samedi, 05 août 2006
pour nuancer la note antérieure
« Il n'y a que vous qui sache si vous êtes lâche et cruel, ou loyal et dévotieux ; les autres ne vous voient point, ils vous devinent par conjectures incertaines. »
Montaigne
Je m'en vas, une semaine, en Aquitaine visiter quelques ami(e)s. Je n'irai pas à Malagar ; j'y suis déjà passer : le point de vue est magnifique, mais que la maison est tristement froide !
Je ne rencontrerai pas monsieur Joyaux, mais la lecture nocturne de Montaigne me conseille certaine humilité dans mes propos d'auditeur, quant à la mollesse civique du dit monsieur.
06:45 Publié dans & Montaigne si proche, les lectures, Sollers d'autres fois | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 04 août 2006
Mauriac, suite et fin
Fin de la semaine "Mauriac, vous comprenez ?" sur France Cul. Voilà de bien bonnes émissions ; cinq fois trois heures et demie sur un écrivain. Un "Camus est annoncé pour la semaine du 14 au 18 août.
Quel dommage que l'avant-dernière heure sur Mauriac ait été polluée par l'infatuation de monsieur Philippe Joyaux dit "Sollers". Impossible de morgue, ce mec !
Je ne déteste point ses romans que je lis à la "polar", j'ai apprécié souvent même ses chroniques qu'il rassembla dans la Guerre du goût et Éloge de l'infini ; mais ce matin, ajoutant à son ton de donneur de leçons, il a franchi les bornes de l'esquive.
Par exemple, quand il parle du courage de Mauriac et des risques encourus par ce dernier, j'aurais aimé qu'il en dise un peu plus quand, retors, il se glisse dans l'évocation de cette période : ……la guerre d'Algérie qui m'a affectée personnellement...»
Évoquerait-il l'hopital militaire de Belfort en 1962 et sa schizophrénie simulée (!) ? L'intervention de Malraux pour une réforme définitive* ? Comment justifierait-il six ans de sursis - il est né en 1936 - pour une incorporation qui ne se fait donc qu'en 1962 ? Par la poursuite de ses études (?) ou grâce à sa toute fraîche renommée de jeune écrivain talentueux ?
Et les deux millions de jeunes citoyens de son âge, "affectés" eux aussi par cette sale besogne ?
J'aime pas, j'aime pas !
M'sieu Joyaux, faut pas immiscer sa mollesse civique de petit bourgeois lettré dans le courage des autres !
* Faits mentionnés dans Philippe SOLLERS, Philippe Forest, Les contemporains, le Seuil, 1992
16:50 Publié dans les lectures, Sollers d'autres fois | Lien permanent | Commentaires (0)
Chronique portuaire de Nantes XVI
AU XVIe siècle
1549. — CONSTRUCTION D'UN QUAI AU PORT-MAILLARD.
La Ville fit construire en 1549 un quai au Port-Maillard, à la demande des marchands d'Orléans qui offraient 2000 livres pour ce travail » (1). Nantes était en effet la clef de la rivière ; et la batellerie de la Loire, alors très importante, aboutissait tout aux nombreux petits ports échelonnés le long des quais, soit pour y décharger les marchandises du Centre de la France qui s'embarquaient ensuite pour tous les points du monde, soit au contraire pour charger les marchandises de mer à destination de l'intérieur.
1551. — NAUMACHIE SUR LA LOIRE EN L’HONNEUR DE HENRI II.
Claude Juchault, dans : « La très heureuse et agréable Entrée du magnanime et puissant Roi Henri de Valois en son noble pays et duché de Bretagne, et spécialement en la plaisante et forte ville de Nantes », décrit ainsi le combat naval qui fut donné au roi pour son divertissement, le mardi 12 juillet 1851 : « Après souper le Roy délibéra d'aller voir un combat sur l'eau audit lieu de la Fosse. Pour lequel faire, avoient à grands frais et mises les ditz Nantois, évoqué et appelé du Croisic quelques capitaines de guerre, et avoient fait bastir et équipper trois fustes (sorte de navires) bien étoffées, munies et frétées d'artilleries, lances, javelotz, dards, targes et rondelles, et de toutes munitions de guerre navale, quelles les ditz capitaines dévoient fournir et garnir d'hommes de nations étrangères, comme Mores,- Outre, garnir une Nau (nef) à la françoise au secours de laquelle devoient venir les Bretons en une autre, et faire de sorte que la Nau françoise eut remportée victoire des ditz Mores et nations étranges, qui estoit l'intention de l'ordonnance des seigneurs et gouverneurs de la Ville.
« Donques le Roy, yssant du château par ladite fausse porte de devers la rivière, monta en sa galliotte, et la Royne en la sienne, et dessendirent au dit lieu de la Fosse ; puis montèrent au cail cy-dessus mentionné revestu et orné comme auparavant. Et lors commencèrent les ditz combattans au premier son des trompettes, voltiger et courir sus les uns aux autres, décharger de l'artillerie, et à force de rames s'entre accoster, cramponer et donner assautz et alarmes, jetter dardz, allumer lances à feu vif et grégois, lequel ardoit et bruloit aussi bien en eau qu'il eust fait en paille sèche, non sans le péril et danger des ditz combattans,... Lesquelles choses faisoit fort bon à voir et oyr. Mais en ces entrefaites, à cause du jour défaillant, le Roy remonta incontinent sur l'eau et se retira avec la Royne au Château » (2)
___________________________________________________________________________
(1) LE BŒUF, Du Commerce de Nantes, p. 38.
(2) Bulletin de la Société Archéologique de Nantes et de la Loire-Inférieure, t. I, p. 41
05:05 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 03 août 2006
le conflit de ces jours-ci
Rien écrit, si peu parlé depuis le début du conflit de ces jours-ci !
Après plus de quarante ans de certitude, d'engagement parfois, parce que la Palestine devait vivre, parce que la Palestine doit vivre, je suis moins assuré de l'iniquité israélienne.
Pour la première fois, je doute et redoute : l'avenir par le Hezbollah ne peut être qu'assombri et sans doute plus atroce que l'horreur présente de cette guerre !
Nous errons auprès de margelles dont on a soustrait les puits.
René Char
Feuillets d'hypnos, 91.
15:10 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (3)
mercredi, 02 août 2006
un alexandrin seul
Fils du ciel qui cuvais le vin bleu dans les granges
Il est des jours qui n'ont besoin que la luminosité d'un seul vers. C'est François Mauriac interpellant Rimbaud dans un poème d'Orages
16:13 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 01 août 2006
pas mauriacien, mais...
C’est mieux que bien, l’été sur France Culture.
Cette semaine par exemple, trois heures sur "Mauriac, vous comprenez", rediffusion de la biographie des Rolling Stones écrite et lue par François Bon, Les ultras des Lumières avec Michel Onfray...
Littérature, musique, philosophie ! Le bonheur de penser, quoi !
Paresseusement acagnardé, quand à la canicule succèdent les fraîcheurs venteuses de noroît, dans la “librairie” à simplement écouter.
C’est ainsi qu’hier matin en conduisant les “The Nana’s” au Club hippique, j'entends un texte de style néo-symboliste qui me rappelle une ambiance adolescente, où s’évasent, dans la songerie, des images surannées et cruelles quand la sensualité grecque rejoint la culpabilité chrétienne, effleurées par le sentiment troublé d’amours indifférenciées. C’est lu avec un rien d’emphase, mais ça me ramène à un vers de Mauriac : “cette main où ne luit pas d’anneau” — je suis toujours à la recherche de ce poème.
Je ne suis guère “mauriacien”. Peu de lectures, mais attentives et denses.
Ces poèmes d’adolescence, retrouvés au printemps 93 quand la beauté des jeunes filles et du dieu se mêle indéfinie à l’émoi des amitiés amoureuses - mais c’est autre chose que les amitiés particulières du sieur Peyreffitte ; c’est tout aussi lourd, charnel, coupable mais... chaste ! Si, si !
Marsyas ou la Grâce
Dans cette après-midi mortelle où le feu règne,
Marsyas, — ô doux corps qu'un Dieu jaloux torture, —
Je te confonds avec ce jeune pin qui saigne :
Ton sang a le parfum de sa résine pure.
Un papillon de nuit s'englue à ta blessure.
La lande qu'aucune eau du ciel ne désaltère
Crie indéfiniment de toutes ses cigales,
Et le soleil arrache à celte morne terre
L'odeur de miel brûlé qu'ont les bruyères pâles.
Mais ce qui te consume, ô jeune plante humaine,
C'est l'amour de ton Dieu. plus cruel que la haine.
Il aime tant les corps qui souffrent, ce dur maître,
Qu'à des baisers de feu son choix se fait connaître.
Il change l'eau en vin et la douleur en joie ;
Le grain choisi bénit la meule qui le broie,
Et Marsyas, chair baptisée en proie aux mouches,
Sourit au ciel d'airain avec sa blême bouche.
Orages, 1925
dans Le Feu secret, Orphée/La Différence, 1993
Plus tard, le Bloc-notes qui, dix ans durant, va soutenir la réflexion des années “algériennes” et au-delà.
Quel roman plus poignant que celui-là ?
Quelle histoire inventer remporterait en intérêt sur celle que je raconte ici et qui ne s’invente pas ? « Mais la première aventure venue ! » aurais-je répondu autrefois. C'est qu'à l'âge des passions nous ne sommes attentifs qu'à la littérature romanesque, leur écho et leur reflet, jusqu'au jour où, la jeunesse finie, à l'approche du dernier tournant, notre propre rumeur ne couvre plus le clapotis quotidien de la politique, car tout en nous devient silence, désormais, et solitude. Alors nous professons que la lecture des romans nous ennuie et qu'aux plus belles histoires imaginées, il faut préférer l'inimaginable Histoire. C'est pourtant la mienne qui continue à travers le Bloc-notes — non pas celle du monde, mais celle d'un homme.
J’aurai donc lu Mauriac à contre-courant puisque c’est Thérèse Desqueyroux qui est bien l’unique roman de Mauriac que je lirais et relirais, fasciné – amoureux ? – de cette révoltée.
Mais aussi pour cause de ce sentiment “géographique” qui m’agite toujours quand j’arpente des paysages qui me conduisent à feuilleter des pages de roman. Ainsi de quelques mois d’été et d’hiver passés dans la belle clairière de Pesquit, à quelques kilomètres de Saint Symphorien.
La dernière nuit d'octobre, un vent furieux, venu de l'Atlantique, tourmenta longuement les cimes, et Thérèse, dans un demi-sommeil, demeurait attentive à ce bruit de l'Océan. Mais au petit jour, ce ne fut pas la même plainte qui l'éveilla. Elle poussa les volets, et la chambre demeura sombre; une pluie menue, serrée, ruisselait sur les tuiles des communs... Le premier jour de mauvais temps... Combien devrait-elle en vivre au coin de cette cheminée où le feu mourait ?
J’avoue que le film de Franju, athée et sans recours à une céleste grâce, exhausse et libère Thérèse avec tout autant de force que le roman de Mauriac son créateur croyant, n’en déplaise à Claude, le fils de ce dernier (postface à l’édition du Livre de Poche).
Voici donc comment pour cause de radio, j’ai, ces jours-ci glissé de Pierre Jean Jouve à François Mauriac, retrouvant la même pesanteur de la Grâce et une identique allégresse du péché, “le feu de la chair et la blancheur du ciel” : allant de Catherine Crachat à Thérèse Desqueyroux : visages de femmes - belles ? peut-être point, mais femmes solaires et nocturnes “dont on subit le charme”.
Femmes créées, "vivantes", au-delà de la puissance de leurs créateurs ; je ne pense point que Jouve et Mauriac s’offusqueraient de ce dépassement
16:10 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 30 juillet 2006
bons blogues de l'été
Les "The Nana's" sont arrivées.
Il me faut quitter la gravité de certaines notes et leurs rires m'y portent allègrement. Il me faut seulement être un tantinet plus matinal si je souhaite "voguer" sur la Toile, car lil y a risque certain d'accaparement du petit "Mac" !
Entre Adibou et le Pirate des Caraïbes, déjà, hier au soir, il y avait de la demande !
Revue des mes blogues* :
• quête fructueuse chez Berlol (Rahan, Monteverdi, l'Alamblog et la DAVDSI),
• coïncidences poétique (Georges Henein, mon dernier bouquin de chez Seghers, et au train où je vais, il ne sera abordé que dans quelques (?) années), ludique ( les "dinky toys"), philosophique (écoute de Onfray) chez Bourdaily-on the web,
• accumulation du penser dans le blogue d'AL qui disserte du colonialisme, du christianisme, de l'amour et de l'équitation (mais où trouve-t-il une telle verdeur pour ainsi disserter dans la canicule ?)
Pour saluer mes compagnons blogueurs, une paisible et fraîche pluie d'Ouest enfin revenue dans la nuit
et de Georges Henein :
dans cinq ans je serai...
dans dix ans...
dans quinze ans on me...
.......................................
.......................................
dans vingt ans un homme voguera de nouveau
l'avenir en tête
la tête blanchie.
Beau Fixe
Le signe le plus obscur, 1977
* Pour les lire, cliquez dans la liste des "journaux préférés".
09:15 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 29 juillet 2006
réappprocher Jouve ?
..............................................................
Lorsque couchés sur le lit tiède de la mort
Tous les bijoux ôtés avec les œuvres
Tous les paysages décomposés
Tous les ciels noirs et tous les livres brûlés
Enfin nous approcherons avec majesté de nous-mêmes
Quand nous rejetterons les fleurs finales
Et les étoiles seront expliquées parmi notre âme,
Souris alors et donne un sourire de ton corps
Permets que nous te goûtions d'abord le jour de la mort
Qui est un grand jour de calme d'épousés,
Le monde heureux, les fils réconciliés.
Plus d'un mois que je devrais avoir repris ma chronique à propos de mes bouquins de Seghers ! Plus de deux mois que, chaque jour, je reprends quelques textes du livre à la couleur sang.
Comme un triple terrassement à ne pouvoir écrire de ces lectures parce qu'il y a cette musique déchirante de Mozart, sereine et à la fois immense et brève, l'Ave Verum réécrit Vrai Corps par Pierre Jean Jouve qui clôt le recueil des Noces et qu'il y est question d'une Résurrection de la Chair en quoi je n'espère plus !
Qu'au-delà, il y a la mort du Père et que ce texte, je l'ai proféré l'après-midi de ses funérailes quand l'assemblée de ses amis venaient saluer une fois dernière sa dépouille !
Que, dans un lointain plus à vif encore, il y a CE qui n'est plus, qui est le corps figé, sexe et sang glacés, de la Première Épousée !
Et pourtant
...Tous les bijoux ôtés avec les œuvres
Tous les paysages décomposés
Tous les ciels noirs et tous les livres brûlés...
...Le monde heureux, les fils réconciliés..
Si distante est alors la "littérature" !
17:00 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 juillet 2006
Chronique portuaire de Nantes XV
AU XVIe siècle
1532. — FRANÇOIS Ier À NANTES - " LA NONPAREILLE "
En 1532, le roi François Ier, la Reine et le Dauphin se rendirent à Nantes ; la Ville avait envoyé au devant d'eux, à Ancenis, deux galiotes richement meublées, et garnies sur le pont de salons vitrés pour le service de la Reine, de ses Dames et des Princes (1).
C'est sous le règne de François Ier que l'on trouve la première mention d'un navire de haut bord construit à Nantes. Ce prince y fit construire en effet un vaisseau « extraordinairement grand » qui, au dire de d'Argentré : « pour sa démesurée grandeur fut appelé la Nonpareille » (2).
1537. — GABARES ET GALÈRE DE LA VILLE .
En 1537, la ville fit équiper à Barbin deux riches gabares pour aller prendre la reine de Navarre à la Gâcherie, chez son beau-frère, le Vicomte de Rohan. Cette princesse visita ensuite la Fosse et les vaisseaux, puis une galère de la ville la reconduisit jusqu'à Ingrandes (3).
1547. — GALÈRES ROYALES À NANTES.
Au début du règne de Henri II, Nantes était le centre des galères royales du Ponant, comme Marseille l'était de celles du Levant. Nous voyons en effet dans l'Ordonnance de 1547 : « sur le faict des gallères » que : « Le Roy ayant délibéré et résollu d'entretenir armée de gallaires, non seulement pour deffendre ses lieux et places maritimes, mais aussi pour offendre où et ainsi que l'occasion se pou-roit offrir et présenter, aura tant en Ponant que en Levant, es portz de Nantes et Marseille, jusques au nombre de quarante gallères... » (4).
Les galères, originaires de la Méditerranée, ce qui explique la présence de nombreux Italiens dans le grade de général des galères, étaient des bâtiments fins et élancés, avec deux ou même trois mâts garnis de voiles à antennes. Le plus généralement d'ailleurs elles naviguaient à la rame ; les rameurs, appelés « la chiourme », étaient recrutés parmi les condamnés, les prisonniers faits à l'ennemi, parfois même, en cas de besoin, parmi les marins de la flotte ou des engagés.
La chiourme occupait le centre du bâtiment, les deux extrémités étaient garnies d'un château, gaillard élevé, réservés, celui d'avant au capitaine, celui d'arrière à l'équipage, et tous deux munis d'artillerie.
Les galères étaient le plus souvent très richement équipées, surchargées de dorures et de sculptures, couvertes de tapis et ornées d'immenses dais d'étoffes coûteuses et d'innombrables pavillons et bannières. La galère royale de chacun des postes des Ponant et Levant, la « Réale », ainsi qu'elle était appelée, surpassait toutes les autres en richesse.
Henri II fit construire à Nantes le Grand-Henry et le Grand-Carraquen, « les deux plus grands vaisseaux qui fussent en France de ce temps-là », et même ; « les plus grands qu'on n'ait point vus en nostre « Océan ». Ils étaient d'ailleurs si grands, au dire des chroniqueurs, qu'ils furent : « délaissez pour estre trop lourds à mener » (5).
(1) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, p. 274.
(2) TRAVERS, Histoire de Nantes, t. II, p. 298.
(3) MEURET, Annales de Nantes, t. II, pp. 11-12.
(4) LA RONCIÈRE, Histoire de la Marine Française, t. III, p. 455.
(5) MELLINET, La Commune et la Milice de Nantes, t. I, p. 109
03:00 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 juillet 2006
haïkaï d'été : variante occidentale
Pour Jac, ma plus proche voisine, qui, de l'autre côté du mur, lit ce blogue et vient ensuite m'en parler
fleurs de juillet
enfin les épaules nues
des femmes
Daniel Biga*
Déambulation poétique
Grand Lac III
À Grand-Lieu, un village de pêcheurs
* Nous avions proposé à Daniel d'entrelacer la Parole de nos ami(e) Passis d'une déambulation poétique ; je l'avais "rencontré" une première fois dans cette anthologie de la nouvelle Poésie française que Bernard Delvaille avait publiée chez Segehrs en 1974 sous une amusante jaquette en " jean's" ; vingt plus tard, nous nous retouvions, grâce à MJ, à Nantes, lors d'ateliers d'écriture.
Il nous proposa cinq déambulations dans Passay et autour du Grand-Lieu, à la manière des journaux de voyage de Bashô et des "choses dont je me souviens" de de Sôseki.
21:09 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 25 juillet 2006
suite caniculaire... brève
Sans replier celles des ombrelles
Les ailes des lucioles et la pluie
Dans la nuit
Shûsen
20:46 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 24 juillet 2006
bonheur caniculaire
Fraîcheur
Au mur la plante de mes pieds nus
Sieste
Bashô
14:00 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 23 juillet 2006
glanes au gré des estrans
Je suis parti en mer avec cette idée de vérifier le dit de Lie-Tseu, dans son Traité du Vide Parfait
"Je ne sais pas si c'est le vent qui me chevauche ou moi qui chevauche le vent."
Revenant, il me semble que les sages du Tao étaient plus piétons ou cavaliers des steppes orientales qu’hommes des mers occidentales.
Ni le vent ne m’a chevauché, ni je n’ai chevauché le vent.
Ici, l’on ruse ; rarement, l’affrontement, plus souvent la fuite !
J’ai glissé mon marque-page au hasard des Vents de Saint-John Perse et des mouillages. Les vents étaient célébrés et aussi, tel un rite archaïque, offerte/ouverte au ciel, une Femme nue !
Et pour m’alléger des somptuosités, j’alternai avec la lecture des Cygnes sauvages de Kenneth White, qui, en 1990 mettait ses pas et ses haïku dans ceux des grands maîtres japonais.
Le soir du 14 juillet, au mouillage de l'Île-aux-Moines, belle surprise d’un vol de cygnes : musique des battements puissants des ailes soutenue par le clairon de leurs “hough ! hough ! hough !”
Voici donc la glane :
sur la Vilaine
Le Vent frappe à ta porte comme un Maître de camp,
À ta porte timbrée du gantelet de fer.
Et toi, douceur qui va mourir, couvre-toi la face de ta toge
Et du parfum terrestre de nos mains... »
Le Vent s'accroisse sur nos grèves et sur la terre calcinée des songes!
Les hommes en foule sont passés sur la route
des hommes,
Allant où vont les hommes, à leurs tombes. Et c'est au bruit
Des hautes narrations du large, sur ce sillage
encore de splendeur vers l’Ouest, parmi la feuille
noire et les glaives du soir...
Et moi j’ai dit : « N’ouvre pas ton lit à la tristesse.
Les dieux s’assemblent sur les sources,
Et c'est murmure encore de prodiges
parmi les hautes narrations du large.
..................................................
Fretin !
J'ai secoué mon filet
Il n'y avait que la lune
Ootô
..................................................
au mouillage de Suscinio
Comme on buvait aux fleuves incessants
hommes et bêtes confondus à l’avant-garde
des convois,
Comme on tenait au feu des forges en plein air
le long cri du métal sur son lit de luxure,
Je mènerai au lit du vent l’hydre vivace de ma force,
je fréquenterai le lit du vent comme un vivier
de force et de croissance.
Les dieux qui marchent dans le vent susciteront
encore sur nos pas les accidents extraordinaires.
Et le poète encore est avec nous.
....................................................
Nettoyant une casserole
Rides sur l'eau
Un goéland solitaire
Buson
....................................................
en baie de Quiberon
Vous qui savez, rives futures, où résonneront nos pas,
Vous embaumez déjà la pierre nue et le varech
des fonts nouveaux.
Les livres au fleuve, les lampes aux rues,
j’ai mieux à faire sur nos toits de regarder monter l'orage.
Que si la source vient à manquer d'une plus haute connaissance,
L'on fasse coucher nue une femme seule sous
les combles —
Là même où furent, par milliers, les livres tristes
sur leurs claies comme servantes et filles de louage...
Là, qu'il y ait un lit de fer pour une femme nue,
toutes baies ouvertes sur la nuit.
Femme très belle et chaste, agréée entre toutes femmes de la Ville
Pour son mutisme et pour sa grâce et pour sa chair irréprochable,
infusée d’ambre et d'or aux approches de l’aine,
Femme odorante et seule avec la Nuit,
comme jadis, sous la tuile de bronze,
Avec la lourde bête noire au front bouclé de fer,
pour l'accointement du dieu,
Femme loisible au flair du Ciel et pour lui seul
mettant à vif l’intimité vivante de son être...
Là qu’elle soit favorisée du songe favorable,
comme flairée du dieu dont nous n'avons mémoire,
Et frappée de mutisme, au matin, qu’elle nous
parle par signes et par intelligences du regard.
Et dans les signes du matin, à l’orient du ciel,
qu'il y ait aussi un sens et une insinuation...
............................................
Avec le cormoran
Mon âme dans l'eau
Plonge
Onitsura
............................................
au mouillage de l’ïle-aux-Moines,
le soir
... De hautes pierres dans le vent occuperaient
encore mon silence. — Les migrations d’oiseaux
s'en sont allées par le travers du Siècle,
tirant à d’autres cycles leurs grands triangles disloqués.
Et c’est milliers de verstes à leur guise, dans la dérivation
du ciel en fuite comme une fonte de banquises.
Aller ! où vont toutes bêtes déliées,
dans un très grand tourment de l’aile et de la corne... Aller!
où vont les cygnes violents, aux yeux de femmes et
de murènes...
Plus bas, plus bas, où les vents tièdes essaiment,
à longues tresses, au fil des mousses aériennes...
Et l’aile en chasse par le monde fouette
une somme plus mobile dans de plus larges mailles,
et plus lâches...
Je te connais, ô Sud pareil au lit des fleuves
infatués, et l’impatience de ta vigne au flanc des
vierges cariées...
.............................................................
La palourde a clos
Sa bouche
Quelle chaleur !
Bashô
..............................................................
au mouillage d’Er-Salus, Houat,
crépuscule
Chante, douceur, à la dernière palpitation du soir
et de la brise, comme un apaisement de bêtes exaucées.
Et c'est la fin ce soir du très grand vent.
La nuit s'évente à d'autres cimes.
Et la terre au lointain nous raconte ses mers.
Les dieux, pris de boisson, s'égarent-ils encore
sur la terre des hommes ?
Et nos grands thèmes de nativité seront-ils discutés chez les doctes?
Des Messagers encore s'en iront aux filles de
la terre, et leur feront encore des filles à vêtir
pour le délice du poète.
.............................................................
Sous le ciel en flammes
Lointaine une voile, dans mon âme
Une voile
Seishi
.............................................................
Et toutes ces nuits chaudes, au zénith, ma belle constellation estivale, la Croix du Cygne qui s'appuie sur l'alignement de l'Aigle et de la Lyre : Déneb, Véga, Altaïr, oiseau immense qui descend vers le sud,
« ...jusqu'aux rives lointaines où déserte la mort !... »
17:15 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 juillet 2006
Chronique portuaire de Nantes XIV
Au XVIe Siècle
1500. — ORIGINE DU NOM DE NANTES.
D'après le chroniqueur Pierre Le Baud, écrivant vers 1500: «Les Nantois sont ainsi nommez du nom de leur cité de Nantes, ainsi appellée dès le temps de Jules César ; et est ainsi dite pour ce qu'elle tient les nefs et qu'elle a le port convenable à les recevoir » (1).
Nant ou, Nannet serait, en effet, un mot celtique signifiant rivières, eaux ou confluent.
Remplacé par Condivicnum pendant la domination romaine, mais toujours employé par les indigènes, il ne tarda pas à reprendre son rang de dénomination officielle de la ville.
1500. — GALIOTES DE LA VILLE.
En 1500, Louis XII et sa femme la Duchesse Anne de Bretagne, qu'il avait épousée le 8 janvier 1499 au château de Nantes, visitèrent de nouveau cette ville. Deux riches galiotes, splendidement ornées, furent envoyées au devant d'eux jusqu'à Ingrande (2).
1516. — CONSTRUCTION DU QUAI DE LA FOSSE.
C'est en 1516 que fut commencé le quai de la Fosse, qui prit son nom d'un domaine appartenant au XIIIe siècle à l'évêque. Cette grève était alors habitée par des pêcheurs et des bateliers qui transportèrent à Trantemout leurs huttes de planches et de roseaux. Le quai de la Fosse, continué en 1622, 1624 et 1755, fut reconstruit en 1838 et en 1874. Les maisons furent alignées vers 1724, et les chantiers de constructions transportés en 1738 au terrain de la Chézine, aménagé lui-même en quai en 1826 (3).
C'était à la Fosse, dans les splendides maisons, dont plusieurs subsistent encore, que demeuraient les armateurs de Nantes : les Marchands à la Fosse comme on les appelait : titre équivalant alors à un brevet de notoriété et de richesse.
————————————————————————————————————
(1) DUGAST-MATIFEUX, Nantes ancien et le pays Nantais, p. 127.
VERGER, Archives curieuses de Nantes, t. I, p. 4.
(2) TOUCHARD-LAFOSSE, La Loire historique, pittoresque et biographique, t. IV, pp. 112-3.
(3) E. PIED, Notice sur les rues de Nantes, p. 123.
03:00 Publié dans Les chroniques portuaires | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 08 juillet 2006
l'Internet, puis les vents
Fin d'après-midi dans la douceur à la Tête Noire, chez Sy et Fr.
En débats toujours passionnés, la coopération décentralisée et le réseau associatif, la création d'un site avec SPIP, le blogue "en cale sèche" de l'ABJC, la production des écrits chez les amis Baalinkés, leurs possibles connexions à l'Internet.
Me revenait en tête, le journal de Bé en Mauritanie - Les derniers jours - (ma note du 3 juillet) :
Notre conducteur de 4x4 est arrivé. Allongé sur le flanc, un pied relevé sur le genou de l'autre jambe, il discute avec Mohamed de connexion Internet haut débit, de téléphone portable (ils ont tous un portable), d'une caravane partie dans le désert pour tourner un film, avec un chameau portant la caméra, un autre les panneaux solaires pour charger les batteries, un chameau Internet... Ils sourient, secouent leur draâ bleu clair pour faire de l'aération, picorent des dattes sur le plateau. Télescopage entre deux mondes non contradictoires.
N'ont guère besoin de nous les copains Africains ; peut-être un peu de matériel ; et encore, pas de l'obsolète !
Je vais aller vérifier pendant quelques jours, en mer ce que dit Lie-Tseu sur le blogue de Cœur de Ptah
"Je ne sais pas si c'est le vent qui me chevauche ou moi qui chevauche le vent."
Lie-Tseu.(in " Traité du Vide Parfait")
Je suis totalement incertain de revenir, le 19 juillet, avec une réponse à l'alternative.
Me restera à écarter mon anémomètre et à aller saluer "l'Arbre Ancien".
À tout hasard, j'emporte Vents de St John Perse.
Je te licencierai, logique, où s'estropiaient nos bêtes à l'entrave.
14:50 Publié dans Les blogues, les marines | Lien permanent | Commentaires (1)