samedi, 21 juin 2008
viatique pour un cabotage
Dimanche, j'embarque pour un premier cabotage estival : nous n'irons guère au-delà du Raz-de-Sein.
Ce sera un cabotage "studieux" je m'engage à achever ma chronique d' Algériennes* pour la fin de l'an et je souhaite poursuivre jusqu'à la sécession de Chabani en avril 1964.
J'emmène un mince viatique de lectures : le Livre II des Essais de Montaigne, Mars ou la guerre jugée de Alain, pour éclairer et creuser ce qui me paraît encore fort narratif dans l'évocation de ces années de merde et de feu.
J'allégerai les heures d'écriture avec le Cendrars de chez Seghers dont je compte bien publier la note dans "Poètes, vos papiers !" pour septembre.
J'avoue que je troue ma chronologie de découverte des poètes, sautant et Pessoa et Reverdy ; je les remettrai sur l'établi à l'automne.
Curieusement, je laisse sur ma table trois petits bouquins, acquis hier après beaucoup de tergiversations.
Souvent, j'hésite à confronter à des lectures universitaires des lectures qui me furent — et me sont encore — des chemins de traverse n’appartenant qu’à moi seul, inaugurées seules sans jalons autres que les premières pages et quelques lignes glanées au gré des feuilletages, qui sont peut-être mes lectures des trois derniers auteurs achevant le cycle des découvertes du siècle passé, qui me creusent et m’amplifient.
Les écrivants du XXIe m’indiffèrent, me laissent froid.
Je lis Annie Ernaux depuis 1974, et mon commencement, ce fut Les armoires vides.
Je lis Pascal Quignard depuis 1987, et je ne sais quoi de La leçon de musique, ou des Tablettes de buis d’Apronenia Avitia m’amena à accumuler, en poche, les Petits Traités et autres minces recueils.
Je lis François Bon depuis 1990, et La folie Rabelais, Daewo ,Tumulte , respectivement, me relancèrent dans mon adolescence qui se rêvait rabelaisienne, dans mes traces vécues de culture ouvrière et dans le tohu bohu d’un monde écrit qui advient.
Ils seront, en septembre, tous trois, sur la table du retour et leurs livres dégringoleront des étagères pour les confrontations, qui, je ne le nie point, lèveront des horizons que, solitaire, ma lecture n’eût pas découverts.
J’aavoue qu’au fond du sac marin, il y aura, comme à chaque départ, un Char pour les rocs et un Saint-John Perse pour les houles.
Le sang est à quai. À chaque époque ses lesteurs.
René CHAR
Moulin premier, XXXI
Que les vents vous soient favorables !
* Quelques extraits d'Algériennes sont lisibles sur le site SPIP — rudimentaire ! — de grapheus tis
10:52 Publié dans les lectures, les marines, quelquefois Quignard | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Bien que demeurant dans l'ombre, j'aime à vous lire. Il y a Char, aussi, toujours sa présence.
Bon cabotage !
Écrit par : sandgirl | samedi, 21 juin 2008
Bon soleil et bon vent, Jacques !
alainB
Écrit par : alain barré | lundi, 23 juin 2008
Comme sandgirl mes visites sur ce blog sont régulières.
René Char avait-il le pied marin ?
Écrit par : La Fanchon | mercredi, 25 juin 2008
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