mercredi, 26 septembre 2007
arrêtons de manger du jambon
J'ai beaucoup apprécié les propos d'André Boniface, ancien trois-quart du XV de France, recueillis par un journaliste de Ouest-France :
« Il va falloir arrêter de manger du jambon. Les joueurs ne se rendent pas compte que Laporte touche dix fois plus qu'eux à travers eux. Il y a des choses un peu choquantes. Il a le culot de faire un maillot avec son nom pour le vendre. Mais il ne l'a jamais porté, ce maillot. C'est comme si je vendais un maillot jaune du Tour de France à mon nom. Après, il retombe sur ses pieds, il dit que c'est pour une œuvre caritative. Il y a des choses qui dépassent un peu le rugby...»
Je le trouve trop gentil, André Boniface ! Il n'est pas tendre pour une équipe de France qu'il estime surcotée par les média.
Tiens ! Qu'en aurait pensé le rugbyman René Char ? Et qu'en pense Louis Poirier, alias Julien Gracq ?
Samedi, j'ai une place offerte pour Fidji-Galles. J'ai si rarement assisté un match de rugby ; je me réjouis de l'ambiance !
J"achève Villa Amalia de Quignard, — j'attends toujours la parution en poche pour acquérir.
La séquence d'adieu entre Ann Hidden et son père :
« Elle alla chercher la partition.
Elle ouvrit la partition sur le Yamaha.
Ils la lurent côte à côte, debout.
Ils s'assirent côte à côte sur la banquette devant le piano.
Elle tremblait de douleur.
Ils fermèrent les yeux.
Ils jouèrent. »
Je suis fasciné par cette concision, cet abrupt dans la souffrance.
À l'opposé.
Après le bonheur du film de Rohmer, Les amours d'Astrée de de Céladon, je me suis replongé dans la langue foutrement baroque de Michel Chaillou : ce sera mon récit de rentrée romanesque : Le sentiment géographique, paru en 1976, m'avait déjà perdu dans l'illisibilité de ses références à l'Astrée, de ses entremêlements de citations de vieux bouquins de psychologie, d'arboriculture, de statistiques, de dictionnaires de patois foréziens, de ses propositions à volutes, à tourbillons, en cascade ; ne serait-il point Céladon dans les flots torrentueux de la langue ?
« ...est-ce votre cœur qui bat au battant de la cloche?, s'avançant, cheminant au sein d'une brume d'endormissement qui, sous l'éclat du sommeil, se dissipe, s'égaie en moutons d'un pré à dérouler jusqu'au réveil, jusqu'à l'horizon abrupt d'autant plus lointain que l'herbe est haute à frayer, nombreuses les bergères vous hélant, lorsque, simplement distrait par votre lecture, vous passez la tête dans l'instant qui s'entrebâille sur l'étendue des champs, chambres naturelles si détonnantes d'air et d'eau, d'une onde que la voix capture en syllabes réfléchissantes témoignant de bords délectables, qu'il semble, tant le moindre clapotis résonne à des lieues, que la Loire ne coule pas qu'en Loire, le Lignon qu'en Forez, qu'il suffirait d'une conversation languissante pour ouïr les étangs du Roi, de Bullieu s'étalant au hasard des silences, de voix un peu lointaines pour que flue le Vizézy, qu’alors quelqu'un s'avise de fermer les yeux, abandonnant son corps à l'obscurité qui certainement tombe de monts assez voisins, et le voilà halluciné d'un pays, d'un vertige de villages, de sentes surgies des lignes de ses mains frappant bientôt aux volets clos d'une ferme (il est toujours tard sur les chemins du temps), afin d'obtenir un gîte pour lui et ses bêtes... »
Lisant ce livre, dort-on ? rêve-t-on ? pense-t-on ? Tout à la fin, l'auteur (?) se pose la question : « M'étais-je assoupi ? »
Ce n'est point sang dans le cœur des bergers et des bergères, ni sève irriguant les arbres, mais encre des cinq mille pages d'Honoré d'Urfé.
Michel Chaillou s'est "assagi" depuis. C'est peut-être dommage !
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lundi, 24 septembre 2007
rapport de mer
Chante, douceur, à la dernière palpitation du soir et de la brise, comme un apaisement de bêtes exaucées.
Et c'est la fin ce soir d'un très grand vent. La nuit s'évente à d'autres cimes. Et la terre au lointain nous raconte ses mers.
Saint-John Perse
Vents, IV,6
d'un crépuscule à une aurore, quand Nicléane bascule ses horizons marins !
20:18 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 22 septembre 2007
en mer
Amarres larguées pour les premiers jours d'un bel automne;
Je sais qu'au fond des golfes assouvis, comme des fins d'Empires, la charge mâle du désir fait osciller la table des eaux libres.
Saint-John Perse
Vents, 3
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Un blason ornithologique
Centenaire CHAR
Oui, la grande volière aux dimensions du monde : oiseaux libres, exposés à tous dangers, mais zébrant l’espace de leur vol et l’habitant de leur chant.
La liberté même dans son risque et dans son jeu !
Trois oiseaux pour un blason triangulaire.
La première éveillée :
L’alouette
Extrême braise du ciel et première ardeur du jour,
Elle reste sertie dans l’aurore et chante la terre agitée,
Carillon maître de son haleine et libre de sa route.
Fascinante, on la tue en l’émerveillant.
Quatre fascinants, IV,
La paroi et la prairie
La parole en archipel.
L’éclair noir et un cri qui strient le ciel et le miroir de la rivière avant l’orage :
Le martinet
Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le cœur.
Il dessèche le tonnerre. Il sème dans le ciel serein. S'il touche au sol, il se déchire.
Sa repartie est l’hirondelle. Il déteste la familière. Que vaut dentelle de la tour ?
Sa pause est au creux le plus sombre. Nul n'est plus à l'étroit que lui.
L’été de la longue clarté, il filera dans les ténèbres, par les persiennes de minuit.
Il n'est pas d'yeux pour le tenir. Il crie, c'est toute sa présence. Un mince fusil va l'abattre. Tel est le cœur.
La Fontaine narrative,
Fureur et mystère.
Enfin la prudente, si légère, la joueuse, l'oiseau d'une libre allégresse :
La fauvette des roseaux
L'arbre le plus exposé à l'œil du fusil n'est pas un arbre pour son aile. La remuante est prévenue ; elle se fera muette en le traversant. La perche de saule happée est à l'instant cédée par l'ongle de la fugitive. Mais dans la touffe de roseaux où elle amerrit, quelles cavatines ! C'est ici qu'elle chante. Le monde entier le sait.
Été, rivière, espaces, amants dissimulés, toute une lune d'eau, la fauvette répète : « Libre, libre, libre, libre... »
Neuf merci pour Vieira da Silva, IX,
La bibliothèque est en feu,
La parole en archipel.
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vendredi, 21 septembre 2007
“un village d’oiseaux exulte et passe”
Centenaire CHAR
Les oiseaux libres ne souffrent pas qu’on les regarde. Demeurons obscurs, renonçons à nous, près d’eux.
Les compagnons dans le jardin
La parole en archipel.
Pendant des années, quand je débutais une intervention sur la poéssie, j’annonçais : « Surtout pas grand’chose à voir avec les petits oiseaux et les fleurs ! »
Je suis bien obligé de remettre des oiseaux, du floral, du végétal et de l’arboricole dans ma conception du poème.
J’ai relevé pas moins de quarante-cinq occurences nommant des oiseaux. Et plus sans doute !
Ils sont l’annonce d’événements :
la guerre
Le loriot entra dans la capitale de l’aube.
L’épée de son chant ferma le lit triste.
Tout à jamais prit fin.
Seuls demeurent,
Fureur et mystère.
la mort
À sept reprises ce 8 avril, une toute bête mésange solliciteuse a heurté du bec le carreau de ma fenêtre, me faisant filer de l’attention matinale à l’alerte de midi. Une nouvelle tantôt ? À quatre heures, je l’appris. Le terrible œil avait cessé d’être solaire pour se rapprocher plus encore de nous. La vie nous peint et la mort nous dessine en deux cent-un tableaux.
Picasso sous les vents étésiens
II. Un jour entier sans controverse
Fenêtres dormantes et porte sur le toit.
Ils accompagnent l’arrivée des saisons ; un automne maquisard :
Rouge-gorge, mon ami, qui arriviez quand le parc était désert, cet automne votre chant fait s’ébouler des souvenirs que les ogres voudraient bien entendre.
Feuillets d’Hypnos, 33.
un automne amoureux :
L’automne ! ... Le rouge-gorge est arrivé, le gentil luthier des campagnes. Les gouttes de son chant s’égrainent sur le carreau de la fenêtre... Écoute, mais n’entends pas.
La Lettera amorosa
Ils illustrent l’amitié — ici à propos d’Albert Camus :
...Dans la constance des cœurs expérimentés, l’amitié ne fait le guet ni n’inquisitionne. Deux hirondelles tantôt silencieuses, tantôt loquaces se partagent l’infini du ciel et le même auvent.
Je veux parler d’un ami,
III. Grands astreignants,
Recherche de la base et du sommet.
De l’aigle des premiers textes surréalistes à la rousserolle si légère sur le roseau, c’est le foisonnement : la mésange, la hulotte, la bergeronnette, le rossignol — le plus nommé, au cœur du chant — le martinet, le bouvreuil, la chouette, la tourterelle, le chardonneret, le corbeau, les hirondelles, le ramier, l'engoulvent, la fauvette et l’alouette.
L’oiseau, comme le serpent, ne réside point, il prend son essor au matin, il plonge dans l’espace ; aussitôt disparu, demeure son chant.
Pouvoir marcher sans tromper l’oiseau du cœur de l’arbre à l’extase du fruit.
À la santé du serpent,
Le poème pulvérisé,
Fureur et mystère.
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jeudi, 20 septembre 2007
Chronique portuaire LXI
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1779.— DE LA GALISSONNIÈRE LE FILS DU " VAINQUEUR DE PORT-MAHON ".
Le 21 février 1779, Barin de la Galissonnière, le fils du vainqueur de Port-Mahon, et Nantais comme lui, escortait avec la frégate de 32 can. la Blanche, un transport de l'Etat, lorsqu'un gros vaisseau anglais de 50 can, s'empara du transport sans daigner répondre aux coups de canon de la frégate.
Furieux, La Galissonnière, « s'exagérant ses devoirs », cingla sur l'énorme masse, le combattit en désespéré pendant trois heures, bord à bord, lui tua son capitaine, et le força à fuir honteusement avec sa prise. Le Nantais, voyant tout le fruit de sa victoire lui échapper, se lança résolument à sa poursuite et parvint à lui reprendre le transport qu'il ramena triomphalement au port (1).
LE CORSAIRE LA " JEUNE-AGATHE ".
Le senau nantais la Jeune-Agathe, armateur Vilmain, cap. Louis-Simon Berthault de la Bossère, armé de 8 can. et monté par 29 h. ; un tout petit corsaire, mais un vaillant petit navire, rencontrait le 2 avril trois corsaires anglais qui lui donnèrent la chasse. À force de voiles, la Jeune-Agathe en distançait deux et se retournant contre le troisième, une grosse goélette de 14 can., 16 pier. et 80 h., le forçait à s'éloigner après un combat de deux heures,
À peine était-elle remise de ses émotions, ses canons amarrés, ses câbles et drisses débossés et ses sabords aiguilletés, que, le 5 du même mois, elle était encore poursuivie par un gros corsaire anglais de 10 can., 16 pier. et 80 h. Malgré l'infériorité de ses forces, elle repoussa sept fois l'abordage, mit hors de combat 39 h. du corsaire anglais et finalement l'obligea à se retirer (2).
PERDU SANS NOUVELLES.
Le 18 février 1779, le corsaire nantais le Marquis-d'Aubeterre, de 250 tx., 22 can. et 170 h., commandé par le jeune et hardi capitaine Jean-Marie Loisel de la Quinière, âgé de 26 ans, mettait gaiement à la voile « allant en course contre les ennemis de l'Etat pour quatre mois. »
Jamais depuis l'on entendit parler du corsaire, ni des cent soixante-dix Nantais qui le montaient (3).
________________________________________________________________
(1) DE LA PEYROUSE-BONFILS, Histoire de la Marine Française, pp. 114-116.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 12-14.
(3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 16.
A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, pp. 173-74
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mercredi, 19 septembre 2007
brève sur Char
manière de renouer avec le Centenaire Char
et d'éloigner les inepties d'Estuaire 2077
Dans une lettre adressée à Albert Camus, le 12 août 1957 :
Vous reviendrez, j'espère, avec de la campagne partout ; le meilleur vêtement qui soit.
07:00 Publié dans Char à nos côtés | Lien permanent | Commentaires (2)
place du Peuple... dite Royale
Je puis enfin me réapproprier "ma" place Royale — place du Peuple... en 1968 — libérée de son échafaudage qui ne la réservait qu'à quelques-un(e)s , celles et ceux qui se soumettaient à une queue d'attente, ou pire, au droit de péage nocturne.
Petite infamie municipale, subventionnée entre autres par Total !
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samedi, 15 septembre 2007
avec Cadou et Max Jacob
à la mémoire d'Étienne ITHURRIA
pour nos découvertes adolescentes de la poésie contemporaine d'alors.
Décidant — enfin ! — de renouer avec une pratique quasi quotidienne, le téléfilm d'hier soir, émouvant, Monsieur Max de G. Aghion m'a conduit à feuilleter l'ami Cadou.
CORNET D'ADIEUJésus a dit
« II n'y aura pas de printemps cette année
Parce que Max s'en est allé
Emportant les chevaux les vergers et les ailes
Parce que sur la croix le bon Saint Matorel
A lâché les oiseaux vers un pays glacé »
Et c'est vrai. Les bourgeons se taisent. Les poitrines
Voient se faner leurs seins. Tout au fond des vitrines
Une enfance à genoux se suicide et le ciel
Épuise en un regard ses réserves de miel
II fait froid maintenant que tu n'es plus
Beau masque de douleur
Maintenant que tes mains ont trouvé sous la terre
Enfin le battement initial de ton cœur
J'entends ta voix pareille aux chants du monastère
Et tandis qu'on te fait place dans la lumière
Les hommes prient pour toi à Saint-Benoît-sur-Loire
Tu étais sur tous les quais de toutes les foires
Au pain d'épice
On te trouvait dans les coulisses
Des bals champêtres
Tu discutais avec les prêtres
Souvent tu m'écrivais et c'était chaque fois
Des bavardages de bergères et de rois
Tu m’écriras encore
J’attends tes reportages sur la mort
Le Nom vernal
O Max
Et l’élixir du laboratoire central
J’attends que soit connue la décision de l’ange
Que Dieu prenne parti pour toi et qu’il t’arrange
Une vie dans le cœur de tes amis natals.
Pleine poitrine, 1944-1945
recueil dédiéÀ la mémoire de mon ami
Max Jacobassassiné
Max Jacob, évoqué au moins deux autres fois, par Cadou,
dans L'Aventure n'attend pas le destin , Encore une lettre à Max,
et dans Le diable et son train, En liaison avec Max.
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jeudi, 13 septembre 2007
Chronique portuaire LX
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1777.— L'EMPEREUR JOSEPH II À NANTES.
À peine le comte d'Artois avait-il quitté Nantes, que Joseph II, Empereur d'Allemagne, Archiduc d'Autriche, et frère de la reine Marie-Antoinette, visitait Nantes incognito sous le nom de comte de Falkenstein.
Accompagné de Mellinet père, il visita longuement le port, s'intéressant vivement au mouvement des navires et al'activité des chantiers. — « Vous avez là, Monsieur, dit-il à Mellinet, une belle rivière ».— « Oui, Monsieur le Comte, mais elle n'est pas si belle que le Danube ». — « Ne nous enviez pas le Danube, — reprit Joseph II, — il ne vaut pas à mon pays ce que la Loire vaut à la France ; elle en est la veine-cave ; c'est la principale source de sa richesse et de sa prospérité » (1).
La Loire est toujours, par sa situation, la veine-cave de la France ; que n'est-elle encore la principale source de sa richesse et de sa prospérité !
1778. — DU CHAFFAULT À OUESSANT.
Du Chaffault, commandant le vaisseau la Couronne à la bataille d'Ouessant, le 27 juillet 1778, fut grièvement blessé d'un coup de mitraille à l'épaule, et vit son fils tomber à ses côtés, le couvrant de son sang.
C'est à propos de cette blessure que la reine Marie-Antoinette écrivait à sa tante, Madame Adélaïde, ces mots touchants, qui honorent à la fois celle qui les prononçait et celui qui les méritait :
« Ce pauvre M. Du Chaffault, que je le plains !... Je voudrais avoir des ailes pour aller le soigner moi-même !» (2).
__________________________________________________________
(1) Lycée Armoricain, 6e volume, 1825, p. 211,
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Comte du Chaffault, pp. 51-58.
23:30 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 07 septembre 2007
l'homme du Lycosthenes est mort
Etienne Ithuria, l'homme du Lycosthènes, a franchi, le 6 septembre pour l'ultime fois, la passe de l'Illarguita vers le large.
Il était mon ami.
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jeudi, 06 septembre 2007
Chronique portuaire LIX
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1772.— LE PORT DE NANTES EN 1772.
Dans son Voyage de la Raison en Europe, publié en 1772, le Marquis Carracioli, racontant ses voyages comme étant accomplis par le personnage imaginaire de Lucidor, écrit de Nantes :
« Les négociants de Nantes ne voulurent point laisser partir Lucidor sans l'introduire dans la maison particulière où ils s'assemblent. On y lit, on y converse, on y joue ; et c'est un lieu très commode pour se mettre au courant de la littérature et des nouvelles. II seroit à désirer que toutes les villes de commerce imitassent un pareil exemple ; et surtout celui de faire honneur à leurs affaires. Nantes est une place des plus sûres du Royaume.
Quoiqu'elle ne compose qu'un tout informe, ses différentes parties ont des beautés qui satisfont l'étranger. La Fosse est trop irrégulière pour pouvoir plaire aux connaisseurs. C'est une suite de maisons inégales ; et dont les balcons sont presque toujours défigurés par le linge qu'on y étale. On diroit que c'est le quartier des Blanchisseuses. La police devroit y veiller.
On lui parla tant de fois des vents qui retardent les vaisseaux ou qui les amènent, qu'il se croyoit dans la caverne d'Eole. C'est assez la conversation quotidienne des gens de mer....» (1).
1776. — CAPITAINE NANTAIS ANNOBLI APRÈS SA MORT.
Dans les derniers mois de 1776 mourait à Nantes l'un de nos plus célèbres capitaines Corsaires : Rolland Thiercelin.
Successivement appelé au commandement du Mars, puis de la Bellone, il avait accompli une carrière des plus brillantes. Son fait d'armes le plus saillant fut le combat qu'il soutint en 1745, à bord de la Bellone, de 36 can., contre un vaisseau de guerre anglais de 60 can., l'Augusta, qu'il obligea à fuir.
Au moment de sa mort, le Roi, en récompense de ses services, se disposait à lui conférer les lettres de noblesse. Par dérogation à l'usage, et à la demande de la Ville, elles lui furent accordées cependant, et Rolland Thiercelin fut ainsi annobli après sa mort (2).
1777. — LANCEMENT DE LA "ROSIERE D'ARTOIS".
Le Comte d'Artois, depuis Charles X, assistait le 24 mai 1777 à la mise à l'eau du superbe navire la Rosière d'Artois, construit aux chantiers de la Chézine.
À l'issue du lancement, le Prince reçut une députation des «dames poissonnières » de la ville, et leur avoua que : « sur sa parole d'honneur il n'avait jamais vu femmes plus belles et plus jolies, ni d'une plus avenante corpulence. » Les « dames poissonnières » furent enchantées du Prince qui les embrassa fort galamment ; cependant elles avouèrent plus tard qu'elles le trouvaient : « trop égrillard » (3).
La Rosière-d'Artois fut traîtreusement enlevée par les Anglais à sa sortie de la Loire, et sur quatre-vingt-deux navires expédiés par Nantes en 1777, seize furent ainsi pris par eux avant toute déclaration de guerre (4).
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(1) Le Chercheur des Provinces de l'Ouest. Année 1902. Questions et Réponses, p. 528.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 155-161.
(3) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. V., p. 257.
(4) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, p. 259,
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vendredi, 31 août 2007
retour encore incertain ! pour le rugby, peut-être ?
Ce soir, ou demain à l'aube, je largue.
En solitaire.
Jusqu'aux Glénan, si les dieux qui n'existent guère sont favorables ?
Brandan — cf. la note de la veille — n'avait point tel souci :
Brandan s'en vait d'iloec avant
Ben set de Deu ad bon guarant
E li muine bien sevent tuit
Que segur sunt al Deu cunduit
Post-scriptum (qui n'a rien à voir avec ce qui précède) :
Ma bien chère filleule, Anne, a mérité un bel article dans le magazine du Conseil régional d'Aquitaine. Certes, il y aura de belles empoignades à regarder dans nos lucarnes, mais son bouqin, ÊTRE RUGBY, nous guide encore un peu plus, et avec humour, dans la compréhension de la mêlée.
À lire.
Je suis fier de ma filleule !
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jeudi, 30 août 2007
Chronique portuaire LVIII
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1772. — SUPPRESSION DES "MARCHANDS FRÉQUENTANT LA RIVÈRE DE LOIRE".
Un arrêt de Louis XV, en date de décembre 1772, supprimait la puissante « Communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loire », vieille de plusieurs siècles et richement dotée par les Rois. Elle s'était chargée de tous les travaux d'aménagement et de balisage de la Loire fluviale depuis Roanne jusqu'à Nantes ; et c'est grâce à elle que la Loire possédait au XVIIIe siècle un mouvement maritime considérable, évalué par les ingénieurs cinq fois supérieur à celui du Rhin ; plus fort que celui du Rhône à son embouchure ; et au moins égal à celui de la Seine entre Paris et Rouen ; tandis que Nantes, clef de la rivière, où se réunissaient le commerce maritime et le commerce fluvial était alors le premier port du Royaume (1).
LE " GRAND NARWHAL DES MERS " ATTAQUANT UN NAVIRE DE NANTES.
Au cours d'une étude sur le grand-serpent-des-mers, le pesqbras, animal marin fabuleux, le grand-poisson, terreur des sardiniers ; et le grand-narwhal-des-mers, le Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure reproduisait en février 1819, le rapport de mer du capitaine T***, de la Sèvre, de Nantes, qui avait vu son navire sur le point de couler bas par suite de l’attaque d'un narwhal, en mai 1772.
« Le 25 mai 1772, — affirmait-il, — le navire la Sèvre, de Nantes, se trouvait à 30 lieues de Wathelin dans le nord-ouest, par 20° de L. N. et 302° de L. Il voguait à pleines voiles par un très beau temps. Tout à coup, à onze heures du soir, il éprouva une secousse assez violente, comme s'il avait touché sur quelque récif ou banc de sable. Mais après avoir sondé, nous reconnûmes que les eaux étaient profondes ; ce qui causa une grande surprise et une alarme générale parmi l'équipage et les passagers. Nous restâmes jusqu'au jour dans une anxiété cruelle. Alors nous examinâmes les dehors du navire. Nous aperçûmes avec effroi du côté de basbord, au travers les haut-bans d'artimon, un poisson monstrueux qui paraissait avoir trente à quarante pieds de long, et qui était attaché au corps du bâtiment. Sans perdre de temps je fis amarrer ce poisson avec un fort cordage sur lequel on frappa un palan ; mais quelqu'effort que l'on fit, on ne put réussir à l'arracher du navire auquel il tenait fortement..... On fit de nouveaux efforts pour avoir le narwhal. Tout l'équipage se mit sur le palan et on parvint enfin à le détacher du navire en brisant la corne qui l'y tenait attaché. Les plongeurs vérifièrent que le bâtiment était percé à quatre pieds au dessus de la quille, et que le trou était resté bouché par la corne du poisson. On était occupé sans relâche à pomper l'eau qui entrait assez vivement par cette ouverture qui n'était pas fermée exactement. J'avais trente passagers et j'étais dans la plus grande crainte que la voie d'eau augmenta et nous mit en danger de périr.... »
Capitaine T***
La corne du narwhal avait percé vingt-huit pouces de bois extrêmement dur ; elle mesurait trois pieds de long sur six pouces et demie de large, et fut déposée dans le cabinet de Madame de Luynes.
Dans le même article, le Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure publiait une lettre d'un marin nantais, relatant plusieurs épisodes relatifs aux serpents-de-mer, narwhals, grands-poissons, et autres monstres marins ; entre autres, l'aventure arrivée à cet aumônier de navire, qui descendu sur un îlot pour y célébrer la messe, n'eut que le temps de gagner précipitamment le bord pour voir le pseudo îlot disparaître sous les flots sous la forme d'un immense grand-poisson (2).
____________________________________________________________________________________________
(1) Conférence faite à Orléans, le 5 novembre 1896 par M. C. Bloch, « l'Ancienne navigation de la Loire ».
(2) Journal de Nantes et de la Loire-Inférieure, n° du 5 février 1819.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
Post-scriptum :
Le bon Paul Legrand semble ignorer l'écrit de Benedeit, Le voyage de Saint Brandan*, qui relate la fête de Pâques célébrée sur le dos d'une baleine — vers 435/479 —, l'épisode se renouvelant sept années durant au cours de la navigation :
Ses merveilles cum plus verrez
En lui puis mult mielz crerrez
*Union Générale d'Éditions, Bibliothèque médiévale, 10/18 — Paris, 1984.
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lundi, 27 août 2007
pas sûr que ce soit une reprise sérieuse
Entre voyage qui s'engouffra entre Berry et Bourgogne, entre Alpes et Jura, entre Sand et Voltaire et une insidieuse flemme, voilà donc un silence de trois semaines, rompu ce jourd'hui ; mais les marées d'équinoxe ont tant d'attraits, le chaotique de ce blogue va trop certainement se poursuivre le mois qui vient.
Néanmoins pour le
Centenaire Char
Livres sans mouvement. Mais livres qui s'introduisent avec souplesse dans nos jours, y poussent une plainte, ouvrent des bals.
La bibliothèque est en feu.
Lectures qui furent le lot d'un bel été pluvieux.
17:00 Publié dans Char à nos côtés, Les blogues | Lien permanent | Commentaires (0)