mardi, 26 juin 2007
stèle du Driasker
«... sous ses grandes amulettes de guerre agrafées de vieux cuivre, la rude bête arquée entre ses boucliers d’honneur, qui porte à ses crocs d’attelage, comme un amas d’entrailles et d’algues... »
Saint-John Perse
Amers
Chœur
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lundi, 25 juin 2007
ciels pour marin(e)s breton(ne)s
Maugréantes les mers sous l'étirement du soir, comme un tourment de bêtes onéreuses engorgées de leur lait.
Murmurantes les grèves, parmi l'herbe grainante, et tout ce mouvement des hommes vers l'action.
J'aurais aimé un phare pour qu'à nouveau JCB lève le nez de sa pelouse et se reprenne à rêver d'avoir été gardien de phare ; j'avais pensé aux Birvideaux — 2 éclats blancs, 6 secondes —, mais nous nous sommes écartés du plateau que ce phare balise.
Voilà donc, pour acquiescer au souhait de F, une galerie de ciels ; les dépressions atlantiques nous ont abreuvés de grands gris intenses et mouvants plus épiques que les bleus tropicaux. Les houles furent clémentes et Nicléane, la "peintureuse" qui est aussi et barreuse et dame d'artimon à bord de Dac'hlmat — la Dame du grand-mât, disaient les marins des voiliers longs-courriers de la femme du capitaine —a saisi ces "trouées de fièvre du ciel".
Chante, douceur, à la dernière palpitation du soir et de la brise, comme un apaisement de bêtes exaucées.
Et c'est la fin ce soir du très grand vent. La nuit s'évente à d'autres cimes. Et la terre au lointain nous raconte ses mers.
Saint-John Perse
Vents.
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dimanche, 24 juin 2007
retour de mer
à André, l'ami d'adolescence, patron d'ÉON VOR
Après trois semaines de houles, de pluies, de vent et d'amitié, Dac'hlmat est à nouveau depuis la nuit dernière au mouillage de Vilaine.
Pour me relier à nouveau à celles et ceux qui fréquentent les modestes parages de ce blogue.
Aux Glénan, calme d'un matin de juin
«... Il a plu, c’est le jour. Lune couleur d’alun. Et le ciel au levant prend couleur de sarcelle. À toute grâce, bienvenue !
L’aube d’Été est, sur la mer, le premier pas d’amante nue hors de son linge foulé bas...
Et peut-être n’a-t-il plu : si douce, ô pluie, fut ton approche... »
Saint-John-Perse
Strophe,
Amers.
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lundi, 04 juin 2007
larguez !
Ils ne font jamais pompeux, ces mots, quand on les lit sur les houles.
... Plus loin, plus loin, où sont les premières îles solitaires — les îles rondes et basses, baguées d'un infini d'espace, comme des astres — îles de nomenclateurs, de généalogistes; grèves couvertes d'emblèmes génitaux, et de crânes volés aux sépultures royales...
... Plus loin, plus loin, où sont les îles hautes — îles de pierre ponce aux mains de cent tailleurs d'images; lèvres scellées sur le mystère des écritures, pierres levées sur le pourtour des grèves et grandes figures averses aux lippes dédaigneuses...
... Et au-delà, les purs récifs, et de plus haute solitude — les grands ascètes inconsolables lavant aux pluies du large leurs faces ruisselantes de pitié...
... Et au-delà, dernière en Ouest, l'île où vivait, il y a vingt ans, le dernier arbrisseau : une méliacée des laves, croyons-nous — Caquetage des eaux libres sur les effondrements de criques, et le vent à jamais dans les porosités de roches basaltiques, dans les fissures et dans les grottes et dans les chambres les plus vaines, aux grandes masses de tuf rouge...
Saint-John Perse,
Vents, IV, 2.
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dimanche, 03 juin 2007
phares et livres
trois semaines durant, le blogue s'affichera dans un silence blanc. Les cybercafés et cyberbases sont rares en Bretagne-sud et je n'ai ni carte Airport, ni "ouiphi" pour relier mon petit Mac à mes phalanstères.
M'en vas — enfin ! — en mer. Pas loin, mais en mer. J'emporte — FB m'a "contaminé" — mes Pléiades "Char" et Perse".
Pierres et vent, quoi !
Je n'irai donc point rencontrer FB au Lieu Unique pour la présentation de ses "Déplacements". Dommage, dommage.
Sortant de l'estuaire de Vilaine, je vais seulement m'éviter des rognes à propos des manifestations qui prétendent célébrer de façon "branchée" et populaire — une aporie, non ? — l'estuaire de Loire.
FB n'y est pour rien, c'est l'homme qui dirige le Lieu Unique et qui est aussi l'instigateur d'Estuaire 2007 qui suscite mon ire.
Mes préférences nantaises vont plutôt au "petit" homme qui agite les Folles Journées... Les vieux cons ne se refont pas !
Je penserai fort à JCB.
N'allant pas en Iroise cette fois, je ne pourrai contempler Ar-Men. Ni Kéréon — celui dont je rêve.
Je vais arrondir les Cardinaux dans le sud-est d'Hoëdic et les Birvideaux entre Belle-Île et Groix. Plus humbles, moins exposés aux vents et aux courants...
Quoique !
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vendredi, 01 juin 2007
commencer le mois par les mots
Char centenaire
Comme les larmes montent aux yeux, puis naissent et se pressent, les mots font de même. Nous devons seulement les empêcher de s’écraser comme les larmes, ou de refouler au plus profond.
Un lit en premier les accueille : les mots rayonnent. Un poème va bientôt se former, il pourra, par les nuits étoilées, courir le monde, ou consoler les yeux rougis. Mais pas renoncer.
Le Bâton de rosier, X
Quand les larmes font écrire, pour continuer de vivre.
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jeudi, 31 mai 2007
Chronique portuaire LIV
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1756. — DU CHAFFAULT ET " L'ATALANTE ".
Appelé en 1756 au commandement de la frégate Atalante, de 34 can., Du Chaffault capturait, aux abords de la Martinique, le vaisseau anglais le WARWICK, de 64 can., après une lutte de cinq heures. Au moment où ce navire amenait pavillon, le Lieutenant-général d'Aubigny arrivait sur les lieux avec deux vaisseaux, et reçut le pavillon du WARWICK en qualité de chef hiérarchique de Du Chaffault.
Toutefois, le capitaine vaincu déclara franchement : « Je remets mon pavillon à M. d'Aubigny, mais la prise de mon navire est due à M. Du Chaffault ». Ce dernier ramena en effet à Rochefort cette belle prise, dont il reçut le commandement.
A la suite de ce brillant fait d'armes, Louis XV lui écrivit de sa main une lettre de satisfaction, et donna l'ordre aux peintres des galeries de Versailles de consacrer un tableau à ce glorieux épisode (1).
LA GALISSONNIÈRE, " LE VAINQUEUR DE PORT-MAHON ".
Le Marquis Barin de la Galissonnière, Lieutenant général des armées navales, sortait de Toulon, le 10 avril 1756, avec une escadre de douze vaisseaux et six frégates, escortant cent cinquante navires de commerce sur lesquels étaient embarqués quinze mille hommes de troupe. Ce corps expéditionnaire, placé sous les ordres du Duc de Richelieu, s'emparaît le 17 avril, de Minorque, but de l'expédition.
Le 10 mai, une flotte anglaise de treize vaisseaux et cinq frégates commandée par l'amiral Byng attaquait la flotte française dans les eaux de Port-Mahon.
La Galissonnière, monté sur le Foudroyant, de 80 can. et 805 h., soutint bravement l'attaque, et força les Anglais à se retirer après une lutte acharnée.
Ce succès eut en France un retentissement énorme ; et si la flatterie du moment fit décerner au duc de Richelieu le titre de Vainqueur de Port-Mahon, le brave marin nantais, auquel il revenait de droit, ne tarda pas à en être investi, et ne fut plus connu que sous ce nom glorieux. Son adversaire, le malheureux amiral Byng, condamné à mort pour s'être laissé battre, fut « harquebusé » dès son retour en Angleterre (2).
Le 30 juillet, les Nantais recevaient la nouvelle de l'éclatant succès de la Galissonnière, et, dès le soir même, un Te Deum solennel réunissait à la cathédrale la population toute entière, heureuse de s'associer au triomphe de son compatriote (3).
MORT DE LA GALISSONNIÈRE.
Ce fut l'année même de son triomphe à Port-Mahon, que mourut le brave De la Galissonnière.
Le 26 août 1756, en effet, il fut enlevé par la maladie à Nemours, alors qu'il se rendait à Fontainebleau où le Roi l'avait mandé pour lui donner le grade d'amiral.
Il fut regretté de toute la marine, mais spécialement peut-être des matelots qui l'avaient toujours trouvé bon, compatissant et plein de patenelle affection, en même temps que constamment soucieux de leur bien-être.
Petit et bossu, la Galissonnière n'avait rien du marin de cour, ni même du marin de commandement ; mais, tacticien habile, il excellait à préparer et combiner les opérations du fond d'un cabinet ; parfait administrateur, il fut plusieurs années Commissaire général de l'artillerie à Rochefort ; colonisateur intelligent, il contribua largement à la prospérité du Canada, où il fut longtemps gouverneur militaire ; enfin, botaniste passionné, il profitait de ses croisières dans les colonies pour y introduire des espèces utiles ; et mainte de nos possessions lui doit encore peut-être la présence de telle ou telle plante d'usage constant (4).
On voit encore au n°1 de la rue Fénelon (ancienne rue des Saintes-Claires), l'hôtel qu'il habitait à Nantes et qui, dès le XVIIe siècle, est indiqué sous le nom d'hôtel Barin de la Galissonnière.
LE CORSAIRE " MÉNIL-MONTANT ".
Le corsaire le Ménil-Montant, de 22 can. et 100 h,, parti de Nantes le 27 avril 1756, était pris trois jours plus tard par deux vaisseaux de guerre anglais, après une résistance héroïque. Enregistré dans la marine anglaise sous le nom de Bos-cawen. il n'y demeura pas longtemps, d'ailleurs, car peu après il fut repris par deux frégates françaises ; la Thétis et la Pomone, et ne se fit pas faute dans la suite, de faire rudement expier aux Anglais sa courte mésaventure (5).
_____________________________________________________
(1) L. GUÉRIN, Histoire maritirne de la France, t. IV, pp. 353-4.
Revue du Bas-Poitou, Année 1906, p. 117.
(2) GUIZOT, Histoire de France, t. V, pp. 170-71.
TROUDE, Batailles navales de la France, t. I, p. 331.
(3) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. V, p. 169.
(4) L. GUÉRIN, Histoire maritime de France, t. IV, p. 331.
Lycée armoricain, 10e vol. 1827, p. 114.
Annales de la Société académique, année 1868, pp. 40-48.
(5) A. PÉJU, La Course a Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 257.
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mercredi, 30 mai 2007
Salut à la "Grande Vieille"
Centenaire, elle ! Et vivante.
Je parle de Germaine Tillion.
Elle eut plus de "filles et de fils" qu'elle en eût souhaité.
Je fus l'un de ses tout derniers dans l'ordre de l'Éducation de base et de la culture Aurésienne.
Dans les replis encore ignorés de l'Ahmar Khaddou, il est de Grands Vieux, les Imouqqranen, qui doivent, ce soir encore, évoquer la "Roumia" si attentive à les écouter et à "garder secret ce qui devait l'être".
Le site
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mardi, 29 mai 2007
ma ville en deça de l'insignifiance
Entre le 1er juin et le 1er septembre, "On" fêterait l'Estuaire ?
Entre Nantes et l'océan, quelques insignifiances bien en deça de la petite pissoire de Duchamp...
Sans mentionner les avatars hérités d'un Royal de Luxe à l'imaginaire bricoleur exsangue.
Vivement le 2 septembre !
La beauté du Fleuve nous sera enfin rendue.
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dimanche, 27 mai 2007
allumer des éclats
Char centenaire
pour me dégourdir le mental, l'Esprit-Saint m'ayant oublié par fort coup de vent de 8 à 9 Beaufort,
puisé en vrac dans les éclats d'un jeune surréaliste :
Tu es pour la feuille hypnotisée dans l'espace
À l'approche de l'invisible serpent
Ô ma diaphane digitale !
...................................
Seuls aux fenêtres des fleuves
Les grands visages éclairés
Rêvent qu'il ny a rien de périssable.
..................................
La rose violente
Des amants nuls et transcendants.
..................................
Le sang est à quai. À chaque époque ses lesteurs.
..................................
Arcade sourcilière almée de l'amoureuse.
au hasard dans
Le Mateau sans maître
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vendredi, 25 mai 2007
des mots, encore des mots
Char centenaire
Dans les textes de Char, les traces sur les “mots” sont relativement tardives : il faut atteindre La Parole en archipel pour rencontrer les premiers questionnements.
Questionnements déjà en tension : accueil et soupçon et ce, dès le surgissement des traces :
On ne peut commencer un poème sans une parcelle d’erreur sur soi et sur le monde sans une paille d’innocence aux premiers mots.
Dans le poème, chaque mot ou presque doit être employé dans son sens originel. Certains, se détachant, deviennent plurivalents. Il en est d’amnésiques. La constellation du Solitaire est tendue.
La Bibliothèque est en feu,
La parole en archipel.
Rejet que l’usage quotidien imprime :
N’incitez pas les mots à faire une politique de masse.
Faire du chemin avec...,
Fenêtres dormantes et porte sur le toit.
Le poète qui versifie en marchant bouscule de son talon frangé d’écume des centaines de mots à ce coup inutiles...
Victor Brauner,
II. Alliés substantiels
Recherche de la base et du sommet.
Ô mots trop apathiques, ou si lâchement liés ! Osselets qui accourez dans la main du tricheur bien séant, je vous dénonce.
L’âge cassant,
Recherche de la base et du sommet
D’où l’incitation à être vigilant sur les sens, d’où l’incitation au travail :
Les jours de pluie, nettoie ton fusil. (Entretenir l’arme, la chose, le mot ? Savoir distinguer la liberté du mensonge, le feu du feu criminel.)
À une sérénité crispée,
Recherche de la base et du sommet
Ô la nouveauté du souffle de celui qui voit une étincelle solitaire pénétrer dans la rainure du jour ! Il faut réapprendre à frapper le silex à l’aube, s’opposer aux flots des mots.
Seuls les mots, les mots aimants, matériels, vengeurs, redevenus silex, leur vibration clouée aux volets des maisons.
Lombes,
Aromates chasseurs
Quand j’ai commencé ces quelques notes sur les mots, avais-je lu ? avais-je oublié l’intervention de Georges Mounin dans Europe (janvier-février 1988) sur Char et le langage, élargissant le thème à la relation langage/poésie, à partir de la préface de Jean Roudaut dans la Pléiade et faisant une référence appuyée à l’entretien de France Huser et René Char, Sous ma casquette amarante ?
Char, un “linguiste”, mais d’atelier. Un poète, quoi !
les mots... redevenus silex.
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jeudi, 24 mai 2007
Chronique portuaire LIII
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1751. — OURAGAN EN LOIRE.
Le 27 mars 1751, les commerçants de Nantes adressaient à Mgr Rouillé, à la Cour, une lettre par laquelle ils demandaient leur dégrèvement des taxes et droits, en raison des dommages considé-rables qu'ils avaient éprouvés du fait du « Houragan qui s'elleva la nuit du 14 au 15 de ce mois avec une impétuosité dont on trouve peu d'exemples... »
À cette lettre étaient joints plusieurs états des navires coulés ou échoués, et des marchandises perdues. On y relève treize navires coulés en rade de Paimbœuf, vingt-six navires échoués sur les rives du fleuve, et dix-neuf démâtés ou fortement endommagés.
En 1756, un nouvel ouragan fut l'occasion d'une demande similaire de dégrèvement (1).
1754. — RÈGLEMENT DE L'AMIRAUTÉ SUR LES LOCMANS.
Un règlement de l'Amirauté de Nantes, en date de septembre 1754, organisait le corps des Pilotes lamaneurs ou Locmans, et fixait ainsi leur nombre ; douze au Croisic, dix à Bourgneuf, quarante-huit à Saint-Nazaire, et soixante de Paimbœuf à Nantes. Il rappelait in fine qu'aux termes de l'Ordonnance de la Marine, le lamaneur qui aurait fait échouer un navire par ignorance serait puni du fouet, et que celui qui aurait agi par malice serait condamné à mort et son corps attaché à un mât près du lieu du délit (2).
L'ancienne législation, on le voit, était des plus sévère à l'égard des pilotes ignorants de leurs devoirs ; peut-être faudrait-il par contre accuser nos lois actuelles d'un excès tout opposé, et réclamer l'atténuation de la non-responsabilité de fait dont bénéficie trop souvent le corps des pilotes au préjudice des capitaines, qui ne peuvent sinon se passer d'eux, du moins se dispenser de payer les droits de pilotage.
____________________________________________________________________
(1) Le Chercheur des Provinces de l'Ouest, Année 1902. Questions et Réponses, p. 378.
(2) VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. III, p. 155.
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samedi, 19 mai 2007
la librairie telle qu’en elle-même
Char centenaire
note adressée à JCB, en espérant qu'il lui reste encore une boite de chocolats
A Bordeaux, à l'angle des rues Porte-Dijeaux et Vital-Carles, Mollat est toujours Mollat.
J’avais entre les mains la Correspondance Camus-Char que, déjà, je voyais sur une table Le père Diogène de Ryner. Mais j’étais là pour Char.
Je m’évite une “montée” à Paris : j’ai mis dans mon panier le catalogue de l'exposition Char à la BNF. Toutes les toiles exposées n’y sont pas et je manquerai la contemplation de certaines peintures — il y a belle lurette que j’ai composé mon Musée imaginaire en collectionnant les cartes postales, plus tard les livres, souvent offerts — ; cependant, je regretterai les "Nicolas de Stael" et les "Vieira Da Silva".
Je retiendrai une photographie très poignante de Giacometti dessinant le visage de Braque mort : le profil émacié du sculpteur laissant deviner une tendresse attentive.
Je n’oublie pas son dessin évoqué dans ma note du 28 février sur le serpent et la femme ; il me faut encore écrire une ou deux notes sur les mots dans les textes de Char — près de vingt occurences —avant de revenir au Serpent, le troisième Fascinant, que je lis toujours comme le contre-sens du mythe adamique — vous savez, cette histoire de la Genèse (III,1-24) où il est question d’une pomme, d’une femme, d’un serpent, d’un homme, de la connaissance, du bien et du mal, tous ces êtres sans majuscules !
J’ai glissé dans le panier, juste avant de passer à la caisse, Poèmes en archipel, anthologie de textes de René Char (en Folio, pas en Poésie/Gallimard) ; à Nantes, je l’avais plusieurs fois feuilleté et chaque fois reposé sur la table ; je n’aime guère, hors les miennes ou celles de très proches, les anthologies. Celle-ci, introduite par Pascal Charvet, est fencore ortement dominée par madame Char et Paul Veyne et annonce clairement son projet pédagogique “pour le grand public et particulièrement pour le public scolaire”. Et pourquoi pas ?
Ne sais trop qu’en penser ? Brève introduction au poème, précédée d’une introduction au recueil, en fausse page, de belles illustrations que l’on retrouve dans tous les bouquins sur Char : ça peut aider. Le choix ne cède pas à la facilité. Madame Char et monsieur Veyne acceptent à nouveau l’aphorisme.
Mais réduire les Dentelles de Montmirail à quatre d’entre eux m’évoque plus une amputation qu’une anthologie.
Quelle aurait été mon entrée dans Char avec un tel livre, il y a cinquante ans ? Je ne regrette pas le lyrisme obscur du bouquin de Pierre Berger ; il en rajoutait, mais n’atténuait point l’éclat du logos.
Ce logos de Char qui serait fichu de me faire à nouveau pratiquer la vertu théologale de l’espérance.
Mais non !
Revenir de tout l’avenir au présent et le garnir de son espoir même jamais réalisé.
lettre de Char à Camus du 4 octobre 47
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vendredi, 18 mai 2007
après une belle soirée d'amitié à la Hume*
J’ai été frappé par un syndrome décrit par François Mauriac dans les Mémoires intérieurs... Il explique être arrivé à l’âge où les héros de roman de ne font plus rêver, il dit : «... à mesure que le temps s’écoule, que notre avenir temporel se réduit, lorsque les jeux sont faits, que l’œuvre est achevée et la copie remise, que l’aventure humaine touche à sa fin , alors les personnages de roman ne trouvent plus en nous d’espace où se mouvoir... Voici le temps où Julien, Fabrice, Dominique, Lucien, quand je m’efforce de les arracher au gouffre, ne me racontent plus que des histoires à dormir debout. » Je suis arrivé à une certain âge moi-même. Le roman, le roman contemporain, n’arrive plus à me ravir.
Jean-Claude Zylberstein
dans Libé-Livres d’hier.
Ça ne m’explique point ma désaffection pour le roman d’aujourd’hui ; ça me conforte dans mon désintérêt : je ne serais donc pas le seul à être atteint par ce syndrome mauriacien.
Demeurent les fascinations déjà anciennes : l’Angelo de Giono, le Moravagine de Cendrars, le Meursault de Camus, la Desqueyroux de Mauriac, l’ombre de certains personnages chez Gracq... sans doute quelques autres... que ma mémoire, loin de sa librairie, ne fait point remonter.
J’irais quand même bien voir du côté du Père Diogène d’Han Ryner sur qui écrit Robert Maggiori, dans le même Libé-Livres, Ryner étant pour moi à ce jour inconnu. Mais ce n’est point dans l’ordre du roman contemporain.
Trouverai-je Ryner, cet après-midi, chez Mollat, qui m’est une espèce de pélerinage, me ramenant à mes pratiques “lectorales” (!) des années 70 ?
Il n’y a pas que les bouquins ; dans Le Monde d’hier, un article sur un sympathique Tariq Krim, bêtement titré “le nouveau gourou du Web”, titre démenti par la vision que Krim semble affirmer sur les rapports en l’Internet et l’éducation. Un patriote du Net, comme, naguère on disait un citoyen du monde !
J’avoue avoir encore certaines difficultés à mettre son agrégateur Netvibes en œuvre.
* Er Klasker et Grapheus tis chez Cœur de Ptah, les compagnes, trop silencieuses en blogosphère, mais seulement en blogosphère, étant bien plus que (!) présentes.
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jeudi, 17 mai 2007
Chronique portuaire LII
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1748. — DU CHAFFAULT À BORD DU " TONNANT ".
Chargé d'escorter un convoi de deux cents voiles, le Chef d'Escadre des Herbiers de l'Estenduère sortait de la rade de l'île d'Aix, en octobre 1748, avec son parent Du Chaffault de Besné comme capitaine de pavillon, commandant sous ses ordres le vaisseau-amiral le Tonnant, de 80 can.
Le convoi et l'escadre d'escorte composée de dix vaisseaux seulement, furent chassés peu de jours après par l'escadre anglaise de l'amiral Hawhe ; et les deux antagonistes engagèrent bientôt une lutte épouvantable qui dura huit heures. Au plus fort de l'action, un boulet emporta la tête d'un homme aux côtés de l'Estenduère, et la cervelle du malheureux rejaillit sur le visage du Chef d'Escadre. L'Estenduère se tourna sans s'émouvoir vers son fils, garde de Marine, qui se tenait près de lui, et lui dit simplement : «Donne-moi ton mouchoir » ; puis, comme le jeune homme croyant son père blessé versait des larmes, il ajouta sévèrement ; « Mon fils, apprenez que sur un champ de bataille un l'Estenduère ne doit jamais faiblir ! ».
À la fin du combat, seul le Tonnant battait encore pavillon. Il avait cent seize morts ou blessés, avait reçu quatre mille boulets dont huit cents avaient porté, et en avait envoyé à lui seul plus de deux mille ; aussi, les Anglais qui n'avaient jamais vu un vaisseau fournir un pareil feu, n'appelèrent-ils plus le Tonnant que l’Enfer. Fort maltraités eux-mêmes, ils furent contraints de s'éloigner et le Tonnant, qui dut être remorqué, ramena les deux cents navires confiés à sa garde.
Dès le début de l'action, le brave Du Chaffault avait été blessé au visage ; mais sans prendre le temps de se faire soigner, il était resté à son poste de combat, et ce fut grâce à son habileté dans la manœuvre que le Tonnant put échapper à ses adversaires et les forcer finalement à abandonner la lutte (1).
___________________________________________________
(1) Revue du Bas-Poitou, Année 1906, pp. 109-110.
La famille des Herbiers de l'Estenduère. originaire des Herbiers (Vendée), à quelques kilomètres du Comté Nantais, fut l'une des plus célèbres familles maritimes de France, et chaque génération, pour ainsi dire, vit un ou plusieurs l'Estenduère s'illustrer sur mer.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
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