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jeudi, 10 août 2006

Lettre à Anne

J’aime bien ces justes décades qui ponctuent nos âges. Depuis quarante ans liés par une coutume qui avait la sagesse de ne pas restreindre la co-éducation de l’enfant et de l’adulte au seul cercle familial, à la demande de ta mère et de ton père, je te tins donc sur des “fonts” où tu reçus l’eau, l’huile, le sel et la lumière.

J’étais dans les plus bas-fonds de ma vie, depuis deux ans dans les parages de la camarde, corps déserté, ne sachant même entre deux belles - peut-être même trois - laquelle élire.
L’été fut sombre, très sombre !

Mais voilà que surgissait cet enfant.
Toi, « Infante » !
Je me suis senti cet après-midi-là réorienté grâce à cette palpitation vagissante que je tenais dans mes bras.
Quarante après, tu es dans ton apogée de FEMME. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui.
Après l’apogée, ce n’est point régression, c’est une orbite vitale qui peut s’inscrire dans des épanouissements autres. Quand tu seras, comme ta mère, ton père et moi, le sommes, dans “cette enfance du Grand Âge”, tu sauras qu’il y a de belles joies à encore vivre.
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Je t’offre trois jalons simples* - d’humbles bouquins de poche - mais dont le sens va pour moi bien au-delà du support papier.

Tu es, seule, celle qui, grâce à ton compagnon et tes enfants, me relie encore par chair, sang et mental à un pays dont le passé fut, à beaucoup d’entre nous, fastueux.

Je te devais bien de poursuivre par ces petits livres - le décousu des rencontres n’est qu’anecdote - notre mutuelle tâche de coéducation que nous inaugurâmes, toi et moi, il y a quarante ans.
Nous nous rencontrerons encore ; j’ai même l’audace de me réinviter à célébrer dans trente ans, tes soixante-dix ans, l’âge que j’ai atteint cet an.

Je te prends dans mes bras de parrain et t’embrasse fort.

* SAPPHO, L’égal des dieux,
KATEB Yacine, Nedjma,
DJEBAR Assia, La disparition de la langue française.

La calligraphie arabe est le nom de Nedjma.(en couverture du poche "Seuil")

Commentaires

Superbe chronique liant deux âges, deux rives et deux vies... merci Jacques !

Écrit par : alain barré | dimanche, 13 août 2006

Le temps... sans âge. Timeless.

Écrit par : Kate | dimanche, 13 août 2006

Les commentaires sont fermés.