jeudi, 25 janvier 2007
Chronique Portuaire de Nantes XXXVIII
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1704. — CAMPAGNE DE JEAN VIÉ EN 1704.
Au début de 1704, le marin nantais Jean Vié, commandant la corvette de Saint-Malo le Beaulieu, de 500 tx,, 8 can., 6 pier. et 50 h., enlevait la frégate anglaise le LOUP, de 14 can. et 75 h., puis deux autres Anglais montés chacun par 100 h. ; et enfin amarinait, le 15 juillet, le THOMAS-ET-SUZANNE, de Yarmouth (1).
Avant de commander en Course, Jean Vie avait assisté au combat de la Hougue ; puis avait voyagé pour la Compagnie des Indes en Perse, à la Côte de Coromandel, en Chine, aux Philippines, et dans la mer du Sud, en qualité de pilote. Dans ses différentes campagnes de Course, il amarina plus de quatre-vingts prises (2).
IMPORTANCE DU PORT DE NANTES AU DÉBUT DU XVIIIe SIÈCLE.
À la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe, le port de Nantes était le premier de la France, et l'un des plus importants du monde.
Un état de 1704 constatait son écrasante supériorité sur ses rivaux, en ce qui concerne du moins le nombre de ses vaisseaux. Nous y voyons, en effet, que :
Nantes possédait .... 1.332 navires.
Brest » ..... 936
Bordeaux » ..... 644
Le Havre » ..... 570
Marennes » ..... 483
Toulon » ..... 472
Marseille » ..... 463 (3).
1705. — CAMPAGNES DE JACQUES CASSARD EN 1705.
Jacques Cassard avait été appelé, en juillet 1705, au commandement de la frégate du Roi le Saint-Guillaume, de Saint-Malo, équipée par un Nantais, J. Moreau. C'était une petite corvette armée de trois canons de 3 livres, quatre de 2, et quatre de 1 et montée par 78 h. d'équipage. Sur ce navire, nantais par son armateur et surtout son capitaine, Cassard amarinait, le 22 août, l'Anglais l’EXPÉDITION, de Corck, qu'il lâchait pour une rançon de 1.800 livres, monnaie de France. Ce fut là, croit-on généralement, le premier fait d'armes de Cassard, et le début de la glorieuse carrière du Corsaire nantais (4).
CORSAIRES NANTAIS EN 1705
En 1705, le Duc-de-Bretagne, frégate corsaire de 350 tx., 38 can. et 265 h., de Nantes, armateur René de Montaudouin, cap. Pierre Voisin-Lavigne, enlevait l’ÉLIZABETH de Corck, la JUNON et le SALABERY.
Le Patriarche, corsaire nantais de 220 tx. et 24 can. armateur et capitaine Descazeaux, second René Darquisade, s'emparait, la même année, de la BÉGUINE, de Boston (5).
———————————————————————————————————————————
(1) S, DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 91.
(2) GUIMAR, Annales Nantaises, p. 679.
(3) GABORY, La Marine et le Commerce de Nantes au XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe siècle, p. 75.
(4) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Jacques Cassard, pp. 13-14.
(5) A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 169.
S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 67.
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mardi, 23 janvier 2007
empoussiérée, la "librairie"
Plus de quatre mois de chantier, et malgré draps et cartons, livres, disques et dossiers sont empoussiérés.
Étagère après étagère, livre après livre, essuyer, épousseter, feuilleter...
Et glissent de vieux bouquins, pas ouverts depuis trente ou quarante ans, une note manuscrite, un article de presse découpé, une feuille de laurier-rose, séchée, la photo de l'amoureuse d'alors !
Il y en a pour quelques jours. Car ça prend du temps de relire de grands bonheurs qui resurgissent sous le hasard d'un plumeau.
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dimanche, 21 janvier 2007
ensoleillée, la Loire
Balade ensoleillée dans la vallée gorgée d'eau.
Envol d'aigrettes, une puis deux, puis cinq, deux hérons cendrés restent impassibles. J'ai dans les oreilles l'Élégie pour la mort de son père de Dietrich Buxthehude, comme une tendre plainte bien accordée à ce ciel de traîne.
Dommage que les compagnons "vététistes" labourent certains sentiers, le piéton n'en finit plus de patiner. Par pluies abondantes et durables, il faudrait que l'usage des ces chemins leur soit déconseillé.
Avant-hier, je suis allé voir La Flûte Enchantée filmée par Kenneth Brannagh ; contre les critiques acerbes, j'ai beaucoup aimé. De quelle guerre s'agit-il ? Ce n'est pas si sûr que ce soit celle de 14-18, même si les tranchées sinuent dans l'horreur loufoque. Les pantins s'agitent et chantent.
Échapppe à la dérision l'atelier de Sarastro, un monde chaleureux d'ouvriers et d'artisans, très fouriériste. Mozart, chanté en anglais, acquiert une légèreté que mon mauvais goût apprécie. Et après cette ènième écoute de la Flûte, c'est, pour moi, hors de doute, je suis du côté de Papagéno.
J'ai enchaîné ma soirée en allant avec Jac, Se, mes voisins, et Nicléane voir Le grand appartement de Pascal Thomas. Nous y avons souri ert ri.
Mes tendances sensuelles se sont réjouies de l'éloge des aisselles poilues et j'ai admiré fugitivement l'abondante et brune toison "jouvienne" de Lætitia Casta qui, je l'espère, n'était point un pudibond postiche.
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samedi, 20 janvier 2007
avant le gel, encore la pluie
Char centenaire
La pluie, école de croissance, rapetisse la vitre par où nous l’observons.
Encart
Le chien de cœur
René Char
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vendredi, 19 janvier 2007
un additif aux Chroniques portuaires
Paul Legrand écrit son livre en 1908. Il note donc :« Que Nantes s'efforce de jeter un voile sur ses Négriers, faute de pouvoir les effacer de son histoire, c'est d'une très sage politique...» Les idées de crime contre l'Humanité, de repentance sont encore dans l'ordre de l'impensable.
Quelques quatre-vingt ans après, Nantes déchire le voile avec les Anneaux de la Mémoire*. Non sans quelques difficultés. Mais ma ville est l'une des premières parmi les ports européens à affronter ce sombre passé.
Je persiste à témoigner que, dans le petit peuple nantais, le désaveu de la Traite négrière n'était pas un vain mot. « À Nantes, il y a des maisons qui suintent le sang des Noirs. » C'est mon aïeule qui me le disait et redisait.
* Consulter le site Les Anneaux de la Mémoire.
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jeudi, 18 janvier 2007
Chronique portuaire de Nantes XXXVII
Paul Legrand abordant Nantes au XVIIIe siècle, le siècle d'or de son port, siècle des Corsaires, mais aussi des Négriers, prend soin de préciser dans son introduction à propos des Négriers :
« Il faut bien l'avouer,— quelque pénible qu'en puisse être l'aveu,— c'est dans la Traite des Nègres, dans le Commerce du bois d'ébène, que Nantes a trouvé la source première de sa prospérité, a développé son esprit d'entreprise et d'initiative, et a puisé sa fortune et celle de ses habitants.
Nous n'avons nullement l'intention de défendre ce trafic, pas plus d'ailleurs que celle de l'attaquer ; la défense en est impossible, quant à l'attaque, elle a été trop copieusement faite pour que l'on puisse lui fournir des armes nouvelles. »
Il ajoute à propos des Corsaires :
« Que Nantes s'efforce de jeter un voile sur ses Négriers, faute de pouvoir les effacer de son histoire, c'est d'une très sage politique ; mais qu'elle englobe ses corsaires dans la même réprobation et cherche à les noyer dans le même oubli, ce n'est plus que de l'ingratitude en même temps que de la maladresse,
Et l'on comprend d'autant moins le mépris affecté par certains Nantais pour nos corsaires, que ce sont précisément leurs faits d'armes qui remplissent les pages les plus belles de notre histoire ; celles qui, seules, peuvent faire oublier nos hontes en les couvrant du rejaillissement de leur gloire. »
Dont acte.
Du Commencement du XVIIIe Siècle à la Révolution
1702. — CORSAIRES NANTAIS EN 1702.
Le 2 juin 1702, la Biche, fine frégate corsaire nantaise de 60 tx., 10 can.,6 pier., et 67 h. d'équipage, sortait de la Loire sous le commandement du capitaine Jean Saupin, ayant comme second René d'Arquisade, futur Maire de Nantes (1735-1740) (1).
Le 23 août, elle terminait une croisière des plus fructueuses en amarinant la MARIANNE, de Bristol, dont la vente produisit 16.084 livres 13 s. 2 d.
Le 7 juin de la même année, la frégate corsaire de Nantes, le Valincourt, de 80 tx. et 95 h., capitaine Jacques Hays, s'emparait de I'UNION, d'Amsterdam ; puis, le 14 juin, du vaisseau le MOUT, et enfin, le 18 juillet, de la TOURTERELLE, de Philadelphie,
Le 27 août, le Saint-Jean-Baptiste, cap. de Kersauson, reprenait sur un Flessinguois, le Saint-Pierre, de Nantes, capturé quelques jours auparavant ; et ce dernier navire, de 200 tx., 20 can. et 51 h., reprenait la mer sous pavillon français le 20 septembre.
Le 27 du même mois, le corsaire nantais la Bonne-Nouvelle tombait aux mains des Anglais à la sortie de la Loire, après un combat acharné dans lequel elle perdit son capitaine et presque tous ses officiers.
Enfin, la même année, le corsaire nantais le Duc-de-Bourgogne amarinait l'Anglais VITESSE (2).
1703. — LE CORSAIRE LE "DUC-DE-BOURGOGNE" ET LE CAPITAINE JEAN CRABOSSE.
Le 21 juillet 1703 sortait de la Loire, toutes voiles dehors, le corsaire le Duc-de-Bourgogne, rapide et élégant vaisseau « basty à Nantes », de 130 tx., 16 can., 4 pier., 80 mousquets et 128 h,, sous le commandement du capitaine Jean Crabosse.
Le 9 août il amarinait la MARIE-DE-BEDFORT, un Anglais de 100 tx., aux flancs bourrés de fin tabac de Virginie, Deux jours après, il croisait deux frégates de Nantes : la Dryade, cap. Graton, et la Nymphe, cap. du Goujon ; et prenait, de concert avec cette dernière, un bâtiment de 60 tx. dont ils se partageaient la cargaison. Le 17 août, le Duc-de-Bourgogne ayant continué seul sa route, tombait au milieu d'une flotte anglaise de onze vaisseaux, devant laquelle il prenait chasse ; un gros vaisseau de 20 can., I'ESPÉRANCE, de Londres, se détacha de la flotte et se lança à sa poursuite.
Le Nantais, excellent marcheur, déploya toutes ses voiles jusqu'aux bonnettes de brigantine et de sous-gui, pour attirer son adversaire loin des autres vaisseaux ; diminuant de toile lorsque la distance entre les deux navires devenait trop forte, repartant à toute allure lorsque l'Anglais se rapprochait davantage. Dès le début de cette chasse, le capitaine Jean Crabosse avait ordonné le branle-bas général de combat : les coffres d'armes ouverts et les bailles pleines d'eau s'alignaient sur le pont du corsaire ; les servants à leurs pièces dans la batterie allumaient les boute-feux ; les écoutes et les drisses avait été solidement bossées ; les hunes et vergues étaient garnies de leurs gabiers munis de grenadeet de grappins d'abordage ; puis, quand tout fut prêt, le Duc-de-Bourgogne, diminuant soudain de toile et carguant ses voiles, lofa par le travers des bossoirs de l'Anglais qu'il enfila de bout en bout. Bientôt, le nuage de fumée qui entourait les mâts des deux navires se fondit en un seul, et, après un épouvantable combat de trois heures, le Nantais aborda enfin son adversaire ; mais la mer était très dure, et avant que le Nantais ait pu lier son beaupré aux vergues de l'Anglais, une vague vint briser ses grappins et séparer les deux navires.
Un second abordage fut plus heureux, et l'Anglais, enlevé à l'arme blanche, dut amener pavillon.
Le 29 octobre, le Duc-de-Bourgogne amarinait la SAINTE-ÉLIZABETH, de Gênes ; puis le 8 novembre, l'anglais I'AVENTURE ; le 24, le brigantin le RETOUR-DE-BATON, de Londres ; et le 30, tout désemparé par une effroyable tempête, il rentrait à Vigo,
Ses prises liquidées, le corsaire nantais reprenait la mer le 16 décembre ; et s'emparait le 25 du SAINT-ANTOINE, de Londres, après une chasse de deux heures. Enfin, le 12 février 1704, faisant voile vers Nantes, il enlevait la CATHERINE-BUCK, d'Amsterdam ; amarinait quelques jours après un petit navire portugais près du Pilier ; et rentrait en Loire le 4 avril (3).
_____________________________________________________________________________
(1) Nous adopterons désormais les abréviations suivantes : tx. pour tonneaux ; can. pour canons ; pier. pour pierriers ; h. pour hommes d'équipage ; et cap. pour capitaine,
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 66.
A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 168.
(3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 76-78.
RAPPEL
Ces chroniques sont tirées de
Marins et Corsaires Nantais
par Paul Legrand
Héron - J. Mesnier & C° - Éditeurs
7, Rue de Strasbourg - Nantes - 1908
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mercredi, 17 janvier 2007
derrière "le carreau"
Char centenaire
Pures pluies, femmes attendues...
La sieste blanche, Les Matinaux
René Char
Les pluies chez Char, à cause de cette minuscule armoire à clefs dans le couloir et à son ardoise marquée des "pluies sauvages" qui accueille les passantes et passants !
Un recensement des occurences, non point pour une étude thématique de l'auteur, mais plus pour une méditation de mon vécu sous et à l'abri des pluies familières.
Dans la suite de ces pluies, j'irai dans les jardins, parmi les végétaux — herbes et légumes —, attentif aux oiseaux, aux feux, jusque dans les eaux et les mers.
Manière de modestement vivre — dans leurs commentaires, Jac et F m'y encouragent — le centenaire d'un grand Ancêtre (...à la Dogon, l'ancêtre !)
Ces pluies pures, ces femmes attendues me renvoient aux rêveries adolescentes, quand, le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrins*, les désirs inconnus, l'attente des amours s'affrontaient à l'impossible pureté, pas encore ressentie dans le malsain de sa religiosité.
Aujourd'hui, les pures et les attendues sont d'un or autre !
Je reviendrai sur ce Carreau ; Georges Mounin, dans La communication poétique, précédé de Avez-vous lu Char ? le cite dans Les images de la vitre, et prolonge son approche en présentant la critique thématique, "guide excelllent pour explorer l'œuvre d'un poète", outil que le lecteur peut s'approprier pour fouir plis et replis de son expérience .
* Paul Éluard.
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lundi, 15 janvier 2007
poésiécologie ?
Char centenaire
Avenir déjà raturé ! Monde plaintif !
Quand le masque de l'homme s'applique au visage de la terre, elle a les yeux crevés.
Contre une maison sèche, René Char
C'est à l'ordre du jour, n'est-ce pas ?
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samedi, 13 janvier 2007
« ...passants profonds... »
Char centenaire
Entre des volets neufs posés d'aujourd'hui qui rajeunissent la vieille façade, ravissant le voisinage, et le lessivage d'une terrrasse où s'accumulent depuis deux mois copeaux et gravats, j'ai pris le temps sur une minuscule armoire à clefs de tracer à la craie le premier aphorisme de l'an qui convient fort et à la situation météorologique et au centenaire d'un poète fréquenté depuis l'adolescence.
Les pluies sauvages favorisent les passants profonds.
Manière de saluer celles et ceux qui franchiront le seuil rénové de la maison et de commencer, tout au long de l'an, l'écriture d'un filial merci à René Char.
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jeudi, 11 janvier 2007
il était une fois... Jean-Pierre Vernant
J'avais appris de lui, le lisant, la "philia" grecque, cette amitié citoyenne :
Pour les Grecs, l'amitié (la philia) est un des éléments qui fonde la cité. Elle tisse un lien entre le privé et le public, par lequel entre soi et l'autre « quelque chose » circule, « quelque chose » qui, tout en laissant chacun singulier, forge une communauté homogène. L'amitié, c'est mettre en commun. Par conséquent, il n'y a pas d'amitié sans égalité... On ne peut avoir d'amitié que pour quelqu'un qui est d'une certaine façon son semblable : un Grec envers un Grec, un citoyen envers un citoyen... Et pour les Grecs, il ne s'agissait pas seulement de vivre ensemble, mais de bien vivre ensemble.
Libé salue la "mort d'un guerrier grec" dont le regard éclaire notre avenir. Et nous en aurons fort besoin tout au long de ces mois de cyberpolitique vaseuse qui nous mènent à l'été.
Cet homme m'avait donné le goût de "refaire" du grec.
J'ai aussi, l'imitant, commencé à raconter Troie et Ulysse à Noémie et Célia, mes petites-filles. L'Univers, les Dieux, les Hommes fut un de mes premiers bouquins du XXIe siècle ; Vernant y donnait, dans les premières lignes, son art d'être grand-père et avouait sa volonté de faire entendre la voix grecque, "que ce soit elle, en écho, qui continue à résonner."
Claude Lévy-Strauss pourra affirmer, comme un constat d’évidence, qu’un mythe d’où qu’il vienne, se reconnaît d’emblée pour ce qu’il est sans qu’on risque de le confondre avec d’autres formes de récit. L'écart est en effet bien marqué avec le récit historique qui, en Grèce, s'est constitué en quelque façon contre le mythe, dans la mesure où il s'est voulu la relation exacte d'événements assez proches dans le temps pour que des témoins fiables aient pu les attester. Quant au récit littéraire, il s'agit d'une pure fiction qui se donne ouvertement pour telle et dont la qualité tient avant tout au talent et au savoir-faire de celui qui l'a mis en œuvre. Ces deux types de récit sont normalement attribués à un auteur qui en assume la responsabilité et qui les communique sous son nom, sous forme d'écrits, à un public de lecteurs.
Tout autre est le statut du mythe. Il se présente sous la figure d'un récit venu du fond des âges et qui serait déjà là avant qu'un quelconque conteur en entame la narration. En ce sens, le récit mythique ne relève pas de l'invention individuelle ni de la fantaisie créatrice, mais de la transmission et de la mémoire. Ce lien intime, fonctionnel avec la mémorisation rapproche le mythe de la poésie qui, à l'origine, dans ses manifestations les plus anciennes, peut se confondre avec le processus d'élaboration mythique. Le cas de l'épopée homérique est à cet égard exemplaire. Pour tisser ses récits sur les aventures de héros légendaires, l'épopée opère d'abord sur le mode de la poésie orale, composée et chantée devant les auditeurs par des générations successives d'aèdes inspirés par la déesse Mémoire (Mnémosunè), et c'est seulement plus tard qu'elle fait l'objet d'une rédaction, chargée d'établir et de fixer le texte officiel.
Aujourd'hui encore, un poème n'a d'existence que s'il est parlé ; il faut le connaître par cœur et, pour lui donner vie, se le réciter avec les mots silencieux de la parole intérieure. Le mythe n'est lui aussi vivant que s'il est encore raconté, de génération en génération, dans le cours de l'existence quotidienne. Sinon, relégué au fond des bibliothèques, figé sous forme d'écrits, le voilà devenu référence savante pour une élite de lecteurs spécialisés en mythologie.
Continuons donc d'être de modestes échos ! De ce JUSTE !
* dans Télérama n° 2443 du 6 novembre 1996
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mardi, 09 janvier 2007
virée de Gascogne
Retour de Gascogne, jusqu'aux frontières de son extrême sud-est chez l'ami du Lycosthenes.
Quelque lassitude et une contrariété : une belle poutre de chêne qui, après sablage, avait retrouvé son doux bois blond, se retrouve peinturlurée d'une laide lasure qui la transforme en traverse de chemin de fer...
Lassitude donc de ce chantier qui s'étire depuis quatre mois. Le tout donne des notes rares.
Allez donc lire l'aventure énigmatique du Lycosthenes : Étienne est mon ami d'adolescence. Il défendait Voltaire, je plaidais pour Rousseau. Nous échangions "en douce" de vieux bouquins d'anthologie sur les poètes symbolistes.
Comme les Apophtegmes du Lycosthenes, à la page de titre marquée "LP" liber prohibitis.
Si vous ne craignez point l'aridité érudite, entrez dans les méandres du "scripteur". Étienne y déplie l'horizon d'un sacré lecteur. Et certains vieux montaigniens aux fesses "engourdies" ne savent pas trop sur quels "trhônes"* poser leur cul.
Achevez, pour apaiser vos yeux, par le blogue d'Al qui ouvre l'espace de la peintresse dont les photos allègent parfois les notes de ce blogue-ci.
* à lire dans le Trésor de la langue française... et dyslexie montaignienne avérée.
Post-scriptum :`
Sur l'invention des Apophtegmes du Lycosthenes annotés, un article de trois pages, signé J.B. Harang dans le LibéLivres du... 15 juin 1989 et une communication d'Étienne, dans le numéro de la revue EUROPE, consacré à Montaigne en ...1990, lisible sur le site du Lycosthenes.
Passionnés de Montaigne aux archives !
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Chronique portuaire de Nantes XXXVI
Au XVIIe Siècle (fin)
1696.— DUGUAY-TROUIN À NANTES.
En 1696, Duguay-Trouin, le fameux Corsaire malouin, vint relâcher à Nantes, avec la frégate la Coëtquen, et deux prises dont il s'était emparé dans les circonstances suivantes :
« J'avais, — dit-il dans ses mémoires, — croisé plus de deux mois, et je n'avais plus que pour quinze jours de provisions et de vivres...
... Quand je me vis pressé, j'assemblai tous mes gens et les ayant bien harangués, je les engageai, moitié par douceur, moitié par autorité, à consentir qu'on diminuât un peu leur ration, les assurant que, si nous faisions capture, je leur accorderais le pillage et les récompenserais amplement ; je ne disconviendrai pas que ce parti était un peu extravagant, et je ne comprends pas moi-même ce qui me portait à leur parler de la sorte et si affirmativement, mais j'étais poussé en cela par une voix inconnue à laquelle il m'était impossible de résister. Quoi qu'il en soit, le hasard voulut qu'au bout de ces huit jours je visse en songe deux gros vaisseaux venant à toutes voiles sur nous. Cette vision mit tous mes sens en agitation et me réveilla en sursaut. L'aube du jour commençait à paraître ; je me levai, et sortant en même temps sur le gaillard, je portai ma vue autour de l'horizon ; le premier objet qui la frappa fut deux vaisseaux réels, dans la même situation, et avec les mêmes voiles que j’avais cru les voir en dormant... Je m'en rendis maître après une résistance très vive... Je menai ces deux prises à Nantes où je fis caréner mon vaisseau » (1).
1697. — MATHURIN JOUBERT " MARCHAND À LA FOSSE".
Mathurin Joubert, Marchand à la Fosse, et capitaine de l'un de ses navires s'illustra pendant la campagne de 1688 à 1697 par son courage et les nombreuses prises qu'il amarina. En récompense de ses services, Louis XIV lui accorda une épée d'honneur qui lui fut solennellement remise en 1697, par le Duc de Chaumes, Gouverneur de Bretagne.
Mathurin Joubert fut Échevin de Nantes de 1711 à 1714 (2).
___________________________________________________________________________________
(1) EUGÈNE SUE, Histoire de la Marine Française, t. IV, pp. 242-3.
(2) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, pp. 42-3.
RAPPEL
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Marins et Corsaires Nantais
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lundi, 01 janvier 2007
Sous les vents de suroît du golfe
©Nicléane, 2007
à celles et ceux qui sont venus ici lire,
des vents aussi soutenus que ce premier jour et plus encore favorables pour ce qu'elles et ils souhaitent entreprendre en 2007.
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samedi, 30 décembre 2006
fin d'une année 2006 commencement de l'an 2007
Partant pour le Sud,
On jette au feu, dit-on, celui qui boit le vin,
C'est une invention de quelque esprit humain.
Car si l'on jette au feu et l'amoureux et l'ivrogne,
Le paradis sera vide comme ma main.
Omar Khayyâm
Cité par Amin Zaoui, algérien bilingue, dans son roman La Razzia , un écrit à rompre tous les interdits, tous les sacrés.
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jeudi, 28 décembre 2006
Chronique portuaire de Nantes XXXV
Au XVIIe Siècle
1695. — CORSAIRES NANTAIS EN 1695.
Les armements en Course se multipliaient rapidement ; et cette année 1695 vit partir de Nantes les corsaires suivants :
• La Ville-de-Nantes, de 130 tonneaux ;
• Le Don-de-Dieu, de 10 tonneaux ;
• L'Espérance, de 18 tonneaux ;
• La Sainte-Anne, de 35 tonneaux ;
• L'Aigle-de-Nantes, de 180 tonneaux ;
• Le Valincourt, de 80 tonneaux ;
• La Proserpine ;
• Le Saint-Philippe, de 60 tonneaux ;
• La Royale, qui capturait I'ESPÉRANCE, de Londres ;
• La Courageuse, qui s'emparait de I'AIGLE-BLEU, d'Amsterdam ;
• La Ville-de-Namur, de 160 tonneaux, qui s'emparait, le 14 janvier, de la RECOUVRANCE, de Bristol, dans les parages du cap Finistère ;
Enfin le Saint-Esprit et le François-d'Assise, qui amarinaient de concert le VIOLLET ; la MARIE, de Londres ; la CONCORDE, de Flessingue ; et les Espagnols : la SEGRADA-FAMILIA, La NUESTRA-SENORA-DEL-ROSARIO, et LAS-ALMA-DE-SAN-SEBASTIAN (1).
CRÉATION D'UN HOPITAL DE LA MARINE À PAIMBŒUF.
Une Ordonnance de Louis XIV, en date du 20 décembre 1695, établissait un hôpital maritime : au lieu dit Paimbceuf.
« Ce n'était alors, — nous dit Expilly, — qu'un simple hameau de pêcheurs ; le commerce de Nantes augmentant et les grands navires ne pouvant monter charger, il fallut un endroit pour les désarmer et les réarmer. Le lieu de Paimbœuf fut choisi pour cet effet à cause de sa situation avantageuse. On y établit un hôpital. Bientôt on y compta cinq à six mille personnes et 1 208 ménages tant dans le Haut que dans le Bas-Paimbœuf » (2).
1696. — CORSAIRES NANTAIS EN 1696.
Les armements en Course de l'année 1696 furent loin d'être aussi nombreux, ni surtout aussi heureux que ceux de la précédente. Sur sept corsaires expédiés, en effet, trois furent capturés ;
• Le Duc-d'Anjou, de 45 tonneaux ;
• La Marie-de-Pontchartrain, de 50 tonneaux ;
• Le Valincourt, de 80 tonneaux.
Un quatrième, le Vauban, de 130 tonneaux, périt corps et biens sur la côte d'Irlande.
Parmi les autres corsaires en 1696, nous signalerons le Succès et le Duc-de-Bourgogne (3).
________________________________________________________________________
(1) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJERO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 41.
A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe" siècles, p. 168.
(2) EXPILLY, Dictionnaire des Gaules. Article Nantes.
(3) S. DE LA NICOLLIÈRE-TEUEIRO, La Course et les Corsaires de Nantes, p. 42.
A. PÉJU, La Course à Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 94.
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