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vendredi, 17 octobre 2008

sur la Criiiiii......se

Je ne comprends goutte aux mécanismes des Bourses, aux placements, aux indices nikkei, dow jones, nasdaq et autres cac40, aux discours de mesdames, messieurs les économistes et les politiques. Je rangeais quelques papiers — après avoir rincé mes cinquante bouteilles pour la matinée "jus de pommes" de demain, aux pressoirs de la Pierre-Anne — ; je suis tombé sur cette intervention à l'Assemblée...!
Si actuelle.

Messieurs, au milieu de tant de débats tumultueux,
ne pourrai-je pas ramener à la délibération du jour par un petit nombre
de questions bien simples? Daignez, Messieurs, daignez me
répondre.
Le premier ministre des Finances ne vous a-t-il pas offert le
tableau le plus effrayant de notre situation actuelle?

Ne vous a-t-il pas dit que tout délai aggravait le péril? qu'un
jour, une heure, un instant pouvaient le rendre mortel? Avons-
nous un plan à substituer à celui qu'il nous propose?
Je ne crois pas les moyens de M. (...) les meilleurs possibles;
mais le ciel me préserve, dans une situation
si critique, d'opposer mes moyens aux siens. Vainement je les
tiendrais pour préférables; on ne rivalise pas en un instant
avec une popularité prodigieuse, conquise par des services
éclatants, une longue expérience, la réputation du premier
financier connu, et, s'il faut tout dire, des hasards, une destinée
telle qu'elle n'échut en partage à aucun mortel.
Il faut donc en revenir au plan de M. (...).

Mais avons-nous le temps de l'examiner, de sonder ses bases,
de vérifier ses calculs? Non, mille fois non.

D'insignifiantes questions, des conjectures hasardées, des
tâtonnements infidèles, voilà tout ce qui, dans ce moment, est
en notre pouvoir. Qu'allons-nous donc faire par la délibération?
Qu'est-ce donc que la banqueroute, si ce n'est le plus cruel,
le plus inique, le plus inégal, le plus désastreux des impôts? .

Mes amis, écoutez un mot, un seul mot.

Deux siècles de déprédations et de brigandages ont creusé le
gouffre où le royaume est près de s'engloutir. Il faut le combler,
ce gouffre effroyable! Eh bien! voici la liste des propriétaires
français. Choisissez parmi les plus riches afin de sacrifier moins
de citoyens; mais choisissez, car ne faut-il pas qu'un petit
nombre périsse pour sauver la masse du peuple?

Allons, ces deux mille notables possèdent de quoi combler le
déficit. Ramenez l'ordre dans vos finances, la paix et
la prospérité dans le royaume.... Frappez, immolez sans pitié ces tristes
victimes! précipitez-les dans l'abîme! Il va se refermer.... Vous
reculez d'horreur.... Hommes inconséquents! Hommes pusillanimes!

Et ne voyez-vous donc pas qu'en décrétant la banque-route,
ou, ce qui est plus audacieux encore, en la rendant inévitable
sans la décréter, vous vous souillez d'un acte mille fois
plus criminel, et, chose inconcevable, gratuitement criminel,
car enfin cet horrible sacrifice ferait du moins disparaître le
déficit. Mais croyez-vous, parce que vous n'aurez pas payé, que
vous ne devrez plus rien? Croyez-vous que les milliers d'hommes
qui perdront en un instant par l'explosion terrible ou par ses
contre-coups tout ce qui faisait la consolation de leur vie,
et peut-être leur unique moyen, de la sustenter, vous laisseront
paisiblement jouir de votre crime?

Contemplateurs stoïques des maux incalculables que cette
catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui
pensez que ces convulsions du désespoir et de la misère passeront,
comme tant d'autres, et d'autant plus rapidement qu'elles
seront plus violentes, êtes-vous bien sûrs que tant d'hommes
sans pain vous laisseront tranquillement savourer les mets
dont vous n'aurez voulu diminuer ni le nombre ni la délicatesse?
Non, vous périrez... et dans la conflagration universelle que vous
ne frémissez pas d'allumer, la perte de votre honneur ne sauvera pas
une seule de vos détestables jouissances.

Voilà où nous marchons....
Je ne vous dis plus, comme autrefois : Donnerez-vous, les
premiers, aux nations, le spectacle d'un peuple assemblé pour
manquer à la foi publique? Je ne vous dis plus : Eh! quels"
titres avez-vous à la liberté, quels moyens vous resteront pour
la maintenir, si dès votre premier pas vous surpassez les turpitudes
des gouvernements les plus corrompus, si le besoin de
votre concours et de votre surveillance n'est pas le garant de
votre Constitution? Je vous dis : Vous serez tous entraînés
dans la ruine universelle, et les premiers intéressés au sacrifice
que le gouvernement vous demande, c'est vous-mêmes.

Votez donc ce subside extraordinaire et puisse-t-il être suffisant!
Votez-le, parce que, si vous avez des doutes sur les
moyens (doutes vagues et non éclairés), vous n'en avez pas sur
sa nécessité, et sur notre impuissance à le remplacer, immédiatement du moins.
Votez-le, parce que les circonstances politiques ne souffrent aucun retard,
et que nous serions comptables de tout délai. Gardez-vous de demander du temps;
le malheur n'en accorde jamais...
Vous avez entendu naguère ces mots forcenés : "Catilina est aux
portes de Rome, et l'on délibère!" et certes, il n'y avait autour de
nous ni Catilina, ni péril, ni factions, ni Rome.... Mais aujourd'hui
la banqueroute, la hideuse banqueroute est là ; elle menace
de consumer, vous, vos propriétés, votre honneur, et vous délibérez?...

Mirabeau
Discours sur la contribution du quart des revenus
(Septembre 1789.)


Jusqu'au nom de Necker, le M. (...), les mâles accents éliminaient déjà madame Lagarde, et on n'y entend guère les scansions "énarchistes" de messieurs Fillon et Woerth ; même le "nègre" de notre président ne suscite chez son petit maître d'envolées telles.
Les "parachutes dorés" ne seront point ces "tristes victimes...précipitées dans les abimes".
AH ! qu'un petit nombre périsse pour sauver la masse du peuple?
En ces jours,nous serions plutôt dans l'inverse.

Commentaires

Quel à propos délicieux!
Je propose de pendre Bernard Arnault et Lilianne Bettencourt, derechef.
Et d'affecter la liquidation de leur fortune à combler le déficit budgétaire de l'année...
(Il eut d'ailleurs été judicieux de le faire avant la baisse de la Bourse!).

C'est donc une leçon pour l'année prochaine, puisqu'il faudra en trouver, notre situation étant inchangée, au moins 4 autres dans la liste!

Écrit par : Bruno de Guibert | jeudi, 30 octobre 2008

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