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lundi, 08 septembre 2008

de mer en jardin

Plus de deux mois de... ? Je voulais écrire “silence”, mais on ne rompt point un silence en frappant des lettres sur un écran.
Les situations et les menus faits quotidiens de cet été ne m’ont guère incité à une quelconque rédaction. Je m’étais embarqué fin juin avec de minces projets d’écriture et de lecture. Livres et documents sont demeurés dans les équipets : entre les aléas météorologiques d’un anticyclone qui ne s’établissait que furtivement deux ou trois jours — et le furtif persiste — les occupations grand-paternelles et la vacuité contemplative de l'océan ne furent guère favorables à la rédaction. Olivier Rolin écrit lui : la contemplation hébétée de la mer !
Plus, sans doute, la basse continue du vieillissement qui modère l’importance de l’écrit et privilégie la saveur d’un moment, d’une houle, d’un éclat de soleil, de la douceur d’un crachin. Rolin n’a peut-être pas tort d’user du mot “hébétée” : l’hébétude, comme engourdissement du mental, à peine affleurant une mauvaise conscience de vivre cet état de paresse, mais aussi de délaissement des visiteuses et visiteurs ?

Failli reprendre pour les disparitions de Soljnenitsyne et de Darwich : auteurs géants ou causes nationales ?
Failli me foutre en rogne pour les dix “gus” flingués lors d’une embuscade en Afghanistan, les honneurs rendus par une nation au ventre mou et la logorrhée des commentaires et des questionnements d’une génération qui ne sait plus ce que c’est que guerre, guérilla et contre-guérilla, pour laquelle les cadavres de 14/18, 39/45, Indochine et Algérie ne sont que des stèles et des cartes postales.

Je boude les rentrées, surtout la littéraire — quand l’honorable Monde des Livres noircit du papier sur les affaires de cul de lettrées, ça signifie certainement que parce que ce sont des dames — ce pourrait être une avancée — des bourgeoises, des lettrées, la pornographie n’est plus sordidement renvoyée aux boutiques à sexe et à la Toile des culs. Un style correct de bonne lettrée ne fait pas toujours une histoire de beau cul !

Et alors ?

Ce n’est pas un adieu au roman, ça n’en n’est pas très loin — je relis mes passions romanesques de naguère — mais je ne m’aventure plus que dans les essais.
Je suis déjà dans Jardins de Robert Harrisson*.


Que faire, en ces « sombres temps » où le monde qui « s'étend entre les hommes » ne leur offre plus de scène propice à leurs discours et à leurs actions, où l'on n'écoute plus la raison, où, dans la sphère publique, le citoyen est réduit à l’impuissance. II est des temps où le penseur, le patriote, l'individu n'a d'autre choix que de s’exiler dans les marges, ...
Dans De l'humanité dans de « sombres temps », Hannah Arendt écrit que « la fuite hors du monde en des temps sombres, temps d'impuissance, peut toujours justifier tant que la réalité n'est pas ignorée, mais constamment présente et reconnue comme cela dont il faut s'évader ».
On peut en dire autant des refuges qu'offrent traditionnellement les jardins à ceux dont la « condition humaine » est menacée.
Trouver refuge dans un jardin peut se révéler une bénédiction ou une catastrophe selon le degré de réalité préservé en son sein
.


J’opte pour le jardin d’Épicure, actualisé à la Gilles Clément, avec des espaces d’herbes folles, littéralement et dans tous les sens.

*Robert HARRISSON, Jardins, Réflexions sur la condition humaine, Éditions Le Pommier, 2007.


Commentaires

"Un style correct de bonne lettrée ne fait pas toujours une histoire de beau cul..." La chair est triste, hélas ! et je n'ai pas envie de lire tous ces livres...

Écrit par : C.C. | mercredi, 10 septembre 2008

À lire votre blogue, Constantin, je pressens que nous sommes dans les mêmes humeurs et et que nous marchons quasi du même pas.

Écrit par : grapheus | mercredi, 10 septembre 2008

Les commentaires sont fermés.