jeudi, 12 juin 2008
Chronique portuaire de Nantes XCVIII
Du Commencement du XIXe Siècle à 1830
...et en l'an 2008 !
1822. — " LA LOIRE " LE PREMIER VAPEUR CONSTRUIT À NANTES.
Le Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure du 25 mai 1822 publiait l'avis suivant :
« Le premier bateau à vapeur construit dans cette ville, dans le chantier de M. Guibert, et qui sera lancé très prochainement est, dit-on, destiné à la navigation de Nantes à Paimbœuf ».
Ce navire appelé la Loire, et construit pour le compte d'une société, dont MM. Strobel et Fenwick, consuls des États-Unis, l'un à Bordeaux, l'autre à Nantes, étaient les promoteurs, fut lancé le jeudi 6 iuin 1822, « en présence d'un immense concours d'habitants, répandus de toutes parts sur la Loire dans de petites embarcations, sur les îles voisines du chantier, et sur tous les quais de la Fosse.»
Après des essais très satisfaisants, auxquels assistèrent le Préfet et les autorités de la ville, la Loire fut livrée au public ; et MM. Strobel et Fenwick organisèrent, le 21 juin, un premier voyage dans la Basse-Loire.
« Ils y avaient réuni vendredi dernier, — rapportait le Journal, — une nombreuse et brillante société de dames pour faire la promenade de Nantes à la Basse-Indre. Nous y avons compté cent-cinquante-quatre personnes placées sur le pont par groupes sans symétrie, cependant toutes à l'aise, et laissant entre elles des intervalles suffisans pour une commode circulation. Le bateau présentait alors le coup-d'œil d'une grande corbeille de fleurs flottant au milieu des eaux.
Tout en remarquant l'heureuse disposition des appartements destinés au passagers, on saisissait sur la physionomie des assistans un sourire approbateur, donné à l'élégance des salons communs, et notamment à celui réservé pour les dames. On voyait que ce sourire exprimait quelque gratitude pour des canapés bien moelleux, pour des glaces répandues avec profusion, enfin pour mille petits actes de prévoyance, dont l'absence aurait peut-être passée inapperçue, mais dont la jouissance, une fois connue, sera désor mais une nécessité......
Tout le monde se plaira à rendre justice à MM. Strobel et Fenwick, en affirmant qu'aucun mouvement de progression n'est
plus doux que celui imprimé par leur machine à vapeur...... La secousse périodique des rameurs, l'impulsion intermittente du vent même sur les voiles seront désormais considérées comme des inconvéniens, quand on les comparera à l’égalité constante de la marche du nouveau bateau. Aucune dame n'a pu se plaindre un seul instant de la moindre incommodité.....
Promptitude, agrément et sécurité, voilà ce que nous offre le bateau la Loire. Il y a lieu d'espérer que ces motifs feront multiplier le nombre des voyageurs, condition nécessaire pour le maintien de l'entreprise ; il serait en vérité trop fâcheux que, faute d'être remplie, Nantes ne put conserver le précieux avantage que lui promet ce nouveau véhicule. »
Le 23 juin, la Loire, dont le confort était supérieur à celui de nos bateaux similaires modernes, qui n'ont ni profusion de glaces, ni salons pour les dames, entrait en service régulier de Nantes à Paimbœuf ; en même temps qu'elle accomplissait, de temps à autre, des voyages d'excursion dans la Haute-Loire et jusqu'à Angers.
En août 1822, le Journal annonçait que deux nouveaux vapeurs, plus grands que la Loire, étaient en construction au chantier Guibert, pour le compte de la même Société ; et qu'ils étaient destinés à faire le service régulier de Nantes à Angers. En septembre, un quatrième vapeur était commandé par MM. Strobel et Fenwick pour doubler la Loire, et l'on annonçait que cette Société se proposait d'en faire construire de nouveaux pour remonter la Loire au-delà d'Angers, tandis qu'une Société rivale en faisait construire trois autres aux chantiers de Paimbœuf.
Les constructeurs Trenchevent, Gaillard et Vince, suivirent bientôt l'exemple de Guibert ; et de nombreuses compagnies de navigation ne tardèrent pas à se fonder sur la Haute et Basse-Loire (1).
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(1) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° des 25 mai, 11 et 24 juin, 31 août,
28 septembre et 12 novembre 1822.
Annales de la Société Académique, Année 1898, p. 90
COMMENTAIRES de grapheus tis
Il est évident que notre cher Paul Legrand s'éloigne de plus en plus de son projet initial : recenser les chroniques des "polygraphes qui se sont occupés du passé maritime nantais" et plus particulièrement des marins et corsaires nantais.
Les navigations maritimes et fluviales, les constructions navales, les projets des armateurs, le comportement des marins et des voyageurs sont ébranlés par l'intrusion de la vapeur.
Toutes évolutions soulignées par Paul Legrand qui prennent, cent années après, l'allure d'une savoureuse contradiction. Et d'autant plus ces jours-ci quand la Loire "fluviale et maritime" connaît une animation rarement contemplée depuis cinquante ans.
D'autre part la navigation sur un bateau du type "côtre sardinier à gréement aurique" nécessite du temps consacré à l'amitié marine, aux manœuvres véliques et quelques efforts physiques qui pertubent la publication des notes de ce blogue.
L'écrivailleur ne peut être, à la fois, sur l'eau et dans son jardin !
Nota-bene : Les photos ont été prises par Nicléane à bord du « Marche-Avec », sardinier concarnois, patron A. Hémon.
08:09 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
23h00 corne de brumes...
peut être est ce les marins qui remontent le fleuve?
bonne navigation
jac
Écrit par : jacqueline | mercredi, 11 juin 2008
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