vendredi, 20 mai 2005
Bonne semaine !
Semaine active à rebours !
Hier soir, je m’en vais au Beaulieu voir Yasmin, avec donc le projet d’être un cinéphile sérieux - j’ai une forte sympathie pour le cinéma britannique de ces temps, le social et le politique regagnent avec lui les lettres de noblesse et d’efficacité du néoréalisme italien de jadis (!) - les bobineaux s’étant égarés, l’équipe - au Beaulieu, c’est Art et essai, mais ce sont des bénévoles - nous a proposé Le fil à la patte de Michel Deville.
Autre chose, n’est-ce pas ! Mais j’aime aussi la cruauté légère et érotique de Deville. Ha ! il faut bien reconnaître que les caleçonnades de Feydeau alourdissent un tantinet l’art de Deville, mais les parties de jambes en l’air de la Béart et du Berling sont ébouriffantes. La belle Emmanuelle, pleureuse, garce, jouisseuse, ravit et la nudité en chapeau d’un Berling qui ne craint point d’afficher une “sculpture” qui s’empâte est émouvante. Le “castinge” est à l’avenant, dans les haleines fortes, les gilets rayés des valets ; le coup du téléphone portable qui joue l’intrus à la Belle époque est un fichu gag.
Le matin, le Grec ancien m’avait emmené dans un texte fort trouble et peu connu du sieur Platon, le “Lysis” : à mon avis, sous couvert d’approche pédagogique, il ne s’agit que de l’exposé d’une drague pédophile dans les rets maïeutiques de Socrate qui a bon dos... ou vilain cul ! Enfin ! Comme le texte est bourré d’héllénismes, de crases et des particules qui font fleurir la bonne vieille langue, on tolère !
La veille, c’est-à-dire mercredi, le cycle Mahler et la IIIe symphonie. Lourde, lourde lourde et...longue ! Étaient las, ou le père grapheus tis, ou le maître Karabtchevsky, ou son orchestre. Ou Mahler, plus simplement ? Bref, ça n’en finissait plus. Disparues, les sublimes emmenées au silence de la Deuxième : les caisses et les cuivres, potentiomètres à fond, et des cordes geignant dans des bois sans mystère. Soirée lourde !
Ah si ! Éléna Zaremba, la voix de contralto qui élève avec gravité le texte de Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra :
Ô Homme, prête l’oreille !
Que dit minuit profond ?
Mardi soir, c’était une heure avec... René Char. À la fin de l’heure, le lecteur était heureux, la tâche avait été honnêtement accomplie, l’auditoire tout aussi inquiet que le lecteur en son commencement, attentif et rassuré. Les pentes “chariennes” sont arides, mais les Feuillets d’Hypnos sont bien le sentier pour s’y aventurer. Ou pour se réconcilier avec l’obscurité !
Il y avait sourires rassérénés à la sortie de la médiathèque. Je regrette pourtant que nous n’ayons pu aborder ce qui, pour moi, est devenu le cœur des Feuillets : la violence, inacceptable, et la contre-violence juste et nécessaire ; car c’est bien le sang, le “sang supplicié”, le sang de l’embuscade et des exécutions sommaires qui coule dans ces carnets de maquis. N’oublions pas : ce temps des MAQUIS est le temps des CAMPS !
Et Char peut bien tenter de conjurer l’atroce en convoquant la Beauté : l’horreur, injustifiée ET justifiée, est !
Insoluble, inoubliable, ineffaçable situation humaine ! Même si, en ces temps d’oublieuse mémoire, nous paraissons, nous Européens, très éloignés de cette cruauté.
Les yeux seuls sont capables de pousser un cri.
Et la semaine avait débuté avec ...Nietzsche.
St. qui est “nietzschéen” proposait le regard du philosophe sur les Écritures bibliques. Comme, en décembre, son regard sur la tragédie. Il n’a guère été question des “saintes écritures”, il nous a plutôt nettoyer le concept du Surhomme et de la volonté de puissance. Essayer du moins !
Michel Onfray - j’ai emprunté à mon bon vieil Er Klasker le Traité d’athéologie que je me refusais à acheter - ne devrait plus déplorer l’inexistence de Feuerbach sur le marché philosophique. St. parlant de l’athéisme (?) de Nietzsche s’est, longuement et fort bien, égaré dans l’athéisme de Feuerbach et la réappropriation des forces créatrices de l’homme.
Pour m’extirper de mes derniers embourbements transcendantaux, ça me va bien. Mieux, en tout cas, que des engagements laïcs de libre penseur.
Achever la vie en philosophant et en lisant le Grec ancien ! Ma foi !
La lecture de Nietzsche sur la féminité me donne cependant furieuse envie “d’aller chez les femmes” y relire les sources de mon “féminisme”.
La Belle Louïse, Marie de Gournay, Ninon de Lenclos, la Grande George et madame Séverine Auffret récurent (!) mon machisme en me rendant mieux homme.
Post-scriptum :
Retour en force sur la table de Rimbaud et de... Nietzsche avec “Illuminations” - en poche - de... Philippe Sollers.
J’ai certain penchant pour l’essayiste ; la platitude de langue du romancier ne me chaut point - mais, “on” est de “la classe”. Je trouve, malgré tout, que le monsieur fait fort : il nous a déjà “fourgué” une Divine comédie ; il réédite - c’est le moment de l’écrire - avec ces (ses) Illuminations. Gonflé ! Je vais le suspecter de pratiquer la récupération abusive du titre des grandes œuvres à des fins de gloriole personnelle. La rigueur et l’honnêteté ne semblent point vertus premières de l’édition, ces jours-ci.
Et Villon, dans tout ça ?
Plus de cinq siècles à remonter. Le dénivelé est rude pour le rédacteur de blogue !
07:15 Publié dans Les blogues, Sollers d'autres fois | Lien permanent | Commentaires (5)
mardi, 17 mai 2005
L'heure avec...
Longtemps que je ne me suis plus confronté avec un public de lecteurs.
Cet après-midi, je me mets à craindre l'abrupt de certains aphorismes des Feuillets d'Hypnos qui n'ont pas la durée de diction nécessaire pour atteindre le profond d'une écoute.
Un peu benêt de me reconnaître une tension qui serait le "trac".
Et c'est bien le temps de lecture que j'appréhende.
Le silence ? Fécond ? Dubitatif ? Ennuyé ?
L'échange irriguera le penser, libérera le souffle.
Il faut repousser le quai du pied. Avec fermeté !
15:55 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 16 mai 2005
De l'un à l'autre
Lecture oscillante entre le vaurien, beau poète citadin qui arpente les ruelles mal famées d'un Paris insoupçonné - eh, oui ! pourquoi pas Villon en piéton de Paris - et le philosophe du maquis qui illumine avec ses réfractaires les plateaux de Haute-Provence.
L’un à écrire pour mercredi, c'est décidé : la note sur le “poète d’hier et d’aujourd’hui” s’enfante avec quelque lenteur.
L’autre, à lire. “L’heure avec...René Char" est, demain, retardée jusqu’à la tombée du jour.
L'un
Puisque mon sens fut à repos
Et l'entendement desmellé,
Je cuiday finer mon propos,
Mais mon encre trouvay gelé
Et mon cierge trouvay soufflé ;
De feu je n'eusse pu finer,
Si m'endormis, tout enmouflé,
Et ne peuz autrement finer.
L’autre
Je me fais violence pour conserver, malgré mon humeur, ma voix d’encre. Aussi, est-ce d’une plume à bec de bélier, sans cesse éteinte, sans cesse rallumée, ramassée, tendue et d’une haleine que j’écris ceci, que j’oublie cela.
Hommes d’écriture !
23:40 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 14 mai 2005
La virée de Gascogne
D’Agen vers Meilhan, quelques heures sur les rives de la Baïse à Nérac.
Ombre de la grande dame que fut Jeanne d’Albret, femme de refus, fine lettrée et “parpaillotte” convaincue .
J’ai rangé la voiture près de l’hôtel de Sully.
À propos ! Montaigne poussa-t-il ses chevauchées jusqu’aux terres de Nérac pour rencontrer son ami Henri de Navarre ? La Margot, la reine belle, y séjourna-t-elle ?
Je me fais ainsi mon cinéma de cape, d’épée et de... littérature.
De Meilhan à Dax, avec quatre pots de foie gras, de magrets et un de basilic, dans le coffre, nous avons roulé dans l’enchantement embaumé des acacias en fleurs.
Dax est donc la plus grande ville d’eaux, au moins par le nombre d’établissements thermaux. Dix-sept, du plus "romain" au plus rococo en passant par le pur "art-déco" de l'hôtel Splendid.
Nous ne venions point pour prendre les eaux, quoique Nicléane en tirerait des bénéfices certains. Nous y venions pour revoir une “vieille amitié”, Am. qui, abandonnant les images et l’Éducation populaire, s’est campée, depuis dix ans, derrière les fourneaux. Et admirablement !
À quelques pas de la cathédrale, allez aux "Champs de l’Adour". Am et Ch, son amie méritent largement le Guide du Routard, le Gault et Millau qui sont affichés. C’est mieux que bon et c’est beau.
Nous, nous y étions pour la chaleur d’un ancien compagnonnage.
Francis Jammes n’est pas très loin et la Chalosse, un pays lumineux en ce mai. Curieusement son nom m’évoquait autre chose qu’un sentiment géographique ; mais c’était obscur dans ma mémoire. Ça s’est vite clarifié quand, après une escapade vespérale, nous sommes rentrés à Dax en traversant ... Saint-Vincent-de-Paul.
Eh oui ! Monsieur Vincent de Maurice Cloche, le Pierre Fresnay inoubliable, humble curé interpellant en leurs logis les riches nobles, réfugiés à la Décaméron, pour échapper à la peste, ou aumônier des galères royales soignant les galériens. J’aimerais bien le dvd ; Cloche n’était sans doute point grand cinéaste, mais j’ai souvenir de beaux plans en noir et blanc. C’était mon premier vrai film et mes premières larmes cinématographiques : les Frères de Ploermel veillaient à notre complète éducation. Ce devait être en 1947.
Fortuitement, dans le Libé-livres de ce jeudi 12 mai, Pierre Guyotat parle de quoi ? De Vincent de Paul déclarant à la fin de sa vie “Je n’ai rien fait”. Guyotat conclut l'entretien avec le journaliste :« Il faut donc se dépouiller un peu plus à chaque action, jusqu’au rien. Ce que vous avez fait est annulé par ce que vous devez faire encore. »
J’apprécie ces rapprochements fortuits.
“Qui paraissent fortuits” écrit Borgès.
15:05 Publié dans les voyages | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 12 mai 2005
Cap-de-l’Homy, fin de matinée
« À l’Océan ! ». Ainsi disent-ils, ceux du Bassin d’Arcachon.
Faible brise de suroît. Les oyats frémissent à peine au sommet de la dune.
Petite houle qui déferle à l’infini.
Immensité de la plage.
Dans le sud, un pêcheur et ses trois cannes de surf-casting, longues antennes à peine visibles.
Tout au nord, sur un spot plus animé de vagues, deux surfeurs.
En face de moi, à la limite de l’écrasement de la vague, quand l’estran est encore miroir, quatre enfants jouent.
De la dune, deux belles en paréo descendent, elles s’éloignent. Vers les surfeurs.
À mi-chemin, s’arrêtent, étendent leurs serviettes de bain.
Glissent les paréos.
Elles sont nues !
19:15 Publié dans les voyages | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 09 mai 2005
Le blogue encore bancal
Depuis hier, virée d'Aquitaine...
Noémie et Célia ont repris la rue de l'école !
Le blogue va se faire brinquebaler au hasard des connexions, chez les amis.
Agen, Meilhan, Dax, La Hume, Carbon-Blanc.
J'aime bien "revisiter" la forêt landaise.
Soirées chaleureuses en perspective au "Cœur de Ptah" et chez Er Klasker. Les Médoc et autres Graves vont teinter les veillées et ce foutu projet de constitution européenne animer les vieux cerveaux militants de naguère et... d'encore aujourd'hui !
06:35 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 08 mai 2005
Cet autre 8 mai 1945
« Ils feront un arrêt ému à Sétif. À la gargote, Rabéa et Saïdi s’entretiennent longuement en arabe des événements de 1945. Quelle famille de l’est algérien n’a pas été concernée par ces massacres ? Lors d’une de leurs toutes premières rencontrées, Rabéa lui a dit la mort de son père, tué lors d'un assaut à Monte-Cassino. De sa mère, éventrée à Aïn-Malah, un village proche d'ici. Mais elle ne s’est point étendue, elle a très vite parlé de son grand-père.....
Près de soixante après, que demeure-t-il de cette atrocité ? Quelques livres sur les massacres coloniaux. Qui a encore douleur de ces morts ?
Sétif, Guelma et Kherrata, Perigotville et Fedj-Mezzana, Pascal et Colbert, Saint-Arnaud et Villars, Millésimo et l’horreur des fours à chaux d’Héliopolis !
On discute l’arithmétique du massacre.
Mais ce qui importe c’est mémoire du sang paysan, le sang artisan, le sang des jeunes et des vieux.
Ce qui importe, c’est mémoire de la paysanne au ventre doublement ouvert et souillé.
À cette époque,il n’a lu que les pages de Nedjma.
« Lakhdar et Mustapha quittent le cercle de la jeunesse, à la recherche des banderoles.
Les paysans sont prêts pour le défilé,
– Pourquoi diable ont-ils amené leurs bestiaux ?
Ouvriers agricoles, ouvriers, commerçants. Soleil. Beaucoup de monde. L’Allemagne a capitulé.
Couples. Brasseries bondées.
Les cloches.
Cérémonie officielle ; monument aux morts.
Contre-manifestation populaire.
Assez de promesses. 1870. 1918. 1945.
Aujourd'hui, 8 mai, est-ce vraiment la victoire ?
Les scouts défilent à l’avant, puis les étudiants.
........................
L’hymne commence sur des lèvres d’enfants :
De nos montagnes s’élève
La voix des hommes libres...»
Il en sait quelque chose de ce 8 mai 1945, Yacine, il y était. Au commencement, les “arabes” ne fêtent, eux aussi, que la Victoire ; mais “on” leur a fait des promesses, non ?
Leur faute, impardonnable, il est vrai, puisqu’ils vont être massacrés pour ce geste - c’est de déployer des drapeaux “algériens”, le Croissant et l’Étoile dessinés sur un fond mi-vert, mi-blanc par le leader indépendantiste, Messsali-Hadj !
La responsabilité devant l’Histoire se dilue jusqu’aux seconds couteaux : Achiary, Butterlin, Abbo et d’autres. Soit. Mais encore !
Le Grand Libérateur qui est l’Intouchable, a su, lui ! Il n’a rien dit !
Comme s’est tu son vice-président du Conseil, un certain Maurice Thorez ! Comme s’est tu un certain Tillon son ministre de l’Air ! Comme, dix-sept ans et cinq jours plus tard, en pérorant sur le balcon entouré de ceux qui, trois ans et quelques jours plus tard allaient lui chier dans ses bottes de cavalier du grand destin : sur la torture, il savait encore et il ne dit toujours rien.
Il changeait seulement de point de vue sur l’Histoire.
Comme Charonne et ses empalés, ses noyés, ses écrasés, ses étouffés par son préfet de police de Paris, Papon.
Le pesant silence de ses Mémoires.
Dix ans plus tard, en août 1955, - faut-il là aussi discuter l'arithmétique de l'horreur -l’odieux Zighout Youcef, en commandant les atrocités de Phillippeville, d’Aïn-M’lila ne fera que volontairement creuser l’amère fosse de cadavres qui séparera pour longtemps les deux communautés ........»
Les lignes ont été écrites en 1995. Beaucoup de chemin parcouru depuis dix ans.
Ma lecture de Nedjma en 1958 est très succincte ; il ne s’agit que de quelques extraits, publiés dans le n°7/8 de la revue ESPRIT qui propose, en 1958, un panorama du Nouveau Roman.
À Sétif, ce 8 mai 1945, Kateb Yacine, non seulement y était, mais il fut arrêté, interné, torturé. Il suffit de relire les pages 57 à 60. Avec grande pudeur, Kateb s’efface derrière le personnage de Lakhdar.
Je l’avais rencontré, par hasard, au printemps 1965, dans un café “maure” de Sédrata. Je menais un recensement sur les enfants du coin, qui avaient sauté sur les mines de la ligne Morice. Je lui avais confié l’influence profonde que Nedjma et le Cadavre encerclé avaient eue sur mon parcours algérien. L’après-midi de ce jour-là, il m’emmena visiter le site de Khémissa. Nous nous entretînmes longuement de Augustin de Taghaste, de Dihya Al Kahina. Le Nadhor, lieu mythique du roman, est voisin de ces ruines qui gardent traces fabuleuses de la culture romano-berbère.
En nous quittant, nous nous donnâmes une longue accolade.
Cette année, l’ambassadeur de France en Algérie aurait fait “amende honorable”, à Sétif même.
Ce ne sera pas, cependant, toujours aisé d’enseigner la mission civilisatrice de la colonisation !
En 1960, ils n’étaient que quelques-unes, quelques-uns, à tenter de combler l’amère fosse.
La pourvoyeuse des maquis “fell” et l’ancien commando de chasse, en “ennemis complémentaires” et amants, commençaient de la combler à leur manière.
Nous nous sommes tant aimés !
Quatre ans durant, jusqu’à ce que la camarde nous brise.
Post-scriptum :
• KATEB Yacine, Nedjma, Le Seuil, 1956.
• Yves BENOT, Massacres coloniaux, 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises, préface de François Maspéro, Coll. Sciences humaines et sociales, La Découverte/poche, 2001.
00:15 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 07 mai 2005
En préparant la lecture des Feuillets d'Hypnos
Préparer ma lecture des Feuillets d’Hypnos me conduit à réouvrir quelques livres publiés sur René Char.
Si, jusqu’en 1980, hors les études dans les revues, il y a peu de livres - Georges Mounin, Greta Rau et les deux Seghers (Pierre Berger et Pierre Guerre) - l’édition va accroître les titres pour la fin du siècle.
De Christine Dupouy à Éric Marty, en passant par Jean Pénard, Jean Voellmy, Serge Velay, Jean-Michel Maulpoix, Gabriel Bounoure, Paul Veyne, je retiens comme précieux les deux tomes de Jean-Claude Mathieu - La poésie de René Char ou le sel de la splendeur, chez José Corti, 1984 & 1988 - et le René Char, Traces de Philippe Castellin aux Éditeurs Évidant (sic), en 1989.
Il me semble que l’un et l’autre reçurent l’entière approbation de Char qui était pour le moins connu pour ses sautes d’humeur à l’égard des critiques universitaires.
Le René Char et ses poèmes de Paul Veyne - Gallimard, 1990 -demeure d’une grande saveur et l’humour est sous-jacent , qui laisse percevoir les tornades colériques que dut affronter l’historien et philosophe, venant du poète.
Post-scriptum : Irai-je jusqu’à présenter sur la table exposant les livres de et sur Char, le faible pamphlet de François Crouzet, Contre René Char aux Belles Lettres, coll. Iconoclatses, 1992 ? Je ne sais !
Au fait, qui est François Crouzet ?
17:45 Publié dans Char à nos côtés, les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 06 mai 2005
...de ceux qui refusent !
“À l’Ouverture le troubadour. Villon est sur les lieux....”
René Char, Page d’ascendants pour l’an 1964
Une lecture proposée des Feuillets d’Hypnos pour le mardi 17 mai m’accapare et voilà comment un des premiers grands révoltés de notre langue s’efface devant un de ses héritiers en refus.
S'ajoutent deux tendres petites canailles qui accaparent le petit Mac à la pomme croquée : Noémie et Célia, entre le Pirate des Caraïbes, la vie est belle, l'Odyssée de l'espèce, ne me laissent pas le moindre petit coin d'écran !
J'invite les lectrices et lecteurs de mon blogue à cette lecture des Feuillets d'Hypnos ; leur oreille attentive, bienveillante et critique me sera la bien venue.
19:40 Publié dans "Poètes, vos papiers !" | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 03 mai 2005
Bouguenais bouquine
D'autant que les lecteurs sont nombreux et que s'ils se mettent tous, ou seulement 10 % d'entre eux, à ouvrir des blogs pour décrire leurs impressions, comme ça commence à se faire, de cette façon ou d'une autre, les auteurs ne sauront bientôt plus où donner de la tête. Au long règne d'un verbe à sens unique, allant des auteurs globalement satisfaits de s'exprimer vers des légions de lecteurs muets, que représentaient ou que dirigeaient des journalistes prescripteurs, succède peut-être l'ère d'une nombreuse parole à double sens, qui permet aux auteurs de devenir lecteurs de leurs lecteurs, pour le meilleur ou pour le pire. Selon leur tempérament, certains auteurs entreront dans la danse, d'autres se tiendront à l'écart, certains s'en amuseront, d'autres seront aigris. Un petit googlage sur un ouvrage sorti le mois précédent et on aura deux cents références de blogs plus ou moins réticulés entre eux, derrière lesquels viendront les modestes articles du Monde, de Libération, de L'Humanité, dont certains auront déjà disparu des pages visibles parce que devenus payants...
Alors, délirant récit d'anticipation ou projection raisonnable ?
Berlol - 3 février 2005
http://www.u-blog.net/berlol/note/345
Eh bien ! les lectrices et lecteurs de la médiathèque Condorcet de Bouguenais entrent dans l’ère du “délirant récit d’anticipation ou dans le projet raisonnable”.
Un blogue collectif vient de s’ouvrir avec l’espoir qu’autour gravitent le plus possible de blogues personnels.
Des années s’est posé le problème : comment donner la parole au lecteur ? Comment la faire entendre ?
Depuis deux ou trois ans, s’ébauche, à travers les blogues, ce possible !
“Pour le meilleur ou pour le pire” souligne Berlol.
Il est certain que vont se côtoyer, que coexistent déjà, deux ordres de valeurs : la lecture du consommateur dans l’ordre des goûts irrationnels et la lecture du connaisseur dans l’ordre des jugements motivés.
Les lectrices et lecteurs de Bouguenais sont, et en leur for intérieur, et dans leur petite communauté d’échange, confrontés à cette tension.
23:10 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 24 avril 2005
Vous dites "coopération décentralisée" ?
Fin de semaine active, pluvieuse, autour de notre jumelage avec les amis sénégalais et allemands.
Ils sont venus nombreux de Ginsheim. Les représentants des dix villages de la communauté rurale de Baalu étaient là.
Coopération, assistance technique, aide humanitaire, soutien caritatif... Tiers-Monde, sous-développement, en voie de développement, Nord-Sud... Plus récemment, mondialisation, développement durable, commerce solidaire... Dans le tohu-bohu des vocables, le simple citoyen, parfois, s’égare.
Et quand il s’engage dans des actions de coopération décentralisée, il plonge dans l’ambiguité des sens et les tensions des rapports humains. Et lui parait bien lointaine l’image idyllique qui est parfois celle que beaucoup se faisaient des jumelages entre villes, relations chaleureuses qui s'agrémentaient de banquets, vins d'honneur et autres voyages d'agrément.
Il y a une belle tension dans le titre un tantinet audacieux de notre lettre d’information, que nous faisons paraître depuis deux ans : Bouguenais Sans Frontières.
Bouguenais, affirmation d’une géographie minuscule.
Sans frontières, élargissement aux dimensions du vaste monde. Le coin de terre et la planète. Le local et le mondial.
Et nous prétendons faire. Et faire avec d’autres ! Des Allemands, des Sénégalais, des Roumains. Depuis peu, des Palestiniens, des Nicaraguayens.
Mais faisons-nous avec ? Ou faisons-nous pour ?
Il est vrai que la coopération décentralisée a rapproché le simple citoyen du vaste monde. Cette nouvelle proximité entre communautés nous donne liberté de nous organiser selon nos propres modes, la capacité de suivre les actions décidées dans la mouvance et la transformation. Échanges, soit ! Mais aussi confrontations de nos comportements, de nos modes de pensée et façons d'agir.
Nous revenons de loin, d’un passé lourd de violence, de conquête. Quelles traces encore en chacun d’entre nous ?
Mais se dessine sur ce vieux monde, l’émergence de communautés qui se bâtissent sur le désir commun et l’entente, plutôt que sur le pouvoir et la domination.
En balbutiant, en réfléchissant, en philosophant, nous tentons ensemble de faire.
Au délit de faciès, substituons donc l’exigeante philosophie du Visage de l’autre que dessinait Emmanuel Lévinas, philosophie qui requiert ma responsabilité dans la rencontre avec autrui.
« Ne pas déplorer, ne pas rire, ne pas détester, mais comprendre. », écrivait Spinoza, autre vieux philosophe, en un temps tout aussi chaotique que l’actuel.
Décidemment, nous n’en sortirons pas indemnes !
17:40 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 22 avril 2005
Pêle-mêle
Hier matin, sur la Vilaine, quelques minutes avant le lever du soleil, un étonnant concert dans le paysage sonore animé par les mésanges, les merles, les pouillots et autres rouges-gorges : rive droite, le chant du coucou - ce qui devient habituel en ces jours de printemps -, mais en écho, rive gauche, le hululement d'une chouette et plus à l’ouest, sourd, modulé sur deux notes, le hou-ho allongé d'un hibou.
Chants sur deux notes amplifiés par la voûte des pinèdes au sommet des collines. "Kan an diskan" étonnant !
Comme un rendez-vous de la lune et du soleil, comme un mariage de la carpe et du lapin. Mais la Vilaine, en son nom même, n’est point à un oxymore près ! Alors les chants du hibou et du coucou ?
Le blogue négligé ! Depuis six mois, je n’ai pas encore pris le rythme - ou l'ascèse - d’une écriture quotidienne.
Et pourtant pas mal de points à aborder :
• François Villon qui se redessine, mais lentement, dans la tête du lecteur adolescent , car ardu est le déchiffrement de sa langue. Nous nous éloignons à grands pas de notre possibilité de le lire. L’écart est moindre avec la belle Louïse Labé et l’ami Montaigne.
• Poursuivre avec Florence Trocmé l’échange sur écran et paragraphe : je lui écrivais que je souhaitais revoir mes "techniques" pour les Poètes d'aujourd'hui : des notes trop longues dans ce "volumen" vertical que nous impose la Toile me paraissant à la limite du mémorisable, donc du lisible. C'est une interrogation que j'ai portée avec d'autres depuis la fin des années 80. Elle m'est toujours question, mais je l'ai souvent oubliée, que ce soit sur le site, que ce soit sur le blogue, emporté par le trop vouloir dire tout.
Dans l'écrit-papier : une idée principale : un paragraphe.
Sur la Toile : la même idée, un écran ?
Dans Poézibao, elle me semble approcher la forme la plus efficace.
Nous devons poursuivre l’échange.
• Revenir avec plus de nuances sur mon approche des contenus du livre de Benoît Desavoye, Les blogs, nouveau média pour tous ; mais les traitements, typographique et orthographique, m’avaient fait sortir de mes gonds critiques.
• Néanmoins, il me faut rétablir une donnée historique : j’avais nommé Loïc Le Meur “l’homme de U-Blog” ; un commentaire fort pertinent et incisif d’Aurora rappelle que c’est à Stéphane Le Solliec qu’il faut attribuer la création de U-Blog. Aurora est l’un(e) parmi les grands témoins de l’émergence des blogues en France.
Avec la "webcaméra" de François Bon et le blogue de Berlol, sa lecture, fortuite dans une quête sur des sites consacrés à René Char, m’incita enfin en octobre 2004, après plus de six mois d’atermoiements, à publier mes premières notes.
• Enfin, pour préparer le Grand voyou - après Rimbaud, n’est-ce pas ! :
Je suis François, dont il me poise,
Né de Paris, emprès Pontoise,
Et de la corde d’une toise
Saura mon col que mon cul poise.
François Villon
Quatrain qui précède sa célèbre Épitaphe.
Mais ce n’est point encore cette fois-là qu’il fut pendu !
16:05 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 15 avril 2005
Un non au "oui ou non" !
Rencontre, ce soir, chez Ja. et Se., entre des citoyennes et citoyens de tous âges. Je devais être le doyen et il y avait un bébé au biberon. Le passé et l'avenir européens, quoi !
Hors partis. Presque hors institutions ! Belle et civique initiative, mes voisins !
La plupart diront NON ! Je regrette que nous n'ayons d'autre alternative que ce OUI ou NON.
Affirmer ce non au "oui ou non", c'est déclencher l'hilarité devant ce qui est entendu comme une confusion et se faire renvoyer à l'abstention ou au vote blanc.
Quelles lenteurs dans l'avancée démocratique et la recherche de nouveaux modes d'expression et de participation ! À quand l' AGORA du XXIe siècle ?
Le 12 mars dernier, dans la Carrière de Saint-Herblain, Yves Salesse, de la fondation Copernic, évoquait les cahiers de doléances de nos ancêtres qui préparaient 89. Nos députés "marchetons" de Bretagne, Anjou et Poitou avaient des "assises" autrement plus actives et populaires que les débats(?)starisés sur les écrans de certaine entreprise de décervelage (Coca-Cola et Chirac, même étal !).
Pour celles et ceux qui connaissent bien la vie associative, pour ce référendum de mai, j'ai l'impression de me trouver dans une assemblée générale où l'on propose à des citoyens de créer une association avec des buts, des objectifs, des valeurs ; mais le vote ne s'exercera point sur les statuts définissant ces trois termes, mais sur le seul règlement intérieur... présenté, qui plus est, par le... trésorier pressenti de la future association.
Debray avait cent fois raison : nous n'affirmerons pas notre "foi"- l'Europe - en votant sur une procédure - un traité.
Je n'ai pas regardé la télévision, jeudi soir ; à Angers, Gi. donnait sa chorégraphie "Écrin" avec les étudiant de l'École supérieure de danse contemporaine en fin d'année de formation.
Rupture et dialogue qui résonnent d'un corps à l'autre.
Gi. et Patrik avaient pris l'argument dans Cool Memories de Jean Braudrillard :
« On se consume de passion, mais on se nourrit d'obsessions. L'obsession est la forme alimentaire de la passion. »
Un parfait Savennières 2002 a clos la soirée, chez Th. et Lo.
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jeudi, 14 avril 2005
Sans
Le commentaire de Kate, émue par la Prière de Jammes, une écoute trop sélective de Répliques, samedi dernier, sur une écologie chrétienne me donnent envie d'aller relire les écrits animaliers du cher Béarnais barbu.
À la lumière de cette thèse, il me faudrait aussi relire l'activité dérisoire - les sessions de Lösung - que Coetzee fait, dans Disgrâce, accomplir à Lurie au service d'une société sud-africaine de protection des animaux.
Sans doute, mais à mille lieues des relations cruelles que nous entretenons avec nos amis les animaux et végétaux, l'abandon et la condamnation des non moins atroces rites - excision et circoncision - offrandes du sang humain au mythe de Gaïa, la terre-mère, me font reconsidérer la religion de mon enfance avec une certaine indulgence !
Des dieux au dieu... chrétien, y aurait-il eu quelque humaine avancée ?
Qu'en pensait Démocrite ? Épicure ? Spinoza ?
Plane l'ombre bienveillante de François d'Assise.
Et se fait entendre l'amical haïku de Bourdailly !
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mardi, 12 avril 2005
Francis Jammes
C’est le vingtième livre de la collection “Poètes d’aujourd’hui” ; il paraît en 1950. Pierre Seghers a sollicité Robert Mallet qui a soutenu deux thèses sur Jammes,
pour un doctorat ès lettres : Francis Jammes, sa vie, son œuvre, la thèse et le Jammisme, la thèse secondaire.
Le bouquin de chez Seghers doit être à l’image des thèses : solide, bien documenté, universitaire.
Pour la biographie, quelques soixante pages ; puis une approche des grands thèmes “jammiens” : la nature, les animaux, les humbles, la jeune fille, le passé, l’exotisme ; les dix dernières pages sont consacrées au style et à la prosodie.
Les dernières lignes sont toujours d’actualité et pourraient être une invite à l’endroit de beaucoup de poètes contemporains “édités” :
« Il ne se rattache à aucune lignée, il n’en provoque aucune... Il captive les tempéraments littéraires les plus opposés par son absence de littérature. Il est en dehors des modes. C’est pourquoi il ne se démodera pas. »
Les cent dernières pages sont le choix des poèmes qui couvre l'ensemble des œuvres de 1898 à 1937.
Robert Mallet écrira une préface en 1967 pour introduire sans doute une réédition du Deuil des primevères chez Gallimard ; cette préface sera reprise pour le même recueil édité en 2000 dans Poésie/Gallimard. L’approche n’a guère variée depuis les années 50. Le Recteur Mallet est un homme sérieux qui atteint, au terme d'une longue carrière de recteur, de poète et d'écrivain, les sommets de notre Éducation nationale
Plus incisive est la préface de Jacques Borel au premier recueil, De l’Angelus de l’aube à l’Angelus du soir, toujours dans la même collection en 2003.
Un audacieux rapprochement avec Guillevic et Francis (!) Ponge, quant aux “objets du monde”. Et le suranné de “la jeune fille Nue” va s’effacer pour une musique où la présence et l’absence, la tension du désir et l’impossible retour, la sensualité chaude et vive et l’inconsolable déchirure nous proposent une lecture actuelle de Jammes. Rejoignant Mallet, Borel l’écrit d’emblée :
«... Encore pour être démodé, faut-il avoir été à la mode : Francis Jammes ne le fut jamais. »
La jeune fille
La jeune fille est blanche,
elle a des veines vertes
aux poignets, dans ses manches
ouvertes.
On ne sait pas pourquoi
elle rit. Par moment
elle crie et cela
est perçant.
Est-ce qu’elle se doute
qu’elle vous prend le cœur
en cueillant sur la route
des fleurs ?
On dirait quelquefois
qu’elle comprend des choses.
Pas toujours. Elle cause
tout bas.
« Oh ! ma chère ! oh ! là là...
... Figure-toi... mardi
je l’ai vu... j’ai rri. » – Elle dit
comme ça.
Quand un jeune homme souffre,
d’abord elle se tait :
et ne rit plus, tout
étonnée.
Dans les petits chemins
elle remplit ses mains
de piquants de bruyères,
de fougères.
Elle est grande, elle est blanche,
elle a des bras très doux.
Elle est très droite et penche
le cou.
Un déhanchement du vers à la Verlaine qui fait l’inimitable Jammes qui n’imita jamais Verlaine.
Verlaine, Claudel et lui : trois racines du rhizome chrétien pour passer du XIXe au XXe siècle. Gide fut son ami et Mauriac comme un disciple.
Les jeunes filles de 2005 aux nombrils nus ne sont plus vêtues de percale et de mousseline, mais elles ont des grâces dans leurs rires et dans leurs blogues, grâces que n’eût point désavouées le vieil homme à longue barbe qui ne fut jamais élu à l’Académie française, qui refusa la Légion d’honneur et qui mourut un 1er novembre de l’an 1938, au Pays Basque.
Prière pour aller au Paradis avec les ânes
Lorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis,
car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon Dieu.
Je leur dirai : Venez, doux amis du ciel bleu,
pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille,
chassez les mouches plates, les loups et les abeilles...
Que je Vous apparaisse au milieu de ces bêtes
que j'aime tant, parce qu'elles baissent la tête
doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds
d'une façon bien douce et qui me fait pitié.
J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles,
suivi de ceux qui portèrent au flanc des corbeilles,
de ceux traînant des voitures de saltimbanques
ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc,
de ceux qui ont au dos des bidons bossués,
des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés,
de ceux à qui l'on met de petits pantalons
à cause des plaies bleues et suintantes qui font
les mouches entêtées qui s'y groupent en rond.
Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je Vous vienne.
Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent
vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
qui mireront leur humble et douce pauvreté
à la limpidité de l'amour éternel.
Tout Jammes est là : les ustensiles du monde, le bestiaire, les humbles, le végétal, les jeunes filles, les anges et dieu !
Prenez de Jammes ce que bon vous semble.
Post-scriptum :
Dans la collection Poésie/Gallimard, trois recueils :
• Francis Jammes, De l’Angelus de l’aube à l’Angelus du soir, préface de Jacques Borel.
• Francis Jammes, Le Deuil des primevères, préface de Robert Mallet.
• Francis Jammes, Clairières dans le ciel, préface de Michel Décaudin.
Sur la Toile :
Le site officiel (!)
http://www.francis-jammes.com/
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