jeudi, 29 mai 2008
Chronique portuaire de Nantes XCVI
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
1821. — CHEVAL OU VAPEUR, LE BATEAU ZOOLIQUE MÛ PAR DES CHEVAUX.
Que le cheval se soit trouvé en conflit avec la vapeur pour les transports terrestres, il n'est rien que de très naturel ; mais qu'il ait eu à lutter contre elle sur eau, pour mettre des navires en mouvement autrement qu'en les halant de la berge, c'est là un fait extrêmement curieux et susceptible peut-être de laisser le lecteur moderne sceptiques! l'on ne pouvait lui présenter des preuves certaines.
Le Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure du 3 novembre 1821 insérait en effet l’avis suivant :
« Bateau zoolique. — Le sieur P.-A. Guilland, breveté de S. M. pour l'invention des bateaux mis en mouvement par des animaux, prévient Messieurs les voyageurs qu'il vient d'établir sur l'Erdre un de ces bateaux pour servir de packet-boat entre Nantes et Nort, qui fera journellement le trajet d'aller et retour entre ces deux villes... » (1).
Et, dans le même numéro, le journal publiait en partie le rapport du secrétaire de la Société académique concernant cette curieuse invention. Un certain nombre de chevaux étaient enfermés dans la cale, et piétinant sur place sur un plancher mobile qui se dérobait sous leurs pieds, lui imprimaient un mouvement circulaire utilisé pour mettre en mouvement deux roues à aubes, analogues à celles déjà employées par les premiers vapeurs,
« Plusieurs expériences auxquelles ont assisté les membres de votre commission, — écrivait le rapporteur, — ont convaincu que le bateau, tel qu'il est à présent, et très susceptible de perfectionnements, refoulerait le courant avec une vitesse de 300 toises par heure et qu'il gouvernerait fort bien ».
La date de cette invention ajoute encore à son piquant. Elle était en effet une réponse aux premiers essais de navigation à vapeur, et son auteur, en présence des résultats alors peu satisfaisants de cette nouvelle force, estimait qu'après tout, une fois le principe des roues à aubes admis, le cheval était encore un moteur préférable à la vapeur. Tel était d'ailleurs, l'avis du rapporteur de la Société académique, qui concluait :
« Espérons beaucoup, Messieurs, des essais dont je viens de vous entretenir, et ne craignons pas d'encourager les capitalistes à les seconder, au moins comme tentative : car il doit en résulter la solution de celui des problèmes qui intéressent les fortunes de Nantes au plus haut degré » (2).
(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 3 novembre 1821.
(2) Journal de Nantes et de lu Loire-Inférieure, n° du 3 novembre 1821.
Séance publique de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, tenue le 3 septembre 1821, p. 53.
Séance publique de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, tenue le 19 décembre 1822, pp. 54-55.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
Pages scannées par grapheus tis
14:17 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
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