vendredi, 09 février 2007
pour un Char jardinier
Char centenaire
Ce fut un des étonnements de mes toutes premières lectures : voici un poète qui n'hésite pas à mettre des pommes de terre dans ses poèmes ; ça contrastait fort avec les obscures mais fascinantes abstractions qui se donnaient à lire.
Plus tard, approchant Héraclite — par Char, d'ailleurs — sa philosophie au plus près de l'observation de la terre, des eaux, du feu, des airs et son harmonie des contraires, l'accès me devint plus aisé. Mais cette histoire de pommes de terre m'interloquait toujours ; jusqu'au jour où je suis tombé sur la courge!
Char, décidément, m'entraînait dans ses maraîchages.
Biens égaux qui est certainement un des textes que je me suis trimbalé tout au long de mes jours m'apporta la lumière sur les deux légumes précités et, bien sûr, sur sa démarche tout aussi "végétale" que celle de Cadou, mon autre ancêtre.
...De si loin que je me souvienne, je me distingue penché sur les végétaux du jardin désordonné de mon père, attentif aux sèves, baisant des yeux formes et couleurs que le vent semi-nocturme irriguait mieux que la main infirme des hommes...
Biens égaux
in Le poème pulvérisé
Les aphorismes ne m'étonnaient plus, je les lisais avec une bonne odeur d'humus humide s'échappant du bouquin.
Si les pommes de terre ne se reproduisent plus dans cette terre, sur cette terre nous danserons. C'est notre droit et notre frivolité.
À une sérénité crispée
À partir de la courge l'horizon s'élargit
Moulin premier, LVIII
Certains se seraient gaussé de ce dernier aphorisme : ils ne furent donc jamais des enfants émerveillés, à plat ventre dans les rangs de légumes du jardin familial ?
18:40 Publié dans Char à nos côtés | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Heureux les simples.
Écrit par : Kate | vendredi, 09 février 2007
Merci pour ce bel éloge du jardin, de ses PdT, de ses courges et autres merveilles. J'en parle d'autant plus aisément que j'aime photographier les jardins et les visiter bien que je déteste m'en occuper ! Char est un poète qui a toujours eu les pieds sur terre ce qui n'est pas le cas de Cadou qui les a eu souvent à la renverse et la tête dans les étoiles !...
cordialement
alain
Écrit par : alain barré | samedi, 10 février 2007
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