jeudi, 31 mai 2007
Chronique portuaire LIV
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1756. — DU CHAFFAULT ET " L'ATALANTE ".
Appelé en 1756 au commandement de la frégate Atalante, de 34 can., Du Chaffault capturait, aux abords de la Martinique, le vaisseau anglais le WARWICK, de 64 can., après une lutte de cinq heures. Au moment où ce navire amenait pavillon, le Lieutenant-général d'Aubigny arrivait sur les lieux avec deux vaisseaux, et reçut le pavillon du WARWICK en qualité de chef hiérarchique de Du Chaffault.
Toutefois, le capitaine vaincu déclara franchement : « Je remets mon pavillon à M. d'Aubigny, mais la prise de mon navire est due à M. Du Chaffault ». Ce dernier ramena en effet à Rochefort cette belle prise, dont il reçut le commandement.
A la suite de ce brillant fait d'armes, Louis XV lui écrivit de sa main une lettre de satisfaction, et donna l'ordre aux peintres des galeries de Versailles de consacrer un tableau à ce glorieux épisode (1).
LA GALISSONNIÈRE, " LE VAINQUEUR DE PORT-MAHON ".
Le Marquis Barin de la Galissonnière, Lieutenant général des armées navales, sortait de Toulon, le 10 avril 1756, avec une escadre de douze vaisseaux et six frégates, escortant cent cinquante navires de commerce sur lesquels étaient embarqués quinze mille hommes de troupe. Ce corps expéditionnaire, placé sous les ordres du Duc de Richelieu, s'emparaît le 17 avril, de Minorque, but de l'expédition.
Le 10 mai, une flotte anglaise de treize vaisseaux et cinq frégates commandée par l'amiral Byng attaquait la flotte française dans les eaux de Port-Mahon.
La Galissonnière, monté sur le Foudroyant, de 80 can. et 805 h., soutint bravement l'attaque, et força les Anglais à se retirer après une lutte acharnée.
Ce succès eut en France un retentissement énorme ; et si la flatterie du moment fit décerner au duc de Richelieu le titre de Vainqueur de Port-Mahon, le brave marin nantais, auquel il revenait de droit, ne tarda pas à en être investi, et ne fut plus connu que sous ce nom glorieux. Son adversaire, le malheureux amiral Byng, condamné à mort pour s'être laissé battre, fut « harquebusé » dès son retour en Angleterre (2).
Le 30 juillet, les Nantais recevaient la nouvelle de l'éclatant succès de la Galissonnière, et, dès le soir même, un Te Deum solennel réunissait à la cathédrale la population toute entière, heureuse de s'associer au triomphe de son compatriote (3).
MORT DE LA GALISSONNIÈRE.
Ce fut l'année même de son triomphe à Port-Mahon, que mourut le brave De la Galissonnière.
Le 26 août 1756, en effet, il fut enlevé par la maladie à Nemours, alors qu'il se rendait à Fontainebleau où le Roi l'avait mandé pour lui donner le grade d'amiral.
Il fut regretté de toute la marine, mais spécialement peut-être des matelots qui l'avaient toujours trouvé bon, compatissant et plein de patenelle affection, en même temps que constamment soucieux de leur bien-être.
Petit et bossu, la Galissonnière n'avait rien du marin de cour, ni même du marin de commandement ; mais, tacticien habile, il excellait à préparer et combiner les opérations du fond d'un cabinet ; parfait administrateur, il fut plusieurs années Commissaire général de l'artillerie à Rochefort ; colonisateur intelligent, il contribua largement à la prospérité du Canada, où il fut longtemps gouverneur militaire ; enfin, botaniste passionné, il profitait de ses croisières dans les colonies pour y introduire des espèces utiles ; et mainte de nos possessions lui doit encore peut-être la présence de telle ou telle plante d'usage constant (4).
On voit encore au n°1 de la rue Fénelon (ancienne rue des Saintes-Claires), l'hôtel qu'il habitait à Nantes et qui, dès le XVIIe siècle, est indiqué sous le nom d'hôtel Barin de la Galissonnière.
LE CORSAIRE " MÉNIL-MONTANT ".
Le corsaire le Ménil-Montant, de 22 can. et 100 h,, parti de Nantes le 27 avril 1756, était pris trois jours plus tard par deux vaisseaux de guerre anglais, après une résistance héroïque. Enregistré dans la marine anglaise sous le nom de Bos-cawen. il n'y demeura pas longtemps, d'ailleurs, car peu après il fut repris par deux frégates françaises ; la Thétis et la Pomone, et ne se fit pas faute dans la suite, de faire rudement expier aux Anglais sa courte mésaventure (5).
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(1) L. GUÉRIN, Histoire maritirne de la France, t. IV, pp. 353-4.
Revue du Bas-Poitou, Année 1906, p. 117.
(2) GUIZOT, Histoire de France, t. V, pp. 170-71.
TROUDE, Batailles navales de la France, t. I, p. 331.
(3) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. V, p. 169.
(4) L. GUÉRIN, Histoire maritime de France, t. IV, p. 331.
Lycée armoricain, 10e vol. 1827, p. 114.
Annales de la Société académique, année 1868, pp. 40-48.
(5) A. PÉJU, La Course a Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 257.
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