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vendredi, 27 avril 2007

la honte du juge

Ce matin, au réveil, une voix qui s'engage, hors des supputations, des commentaires bien pesés, des analyses de sondage et des ragots, une bonté juste, paisible, ferme est de retour. Enfin !
Char n'a pas eu tort : les mots lèvent les hommes.


J’en ai assez d’avoir honte de ce que je fais en tant que juge quand je maintiens dans des Centres de rétention des gens qui sont qui n'ont commis aucune infraction qui n’ont d’autre tort que d’avoir essayer de venir en France, soit pour rechercher un asile politique qu’ils n’ont pas eu, soit simplement pour des raisons de misère.
Je suis là aussi pour protester contre une politique qui me paraît fondamentalement contraire aux Droits de l’homme et à notre tradition républicaine.
Quand un ministre de l’Intérieur ose annoncer chaque année, comme dans une entreprise privée, qu’il faudra reconduire aux frontières 23 000 cette année, l’année suivante un peu plus, l’année suivante, 25 000, etc, parce qu’il faut augmenter les chiffres, j’ai honte.
Ça m’est presqu’arrivé de violer la loi parce qu’il y a des choses totalement insupportables.
Ce sont des gens qu’il faut sauver, je l’ai déjà fait, j’en suis fier !


C'était, à 7 heures 09, sur France Cul, Serge Portelli, membre du syndicat de la Magistrature, vice-président de la 12ème Chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris qui affirmait que la désobéissance civique est la seule issue, même pour des magistrats.
Le même Serge Portelli vient de publier un bouquin qui circule aussi en format PDF sur la Toile : RUPTURES*.
Ruptures_Serge_Portelli.pdf

* Pour la petite histoire éditoriale, Michalon l'éditeur qui devait publier Ruptures écrit que : « Après lecture et considérant que ce texte était décevant tant par sa forme que par son fond, nous avons exprimé notre réserve quant à une éventuelle publication. » Ce ne serait donc point par pression du ministère de l'Intérieur, mais de l'autopublicité par le juge lui-même.
Allez savoir !
Le courageux (!) éditeur ajoute : « Il est certes plus facile, pour sa réputation, de passer pour une victime de la censure que d’être l’auteur d’un manuscrit raté. »
Rien que ça !
Quels sont les critères pour estimer un « manuscrit raté, un texte décevant tant pas sa forme que par son fond » ?
Michalon n'est certes pas lu dans les Centre de rétention.

Commentaires

Hélas, ce genre de magistrats est minoritaire actuellement. Il n'est qu'à voir combien les juges se délectent de l'arsenal judiciaire mis à leur disposition par, notamment, le tout récent ministre de l'intérieur, et donnent des peines écrasantes aux plus jeunes, aux plus faibles... Il suffit pour s'en rendre compte d'assister à quelques comparutions immédiates. C'est impressionnant d'inhumanité.

Écrit par : Caroline | dimanche, 29 avril 2007

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