur cette partie de la Seine ; cette navigation avait encore tout le charme de la nouveauté », aussi « la foule se portait-elle sur la rive ; partout éclatait la curiosité, la satisfaction », excitée par « les décorations brillantes... et la forme svelte et gracieuse » du vapeur nantais, qui, tout petit au milieu de l'immensité de la mer, et tout frêle en présence des éléments déchaînés, prenait les proportions d'un majestueux et solide paquebot entre les deux rives du fleuve où l'eau coulait très calme, à peine ridée par le vent.

Dans la nuit du 9 au 10, le Parisien passait le pont de Rouen, et repartait le 10, dès l'aube. La navigation était loin, d'ailleurs, d'être très rapide, ni très facile, car la Seine était alors encombrée de moulins, d'écluses et de pêcheries ; et, comparant cette rivière à la leur, les Nantais constataient que « tandis que sur l'une on évite avec soin de gêner la circulation, sur l'autre on croirait qu'on a pris plaisir à multiplier les obstacles,.... et, sans ces entraves, on pourrait, — ajoutaient-ils, — remonter du Havre à Paris en douze jours, au moyen de bateaux accélérés, semblables à ceux dont on se sert sur la Loire, employant tour à tour la voile et des chevaux, et en six jours, à l'aide de remorqueurs à vapeur d'une construction légère. »

Après de longues stations aux ponts et aux écluses, aidés par des chevaux dans les passages difficiles, les Nantais, qui avaient eu l'idée heureuse de prononcer « le nom d'une personne de la famille royale qu'on voit souvent parcourir ces bords », afin de faire supposer que leur navire lui était destiné et activer un peu, par ce moyen, la lenteur des éclusiers, entraient majestueusement à Paris, le dimanche 12 juin, et, passant le Pont-Royal au bruit strident de leur sifflet, s'amarraient à trois heures de l'après-midi « près des bains Vigier ».

Après quelques jours de station au Pont-Royal, pour reposer le petit vapeur des fatigues de son long voyage, et satisfaire la curiosité des Parisiens, « les actionnaires ayant décidé qu'on placerait le bateau sur la Haute-Seine, pour faire le service de Paris à Melun, on le mit en mouvement. » Au passage du Pont-Neuf, une barque, s'étant approchée trop près, fut emportée par le courant sous les roues du vapeur et chavirée ; des deux hommes qui la montaient, un seul parvint à se sauver à la nage et fut recueilli au pied du Louvre, l'autre disparut ; au pont Notre-Dame et au Pont-au-Change, le vapeur fut incapable de remonter seul le courant et dut être halé de la berge par des chevaux ; enfin, ces obstacles surmontés, le Parisien fut amarré en dehors de Paris, et le lendemain, à sept heures et demie, il partait pour Melun d'où il revenait le soir même et rentrait à neuf heures à Paris.

Toutefois, après neuf voyages, « les actionnaires, découragés par des contrariétés de tout genre, par l'énormité des droits réunis, et par des passages où il fallait attendre son tour, se décidèrent à vendre le bateau. » II fut acheté par un particulier qui le mit en société, et en commanda de suite un second au même constructeur nantais ; et l'année suivante, la Parisienne quittait Nantes et faisait route vers Paris où elle arriva, après un voyage tout aussi long et tout aussi mouvementé que celui du Parisien (2).

(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 5 novembre 1824.
(2) Le Lycée Armoricain, 10° volume, 1827, pp. 223 et s.

RAPPEL

Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

Pages scannées par grapheus tis

lundi, 29 septembre 2008

Allons-y donc de notre rentrée littéraire

Il en était question dans Masse critique, hier matin, Frédéric Martel avait invité Olivier Bétourné, directeur littéraire d'Albin Michel. Je n’ai point trop d’estime habituellement pour les grands “managers” de l’édition lettrée. Cette fois, je suis demeuré attentif. Ce n’était point parole de bois.
Il y fut question de la dignité de tous les lecteurs. De best-sellers dont les noms d’auteurs ont été parfois entendus par ci par là, de madame Amélie Nothomb dont je n’ai lu qu’un seul livre qui traînait sur une étagère de libre échange à la capitainerie du port galicien de Sada, Métaphysique des tubes ; c'était en juste adéquation avec le lieu de lecture, la laverie du port ; j’ai lu, le temps d’un plein de machine à laver ; c’est dire l’épaisseur, l’intensité, la profondeur !
Il y fut aussi question de Pierre Michon et de François Bon ; Bétourné en est aussi l’éditeur ; j’ai mieux compris mon attention première.
On s’entretint de la rentrée littéraire romanesque, de l’importance du rite dans les petits cercles lettrés.

L’an dernier, j’avais ressorti de mes étagères Théo Lésoualc'h ; cet an, je demeure chez les Celtes. PLUME, le magazine qui substitue Hélène à Pénélope dans le lit d’Ulysse, a consacré quelques pages à l’exposition des Champs-libres de Rennes consacrée au roi Arthur, une légende en devenir. La rédaction de ladite revue ne met point encore Merlin dans le lit de Guenièvre. Mais sait-on jamais ?
Je ressors donc “ma” matière de Bretagne ; enfin la mince matière que j’ai dans mes rayons.
Qui dit rentrée littéraire dit roman et qui dit matière de Bretagne dit bien naissance du roman occidental. Non ?
Je ne sors pas encore mes Markale et autres Loth... je ressors un roman, écrit qui dans les années 70 continuait à sa manière le devenir de la légende comme le titre si bien l’expo de Rennes.
D’Yves Élléouêt, le Livre des Rois de Bretagne. Il fut peintre, époux de Aube et donc gendre d'André Breton !

À la suite de Masse critique, les incontournables— à contourner parfois — Répliques : une ré-émission sur Joseph Conrad et Au cœur des ténèbres, la colonisation en interrogation.
Chose à lire !
Mais je devrais probablement sous-titrer mon blogue “un auditeur en son jardin”. Avec les iPods et autres, tout est possible.
Ah, si ! en conclusion de Masse Critique, fut évoqué l’arrivée de la nouvelle “liseuse électronique” de Sony. FB, toujours en pointe, l’évoquait déjà en juillet, en élargissant, et ce depuis quelques rubriques, à la situation de cette fameuse lecture numérique.

Post-scriptum :
Jardins* peut se lire comme un entretien dans son jardin, par petites planches. J’en suis au savoureux — il le sont quasi tous — chapitre sur l’histoire du jardin de Boccace, qui me renvoie au Décaméron qui nous renvoie au film de Pasolini, à Masetto, le jardinier faussement benêt du couvent et aux sexes si joliment velus de ses religieuses de tous âges.

(Masetto) est le pendant exact de l'architecte du jardin où est contée l'histoire. Je veux dire qu'il commence par planifier son action avant de l'exécuter en la mettant au service de la nature. Ce faisant, il imite le jardinier qui sème ses graines à l'avance et récolte les fruits de son travail en temps et en heure.
Si la présence de Masetto introduit maintes perturbations dans la vie spirituelle et érotique du couvent, son intrusion ne provoque ni désordre ni anarchie. Au contraire, à la fin de l'histoire, les énergies libidinales du couvent, parfaitement régulées et équitablement réparties, s'épanouissent sans miner les fondations de l'ordre institutionnel. L'histoire exalte finalement l'inventivité des protagonistes pour donner une forme ordonnée au plaisir.


* Ma note du 11 septembre ; on fête les anniversaires des catastrophes comme on peut.



mardi, 23 septembre 2008

retour de mer

ersalus.JPG


Er Salus, comme un petit moment d'éternité, trois jours durant et Dac'hlmat bien abrité des vents aigres de nordet.
Des ciels nocturnes d'une netteté froide — toujours par la vertu de ces vents — et je relève dans le Livre de bord la contemplation de "mes" constellations.:
Nuit du 20 au 21 septembre, dernière nuit d'été (...ou première de l'automne),
à minuit : presqu'au zénith, ancrée par Deneb et s'appuyant au noroît sur la Lyre avec Véga et l'Aigle avec Altaïr, la Croix du Cygne.
à l'aube, dans le suet : Orion par Aljunina s'appuie en déséquilibre sur Sirius, d'une verdeur bleue comme jamais.
Pour la première fois, dans l'ouest de celle-ci, j'identifie Mirzam.



Le lendemain, nous remontons par le Nord en escale au Crouesty pour une douche brûlante et faire le plein de palets bretons, de cakes au beurre et de chouchen.
Au kiosque de presse, je suis attiré par un magazine assez luxueux, PLUME, le magazine du patrimoine écrit. Le thème, Arthur au-delà de la légende, me pousse à l'achat. Il y fait mention de l'exposition rennaise aux Champs-Libres sur la légende arthurienne (jusqu'au 4 janvier 2009).
D'autres articles intéressants pour un vieux lecteur, sur Lamartine, Nerval : je tique sur l'achat du manuscrit du Manifeste du surréalisme. Manifestement, la rédaction dudit magazine préfère l'initiative privée à la préemption par l'État. Ça me renvoie à la dispersion du "42, rue Fontaine" et de la lutte menée par remue.net et François Bon. J'avais, pour ma part, humblement proposé de rendre au Lot les agathes que Breton y avait collectées.
Rien d'étonnant, l'acquéreur du manuscrit est aussi le directeur de publication de PLUME, qui est aussi le fondateur du musée des Lettres et Manuscrits.

Le plus piquant — j'ai envoyé derechef un courriel — est la brève suivante que l'on trouve en page 6 :
Inépuisable Odyssée... Des indices astronomiques, recueillis dans le texte de l'Odyssée ont permis de dater précisément le retour d'Ulysse près d'Hélène...

Gaste ! s'écrieraient les arthuriens, nous savions Ulysse peu enclin à la fidélité, nous savions les cocufiages subis par la patiente Pénélope.
Mais, de là... à laisser entendre qu'Hélène, pour occuper le lit au pied taillé à la racine dans un olivier, aurait — par quels vents miraculeux ? — précédé Ulysse en Ithaque  et aurait trucidé* Pénélope !
Ce n'est qu'une coquille m'écrirez-vous ! Certes, mais quelle conque !
Amusant avatar causé par un obscur scribe du libéralisme culturel. Peut-être le scribe était-il plongé dans un rêve épique de réécriture ? Surréaliste, non !

Le patrimoine homérique serait-il en danger ? Vains dieux !

* Une impardonnable inattention m'a fait mettre à l'infinitif le verbe "trucider". Un courriel de la rédaction de PLUME, aussi peu amène que celui que j'avais écrit, me fut sur le champ envoyé. De bonne guerre, certes, mais ma coquille était si mince...







lundi, 15 septembre 2008

à nouveau je largue

L'anticyclone nordique est favorable : je vais mouiller un pied d'ancre à Er Salus, pour six ou sept jours.

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samedi, 13 septembre 2008

« Les salons littéraires sont dans l'internet. »

Mais soyez assurés que ce n'est pas grâce à monsieur Pierre Assouline ; il aurait le blogue littéraire le plus fréquenté : ce serait le dernier web-salon où l'on cause.
C'est du moins ce qui est écrit dans le Nouvel Obs de cette semaine — d'ailleurs, en janvier 2009, je clos mes quasi cinquante ans d'abonnement : une trop vieille fidélité épuisée par plus d'un an de "pepolisation" (sic) d'un hebdomadaire qui tente, sans doute, de survivre.

La lecture des propos recueillis par Melle Anne Crignon me conforte dans ce désabonnement à venir.
Pas un mot d'un bouquin paru en 2002.
Forte prémonition d'un auteur qui ne se mit point en lumière — il est vrai qu'en 2002, nous n'étions point des millions — et monsieur Assouline ne tenait pas blogue à monde.fr.
En deux cent dix-huit pages et pour 20 € — 1€ de moins que celui de monsieur Assouline — les salons littéraires de l'Internet y sont annoncés et leur problématique, déjà bien déblayée ; c'est écrit par un universitaire et ça n'a rien d'universitaire.

Quand monsieur Assouline était rédacteur du magazine LIRE, il aurait dû — ou pu —lire ce bouquin ; peut-être l'a-t-il lu ? Aurait-il craint que ce bouquin lui fît de l'ombre.
Je vous entretiens de :

Patrick REBOLLAR, Les salons littéraires sont dans l'internet, Écritures électroniques, Presses Universitaires de France, avril 2002.


C'était aux beaux temps libertaires de remue.net et de zazieweb.

Les pontifes de l'appareil lettré éditorial suçaient encore le lait de leur "souris".

Post-scriptum : Allez lire Berlol et son Journal LittéRéticulaire. Il est dans la colonne de gauche, en tête de liste !

jeudi, 11 septembre 2008

ça pourrait commencer mieux

À peine revenu et voilà que resurgit la publicité sur ce bon site de Hautetfort.
Voilà ce que c'est de ne souhaiter vivre, sur la Toile, que de gratuité. Il va falloir songer à migrer vers d'autres "jardins".
Mais que faire de ces bientôt quatre années de notes, sauvegardées certes, mais difficilement transférables...
À moins qu'une visiteuse, un visiteur puissent proposer un outil !

Quant aux jardins, Harrisson érige Homère en philosophe — d'autres, l'établissant parmi les PréSocratiques, l'avaient précédé à propos de l'immanence, de la violence, de l'insatisfaction, de la sagesse et de la vieillesse.

Voilà qu'Ulysse s'emmerde ferme dans le jardin de Calypso aux belles boucles et rêve sur la plage déserte des aridités rocailleuses d'Ithaque et de sa vieillissante Pénélope. Homère, implicitement, de contester le bosquet des dieux de Gilgamesh, les jardins des Champs-Élysées, ceux des Îles Fortunées...
Et par delà les siècles à venir, les Paradis terrestres des juifs, chrétiens et autres musulmans.

Que serait un jardin sans soucis ?

Thoreau — autre bonheur de l'été à l'écoute des conférences de Onfray — écrit dans Walden :
« Qu'elle soit vie ou mort, nous implorons seulement la réalité. »

lundi, 08 septembre 2008

de mer en jardin

Plus de deux mois de... ? Je voulais écrire “silence”, mais on ne rompt point un silence en frappant des lettres sur un écran.
Les situations et les menus faits quotidiens de cet été ne m’ont guère incité à une quelconque rédaction. Je m’étais embarqué fin juin avec de minces projets d’écriture et de lecture. Livres et documents sont demeurés dans les équipets : entre les aléas météorologiques d’un anticyclone qui ne s’établissait que furtivement deux ou trois jours — et le furtif persiste — les occupations grand-paternelles et la vacuité contemplative de l'océan ne furent guère favorables à la rédaction. Olivier Rolin écrit lui : la contemplation hébétée de la mer !
Plus, sans doute, la basse continue du vieillissement qui modère l’importance de l’écrit et privilégie la saveur d’un moment, d’une houle, d’un éclat de soleil, de la douceur d’un crachin. Rolin n’a peut-être pas tort d’user du mot “hébétée” : l’hébétude, comme engourdissement du mental, à peine affleurant une mauvaise conscience de vivre cet état de paresse, mais aussi de délaissement des visiteuses et visiteurs ?

Failli reprendre pour les disparitions de Soljnenitsyne et de Darwich : auteurs géants ou causes nationales ?
Failli me foutre en rogne pour les dix “gus” flingués lors d’une embuscade en Afghanistan, les honneurs rendus par une nation au ventre mou et la logorrhée des commentaires et des questionnements d’une génération qui ne sait plus ce que c’est que guerre, guérilla et contre-guérilla, pour laquelle les cadavres de 14/18, 39/45, Indochine et Algérie ne sont que des stèles et des cartes postales.

Je boude les rentrées, surtout la littéraire — quand l’honorable Monde des Livres noircit du papier sur les affaires de cul de lettrées, ça signifie certainement que parce que ce sont des dames — ce pourrait être une avancée — des bourgeoises, des lettrées, la pornographie n’est plus sordidement renvoyée aux boutiques à sexe et à la Toile des culs. Un style correct de bonne lettrée ne fait pas toujours une histoire de beau cul !

Et alors ?

Ce n’est pas un adieu au roman, ça n’en n’est pas très loin — je relis mes passions romanesques de naguère — mais je ne m’aventure plus que dans les essais.
Je suis déjà dans Jardins de Robert Harrisson*.


Que faire, en ces « sombres temps » où le monde qui « s'étend entre les hommes » ne leur offre plus de scène propice à leurs discours et à leurs actions, où l'on n'écoute plus la raison, où, dans la sphère publique, le citoyen est réduit à l’impuissance. II est des temps où le penseur, le patriote, l'individu n'a d'autre choix que de s’exiler dans les marges, ...
Dans De l'humanité dans de « sombres temps », Hannah Arendt écrit que « la fuite hors du monde en des temps sombres, temps d'impuissance, peut toujours justifier tant que la réalité n'est pas ignorée, mais constamment présente et reconnue comme cela dont il faut s'évader ».
On peut en dire autant des refuges qu'offrent traditionnellement les jardins à ceux dont la « condition humaine » est menacée.
Trouver refuge dans un jardin peut se révéler une bénédiction ou une catastrophe selon le degré de réalité préservé en son sein
.


J’opte pour le jardin d’Épicure, actualisé à la Gilles Clément, avec des espaces d’herbes folles, littéralement et dans tous les sens.

*Robert HARRISSON, Jardins, Réflexions sur la condition humaine, Éditions Le Pommier, 2007.


lundi, 28 juillet 2008

demeurent des images qui nous émerveilleront

L'homme qui mesurait ses plans aux battements de son cœur s'en est allé.
Sur un air d'Oum Khalsoum !

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Adieu donc, Youssef Chahine !

mardi, 15 juillet 2008

et parallèlement, le de-ci de-là de Nicléane

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de ci de là

Partent toutes et tous pour l'été, tous ces amis de ma "colonne de gauche" !
Hors ! Hors les grands "ancêtres" : le Journal Littéréticulaire et Remue.net, entre autres !

Et je vais de ci de là.
Au gré des vents et de quelques rares écrans !

Mes "Donzelles" arrivant, nous continuerons donc d'aller de grèves en ports.
Manière d'un vieillir jeune qui, chaque matin, fait inaugurer une nouvelle et modeste vie*.

* Pour inciter à lire un article dans le Libé-Livres du 10 juillet sur un bouquin "Vieillir, une découverte", qui devrait prolonger ces lectures de post-adolescence que sont L'art de vieillir de John Cooper Powys et Vivant jusqu'à la mort de Paul Ricœur.

jeudi, 26 juin 2008

Chronique portuaire de Nantes C

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830


1823. — VAPEURS NANTAIS EN 1823.

Au début de la belle saison les vapeurs la Loire et la Maine, les deux premiers vapeurs construits à Nantes, partant de la cale du Port-Maillard et remontant jusqu'à Angers, et le vapeur le Courrier, desservant Paimbœuf et Saint-Nazaire, reprirent leur service. En réponse à certains bruits qui couraient dans le public, les directeurs firent publier dans le Journal qu'aucun d'eux n'était Anglais ou Américain, ainsi que leurs adversaires le prétendaient.
Une société rivale s'était en effet fondée sous le nom d' « Entreprise Française », et ses vapeurs , l'Angevin et le Nantais, partant de la cale de la Poissonnerie, desservaient également la Haute-Loire et Angers.
La première société fut incapable de soutenir la concurrence ; et dans les premiers jours d'août ses trois vapeurs étaient mis en vente et cessaient leur service. Tous ces vapeurs étaient munis de « bons restaurateurs » et ne manquaient pas d'un très grand confort (1).


LES DERNIERS NÉGRIERS : LA "PETITE BETZY", LA “VIGILANTE" & L’ ”AGOBAR”.

Le 5 mars 1823, le tribunal correctionnel de Nantes prononçait la confiscation de deux navires nantais : la Petite-Betzy, capitaine P***, armateur M. Julien D"', et la Vigilante, capitaine B***, armateur M. M*** , pour contravention à la loi prohibitive de la Traite des Noirs.
Ces deux navires chargés, le premier de 218 et le second de 345 nègres et négresses, avaient été surpris dans la rivière de Calaar, près de Boni, par les embarcations armées de la frégate anglaise I'IPHIGÉNIE et de la corvette de même nationalité le MIRMYDON,
Après un combat d'une demi-heure, pendant lequel un grand nombre de nègres furent tués ou dévorés par les requins, tandis qu'ils tentaient de gagner la côte à la nage, le lieutenant Mildmay, commandant les chaloupes anglaises, parvint à s'emparer des deux Nantais qui furent conduits en Angleterre et de là en France où ils furent condamnés et confisqués (2).

En dépit de l'étroite surveillance des Anglais qui, avant de se constituer les gendarmes de la Traite, avaient assuré l'avenir de leurs colonies par une importation formidable de noirs, et avaient organisé pour la conservation de leurs esclaves de véritables « haras » de nègres, — le mot fut maintes fois employé, comme la chose, — un certain nombre de négriers nantais continuaient encore au début du XIXe siècle leur hideux trafic.

Quelques mois, en effet, après la capture de la Petite-Betzy et de la Vigilante, un autre négrier nantais, l'Agobar, capitaine M***, était également saisi et sa confiscation prononcée par la cour spéciale d'appel de la Guyane Française (3).

Toutefois, les derniers négriers que Nantes pouvait encore posséder, ainsi d'ailleurs que Bordeaux, La Rochelle et le Havre, disparurent peu après cette date. L'on peut affirmer, semble-t-il, qu'en 1830, la Traite des Noirs était définitivement abolie, en fait comme en droit.


(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° des 11 avril, 29 avril et 2 août 1823.
(2) VATTIER d'AMBROYSE, Le Littoral de la France. Côtes Vendéennes, pp. 409 et suiv.
(3) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 1er juillet 1824.


RAPPEL

Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908

Pages scannées par grapheus tis


Commentaires du “scanneur” :

Pudique, notre bon chroniqueur ; sans doute, se doit-il, encore en 1908, de ménager quelques familles d’armateurs et de capitaines nantais.
D’où, les *** suivant les initiales des noms propres !

samedi, 21 juin 2008

viatique pour un cabotage

Dimanche, j'embarque pour un premier cabotage estival : nous n'irons guère au-delà du Raz-de-Sein.
Ce sera un cabotage "studieux" je m'engage à achever ma chronique d' Algériennes* pour la fin de l'an et je souhaite poursuivre jusqu'à la sécession de Chabani en avril 1964.
J'emmène un mince viatique de lectures : le Livre II des Essais de Montaigne, Mars ou la guerre jugée de Alain, pour éclairer et creuser ce qui me paraît encore fort narratif dans l'évocation de ces années de merde et de feu.

J'allégerai les heures d'écriture avec le Cendrars de chez Seghers dont je compte bien publier la note dans "Poètes, vos papiers !" pour septembre.
J'avoue que je troue ma chronologie de découverte des poètes, sautant et Pessoa et Reverdy ; je les remettrai sur l'établi à l'automne.

Curieusement, je laisse sur ma table trois petits bouquins, acquis hier après beaucoup de tergiversations.
Souvent, j'hésite à confronter à des lectures universitaires des lectures qui me furent — et me sont encore — des chemins de traverse n’appartenant qu’à moi seul, inaugurées seules sans jalons autres que les premières pages et quelques lignes glanées au gré des feuilletages, qui sont peut-être mes lectures des trois derniers auteurs achevant le cycle des découvertes du siècle passé, qui me creusent et m’amplifient.
Les écrivants du XXIe m’indiffèrent, me laissent froid.

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Je lis Annie Ernaux depuis 1974, et mon commencement, ce fut Les armoires vides.
Je lis Pascal Quignard depuis 1987, et je ne sais quoi de La leçon de musique, ou des Tablettes de buis d’Apronenia Avitia m’amena à accumuler, en poche, les Petits Traités et autres minces recueils.
Je lis François Bon depuis 1990, et La folie Rabelais, Daewo ,Tumulte , respectivement, me relancèrent dans mon adolescence qui se rêvait rabelaisienne, dans mes traces vécues de culture ouvrière et dans le tohu bohu d’un monde écrit qui advient.
Ils seront, en septembre, tous trois, sur la table du retour et leurs livres dégringoleront des étagères pour les confrontations, qui, je ne le nie point, lèveront des horizons que, solitaire, ma lecture n’eût pas découverts.

J’aavoue qu’au fond du sac marin, il y aura, comme à chaque départ, un Char pour les rocs et un Saint-John Perse pour les houles.
Le sang est à quai. À chaque époque ses lesteurs.

René CHAR
Moulin premier, XXXI


Que les vents vous soient favorables !

* Quelques extraits d'Algériennes sont lisibles sur le site SPIP — rudimentaire ! — de grapheus tis