Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 11 novembre 2007

dans un matin toujours gris

Prolongeant le réveil en lisant sous la couette — "la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas", nous sommes le 11 novembre ; pour commémorer, mieux valait regarder sur Arte, Les sentiers de la gloire — lisant donc des poètes bédouins de la période anté-islamique, je m'enfuis de l'automne brumeux vers les jours passés— naguère ? jadis ? — dans l'aridité du grand Erg oriental.
Sans doute fallait-il cette extrême aridité des pierres et des sables pour atteindre à une telle concision du désir. La sexualité est peut-être le domaine où la langue résiste le plus à l'effet du temps.
D'emblée, ces hommes des déserts atteignent la beauté ; ils sont dans l'avant de Bagdad, de l'Andalousie, des Troubadours, des Renaissants, des Romantiques, de nos textes contemporains.
J'ai souvenir que Ricœur dans un numéro d'Esprit— en 1960 ? — avait écrit de fortes intuitions sur sexualité et langue. À retrouver pour creuser ces "poèmes- étendards" dont certains seraient "poèmes suspendus" sur les murailles cachées de la la Ka'aba*.

Oui, demain, aujourd'hui, ainsi qu'après-demain,
Sont autant de gages de ce que tu ne sais pas.

Elle te laisse voir, quand tu la surprends, seule
Et qu'elle est à l'abri des yeux des gens haineux,

Lee deux bras d’une blanche chamelonne au long col
À la robe racée, qui n’a jamais porté,

Un sein comme un ciboire, taillé dans l'ivoire, tendre
Et que jamais aucune paume n'a touché,

Les deux versants d’un dos doux, doux, svelte et allongé,
À 1a croupe charnue, et parties contiguës,

Un haut de hanches tel qu'étroite en est la porte
Un flanc, dont possédé je fus, à la folie

Deux colonnes, [pour jambes], d'albâtre ou bien de marbre
Où les bijoux cliquètent: sonore cliquetis !


‘Amr ben Khultûm al Taghlib (?-vers 600)

extrait des Mu’allaqat,
(poèmes-étendards ou poèmes suspendus de la période anté-islamique)

traduction de Pierre Larcher


c7acb514830e531cc8dc887eee044d2c.jpg


*Abdallahh AKAR, Les poèmes suspendus, peintures et calligraphies, Collection Grand pollen Éditions Alternatives, 2007

Les commentaires sont fermés.