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mercredi, 26 septembre 2007

arrêtons de manger du jambon

J'ai beaucoup apprécié les propos d'André Boniface, ancien trois-quart du XV de France, recueillis par un journaliste de Ouest-France :
« Il va falloir arrêter de manger du jambon. Les joueurs ne se rendent pas compte que Laporte touche dix fois plus qu'eux à travers eux. Il y a des choses un peu choquantes. Il a le culot de faire un maillot avec son nom pour le vendre. Mais il ne l'a jamais porté, ce maillot. C'est comme si je vendais un maillot jaune du Tour de France à mon nom. Après, il retombe sur ses pieds, il dit que c'est pour une œuvre caritative. Il y a des choses qui dépassent un peu le rugby..
Je le trouve trop gentil, André Boniface ! Il n'est pas tendre pour une équipe de France qu'il estime surcotée par les média.
Tiens ! Qu'en aurait pensé le rugbyman René Char ? Et qu'en pense Louis Poirier, alias Julien Gracq ?
Samedi, j'ai une place offerte pour Fidji-Galles. J'ai si rarement assisté un match de rugby ; je me réjouis de l'ambiance !

J"achève Villa Amalia de Quignard, — j'attends toujours la parution en poche pour acquérir.
La séquence d'adieu entre Ann Hidden et son père :

« Elle alla chercher la partition.
Elle ouvrit la partition sur le Yamaha.
Ils la lurent côte à côte, debout.
Ils s'assirent côte à côte sur la banquette devant le piano.
Elle tremblait de douleur.
Ils fermèrent les yeux.
Ils jouèrent.
»

Je suis fasciné par cette concision, cet abrupt dans la souffrance.

À l'opposé.
Après le bonheur du film de Rohmer, Les amours d'Astrée de de Céladon, je me suis replongé dans la langue foutrement baroque de Michel Chaillou : ce sera mon récit de rentrée romanesque : Le sentiment géographique, paru en 1976, m'avait déjà perdu dans l'illisibilité de ses références à l'Astrée, de ses entremêlements de citations de vieux bouquins de psychologie, d'arboriculture, de statistiques, de dictionnaires de patois foréziens, de ses propositions à volutes, à tourbillons, en cascade ; ne serait-il point Céladon dans les flots torrentueux de la langue ?
« ...est-ce votre cœur qui bat au battant de la cloche?, s'avançant, cheminant au sein d'une brume d'endormissement qui, sous l'éclat du sommeil, se dissipe, s'égaie en moutons d'un pré à dérouler jusqu'au réveil, jusqu'à l'horizon abrupt d'autant plus lointain que l'herbe est haute à frayer, nombreuses les bergères vous hélant, lorsque, simplement distrait par votre lecture, vous passez la tête dans l'instant qui s'entrebâille sur l'étendue des champs, chambres naturelles si détonnantes d'air et d'eau, d'une onde que la voix capture en syllabes réfléchissantes témoignant de bords délectables, qu'il semble, tant le moindre clapotis résonne à des lieues, que la Loire ne coule pas qu'en Loire, le Lignon qu'en Forez, qu'il suffirait d'une conversation languissante pour ouïr les étangs du Roi, de Bullieu s'étalant au hasard des silences, de voix un peu lointaines pour que flue le Vizézy, qu’alors quelqu'un s'avise de fermer les yeux, abandonnant son corps à l'obscurité qui certainement tombe de monts assez voisins, et le voilà halluciné d'un pays, d'un vertige de villages, de sentes surgies des lignes de ses mains frappant bientôt aux volets clos d'une ferme (il est toujours tard sur les chemins du temps), afin d'obtenir un gîte pour lui et ses bêtes... »

Lisant ce livre, dort-on ? rêve-t-on ? pense-t-on ? Tout à la fin, l'auteur (?) se pose la question : « M'étais-je assoupi ? »
Ce n'est point sang dans le cœur des bergers et des bergères, ni sève irriguant les arbres, mais encre des cinq mille pages d'Honoré d'Urfé.
Michel Chaillou s'est "assagi" depuis. C'est peut-être dommage !

Commentaires

Vous avez raison, il est gentil André Boniface. Mon fils a eu l'occasion de le rencontrer et de discuter un moment avec lui. À des années lumière du marchand de jambon et secrétaire d'état... Et le génie du rugby avec ça !
Quant au film de Rohmer, du pur bonheur. Quand les lumières se sont rallumées dans la salle, les spectateurs avaient tous le sourire au lèvres. Il raconte toujours la même histoire, mais elle parle à chacun. Et avec une telle légèreté... notre monde étant si pesant, un Rohmer nous l'allège, tout en nous ramenant au sujet le plus universel qui soit : l'amour. Il paraît que c'est son dernier film. Et nous alors ?

Écrit par : Caroline | mercredi, 26 septembre 2007

Demain, Caroline, il y a "Conte d'hiver" sur Arte. Il demeure, le "jeune" Rohmer !

Écrit par : grapheus tis | mercredi, 26 septembre 2007

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