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lundi, 14 août 2006

veuve abusive/sexualité peinarde/virée estivale en Aquitaine


veuve abusive
et...sexualité peinarde
virée d’été en Aquitaine


Ce pourrait être un haïku à la Bashô, ce n’est qu’un bref raccourci de deux lectures dans la presse de la semaine dernière au cours de laquelle nous passâmes — bonheur des lieux-dits —
à Guillemont aux confins de l’Albret et de l’Armagnac,
à Pilar Baïta entre mer et montagne Basques,
à La Hume, aux bords du Bassin d’Arcachon,
à Clos-Favols, dans les banlieux nord de Bordeaux
à Seurin dans le si paisible Entre-Deux-Mers,
pour une dernière halte au Haut-Plantier, quand le Périgord Vert s’ébroue dans de beaux arrondis de collines ; chaque halte fut d’amicale tendresse, de savoureuses nourritures et de vins chaleureux.

Je pourrais écrire aussi : du Lycosthène à Er Klasker en passant par le Cœur de Ptah.
Car n'en déplaise aux grincheux, la Toile ne tient que renforcés les liens du blogueur.

C’est à la Hume que surgit “la veuve abusive” . Nous parlons de Borgès ; Em me dit que j’aurai du mal à me procurer le tome II des œuvres complètes en Pléiade — ça fait quelques mois que mon libraire prend un air dubitatif quand je lui demande si l’on peut espérer la réédition de Borgès en Pléiade, j’ai le tome I, mais en 1999, je devais être désargenté quand parut le 2 — en ouvrant le Nouvel Obs, je comprends tout, et la remarque de Em et la moue du libraire.
La garce ! Marie Kodama aurait déclaré qu’elle fera ce qu’elle veut de l’œuvre de Borgès. Je sais bien que l’immense Aveugle a écrit que “la publication n’est pas la partie essentielle du destin d’un écrivain”, je sais bien que j’ai quasi tous ses bouquins en broché et en poche, que j’ai — déboutée, la veuve ! — les trois “Dialogues” d’Osvaldo Ferrari. Mais il va s’ennuyer mon tome 1, tout seul entre l’unique Char et les deux Gracq où le hasard de mon ordre intérieur l’avait glissé.
Veuves abusives, sœurs abusives ?
Ne connait-on point de veufs de même acabit ?

Le glissement de la belle - mais garce, elle demeure - Kodama au gorille n’est dû qu’au fortuit - qui paraît fortuit, aurait écrit Borgès - ; c’est en lisant à Clos-Favols les numéros du Monde de la semaine dernière, et plus particulièrement, celui du 9 août dans un article de Catherine Vincent, que j’ai appris que nos compagnons anthropoïdes avaient des relations amoureuses, parfois identiques aux nôtres, parfois autres, vraiment autres :

Prenons le gorille et son cortège d'idées reçues. Un être hypersexuel qui kidnappe et viole les femmes ? Le monstre n'existe que dans les chansons de Brassens, les contes africains et l'imaginaire colonial. Et si le héros du film King Kong* (de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1933) apparaît à l'écran dépourvu de ses attributs virils, ce n'était peut-être pas dans le seul but de masquer toute sexualité explicite comme l'exigeait à l'époque Hollywood. C'était peut-être aussi - fût-ce de manière inconsciente - pour cacher la vérité peu spectaculaire de leur dimension.
Cinq centimètres tout compris en érection, c'est peu pour un géant agressif et violeur... Mais c'est ainsi : le plus grand, le plus noir, le plus craintif des anthropoïdes possède un sexe minuscule. Et la libido d'un eunuque - libido que les femelles, il faut dire, ne stimulent guère. Elles ne se laissent conter fleurette qu'une fois tous les quatre ou cinq ans, lorsqu'elles estiment avoir fini d'élever leur petit dernier. Mais il leur faut alors, parfois, insister lourdement pour réveiller les ardeurs de leur mâle, qui s'acquittera laborieusement de ses devoirs conjugaux : trois cents mouvements de bassin répartis en trois chevauchées par heure, pendant trois heures, pour obtenir une éjaculation.
La contrepartie ? Un harem harmonieux, composé d'une dizaine d'individus : des femelles et leurs petits sur lesquels un mâle adulte "à dos argenté" règne en parfait pater familias. Sans volupté, mais dans la sérénité.

Il va m’arriver de penser qu’il m’eût peut-être été parfois salutaire de jouir de la sexualité peinarde du gorille.
Façon d’esquiver quelques complexités qui surgirent naguère et... jadis !

Je me rappelle que Macédonio a dit un jour que l’enlacement de deux corps n’est rien d’autre qu’un appel lancé par une âme à d’autres âmes...
Jorge Luis Borgès
Ernesto Sabato
CONVERSATIONS À BUENOS AIRES


* Borgès éreinte le film dans une notice brève (tome I de la Pléiade, p. 974).

Commentaires

Primates nous sommes donc un peu gorille, un peu bonobo aussi, mais nous avons développé une culture qui nous est propre, infiniment (ou, restons modestes, beaucoup...) plus complexe que celle de nos lointains cousins. Jared DIAMOND évoque très bien le problème dans son petit ouvrage : "pourquoi l'amour est un plaisir ?" http://alain-barre.over-blog.com/archive-07-26-2006.html
Patrick LEMOINE en parle également plutôt bien dans un ouvrage paru en coll j'ai lu, "Séduire : comment l'amour vient aux humains", préfacé par Cyrulnik. Ouvrages à ne pas mettre entre toutes les mains bien sûr, mais bon sang, que fait donc la censure !
cordialement
alain

Écrit par : alain barré | jeudi, 17 août 2006

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