jeudi, 17 mai 2007
Chronique portuaire LII
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1748. — DU CHAFFAULT À BORD DU " TONNANT ".
Chargé d'escorter un convoi de deux cents voiles, le Chef d'Escadre des Herbiers de l'Estenduère sortait de la rade de l'île d'Aix, en octobre 1748, avec son parent Du Chaffault de Besné comme capitaine de pavillon, commandant sous ses ordres le vaisseau-amiral le Tonnant, de 80 can.
Le convoi et l'escadre d'escorte composée de dix vaisseaux seulement, furent chassés peu de jours après par l'escadre anglaise de l'amiral Hawhe ; et les deux antagonistes engagèrent bientôt une lutte épouvantable qui dura huit heures. Au plus fort de l'action, un boulet emporta la tête d'un homme aux côtés de l'Estenduère, et la cervelle du malheureux rejaillit sur le visage du Chef d'Escadre. L'Estenduère se tourna sans s'émouvoir vers son fils, garde de Marine, qui se tenait près de lui, et lui dit simplement : «Donne-moi ton mouchoir » ; puis, comme le jeune homme croyant son père blessé versait des larmes, il ajouta sévèrement ; « Mon fils, apprenez que sur un champ de bataille un l'Estenduère ne doit jamais faiblir ! ».
À la fin du combat, seul le Tonnant battait encore pavillon. Il avait cent seize morts ou blessés, avait reçu quatre mille boulets dont huit cents avaient porté, et en avait envoyé à lui seul plus de deux mille ; aussi, les Anglais qui n'avaient jamais vu un vaisseau fournir un pareil feu, n'appelèrent-ils plus le Tonnant que l’Enfer. Fort maltraités eux-mêmes, ils furent contraints de s'éloigner et le Tonnant, qui dut être remorqué, ramena les deux cents navires confiés à sa garde.
Dès le début de l'action, le brave Du Chaffault avait été blessé au visage ; mais sans prendre le temps de se faire soigner, il était resté à son poste de combat, et ce fut grâce à son habileté dans la manœuvre que le Tonnant put échapper à ses adversaires et les forcer finalement à abandonner la lutte (1).
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(1) Revue du Bas-Poitou, Année 1906, pp. 109-110.
La famille des Herbiers de l'Estenduère. originaire des Herbiers (Vendée), à quelques kilomètres du Comté Nantais, fut l'une des plus célèbres familles maritimes de France, et chaque génération, pour ainsi dire, vit un ou plusieurs l'Estenduère s'illustrer sur mer.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
08:35 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
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