lundi, 06 août 2007
ce qui arrive une fois tous les dix ans
Vers l'est, en passant par Nohant et Milly !
Plus loin jusque chez Voltaire !
Où seront mes horizons marins ?
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jeudi, 02 août 2007
continuons de célébrer la vie
en hommage à Monica VITTI
Les yeux. C'est ce qu'il y a en elle de plus bizarre. Ils ne s'arrêtent sur aucun objet, mais fixent, absorbés, de lointains secrets. C'est le regard d'une personne qui cherche un point, un petit point mais solide, sûr, où finir son vol, et ne le trouve pas ; car elle ignore en quel endroit, terre, océan, ce point se dresse, et même s'il existe, et comment il se présente.
Michelangelo Antonioni
cité dans Le Monde du 2 août
Une femme suit des yeux l'homme vivant qu'elle aime.
René CHAR
in En trente-trois morceaux.
Et l'aphorisme suivant pourrait être une épitaphe pour Antonioni et Bergman.
Nous n'avons qu'une ressource avec la mort : faire de l'art avant elle.
du même CHAR
in Les dentelles de Montmirail.
Post-scriptum :
Isidore Isou est, lui déjà, en état de décomposition avancée. C'est bien ce qu'il voulait, non ?
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Chronique portuaire LVII
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1766. — ARMES ET DEVISE DE NANTES.
À l'article Nantes, rédigé par Greslan, Hubelot et D***, du Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, par Expilly, on lit :
« Cette ville est située fort avantageusement sur la rive droite de la Loire... Ses armes sont un vaisseau à la voile ; le fonds de gueules et le navire d'or ; les voiles d'argent au chef d'argent chargé de cinq hermines de sable, avec cette devise : « In te sperant, Domine, oculi omnium ». Nantes est donc dans le catalogue des villes célèbres qui ont un navire pour armoiries. Elle a cela de commun avec trois des plus célèbres villes de l'Univers : Athènes, Rome et Paris » (1).
La devise de Nantes est plus exactement : Oculi omnium in te sperant Domine; et ce ne fut qu'à partir de 1816 que l'on vit apparaître comme devise officielle de la ville, l'insignifiant : « Favet Neptunus Eunti ».
1770. — VOYAGE DE SURVILLE SUR UN NAVIRE NANTAIS.
En 1770, le navire le Saint-Jean-Baptiste, parti depuis près de deux ans pour un voyage autour du monde, revenait à Nantes. Construit aux chantiers nantais, sous la direction de Surville, chargé par les gouverneurs de Pondichéry et de Chandernagor d'un voyage de navigation et de découvertes, le Saint-Jean-Baptiste, armé de 32 can. et muni de trois ans de vivres se rendit d'abord dans l'Inde. De là, il appareilla le 3 mars 1769, sous les ordres de Surville, avec la mission, disait-on, de prendre possession d'une île fabuleusement riche, découverte depuis peu à sept cents lieues des côtes du Pérou. Après avoir reconnu plusieurs terres nouvelles, Surville fut contraint par le scorbut et la disette de cesser ses recherches et de gagner au plus vite la côte du Pérou, qu'il atteignit le 5 avril 1770. Malgré les représentations de son second, qui connaissait les dangers de cette côte, il voulut se rendre à terre dans une frêle barque par une mer houleuse, et traverser la barre de Chilca. L'embarcation chavira, et tous ceux qui la montaient se noyèrent, sauf un Malabar excellent nageur. Surville fut enterré à Lima, et le lieutenant Labbé prit le commandement du Saint-Jean-Baptiste qu'il ramena en France (2).
_____________________________________________________________
(1) EXPILLY, Dictionnaire des Gaules, article Nantes
(2) L. GUÉRIN, Histoire maritime de la France, t, IV, pp. 443 et suiv.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
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mercredi, 01 août 2007
industrieuse !
je n'oublie point Michel Serrault.
Mais Ingmar Bergman, puis Michelangelo Antonioni...
Le cri, l'aventure, la source, la nuit, le silence, l'éclipse, désert rouge et sarabande
La mort ne se trouve ni en deçà, ni au delà. Elle est à côté, industrieuse, infime.
René Char
Contre une maison sèche
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mardi, 31 juillet 2007
mat ! le grand Bergman !
Tous les écrans du monde devraient s'en obscurcir.
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jeudi, 26 juillet 2007
un archipel ? au delà ?
Pour saluer François J. qui a choisi Molène pour la dispersion de ses cendres.
Retour de mer et de passage, trop brièvement, dans "mon jardin", j'envoie ce message par delà l'horizon vers je ne sais trop quel archipel inespéré : cette image et un aphorisme qui procèdent de l'harmonie des contraires.
La parole soulève plus de terre que le fossoyeur ne le peut.
René CHAR
Recherche de la base et du sommet
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vendredi, 13 juillet 2007
blogue chaotique...
Dac'hlmat, avec son équipage féminin — petites-filles, mère, grand-mère — et le "vieux marin", largue à nouveau pour quinze jours, soleil ou pas soleil.
Mais sur mer !
Le comique de la Biennale de l'Estuaire s'augmente : le Canard crevé qui n'a jamais pu flotter, la maison gîtée qui ne pouvait que couler... Les commanditaires avaient-ils oublié qu'avec un mécène comme Total c'était le mieux qui pouvait leur arriver.
Seule, la première ÉLUE de ma petite commune, vice-présidente du conseil générale et grand cœur rebelle, a eu le courage de mettre en lumière l'ambiguité de ce partenariat.
«...Je persiste à penser qu'à cause de l'Érika, nous aurions dû refuser cet argent-là pour Estuaire 2007. Par principe. Pour que tout ne soit pas brouillé. parce qu'on a pas besoin des "bonnes œuvres" de TOTAL, mais d'entreprises respectueuses des hommes, de la planète, de leur parole. »
Merci, Françoise !
On aurait souhaité une telle lucidité de la part de monsieur Jean Blaise, patron du Lieu Unique et grand ordonnateur de cette Biennale de mauvais bricolages que d'aucuns — ils y croient dur comme fer — veulent transmuer en ratages qui auraient pu être — paraît-il ? — extraordinaires ! À propos de ce mécénat,sur FR 3, le dit Blaise s'était emberlificoté dans des arguties aussi épaisses et noirâtres que les plaques de fioul qu'il n'alla, en 1999, sans doute jamais ramassées .
Dans le grand "raout" organisé autour de Char à Avignon — vaguement entendu, lundi dernier, chez Lebrun, des bégaiements sur les Feuillets d'Hypnos —, publier la lettre si sobre de Camus ne pouvait susciter de ma part que silence.
Monsieur Terzieff, revenez-nous donc vite avec votre René Char en poche !
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sur un poignet sectionné
Centenaire Char
Le Tour de France — sera-t-il moins "pourri" que les années précédentes ? — me ramène à Char. L'étape d'Autun ne peut que me pousser à ouvrir à nouveau La Nuit talismanique, à lire avec une plus grande lenteur Relief et louange, tout en regardant avec ardeur cette mince carte d'un bas-relief où s'étend dans un verger Ève, Ève d'Autun.
Du lustre illuminé de l'hôtel d'Anthéor où nous
coudoyaient d'autres résidents qui ignoraient
notre alliance ancienne, la souffrance ne fondit
pas sur elle, la frêle silhouette au rire trop
fervent, surgie de son linceul de l'Epte pour
emplir l'écran rêveur de mon sommeil, mais sur
moi, amnésique des terres réchauffées. Le jamais obtenu,
puisque nul ne ressuscite, avait ici un
regard de jeune femme, des mains offertes et
s'exprimait en paroles sans rides.
Le passage de la révélation à la joie me précipita
sur le rivage du réveil parmi les vagues de
la réalité accourue ; elles me recouvrirent de leurs sables bouillonnants.
C'est ainsi que le caducée
de la mémoire me fut rendu. Je m'attachai une
nouvelle fois à la vision du second des trois
Mages de Bourgogne dont j'avais tout un été
admiré la fine inspiration. Il risquait un œil
vers le Septentrion au moment de recevoir sa
créance imprécise. À faible distance, Ève d'Autun,
le poignet sectionné, ferait retour à son cœur
souterrain, laissant aux sauvagines son jardin
saccagé. Ève suivante, aux cheveux récemment
rafraîchis et peignés, n'unirait qu'à un modeleur
décevant sa vie blessée, sa gaieté future.
Relief et louange
L'onirisme du premier paragraphe ne peut qu'émouvoir celui qui retrouve dans le sommeil les gestes d'une amante disparue." Le jamais obtenu" me bouleverse dans son irréversible déchirure.
Et pourtant cette joie au matin pour "un regard" et des "paroles sans rides".
L'obscur du second paragraphe laisse remonter des bribes qui me ramènent aux textes "serpentaires" : "le caducée de la mémoire", et cette main au poignet sectionné qui cueille la pomme conduisent au quatrième Fascinant : le Serpent (note du 24 février).
L'Ève suivante porte-t-elle la joie imméritée ?
Je crois qu'en août, je passerais volontiers par Autun pour caresser le poignet de cette Ève et rencontrer le second des trois Mages de Bourgogne.
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jeudi, 12 juillet 2007
Chronique portuaire LVI
Elle est brutale, cette note de Paul Legrand ; elle montre bien que le souci de "karchériser" ne date point des seules déclarations de l'actuel président de la République.
NDLR
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1762. — LES NOIRS À NANTES EN 1762.
L'Amirauté de Nantes était saisie le 22 juin 1762 d'une plainte des officiers de police, relative au grand nombre de Noirs esclaves que les capitaines et négociants introduisaient dans la ville au mépris des Règlements. Au dire de ces officiers, Nantes était envahie par une population de Nègres qui la faisaient ressembler à une ville tropicale bien plus qu'européenne. Ces esclaves, aussi inutiles que dangereux, s'assemblaient en bandes nombreuses sur les places publiques et les quais, et poussaient l'insolence jusqu'à insulter les habitants le jour, et à troubler leur sommeil la nuit par leurs querelles et leurs cris.
L'Amirauté fit droit à cette requête, et fit afficher les Règlements relatifs à l'Introduction des Noirs esclaves en France (1).
1765. — LE PORT DE NANTES EN 1765.
À l'article Nantes, par Louis de Jaucourt, on lit dans la première Encyclopédie de Diderot :
« L'Université de Nantes fut fondée vers l'an 1460, mais c'est l'Université du commerce qui brille dans cette ville. Ils arment tous les ans plusieurs navires pour la traite des Nègres dans les Colonies françaises. Le débit de toutes sortes de marchandises est plus aisé et plus vif à Nantes que dans les autres villes du royaume » (2).
CAMPAGNE DE DU CHAFFAULT EN 1765.
En mai 1765, Du Chaffault, promu l'année précédente au grade de Chef d'escadre, reçut l'ordre de se porter sur les côtes marocaines et d'en détruire les villes maritimes, véritables repaires de pirates. II partit avec six vaisseaux et frégates, deux chébecs dont l'un commandé par de Suffren, et deux galiotes à bombes. Les 2, 8 et 11 juin, il bombardait Salé ; puis Larrache, les 26 et 28 juin. Malheureusement, le capitaine de Latouche-Beauregard engagea trop loin dans la rivière ses canots chargés de troupes de débarquement ; il eut la tête tranchée, et 300 hommes furent massacrés (3).
________________________________________________________
(1) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. III, p. 225.
(2) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 292.
(3) O. TROUDE, Batailles navales de la France, t. I, pp. 435-6.
Revue du Bas-Poitou, année 1906, p. 119.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
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mercredi, 11 juillet 2007
de amicitia III
Centenaire René Char
122. — ALBERT CAMUS À RENÉ CHAR
[Paris] vendredi 18 mai 1956
Cher René,
Je viens de relire La bibliothèque est en feu. Vous n'avez jamais mieux ajusté l'un à l'autre une certaine liberté et un cerain malheur. Ceux qui sont, jour après jour, affrontés à la « bouillie de fer » s'appuient sur vous, écoutent votre voix comme la leur. C'est vrai. Avant de vous connaître, je me passais de la poésie. Rien de ce qui paraissait ne me concernait. Depuis dix ans au contraire, j'ai en moi une place vide, un creux, que je ne remplis qu'en vous lisant, mais alors jusqu'au bord.
Qu'allons-nous devenir est une question qui n'a pas de sens. Nous sommes devenus. Je le sais en vous lisant. Nous avons seulement à fructifier, de nos propres fruits, quoique dans l'hiver. La question est seulement de savoir ce que la vie, ou du moins ce qu'il y a en elle d'adorable, va devenir.
Cela seul suffit à faire souffrir. Mais si nous sommes malheureux, du moins nous ne sommes pas privés de vérité. Cela, je ne le saurais pas tout seul. Simplement, je le sais avec vous.
Très affectueusement.
A.C.
Réf. : Albert, Camus, René Char, Correspondance 1946-1959, Gallimard, mai 2007.
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dimanche, 01 juillet 2007
de amicitia II
« Chance... que l’amitié ait pris entre nous cette force qui enjambe l’absence... »
Camus à Char, janvier 1954
En feuilletant parallèlement et par hasard, chez Co et Jo, un chaleureux livre d'amitié, Le marin à l'ancre, quand, épistolairement (!) Bernard Giraudeau fait "voyager" Roland, son copain en fauteuil. La sensualité y est belle, plus populaire certes, mais
« Ré n'est pas Nuku Hiva. »
C'est certain, mais moi qui, comme vous, Bernard Giraudeau, ai abordé les deux îles, je ne suis pas sûr que, dans l'instant où l'une et l'autre nous sont apparues sur l'horizon, il n'y ait pas eu la même émotion. Comme ce soir encore quand la mémoire les fait à nouveau surgir pour des partages amicaux.
Je lis avec bonheur et Giraudeau et Camus.
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samedi, 30 juin 2007
de amicitia
Centenaire Char
«... l'envie d'écrire des poèmes ne s'accomplit que dans la mesure précise où ils sont pensés et sentis à travers de très rares compagnons.»
«... C'est une lettre silencieuse que j'aurais aimé vous écrire, comme la planche de Parménide dont parle Nietzsche, celles-là sont seules pleines de ce qui convient. »
René Char à Albert Camus
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vendredi, 29 juin 2007
lectures au mouillage
J’avais emporté, ajoutés aux Pléiades de Char et de Perse, un Sollers et un Quignard, j’aime bien ces “sauts et gambades”, feuilletages nonchalants au hasard de quelques moments de solitude au mouillage.
De Sollers donc, L’Étoile des amants. Du roman à la Sollers : une dame, plutôt jeune femme, cette fois c’est Maud, de longues énumérations rarement fastidieuses — entre la page 33 et la page 37, cinq, dont une longue d’ornithologie marine, les autres oscillant entre substantifs animaliers et verbes d’actions amoureuses — et de longues, plus longues encore, citations dont le lecteur doit identifier la source et l’auteur — ici, il s’agirait de très vieux textes orientaux.
Et une île, Ré, sans doute qui, de roman en roman, se dessine au long des matins, des soirs, des nuits, des plages, des nages et des brises légères. Un océan vu d’une île par un terrien comme la Mer de Debussy est une mer entendue depuis les planches d’une plage de Manche.
Lecture légère comme littérature allégée.
Une fois par an, prenez une ou deux femmes, une île, ou une ville, des énumérations, des citations, cette fois d’un philosophe, Nietzsche par exemple, cette autre fois d’un poète, Rimbaud, tiens, et vous obtenez une ponte annuelle de 200 à 500 pages selon l’étendue de l’œuvre abordée et des citations extraites.
Le Quignard, c’est autre chose, c’est un blogue à l’antique ; depuis les Petits traités, il cultive le genre du texte bref — d’une à dix pages — et court de d’une extrémité à l’autre de notre histoire d’Occident.
Surgissent souvent une fêlure, ou des cruautés. J’avais pris Les Paradisiaques qui nous épargnent le plus ces infimes blessures.
C’est d’une érudition qui confine au déjanté et la crudité témoigne d’une pensée dégagée de tous péchés.
Je ne suis pas méchant, j’aime bien l’un et l’autre, l’un plus que l’autre, certainement, mais ces temps-ci, Sollers et Quignard ne m’aident guère à vivre.
J'ai retrouvé sur ma table la Correspondance Camus/Char. Je suis loin d'avoir oublié le centenaire et avec ces tant vieilles amitiés qui resurgissent de l'adolescence, il y a provende.
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jeudi, 28 juin 2007
Chronique portuaire LV
1757. — LE " MARÉCHAL- DE-RICHELIEU " .
En 1757, le corsaire nantais le Maréchal-de-Richelieu s'empara des Anglais GRENESEY et AMITIÉ ; puis, avec le concours d'un vaisseau du Roi, amarina l'Anglais le PRINCE-GUILLAUME (1).
1758. — LES CORSAIRES '”LA PALUD " ET LE " COURTEILLE ".
Armés aux ordres du Roi par les Marchands à la Fosse : Abraham Boudou et Gaillard, les deux corsaires la Palud et le Courteille sortaient ensemble de la Loire le 28 mars 1758.
La Palud, frégate de 400 tx., 24 can., 4 pier. et 142 h., était commandée par le capitaine Julien-Edouard Tanquerel ; le Courteille, frégate de 305 tx., 20 can. et 116 h., était placé sous les ordres de Jean-Nicolas Arreau.
Séparées par une brume épaisse, les deux frégates se perdaient de vue le 4 avril, et continuaient, chacune pour leur compte, la croisière commencée.
La Palud amarinait le 10 un brigantin anglais ; puis reprenait sur les Anglais, le 18, un brigantin de Brest, la MARIE ; enfin s'emparait le 7 mai d'un autre Anglais.
De son côté, le Courteille capturait le 5 avril un petit brick anglais ; et soutenait en mai un terrible combat contre une frégate de la marine royale anglaise deux fois plus forte que lui, et la forçait à amener pavillon. Dans l'impossibilité de prendre à son bord tout l'équipage de cette frégate ainsi que sa cargaison, et ne pouvant, d'autre part, en raison de ses avaries, la faire conduire dans un port français, le capitaine Arreau abandonnait sa prise, après avoir cependant rasé ses mâts, jeté ses canons à la mer, et emporté ses provisions et ses munitions,
Pour ce beau fait d'armes, le capitaine Arreau devait être décoré de la Légion d'Honneur sous l'Empire (2).
1760. — UN NEVEU DE CASSARD.
On lit dans un dossier des archives du Ministère de la Marine, intitulé : Cassard, Marine, 12 septembre 1760 :
« ...Le sieur Cassard, officier de la marine marchande, navigue depuis seize ans. Il a fait quatre campagnes pour le service de S. M. Il était embarqué sur la frégate la Blonde, en qualité de second, dans l'expédition du sieur Thurot sur la côte d'Irlande, et il a perdu un œil dans le combat qu'à soutenu ledit sieur Thurot. Il avait déjà reçu deux blessures dans un combat sur la frégate Therpsicore. Il est neveu du feu sieur Cassard, capitaine de vaisseau, dont la mémoire est en recommandation dans la marine » (3).
____________________________________________________________________________
(1) A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 170.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 208-10.
(3) Bulletin de !a Société Archéologique de Nantes, t. 14, pp. 242-3.
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mercredi, 27 juin 2007
parce que c'était lui parce que c'était moi
« Aux soirs de grande sécheresse sur la terre, nous deviserons des choses de l’esprit. Choses probantes et peu sûres. Et nous nous réjouirons des convoitises de l’esprit... »
Saint-John Perse
Amitié du Prince
La Gloire des Rois.
Depuis deux ans, nous attendions de croiser ensemble.
Nous nous étions quittés en août 1955 sur les bords de l'Odet. La veille, nous avions débarqué la cargaison de thons d'une marée de trois semaines ; son père était patron-pêcheur de Douarnenez.
Cinq ans durant, nos adolescences catholiques fréquentèrent les mêmes bancs de salle d'études — il me précédait d'une année — et de chapelle, chez les Bons Pères, les mêmes terrains de foot-ball et les mêmes pistes d'athlétisme : nous étions volontiers "olympiques".
En novembre 2005, cinquante ans plus tard, nous nous étions quittés... la veille !
Nous avons seulement ajouté à l'amitié la passion de la mer et de la voile et une certaine épaisseur à nos corps d'athlètes de jadis.
Des jours de mer s'annoncent pour Eon Vor et Dac'hlmat !
Longtemps encore, à croiser ensemble.
Si les dieux de la mer — qui n'existent pas plus que les autres — nous prolongent dans leur miséricorde, les vigueurs de notre jeunesse.
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