Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 25 avril 2007

« Mais si les mots sont des bêches ? »

Char centenaire


Tiré du Poème pulvérisé, Suzerain que j’ai mentionné avant-hier était précédé d’un écrit autrement plus fondamental dans le rapport à la langue :

Quand s’ébranla le barrage de l’homme, aspiré par la faille géante de l’abandon du divin, des mots dans le lointain, des mots qui ne voulaient pas se perdre, tentèrent de résister à l’exorbitante poussée. Là se décida la dynastie de leur sens.
Seuil,
Le Poème pulvérisé
.


Dieu est mort ! Soit !
Mais Char pressent qu’il nous est important de garder de l’ancienne langue qui célébrait le sacré, la ferveur première des mots.
Ne fut-ce que pour nous tentions de maîtriser l’exorbitante poussée qui nous mène de notre appropriation du monde à la démence de sa destruction ?

Plus trivialement, dans un texte lu en 1946, à la Radiodiffusion française, il avait souligné la capacité de vie et de résistance des mots aux manœuvres de mort :

Des mots échangés tout bas au lendemain de 1940 s’enfouissaient dans la terre patiente et fertile de la révolte contre l’oppresseur et devenaient progressivement des hommes debout...
La liberté passe en trombe
I. Pauvreté et privilège
Recherche de la base et du sommet.


Quels mots ? Les miens ! Les vôtres !
À chacun d’entre nous de les tirer de nos lointains, de remonter à la dynastie du sens que nous faisons nôtre.

Entends le mot accomplir ce qu'il dit. Sens le mot être à son tour ce que tu es. Et son existence devient doublement la tienne.
La scie rêveuse,
Le nu perdu
.

Les commentaires sont fermés.