jeudi, 19 juin 2008
Chronique portuaire de Nantes XCIX
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1822. — LE BATEAU ZOOLIQUE.
Malgré l'apparition de services réguliers de vapeurs, le bateau zoolique, toujours mu par ses chevaux, n'en continuait pas moins son service de Nantes à Nort.
Le 15 septembre 1822, en effet, le propriétaire-inventeur de ce bizarre attelage nautique, auquel on avait reproché d'avoir négligé de se porter au secours d'un noyé, malgré ses cris, répondait par la voie du Journal, qu'il n'avait pu les entendre, en raison du tapage de ses passagers, qui « s'avisèrent, suivant une pitoyable manie trop fréquemment pratiquée sur la rivière d'Erdre, de proférer des paroles grossièrement injurieuses, qui pourtant n'avaient aucune direction connue », et — ajoutait-il, — lorsqu'il avait pu faire cesser leurs « vociférations », il n'avait plus entendu aucun appel.
En homme éminemment pratique, d'ailleurs, le sieur Guilbaud, inventeur du bateau zoolique, ajoutait : « Je profiterai de cette occasion pour faire connaître que le bateau zoolique continue à faire avec exactitude le trajet de Barbin à Nort comme par le passé » (1).
VAPEUR À RAMES ET MOTEUR SANS PISTON.
Dès 1821, M. Testier avait présenté à la Société Académique un modèle de rames à charnière, que M. Fautrat appliqua de suite à un bateau qu'il fit construire, et pour lequel il prit un brevet d'invention (2).
En 1822, la Société Académique constatait que ce dernier, qui « travaille avec une louable persévérance au problème de la navigation de la Loire eu égard à son peu de profondeur », avait présenté un rapport extrêmement intéressant, dans lequel il exposait à la Société Académique deux de ses inventions récentes.
« L'une, — expliquait le Secrétaire de la Société, -—- a pour objet la substitution des rames à charnières, imitant le mouvement des palmipèdes, aux roues à aubes déjà connues », l'autre visait « un nouveau moteur dont l'eau, réduite en vapeur, serait le ressort, mais dont la construction, ne comportant point de piston, serait infiniment plus simple que celle de toutes les machines à vapeur construites jusqu'à présent (3).
(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 15 septembre 1822.
(2) Procès-verbal de la séance publique de la Société Académique, tenue le 3 septembre 1821, pp. 52-3.
(3) Procès-verbal de la séance publique de la Société Académique, tenue le 9 décembre 1822, pp. 57-9.
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mercredi, 18 juin 2008
retour à Essénine
Ces temps-ci, il y a quelque activité dans les commentaires autour de ma note sur Sergueï Essénine, le 17 octobre 2005 ; il est vrai que Google répertorie grapheus tis en première page entre Wikipédia et Poézibao.
Je ne me fais aucune illusion sur la notoriété de mon blogue ; cette fréquentation, assidue — quand je consulte les mots-clés utilisés par mes visiteurs — et souvent chaleureuse, n’est due qu’à la rareté des écrits en langue française sur le poète russe. Et puis je ne faisais en cette note que rendre compte de ma fréquentation régulière d’un vieux bouquin (1959) de chez Seghers.
Je ne suis guère, ces jours, constant dans l’écriture du blogue. Les Rencontres du Fleuve et la préparation des petites errances marines de l’été, les expositions qui bouclent les activités annuelles des ateliers fréquentés par Nicléane et les soins exigés par un jardin qui jusqu’alors n’avait guère été aussi “cultivé” accaparent en le fatiguant légèrement le bonhomme qui rechigne au clavier du soir.
Mais ces deux ou trois commentaires sur la note d’Essénine m’incitent à remercier ces visiteurs en rendant doublement hommage et à René Guy Cadou qui m’amena au poète russe et à Essénine lui-même, en publiant l’intégrale de l’Ode à Serge Essénine que l’instituteur et poète nantais écrivit en 1949.
L’Ode est sans doute un peu longue pour une lecture sur blogue, bien au-delà des deux “écrans” que j’estime être le possible de lisibilité.
À dérouler le “volumen” vertical, donc, lentement au rythme nostalgique des quatrains.
Il y a tant d’affinités entre ces deux-là dans la sensualité des campagnes, le goût des boissons fortes et l’amitié des bêtes.
Ode à Serge Essénine
Qui se souvient des journaux de 1925 ?
Une feuille égarée fait rage dans la cour
Et l'automne l'automne démantelle les tours
Le poète Essénine s'est tué
À cinq ans j'appris à lire
Avec maman dans le journal
Oh sûrement j'ai lu mon Serge
L'annonce de ta mort brutale
Un soir de lampes à pétrole
Et de tableaux mal effacés
Là-bas dans la petite école
A la limite du passé !
Mon fils sera — noblesse oblige !
Instituteur dans un hameau
Qui reconnaît pas dans la neige
Saura dénouer liens du cerveau !
Ainsi parlait Père Essénine
Dans la Russie de Nicolas
Ignorant certes que Pouchkine
Sur son cheval menait son gars
À travers nuit gel et villages
Et dans le temps cerclé de fer
Vers un château de sept étages
Sous les mélèzes de l'enfer !
J'ai vécu comme toi parmi les hordes villageoises
Ô Serge et j'ai bien écouté
Les chiens qui boivent dans l'écuelle de la lune
À l'odeur d'églantine et de menthe coupée
Je t’apporte un printemps tout neuf ô mon Poète
Et tel que n'en connut la ferme de Riazan
Alors que ceint de cuir tu promenais tes bêtes
Le long d'un abreuvoir de lumière et de sang
Ah ! dis bonjour à cousin Serge cheval triste
Par ton amour au moins qu'il soit récompensé
D'avoir osé prétendre à la flamme des lys
Quand le jour s'est éteint sur des poissons séchés !
L'Impératrice a beau sourire il faut qu'il chante
L'étable de famille et le monde écrasé
Sa tristesse d'enfant ses cheveux pleins de lentes
Alors que la nature est si belle à côté
Essénine Augustin ! le Serge du Grand Meaulnes
Lorsqu'il eut parcouru mille lieues avec toi
La bride sur le cou de son cheval fantôme
Se retrouva plus seul et plus pauvre à la fois
Mais là-bas quelque part en la Russie du rêve
Dans les salles du temps préparées pour un bal
Tu te dresses soudain et tu brises les verres
Comme un voyou d'enfant jette en passant des pierres
Un soir de nostalgie dans les vitraux du lac
Et tu ris sans cesser de pleurer sur toi-même
Voleur d'un astre d'or par le brouillard volé
Qui traînes tout au long des nuits et des semaines
Le regret d'un pays et d'un cœur embaumé
Maints crapauds chantent sous la lune
On dirait un piano cassé
Un morceau de songe qui flotte
Au bord d'un ciel tout rapiécé
Père Essénine pense à Serge
Quand il était encor gamin
Entortillé de bonne serge
Que mère tailla de sa main
Où est-il ce pauvret bizarre
Qui délaissant bœuf et cheval
S'agenouillait au bord des mares
Comme un atteint du cérébral ?
Les uns disent qu'il se promène
Dans la grand'ville en chapeau rond
Avec des femmes pas honnêtes
Qui lui auront tripe et rognons !
Mais Serge a mal de vivre ainsi Le grand poète
Se souvient de la ferme adorée et du prêtre
Qui officiait tous les dimanches au hameau
Où son passé est frais comme un cœur de bouleau
II est ivre il a pris un fiacre sans un sou
II se sent l'âme négligée et dans la chambre
Titubant de douleur il se jette à genoux
Devant l'icône pâle et le bougeoir à branches
« Mon Dieu ! Mon bon copain ! Petit Père ! Ô mon Dieu !
Quelle nuit ! Quelle nuit ! Je meurs si je m'accuse
Ferme sur mon présent l'herbe bleue de tes yeux
Je suis damné ! Mais si tu crois que je m'amuse !
Rengagé du destin dans la gare du doute
Sur la banquette étroite et glacée du matin
J'attends de voir paraître au détour de la route
Comme un ballon de rhum la lanterne du train
J'arrive dans le jeu de quilles du village
Ah ! pauvre pauvre chien ! Tel qui songe à des os
Trouve un croûton de lune amère qui surnage
Sur la coupe d'un ciel immanquablement beau
II a neigé durant trois ans
Sur le visage de ma mère
Et ses cheveux sont aussi blancs
Que les cailloux du cimetière
Ayez pitié d'un faux aveugle
Qui délaissant mère et maison
S'en est allé veule et tout seul
Frapper à l'huis des horizons
J'ai connu Moscou la cruelle
Et les matins en troïka
Lampe à gaz ne vaut point chandelle
Quand elle brûle tout là-bas
Au bord du monde entre deux saules
Et que dans l'aube pour mourir
Elle se penche sur l'épaule
D'un enfant en mal de dormir !
Adieu charmante Isadora
Qui dansait comme on tord un linge
Serge mort tu le danseras
Devant un parterre de singes
Tu diras à l'Américain
Pourvoyeur de destins illustres
Que j'ai soufflé un beau matin
Les vingt-neuf bougies de mon lustre
Que je suis mort d'avoir aimé
La beauté mon pays natal
Pauvre homme d'ange fourvoyé
Parmi les enfants de la balle ! »
VIII, 1949
in Hélène ou le règne végétal (1960)
Post-scriptum :
Le lundi 26 mai de cette année, ARTE a diffusé un documentaire sur le dernier (?) grand amour de Essénine : Isadora Duncan : je n'ai fait que danser ma vie. En fin d'émission, une trop brève allusion à la passion de la chorégraphe et et du poète.
13:56 Publié dans Cadou toujours, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 12 juin 2008
Chronique portuaire de Nantes XCVIII
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
...et en l'an 2008 !
1822. — " LA LOIRE " LE PREMIER VAPEUR CONSTRUIT À NANTES.
Le Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure du 25 mai 1822 publiait l'avis suivant :
« Le premier bateau à vapeur construit dans cette ville, dans le chantier de M. Guibert, et qui sera lancé très prochainement est, dit-on, destiné à la navigation de Nantes à Paimbœuf ».
Ce navire appelé la Loire, et construit pour le compte d'une société, dont MM. Strobel et Fenwick, consuls des États-Unis, l'un à Bordeaux, l'autre à Nantes, étaient les promoteurs, fut lancé le jeudi 6 iuin 1822, « en présence d'un immense concours d'habitants, répandus de toutes parts sur la Loire dans de petites embarcations, sur les îles voisines du chantier, et sur tous les quais de la Fosse.»
Après des essais très satisfaisants, auxquels assistèrent le Préfet et les autorités de la ville, la Loire fut livrée au public ; et MM. Strobel et Fenwick organisèrent, le 21 juin, un premier voyage dans la Basse-Loire.
« Ils y avaient réuni vendredi dernier, — rapportait le Journal, — une nombreuse et brillante société de dames pour faire la promenade de Nantes à la Basse-Indre. Nous y avons compté cent-cinquante-quatre personnes placées sur le pont par groupes sans symétrie, cependant toutes à l'aise, et laissant entre elles des intervalles suffisans pour une commode circulation. Le bateau présentait alors le coup-d'œil d'une grande corbeille de fleurs flottant au milieu des eaux.
Tout en remarquant l'heureuse disposition des appartements destinés au passagers, on saisissait sur la physionomie des assistans un sourire approbateur, donné à l'élégance des salons communs, et notamment à celui réservé pour les dames. On voyait que ce sourire exprimait quelque gratitude pour des canapés bien moelleux, pour des glaces répandues avec profusion, enfin pour mille petits actes de prévoyance, dont l'absence aurait peut-être passée inapperçue, mais dont la jouissance, une fois connue, sera désor mais une nécessité......
Tout le monde se plaira à rendre justice à MM. Strobel et Fenwick, en affirmant qu'aucun mouvement de progression n'est
plus doux que celui imprimé par leur machine à vapeur...... La secousse périodique des rameurs, l'impulsion intermittente du vent même sur les voiles seront désormais considérées comme des inconvéniens, quand on les comparera à l’égalité constante de la marche du nouveau bateau. Aucune dame n'a pu se plaindre un seul instant de la moindre incommodité.....
Promptitude, agrément et sécurité, voilà ce que nous offre le bateau la Loire. Il y a lieu d'espérer que ces motifs feront multiplier le nombre des voyageurs, condition nécessaire pour le maintien de l'entreprise ; il serait en vérité trop fâcheux que, faute d'être remplie, Nantes ne put conserver le précieux avantage que lui promet ce nouveau véhicule. »
Le 23 juin, la Loire, dont le confort était supérieur à celui de nos bateaux similaires modernes, qui n'ont ni profusion de glaces, ni salons pour les dames, entrait en service régulier de Nantes à Paimbœuf ; en même temps qu'elle accomplissait, de temps à autre, des voyages d'excursion dans la Haute-Loire et jusqu'à Angers.
En août 1822, le Journal annonçait que deux nouveaux vapeurs, plus grands que la Loire, étaient en construction au chantier Guibert, pour le compte de la même Société ; et qu'ils étaient destinés à faire le service régulier de Nantes à Angers. En septembre, un quatrième vapeur était commandé par MM. Strobel et Fenwick pour doubler la Loire, et l'on annonçait que cette Société se proposait d'en faire construire de nouveaux pour remonter la Loire au-delà d'Angers, tandis qu'une Société rivale en faisait construire trois autres aux chantiers de Paimbœuf.
Les constructeurs Trenchevent, Gaillard et Vince, suivirent bientôt l'exemple de Guibert ; et de nombreuses compagnies de navigation ne tardèrent pas à se fonder sur la Haute et Basse-Loire (1).
_______________________________________________________________________
(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° des 25 mai, 11 et 24 juin, 31 août,
28 septembre et 12 novembre 1822.
Annales de la Société Académique, Année 1898, p. 90
COMMENTAIRES de grapheus tis
Il est évident que notre cher Paul Legrand s'éloigne de plus en plus de son projet initial : recenser les chroniques des "polygraphes qui se sont occupés du passé maritime nantais" et plus particulièrement des marins et corsaires nantais.
Les navigations maritimes et fluviales, les constructions navales, les projets des armateurs, le comportement des marins et des voyageurs sont ébranlés par l'intrusion de la vapeur.
Toutes évolutions soulignées par Paul Legrand qui prennent, cent années après, l'allure d'une savoureuse contradiction. Et d'autant plus ces jours-ci quand la Loire "fluviale et maritime" connaît une animation rarement contemplée depuis cinquante ans.
D'autre part la navigation sur un bateau du type "côtre sardinier à gréement aurique" nécessite du temps consacré à l'amitié marine, aux manœuvres véliques et quelques efforts physiques qui pertubent la publication des notes de ce blogue.
L'écrivailleur ne peut être, à la fois, sur l'eau et dans son jardin !
Nota-bene : Les photos ont été prises par Nicléane à bord du « Marche-Avec », sardinier concarnois, patron A. Hémon.
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jeudi, 05 juin 2008
Chronique portuaire de Nantes XCVII
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1822. — LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE ET LA NAVIGATION À VAPEUR.
Parmi les questions d'études figurant au concours de la Société Académique de Nantes pour l'année 1822, on relève en première ligne la suivante :
« Est-il possible d'appliquer à la navigation de la Loire jusqu'à Orléans l'invention des bateaux à vapeur, soit comme moyen de transport, soit comme remorqueurs ?... L'emploi des bateaux à vapeur offrirait-il de grands avantages, soit pour la célérité des transports, soit pour le moindre prix du fret ?
Leur établissement serait-il essentiellement nuisible au système actuel de navigation et à la formation des marins pour le service de l'Etat ?
Le prix, consistant en une médaille d'or, ne fut décerné qu'en 1823, au constructeur Trenchevent, non pour avoir répondu aux questions posées ; mais « pour avoir exécuté le premier (en mars 1823) à ses frais, risques et périls, sur le bateau à vapeur le Nantais un voyage dont la possibilité pouvait être mise en doute » (1).
(1) Annales de la Société Académique, Année 1838, p. 90.
Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 12 septembre 1820.
Note du scanneur :
Deux cents ans plus tard, ces jours-ci, pour les rencontres du Fleuve, certains d'entre nous recréent la navigation à voile à bord des gabarres, toues et autres fûtreaux ! Ce n'est pas le moindre paradoxe.
Note publiée à l'heure où, à Concarneau, le Marche-Avec largue les amarres pour le quai des Chantiers, sur le bras de la Madeleine.
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mardi, 03 juin 2008
les Rencontres du Fleuve
Demain, à Concarneau pour convoyer dans la fervente amitié marine, Le Marche-Avec, sardinier concarnois, qui remontera vendredi l'estuaire de la Loire pour participer aux Rencontres du Fleuve.
Aux quais des anciens Chantiers de la Loire, puis en semaine de Nantes à Paimbœuf, la batellerie fluviale croisera avec les vieux gréements de travail de la Bretagne-sud et du nord Vendée, sur un fleuve enfin assaini de la pollution de mars.
Et les Vikings seront de retour !
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dimanche, 01 juin 2008
de la bonne chanson à l'opéra : pourquoi pas ?
Agréable, fort agréable soirée avec les ami(e), d’Arc-en-Sol. Ils ont fait des progrès énormes depuis l’an dernier : enfin des attaques bien marquées. Un programme nostalgique et doux à souhait avec la Ballade irlandaise, le Tourbillon de la vie, la Maman des poissons de Lapointe, Emmène-moi au bout de la terre qui évoquera toujours pour moi plus que le sympathique Aznavour, le torrentueux Blaise Cendrars, qui, lui, nous emmena au bout du monde.
Away, Haul Away manquait un peu de nerf : les gars d’Arc-en-Sol ne sont point hisseurs de drisse, ni brasseurs d’écoutes.
Mais cette soirée m’a glissé une foutue tristesse au cœur et je n’ai pu m’empêcher de penser à JeanJo qui, les autres années, mettait en page affiche et programme.
Vacheries maudites de la “Parkinson”, du désespoir et de la camarde !
Ce matin, par hasard, sur Arte, La grande parade d’Olivier Py : voilà un jeune (!) homme qui me raccorderait avec le théâtre, dont je ne gardais jusqu’alors que les vieux Grecs, Racine et Claudel.
J’ai le dvd de Tristan et Isolde qu’il avait monté pour le Grand Théâtre de Genève et qui sera joué à Nantes en mai 2009.
J’ai feuilleté sa traduction de l’Orestie qu’il met en scène d’ailleurs ces jours-ci,... mais à Paris.
Ah ! si Puig nous proposait de tels travaux de traduction en atelier de Grec ancien pour novembre prochain. nous avons terminé l’année sur le Phédon et les inévitables "Chant du Cygne" et "mort de Socrate."..
J’ai achevé la matinée par le premier acte de Cosi fan tutte, monté par Chéreau à Aix : à se diluer de bonheur — toujours dans la dominante nostalgique — à l’écoute de ces duos, trios, quintettes. Il y a du suave et du radieux dans ce génie de mettre en scène l’art de la réciproque tromperie amoureuse.
À ne rien comprendre aux crimes passionnels. Cosi, c’est l’anti-Tristan.
Quand Chéreau montera-t-il Tristan et Py, Cosi ?
La journée s’achève sur des suavités plus graves : celles que nous fait entendre depuis plus de quarante ans, Gustav Leonhardt auquel France Mu a consacré le dimanche en son entier.
Bref, une fin de semaine apaisante après les lectures tourmentées, mais dans un profond encore ignoré, salutaires, de Pierre Guyotat, lui-même passionné de musique.
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jeudi, 29 mai 2008
Chronique portuaire de Nantes XCVI
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1821. — CHEVAL OU VAPEUR, LE BATEAU ZOOLIQUE MÛ PAR DES CHEVAUX.
Que le cheval se soit trouvé en conflit avec la vapeur pour les transports terrestres, il n'est rien que de très naturel ; mais qu'il ait eu à lutter contre elle sur eau, pour mettre des navires en mouvement autrement qu'en les halant de la berge, c'est là un fait extrêmement curieux et susceptible peut-être de laisser le lecteur moderne sceptiques! l'on ne pouvait lui présenter des preuves certaines.
Le Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure du 3 novembre 1821 insérait en effet l’avis suivant :
« Bateau zoolique. — Le sieur P.-A. Guilland, breveté de S. M. pour l'invention des bateaux mis en mouvement par des animaux, prévient Messieurs les voyageurs qu'il vient d'établir sur l'Erdre un de ces bateaux pour servir de packet-boat entre Nantes et Nort, qui fera journellement le trajet d'aller et retour entre ces deux villes... » (1).
Et, dans le même numéro, le journal publiait en partie le rapport du secrétaire de la Société académique concernant cette curieuse invention. Un certain nombre de chevaux étaient enfermés dans la cale, et piétinant sur place sur un plancher mobile qui se dérobait sous leurs pieds, lui imprimaient un mouvement circulaire utilisé pour mettre en mouvement deux roues à aubes, analogues à celles déjà employées par les premiers vapeurs,
« Plusieurs expériences auxquelles ont assisté les membres de votre commission, — écrivait le rapporteur, — ont convaincu que le bateau, tel qu'il est à présent, et très susceptible de perfectionnements, refoulerait le courant avec une vitesse de 300 toises par heure et qu'il gouvernerait fort bien ».
La date de cette invention ajoute encore à son piquant. Elle était en effet une réponse aux premiers essais de navigation à vapeur, et son auteur, en présence des résultats alors peu satisfaisants de cette nouvelle force, estimait qu'après tout, une fois le principe des roues à aubes admis, le cheval était encore un moteur préférable à la vapeur. Tel était d'ailleurs, l'avis du rapporteur de la Société académique, qui concluait :
« Espérons beaucoup, Messieurs, des essais dont je viens de vous entretenir, et ne craignons pas d'encourager les capitalistes à les seconder, au moins comme tentative : car il doit en résulter la solution de celui des problèmes qui intéressent les fortunes de Nantes au plus haut degré » (2).
(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 3 novembre 1821.
(2) Journal de Nantes et de lu Loire-Inférieure, n° du 3 novembre 1821.
Séance publique de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, tenue le 3 septembre 1821, p. 53.
Séance publique de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, tenue le 19 décembre 1822, pp. 54-55.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
Pages scannées par grapheus tis
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mercredi, 28 mai 2008
confronté encore à l'illisible
Si Guyotat et son Tombeau m'ont fait claudiquer pendant de longues années — en clair jusqu'à quasi ces dernières, Coma, Formation et ses Carnets ouvrant enfin les chemins d'accès, comme je l'ai déjà écrit hier — je me reconnais, dans mes tentatives de lectures de Guyotat, une dette à Roland Barthes et son Plaisir du texte, dette dont le bénéfice s'étendit, et s'étend encore, à d'autres lectures.
Acquis à sa parution en mars 73, chez Mollat, à Bordeaux, le mince bouquin est totalement dépaginé, tant ouvert, réouvert, lu et relu.
Eu égard aux sons de la langue, l’écriture à haute voix n'est pas phonologique, mais phonétique; son objectif n'est pas la clarté des messages, le théâtre des émotions; ce qu'elle cherche (dans une perspective de jouissance), ce sont les incidents pulsionnels, c'est le langage tapissé de peau, un texte où l'on puisse entendre le grain du gosier, la patine des consonnes, la volupté des voyelles, toute une stéréophonie de la chair profonde : l'articulation du corps, de la langue, non celle du sens, du langage. Un certain art de la mélodie peut donner une idée de cette écriture vocale ; mais comme la mélodie est morte, c'est peut-être aujourd'hui au cinéma qu'on la trouverait le plus facilement. II suffit en effet que le cinéma prenne de très près le son de la parole (c'est en somme la définition généralisée du « grain » de l'écriture) et fasse entendre dans leur matérialité, dans leur sensualité, le souffle, la rocaille, la pulpe des lèvres, toute une présence du museau humain (que la voix, que l'écriture soient fraîches, souples, lubrifiées, finement granuleuses et vibrantes comme le museau d'un animal), pour qu'il réussisse à déporter le signifié très loin et à jeter, pour ainsi dire, le corps anonyme de l'acteur dans mon oreille : ça granule, ça grésille, ça caresse, ça râpe, ça coupe, ça jouit.
Roland BARTHES
Le plaisir du texte,
p.104-105.
Seuil, 1973
14:59 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 27 mai 2008
illisible ?
Je n’ai lu que des pans de Tombeau pour cinq cent mille soldats, je viens d’ouvrir seulement ces jours-ci Coma, c’est dire que je ne suis pas un lecteur assidu de Pierre Guyotat.
Ce n’est pas seulement parce que cette année, le Lieu Unique l’a inscrit dans son cours de littérature contemporaine que j’ai repris le Tombeau et acquis Coma: depuis les premières pages ouvertes et lues du Tombeau, alentour de 1967, cette écriture ne m’est pas sortie de la mémoire ; j’y suis revenu souvent par bribes.
Je me demande si mon intérêt pour Pierre Guyotat que j’ai un mal — littéralement — fou à lire, ne vient pas de la même curiosité que celle pour l’œuvre de Picasso dont je n’aime pas non plus les tableaux, qui est ma passion pour les “travaux en cours”, les “works in progress”, et que trop peu d’écrivains livrent au lecteur.
Quand Guyotat parle de son pétrin langagier, de “ses” musiques, de “ses” peintures, il me passionne.
Quand il lit ses textes, je retiens la scansion et la gravité du grain de sa voix. Mais je demeure hors de son sens, de ses sens.
Pour revenir sur cette difficulté à le lire — je n’avance pas, je n’avance plus, la notion d’illisibilité, mais sans doute suis-je un barbare indigne qui "n’ose point penser" — il y a la résistance de mes codes moraux, mais aussi, sincèrement, de ma sensualité : les logiques du maître et de l’esclave, de la prostitution, de la violence du blasphème, de la cruauté liée à la jouissance m’ont toujours questionné, sinon rejeté hors de leur penser même. Du moins m'en suis-je rejeté moi-même !
Je ne suis entré dans Tombeau pour cinq cent mille soldats que parce que et lui et moi avions en partage une sale guerre, que lui et moi, nous nous en sommes sortis par des voies autres, mais loin d’être opposées.
Mais, feuilletant Tombeau j’en pris plein la gueule.
Fin des années Soixante, vraiment non, ce n’était pas facile de tenter de telles lectures. J’en prends d’ailleurs toujours plein la gueule, mais l’âge, et chez l’auteur et chez le lecteur, doit atténuer les échardes mentales, les éraflures langagières. et les coups de cutter sexuels
Et puis, le discours universitaire, Guyotat lui-même, offrent désormais des chemins d’accès pour commenter, expliciter, élucider.
L’illisible de la langue française s’apprivoiserait-il ?
Toute mon empathie pour l’homme Guyotat se rassemble dans sa réponse au journaliste de Libé avec qui il s’entretenait en mai 2005 :
« J’ai fait si peu.»
Guyotat citait l'une des dernières paroles de Vincent-de-Paul interprété par Pierre Fresnay dans le film de Maurice Cloche, Monsieur Vincent.
Pierre Guyotat sera à Nantes demain soir. Oserai-je une adresse ?
Post-scriptum :
Un bon, très bon dossier sur remue net et une vidéo de Guyotat à Paris VIII
16:13 Publié dans les lectures, Parfois un film, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 24 mai 2008
« Je vais t'apprendre à me lire. »
J'avoue, que dans la minute où, cette nuit, j'ai entendu, lors de l'émission de Veinstein, Du jour au lendemain, cette affirmation de Claro, j'ai failli m'arracher les écouteurs de mon MP3 des oreilles et bondir hors du lit, mon mental de lecteur libertaire profondément choqué par cette objurgation.
Cet homme que j'avais rencontré quinze jours auparavant au Lieu Unique et qui m'avait diablement séduit par sa conception de la traduction, avec qui j'avais échangé chaleureusement trop rapidement après son entretien avec une certaine Isabelle Rabineau aux belles cuisses d'albâtre — je partais en mer, le soir même, et "la marée n'attend pas le Roi "— cet Claro, donc, osait donc prétendre à la suprématie de l'Auteur sur l'absolue liberté du Lecteur.
C'était trop vite oublier que cet homme aux œuvres étranges est aussi sur son établi de traducteur un lecteur et la sentence — ce que j'avais entendu comme sentence — était précédée et... suivie de nuances qui rétablissaient le dialogue.
C'était à propos de Madman Bovary, objet de l'émission :
« Madman Bovary, c'est un livre sur l'expérience de la lecture... c'est un jeu perpétuel avec le lecteur,...un pacte...qui dit "Là, n'oublie jamais ; tu es en train de faire une lecture et je te le rappelerai en tant qu'auteur" parce que, à ce moment-là, mon écriture agit comme une lecture. Ce que je demande à un lecteur, c'est ce que j'aime bien qu'un auteur ME demande : "Si tu lis mon livre, je voudrais que tu apprennes à lire ma langue Claro, comme tu as aimé apprendre d'autres langues, parce que c'est moi qui vais te donner mes règles syntaxiques, mes règles grammaticales, mon rythme, mes sonorités."
C'est une forme d'apprentissage, une forme de confiance, une forme aussi de cécité, d'abandon...
J'ai une écriture qui essaie de cogner comme une porte contre le lecteur. »
Ayant entendu cela et l'ayant, je crois, ressenti compris, j'ai pensé à Jean-Louis Godard, à cette séquence d'À bout de souffle, Belmondo au volant de sa voiture, détourne son regard de la route et nous regarde, nous, spectateurs interpellés, Godard, à l'instar de Claro, nous disant : « Je fais du cinéma, vous êtes au cinéma ! ».*
Ce que Claro auteur, traducteur, dit et écrit de notre rapport à la Langue, à nos "langues" m'a préparé à la confrontation prochaine avec l'homme du Tombeau pour cinq cent mille soldats, cette épopée infernale que j'ai vécue, en ses fins sans doute de manière autre que celle de Pierre Guyotat, que d'aucuns disent homme d'une impensable douceur.
Comme Claro d'ailleurs et sa si jolie compagne, la cinéaste Marion Laine dont le film "Un cœur simple" aurait mérité de demeurer quelques semaines de plus sur les écrans nantais.
Un Flaubert filmé aux antipodes de son "voyou langagier" de compagnon ! Mais l'harmonie des contraires, c'est aussi ce qui fait le bonheur de rencontrer certains couples et leurs œuvres.
• Aller lire le Clavier cannibale. Dommage la "Femme au perroquet" de Gustave Courbet n'y est plus !
*Plus trivialement, Godard fait dire à son héros : « Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la campagne, allez vous faire foutre ! »
17:24 Publié dans les lectures, Parfois un film, "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 22 mai 2008
un iMac : le dernier Mac ?
Il est bien beau, l'iMac, le cinquième dans la généalogie de "mes" Mac.
En 1991, le LC 2, qui façonna les minces brochures des Ateliers du Gué, les manuels de maraîchages pour les centres d'alphabétisaton de la Communauté rurale de Baalu et leurs Groupements féminins.
En 1994, le PowerBook 150, qui fit le Sahel avec un petit panneau solaire qui rechargeait la batterie ; il fut sûrement le premier ordinateur à fréquenter ces rives du Sénégal aux confins du Mali et de la Mauritanie ; je l'embarquai pour les Iles-sous-le vent, les Marquises et la traversée du Pacifique. Il me suivit dans les rias de Bretagne, des Asturies et de Galice
En 1996, le Mac Perfoma 6320 fut l'ordinateur de la petite édition et des premiers surfs sur La Toile à l'aide d'un Olicom Speed'Com 2000, celui de la lecture des premiers CD et de l'installation, fin 2000, du premier site Dac'hmat ; c'était sur AOL et il en reste quelques vestiges.
En 2002, l'iBook 15 pouces embarqua, sur le voilier, pour la virée ibérique, petit Mac des premières images numériques et des balbutiements informatiques de Noémie et de Célia.
Les uns et les autres avaient été précédés, dès 1987, par deux énormes Thomson TO 16 avec une unité centrale sans disque dur, à double lecteur de disquettes — une "système", le DOS, une "programmes" : les ELMO de l'Association française de lecture — ; ils s'ajoutaient aux caisses de bouquins, chargées de poètes, de philosophes, d'historiens, de romanciers, d'anthropologues, d'ethnologues, de sociologues, d'ornithologues, de botanistes, de jardiniers, de grammairiens, de musiciens, d'essayistes, de peintres, de photographes, de voyageurs, de pédagogues, avec des modes d'emplois pour mieux lire, mieux écrire, mieux vivre.
Tous objets dont le transport quasi hebdomadaire ne lubrifiat point la charpente vertébrale du bonhomme, mais apportèrent quelque facilité de vivre et de penser à celles et ceux qui feuilletèrent les bouquins et déroulèrent les écrans..
J'avoue avoir eu autant de bonheur à ouvrir le carton de mon bel iMac que, naguère, j'en avais à déchirer les papiers des colis de bouquins que je recevais au fin fond de ma forêt côte-d'ivoirienne et sur les pitons d'Algérie.
Il est là, avec dans la minceur de sa dalle, les poètes, les philosophes, les historiens, les romanciers, les anthropologues, les ethnologues, les sociologues, les ornithologues, les botanistes, les jardiniers, les grammairiens, les musiciens, l les essayistes, les peintres, les photographes, les voyageurs ; moins de pédagogues depuis que j'ai foutu la pédagogie aux orties ! Le livre des Feux et l'Annuaire des marées !
Il est ma bibliothèque-cinéma-librairie-centre documentaire. Il est mes postes et télécommunications, je ne veux pas qu'il soit la télévision. Il est mon écritoire, mon lutrin, mon agenda, mon livre de bord, mon scriptorium. Les règlages, les "migrations" de disques durs à son disque dur, les sauvegardes, les chargements... les raffinements m'ont bien pris sur le temps du blogue une bonne semaine. Ce n'est pas tout à fait achevé.
Mais voici, je me mets à écrire ! Enfin.
17:17 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (3)
Chronique portuaire de Nantes XCV
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1820. — LE BRICK NANTAIS LES " DEUX-SŒURS ".
Le baron de Vaux, vice-consul de S. M. Britannique à Nantes, adressait, en janvier 1820, au Préfet de la Loire-Inférieure, une lettre par laquelle il lui témoignait toute la satisfaction avec laquelle le gouvernement anglais se plaisait à reconnaître le dévouement du capitaine Lucet et des matelots du brick nantais les Deux-Sœurs, dans le sauvetage du brick anglais FRIENDS, chaviré en mer le 29 novembre 1819.
Il lui transmettait, pour l'équipage du navire nantais, une gratification de 1.247 fr, 50 provenant du Lloyd et des intéressés ; et le priait de lui faire connaître les noms des officiers et matelots les plus méritants, que S. M. Britannique désirait récompenser spécialement (1).
LE VAPEUR AMÉRICAIN LE " TRITON ".
Dans le courant de 1820, le bateau à vapeur américain le Triton, venu de Bordeaux, remonta la Loire et vint à Nantes où il fit une excursion à Paimbœuf à la vitesse alors considérable de près de deux lieues à l'heure.
Le Triton excita une admiration très grande en ville et un nombre considérable de curieux vinrent le visiter.
La même année, un membre de la Société académique, M. Testier, avait déjà présenté « un modèle de canot ou embarcation contenant un appareil de mouvement propre à lui faire remonter le courant des rivières, et qui pouvait être mis en jeu par une pompe à feu ou par quelqu'antre agent qu'on y adapterait. »
M. de Tollenare, un autre membre de la Société académique, profita de la présence du Triton à Nantes, pour réclamer rétablissement à brève échéance de bateaux à vapeur sur la Loire (2).
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(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n°du 23 février 1820.
(2) Séance publique de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, tenue le 3 août 1820, pp. 79-83.
Annales de la Société académique, Année 1838, p. 90.
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jeudi, 15 mai 2008
Chronique Portuaire de Nantes XCIV
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1819. — NAUFRAGE DE LA " SOPHIE ".
Parti de Nantes, le 14 mai 1819, pour Bahia, le brick la Sophie, de 131 tx., armateurs MM. Le Quen et Cie, capitaine Robert Séheult, faisait naufrage au commencement de juin dans les environs de Ouled-Limi, à dix ou douze journées de Mogador. Une partie de l'équipage s'embarqua dans une chaloupe, et fuyant la côte inhospitalière du Maroc, se dirigea vers le Sud, et fut assez heureux pour atterrir aux Canaries, après une longue et dangereuse traversée.
Le capitaine Séheult, un passager du nom de Clochelet, deux autres Français et deux Portugais, dont un prêtre, restèrent à bord du navire désemparé qui ne tarda pas à venir à la côte et s'échoua sur la plage africaine.
Une nuée d'Arabes l'entourèrent bientôt, le mirent complètement au pillage, et, s'emparant des six naufragés, les vendirent à un cheik du nom de Biruch, qui les emmena dans l'intérieur.
La peste faisait rage alors dans cette contrée, et le cheik, craignant de perdre ses prisonniers et de n'en tirer aucun profit, leur facilita les moyens de négocier leur rachat.
Ignorant la présence à Mogador d'un agent français, les naufragés de la Sophie firent parvenir au consul anglais de cette ville un exposé de leur situation, exprimant l'espoir d'être promptement arrachés à leur captivité. Ce fonctionnaire avisa son collègue français, et les deux gouvernements s'empressèrent de donner des ordres pour le rachat des captifs et entamèrent des négociations avec le cheik qui, indisposé contre ses prisonniers par suite de l'indélicatesse de l'un d’eux qui lui avait dérobé douze roublons, et averti, d'autre part, de leur état de fortune et de leur rang par leurs imprudentes paroles, exigeait pour leur rançon la somme énorme de 3.000 piastres fortes.
Pendant les pourparlers, le Roi de Maroc, instruit de l'événement par le pacha de Suz, mit tout en œuvre pour hâter la délivrance des captifs faits sur ses côtes, et voulut payer lui-même leur rançon. Il compta au cheik Biruch 500 piastres fortes par prisonnier, et le 13 novembre, les six naufragés de la Sophie entraient en rade de Tanger, d'où un navire de Marseille les ramena en Europe (1).
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(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n°3 des 28 septembre, 9 et 11 octobre 1819, et 4 janvier 1820.
12:17 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 08 mai 2008
en mer
Matin lavé comme l'épouse. Et la couleur au monde restituée : entremetteuse et mérétrice ! La mer est là, qui n'est plus songe.
Saint-John Perse
Ce, jusqu'à mercredi 14 mai.
19:00 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
Chronique Portuaire de Nantes XCIII
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1818.— LE PAQUEBOT NANTAIS L' " HYPPOMÈNE ".
En août 1818, le trois-mâts l’Hyppomène, de 400 tx., armateur Bryand, construit par Bonnissant et lancé le 20 juillet, quittait Nantes pour se rendre à Paimbœuf, où il devait terminer son armement et prendre ses derniers passagers. Il était commandé par le capitaine Ailliot, et devait se rendre à la Nouvelle-Orléans en touchant à la Havane.
« Ce paquebot,— écrivait la Feuille Commerciale de Nantes,— a des formes très agréables et paraît promettre une bonne marche ; il est orné en dehors, aux deux extrémités et dans l'intérieur, avec un goût infini. Les portes de la chambre dite du conseil sont en fer et en forme de flèches, et les trumeaux des fenêtres sont en glaces. Cette chambre est décorée en sculptures de pâte dorée ou peintes. Ce genre de décorations rappelle celles du navire la Loire, capitaine Gautreau. Un nombre infini de curieux ont été voir, avant son départ, l'Hyppomène, qui, distribué à la manière des paquebots anglais, peut contenir jusqu'à 80 passagers » (1).
SECOURS AUX NOYÉS ET ASPHYXIÉS EN 1818.
Le Joumal de Nantes et de la Loire-Inférieure des 12, 15 et 19 juillet 1818 contient une amusante polémique entre deux étudiants en médecine et le professeur Darbefeuille au sujet dutraitement applicable aux noyés et asphyxiés par immersion.
Tandis que les premiers, s'appuyant sur les autorités médicales alors en honneur à l'École et sur l’enseignement de leurs professeurs, préconisaient la saignée à la jugulaire et le lavage de l'intestin à l'essence de tabac, le second, au contraire, combattait ces deux médications ; la saignée comme n'ayant d'autre résultat que d'affaiblir encore plus le malade, et l'emploi du tabac comme capable tout au plus de l'empoisonner.
Sans doute on ne s'étonnera nullement de voir figurer la saignée dans le cas d'asphyxie, étant donné qu'elle figurait encore dans la plupart des traitements médicaux ; mais, en ce qui concerne l'emploi du tabac, soit en lavages, soit en fumigations, quelqu'étrange que cela puisse sembler, on lui reconnaissait alors une influence très salutaire en cas d'asphyxie par immersion ; des boîtes de fumigation contenant les préparations de tabac et les appareils destinés à les employer étaient même placées de distance en distance le long des quais, par ordre du gouvernement, et au même titre que les gaffes et ceintures de sauvetage.
Après de nombreuses discussions pour et contre, le journal terminait la polémique par une lettre humoristique d'un pseudo-malade ; ce dernier, forcé par son médecin à prendre de nombreux bains en rivière, et soucieux de sa conservation, avait toujours, expliquait-il, pris le soin de se baigner à proximité des boîtes de fumigation et en présence d'un médecin ; mais, — ajoutait-il, — la polémique récente lui ouvrant les yeux sur l'incapacité de la médecine, il se jurait bien, désormais, de ne se mettre à l'eau que le plus loin possible des docteurs et des « boëtes de fumigation », pour éviter qu'un médecin ne se crût obligé de le saigner à blanc pour le rappeler à la vie, ou ne l'empoisonna de gaieté de cœur en lui brûlant sous le nez des quintaux de tabac (2).
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(1) Feuille Commerciale de Nantes, n°du 17 août 1818.
Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° des 21 juillet et 18 août 1818.
(2) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° des 12, 15 et 19 juillet 1818.
14:16 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)