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jeudi, 15 mai 2008

Chronique Portuaire de Nantes XCIV

Du Commencement du XIXe Siècle à 1830


1819. — NAUFRAGE DE LA " SOPHIE ".

Parti de Nantes, le 14 mai 1819, pour Bahia, le brick la Sophie, de 131 tx., armateurs MM. Le Quen et Cie, capitaine Robert Séheult, faisait naufrage au commencement de juin dans les environs de Ouled-Limi, à dix ou douze journées de Mogador. Une partie de l'équipage s'embarqua dans une chaloupe, et fuyant la côte inhospitalière du Maroc, se dirigea vers le Sud, et fut assez heureux pour atterrir aux Canaries, après une longue et dangereuse traversée.
Le capitaine Séheult, un passager du nom de Clochelet, deux autres Français et deux Portugais, dont un prêtre, restèrent à bord du navire désemparé qui ne tarda pas à venir à la côte et s'échoua sur la plage africaine.
Une nuée d'Arabes l'entourèrent bientôt, le mirent complètement au pillage, et, s'emparant des six naufragés, les vendirent à un cheik du nom de Biruch, qui les emmena dans l'intérieur.

La peste faisait rage alors dans cette contrée, et le cheik, craignant de perdre ses prisonniers et de n'en tirer aucun profit, leur facilita les moyens de négocier leur rachat.
Ignorant la présence à Mogador d'un agent français, les naufragés de la Sophie firent parvenir au consul anglais de cette ville un exposé de leur situation, exprimant l'espoir d'être promptement arrachés à leur captivité. Ce fonctionnaire avisa son collègue français, et les deux gouvernements s'empressèrent de donner des ordres pour le rachat des captifs et entamèrent des négociations avec le cheik qui, indisposé contre ses prisonniers par suite de l'indélicatesse de l'un d’eux qui lui avait dérobé douze roublons, et averti, d'autre part, de leur état de fortune et de leur rang par leurs imprudentes paroles, exigeait pour leur rançon la somme énorme de 3.000 piastres fortes.

Pendant les pourparlers, le Roi de Maroc, instruit de l'événement par le pacha de Suz, mit tout en œuvre pour hâter la délivrance des captifs faits sur ses côtes, et voulut payer lui-même leur rançon. Il compta au cheik Biruch 500 piastres fortes par prisonnier, et le 13 novembre, les six naufragés de la Sophie entraient en rade de Tanger, d'où un navire de Marseille les ramena en Europe (1).
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(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n°3 des 28 septembre, 9 et 11 octobre 1819, et 4 janvier 1820.

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