lundi, 04 juin 2007
larguez !
Ils ne font jamais pompeux, ces mots, quand on les lit sur les houles.
... Plus loin, plus loin, où sont les premières îles solitaires — les îles rondes et basses, baguées d'un infini d'espace, comme des astres — îles de nomenclateurs, de généalogistes; grèves couvertes d'emblèmes génitaux, et de crânes volés aux sépultures royales...
... Plus loin, plus loin, où sont les îles hautes — îles de pierre ponce aux mains de cent tailleurs d'images; lèvres scellées sur le mystère des écritures, pierres levées sur le pourtour des grèves et grandes figures averses aux lippes dédaigneuses...
... Et au-delà, les purs récifs, et de plus haute solitude — les grands ascètes inconsolables lavant aux pluies du large leurs faces ruisselantes de pitié...
... Et au-delà, dernière en Ouest, l'île où vivait, il y a vingt ans, le dernier arbrisseau : une méliacée des laves, croyons-nous — Caquetage des eaux libres sur les effondrements de criques, et le vent à jamais dans les porosités de roches basaltiques, dans les fissures et dans les grottes et dans les chambres les plus vaines, aux grandes masses de tuf rouge...
Saint-John Perse,
Vents, IV, 2.
12:05 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Je pense à Alexis Léger secrétaire de cet autre nantais amoureux de la mer : Aristide Briand dont il écrit en 1932 : "Et c'est dans une évocation de la mer, de la voile et des brises du large que le vieux celte libéra son âme de solitaire"
Votre voyage m'a inspiré un "Avis aux navigateurs" peut-être un peu daté !
Écrit par : patbdm | samedi, 09 juin 2007
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