mercredi, 12 octobre 2005
Enfin, la pluie
Depuis ce matin, six heures, la pluie !
La pluie, école de croissance, rapetisse la vitre par où nous l’observons.
René Char
Encart
Le chien de cœur
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mardi, 11 octobre 2005
Un an déjà
Faut-il en tirer quelque bilan ? Où en est le phalanstère internaute souhaité ?
Peu importe !
Il y faut patience, lenteur. Chez les compagnons, il est surtout question de temps.
Le temps ?
Qui cache l’ignorance de la technique informatique ? L’anxiété de l’écran blanc, comme celle de la page blanche ? Le plaisir de n’être que lectrice, lecteur ? Le refus de l’idée que les blogues, ce soient des journaux intimes, les manifestations de Narcisses adolescents qui croient mondialiser leur ego ? Le refus des expressions d’une langue qui semble se déliter en baragouins (!) phonétiques ?
Toutes interrogations - et d’autres encore - pertinentes, justifiées souvent.
Ça me plaît assez que ce mois-ci, le magazine L’HISTOIRE - que je ne lis pas fréquemment - publie un numéro sur L’écriture depuis 5000 ans, Des hiéroglyphes au numérique.
Ce n’est qu’un magazine de vulgarisation, pas une revue d’études, mais il permet de lire des penseurs qu’il sera nécessaire d’aller en suite lire “dans le texte”.
Deux entretiens balisent le thème de ce numéro : le premier avec Jack Goody sur écriture et pensée et celui qui conclue avec Régis Debray sur le passage de l’imprimé au numérique, méchamment intitulé « KOI 2 9 ? L’hypersphère... ».
Des éléments sont à discuter, approfondir, dans le second surtout, quand on sait les point de vue polémiques du “médiologue”.
Je pense très fort à certains journaux ici fréquentés :
Et je cite brièvement et en mosaïque :
« L’ordre du livre, c’était d’abord l’idée de la totalité : un livre est un ensemble constitué, un ensemble clos qui s’oppose à l’ouverture du texte électronique. Il y aussi une stabilité de l’écriture qui s’oppose à la labilité, à la volatilité de l’écrit électronique...
... Un texte, c’est une unité de sens... c’est un tout, c’est “Homère”. Cela suppose une intention de sens, la transcendance d’un auteur par rapport à un énoncé.
Avec (l’)Internet, tout le monde peut intervenir sur un texte... (L’) Internet c’est le modèle de l’interconnexion, le modèle réticulaire, il n’y a pas de centre. De ce point de vue, il n’y a plus de corpus assuré ni de hiérarchie déterminée de haut en bas. »
J’invite une fois encore à la lecture de mes journaux fréquentés - colonne de gauche - le Journal Littéréticulaire de Berlol, le tumulte de François Bon, les Poétiques de JeanPierre Balpe, Bourdaily on the web. On y trouvera réflexions et expérimentations.
Ailleurs, loin des ÉCRITURES, ailleurs ! Hélas !
Invitée aux matins de France Cul sur le tragique de Ceuta et de Melilla, avec Claire Rodier, juriste membre du GISTI (Groupe d’information et de soutien aux immigrés).
Dommage que Alain-Gérard Slama, évoquant le "droit du sol", semble avoir oublié la "dette de sang" que nous devons aux ascendants de ces jeunes qui tentent le saut... avant peut-être - notre oublieuse mémoire et notre frilosité nous emmèneront-elles jusque là - de tenter l'assaut !
13:55 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 10 octobre 2005
Un dimanche en Baugeois
Invité à une promenade à travers la campagne, les bois, les ateliers et les petits vignobles, je suis entré dans cette métairie fantôme.
J'ai revu l'ami Vilbo, celui qui m'a réconcilié avec les natures mortes et ses campagnes sont à l'image des terres qui encerclent son atelier des Rairies.
À Durtal, j'ai revu l'amie Rogine Doré qui, après ses marines, explore avec la même violence des territoires qui laissent entrevoir des trouées qui mèneraient à la lumière.
Proche de son atelier, en haut d'un raide escalier en colimaçon, j'ai découvert l'œuvre d'un fascinant verrier : Serge Nouailhat. Il pratique le "fusing". Il crée des vitraux pour le Pérou et l'extrême Sibérie. Il est croyant, baroque et n'aime point trop l'austérité cistercienne de Soulages à Conques la romane.
La journée fut belle, tiède, comme alanguie. Mais n'est-ce pas inquiétant cet été de la Saint-Michel qui se rapproche trop de la Toussaint ?
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samedi, 08 octobre 2005
Mellila & Ceuta
... ou le retour à nos "jolies colonies" dont il était question dans la note du 24 septembre.
Parce que c'est bien encore la France qui est concernée.
Ces jeunes qui tentent d'envahir les enclaves espagnoles, d'où viennent-ils ?
Sinon du Mali, du Sénégal, de la Guinée, du Congo, du Cameroun !
Et par où transitent-ils ? Par le Maroc...
...D'anciennes colonies en vieux protectorat, à travers le désert, les frontières des indépendances... Sinistre balade !
Le silence de nos gouvernants ?
Ils préférent sans doute lâchement le garder et laisser les voisins espagnols se dém...der ! Ces voisins qui d'ailleurs, doivent penser certains, feraient mieux d'abandonner les enclaves...
Mais pour conseiller de se moucher, faut-il ne pas avoir de morve au nez ?...
Gunter Grass, qui se souvient, lui, déclare dans Le Monde des livres de ce vendredi passé :
« Quand je pense que les puissances victorieuses, qui ont des crimes beaucoup moins graves à se reprocher, par exemple le colonialisme, se refusent de les voir, c'est un scandale. »
Oui ! Scandale que ce silence alors que l'on renvoie au désert de jeunes hommes blessés, amoindris, humiliés.
En avril 2002, nous avions fait escale à Ceuta et naîvement pensions faire une escapade "exotique" à Tétouan, manière de revivre nos années algériennes et de humer les senteurs maghrébines.
Au franchissement de la frontière, Nicléane, violemment choquée par ces étroits couloirs grillagés qui encadraient le no man's land à touristes où nous déambulions à l'aise, a pris cette photo qui nous attira dans les minutes qui suivirent quelques ennuis avec un policier marocain.
Car il est un scandale journalier aux limites de ces enclaves : c'est le cheminement de longues files de femmes et de quelques hommes, venus des montagnes proches, lourdement chargés, qui portent, vers le Sud, pour un maigre euro, les matériels clinquants de notre civilisation industrielle.
Nous faillimes faire demi-tour !
Cependant, nous allâmes à Tétouan.
17:10 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (3)
jeudi, 06 octobre 2005
Petit labeur à propos du plus ancien des jeunes éditeurs de "jeunesse"
Journée de labeur, consacré à la préparation de la soirée autour du Sourire qui mord avec La et Br.
L'irruption, en 1976, de l'équipe éditoriale réunie autour de Christian Bruel se confirme comme un événement qui n'a pas encore eu un équivalent depuis lors.
Il ne suffit point de s'engouffrer dans des thématiques longtemps tues, sinon autocensurées, et dans des graphismes de plus en plus raffinés pour innover. Le Sourire qui mord pose les questions et offre les éléments pour que le lecteur - l'enfant, l'adulte - décide de la conclusion *.
Demain, de bon matin, je vais longer mon fleuve natal, retrouver les lieux où mon père construisait des navires et m'inscrire à l'Université permanente : à nouveau, je choisis "lire le grec ancien" et quelques heures de réflexion philosophique sur la crise du sujet, la violence et la raison ; j' y ajoute quatre jours pour éclairer le mythe d'Orphée, traversant la littérature, la musique, la peinture et le cinéma.
Mais je ne suis pas un bon étudiant, je ne rattrape pas un temps perdu ; j'étanche quelque soif en suivant au plus près le précepte :
J’étudiay, jeune, pour l’ostentation ; depuis, un peu, pour m’assagir ; à cette heure, pour m’esbatre ; jamais pour le quest.
Essais III, 3
De l'ami Montaigne, naturellement.
Et à cela, il y a une légère ivresse !
* Thierry Lenain - avec son H.B. chez Sarbacane, 2003 - est à situer dans ce courant d'auteur(e)s d'une littérature "Jeunesse" adulte !
nota-bene :
Les "bébés" sont ceux, (;-)), de Nicole Claveloux, dans Quel genre de bisous ?, au Sourire qui mord, Paris 1990.
Je leur imagine quelque ressemblance avec certains d'entre nous, tendres blogueurs dépités de la Toile !
23:10 Publié dans les diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 04 octobre 2005
Peut-on ainsi lire le même livre ? *
* Cette note est dédiée à Bourdaily on the web qui a entrepris un labeur étonnant et riche à propos du tableau de Delacroix, le bouquin d'Assia Djebar ayant, pour certains d'entre nous, suscité grand intérêt.
N-B : La première de couverture du livre édité par "des femmes" est de 1980.
14:30 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
... du décousu...*
Retour de mer, petit plaisir : une “livebox” m’attendait. Vite mise en œuvre, certes, le temps de mesurer le second petit plaisir de la rapidité d’accès aux journaux des compagnons, celles et ceux de ma colonne de gauche (!) et d’autres, des non-inscrits, ou des inscrites et inscrits, dans les colonnes phalanstériennes des susdits compagnons.
.
Certes, certes, mais le démon bidouilleur m’a fait gâcher mon après-midi du dimanche, mon écoute du “Pavé dans la mare", donc de la VIIe symphonie de Bruckner dont il était question et de la rédaction de cette gazette.
Merci aux jeunes gens de l’assistance Wanadoo. Vraiment je n’ai point à m’en plaindre ; bien au contraire. Et, vers 18 heures, le quatrième conseiller, patient et compétent, m’a permis une soirée enfin agréable.
Le bonhomme était las !
Blogue délaissé qui ressemble au jardin.
Blogueur et jardinier, c’est du compatible.
Aller en mer, jardiner et bloguer, ça le serait moins....*
Mais, mais, mes paresses et inconstances s’étalent toujours avec autant d’aisance ! Dans les petits papiers... les petits écrans... les....*
Ce matin, je vais aller marcher dans les rues de Nantes.
Question ? Toujours la même depuis cinquante ans !
Derrière quelle bannière ?
* les "..." : pensées en suspension (parfois inavouables ?), pratique fréquente chez le bonhomme.
05:25 Publié dans Les blogues | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 24 septembre 2005
à bientôt
Quelques jours de silence.
Je quitte la librairie et le jardin pour mes îles du Ponant.
Mais il y a à glaner chez les compagnons dans la rubrique adjacente des "journaux fréquentés".
13:40 Publié dans les marines | Lien permanent | Commentaires (0)
Les jolies colonies...
Les jolies colonies de la France, c'était le titre un tantinet cynique de J. B. Marongiu dans le Libé-Livres de jeudi.
Il est parfois dommage qu'il faille attendre la parution d'une étude d'historiens pour faire entendre à voix plus haute ce que beaucoup d'entre nous pensent et ce pourquoi nous militons au côté de nos amis africains.
L’occultation du fait colonial dans la mémoire collective n’est pas sans effet sur l’actuelle politique de l’immigration. D’un côté, on fait mine d’ignorer que les immigrés plus ou moins clandestins viennent des anciens pays colonisés par la France, parlent le français et pensent à tort ou à raison, que la République leur est obligée. De l’autre, la France ne veut rien savoir de ses anciennes colonies, comme si elle n’était pour rien dans les dévastations du passé et les ruines du présent. On ferme la porte à la plupart de ces immigrés et on somme les autres de s’intégrer au plus vite...
J.B. Marongiu
Libé-livres - jeudi 22 septembre 2005
à propos du livre
La fracture coloniale, La France au prisme de l’héritage colonial, Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, Éd. La Découverte.
Le Monde des Livres d'hier mentionne l'ouvrage dans sa page Essais.
Mais est-ce dit encore à assez haute voix ?
08:17 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 23 septembre 2005
Matin d'automne
Épais brouillard dans la vallée
corne de brume d'un cargo descendant l'estuaire
prairie roussie.
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jeudi, 22 septembre 2005
Grosleau gris contre Airbus
Ce n'était donc pas une rumeur.
Le monstre "Airbus" va laminer le dernier vignoble bouguenaisien. Et je n'ai entendu aucune protestation. Le domaine du Chaffault était certes un modeste vignoble. Mais son Cabernet rouge vieillissait bien ; le gosier se réjouissait d'un Gamay rosé allègre et le Grosleau gris, cet ancien "vin de maçon", qui naguère n'était donc que piquette, était devenu, par le talent de son vigneron, breuvage d'or. Et l'un des plus gouleyants de tout le Pays de Retz.
Entre les rangs de vigne, se lever et protester !
Mais contre des tonnes de métal et des emplois créés, la "dive bouteille" déjà s'est brisée.
Le futur des cépages me paraît cependant plus assuré que les ferrailles à venir.
21:30 Publié dans les civiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 21 septembre 2005
Une dette envers Assia Djebar
Hier soir, lors de "Bouguenais bouquine", j'ai proposé "Ces voix qui m'assiègent". J'ai clos par cette citation qui illumine les premières pages , dans la note "Assise au bord de la route dans la poussière" et qui fait référence à ses rencontres et son travail dans son djebel natal du Chenoua :
« Ils m'ont donné l'impatience ardente de vieillir. »
Merci, Madame !
20:00 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
Au bout des mémoires du monde
Pour Jacques Lacarrière
Même parti très loin, je ne sais
Quel est le plus réel, de ma mémoire ou de ces routes,
Quel est le vent qui pousse ce bateau,
Quelle est la mer qui pousse ces oiseaux.
Je suis arrivé près de lagunes ocrées
Où la patience des sauriens ruminait
Le long enfantement de l'homme.
Ainsi de toi, lointaine, jusqu'à moi :
Ta main est ce serpent lacustre dont le sommeil
M'attend au bout des mémoires du monde.
les nouvelles géorgiques
Chemins d'écriture
ou encore le paraphrasant
...il s'éloigne du quai. Ses gestes, dans l'horizon vindicatif, dessinent une fresque où je tente de lire une démarche sans détresse. Sur la mer, le bateau poursuit une signature inutile....
17:20 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 17 septembre 2005
Entre France Cul et têtes de gondoles
En écoutant les invités de Finkeilkraut tenter de parler de la langue, de la langue ouvrière*, je corrige ma dernière note "Humeur", ayant quelques remords quant à mes souhaits de longévité de vie à l'intention de monsieur Dantzig - à propos de son livre, recension modérément critique de P. K. dans le Monde des Livres d'hier. Dernière remarque sur son dictionnaire - et on n'en parle plus - il a repris 2 pages sur la dernière version du Nouvel Obs . Quels écrivains ont été rajoutés ? Le prix est le même !
J"ai fait mon tour des "gondoles" à l'espace culturel Leclerc voisin : amusant de voir s'affairer à l'échafaudage des piles "poches" une jeune vendeuse qui avait dû lire le Libé-livres de jeudi ; elle ressortait les bouquins "poche" de Thomas Gunzig et autre Lélu... Il paraîtrait que ces deux-là "font la peau à quinze années de roman générationnel".
Le peu que j'ai pu en parcourir ne m'a livré que de bien tristounettes sexualités.
La promotion des "poches" ne concerne point que ces deux-là : les Jauffret, Fleutiaux, Houellebecq, Nothomb, Besson, Dantec, Claudel et autres, et autres, etc. Ça envahit tout !
Il est rare, très rare, que j'achète en ces lieux que je n'utilise habituellement que comme "catalogues" ou "revues de presse" en situation. Eh bien ! Cela même ne devient plus possible. Mais pourquoi aussi s'obstiner à aller y voir ?
Là, je me suis enfui !
À "Répliques", Finkeilkraut ou Mordillat mentionnent Richard Hoggart à propos du relâché dans le parler ouvrier.
Je réouvre "33, Newport street"
« ..."Les flics ne chient pas des roses." C'est la phrase populaire type ». page 175.
Plus loin, page 215,
« Il y avait, bien sûr, des filles qui voulaient bien montrer "tout ce qu'elles avaient pour quelques sous :"Un sous pour voir, deux sous pour toucher / Trois sous pour tirer les poils du frisé" (assez originale celle-là).
Comme une sorte de gaieté face aux grisâtres "trous de balle" de Thomas Gunzig !
J'ai toujours un frémissement de plaisir quand j'entends citer des gens qui m'ont "formé" - ainsi l'autre soir au conseil d'administration de notre asssociation de coopération, Jl évoquant un "développement conscientisant" et c'est Paolo Freire qui resurgit !
Ces grands bonshommes de la culture populaire ne sont donc point oubliés !
* Débat loin d'être clos : il s'agit bien, encore et maintenant, de ce que doit être un lettré, même issu du milieu populaire, quand il "écrit" - transcrit/traduit/trahi ? -les parlers qu'il souhaite faire lire. "Répliques" m'a paru à côté de la plaque, la référence sous-jacente demeurant la langue lettrée.
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jeudi, 15 septembre 2005
Humeur
La forfanterie de monsieur Dantzig* m’amuse et m’emmerde. Du moins, avec le peu que je puisse en lire dans ce qu’il livre aux journalistes, Pierre Lepape, Didier Jacob et autres... Lecteur à 7 ans de Verlaine, de Baudelaire à 10 ans ? Fichtre ! Quel lecteur !
Je ne suis point fils de lettrés et ma grand-mère lavait, aux bords de Vilaine, le linge sale des nobles de sa paroisse. À 7 ans, je lisais le Général Dourakine, à 10 ans, le Dernier des Mohicans, Les Chasseurs de loups, Cœurs vaillants et la semaine de Suzette, à 11 ans - et c’était un exploit - La Reine Margot.
Il m’amuse quand il renvoie Claudel - que j’aime - à la fonction de grand emmerdeur... Saint-John Perse - que j'aime aussi -aux pompes... et Sade - que je n'ai jamais été foutu de lire sans en avoir les poils hérissés - à "l'un des romans les plus mal écrits de la langue française"
J’irai le lire - je n’achèterai point - j’irai le lire en l’empruntant, même pas en le volant. Je le lirai cependant avec quelque doute sur ses capacités de lecteur.
À cause de cet aveu :« Ce sera pour ma vieillesse, Montaigne. Huit fois j’ai décidé de lire les Essais ; allez, cette fois-ci, en entier jusqu’au bout ! Huit fois, j’ai abandonné, la plus longue après deux cents pages. Il ne me parle pas beaucoup ; ou je ne l’entends pas beaucoup. Pour tout dire, il m’emmerde.»
Je doute, que, vieillard, s’il y parvient, il puisse lire Montaigne de telle manière** !
À la neuvième tentative, lui restera-t-il assez de jours, pour franchir le cap - pour lui, fatidique - du chapitre XXXI, Livre I, page 202, de l’édition aux Presses universitaires de France ?
Qui contient, page 205, cet admirable passage :
Or, je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage...
Sans doute devrais-je appliquer ce sage et tolérant principe “montaignien” à ma propre lecture de monsieur Dantzig !
* Dictionnaire égoïste de la littérature française, par Charles Dantzig, Grasset, 968 pages. Ça a un prix, quoiqu'en dise Jérôme Garcin : 28,50 €. (À noter que le bouquin fait 1 000 pages dans le Magazine littéraire et qu'il se réduit à 968 dans le Nouvel Obs. Trente-deux pages à la trappe !)
** Il eût fallu conseiller à monsieur Dantzig de lire "à sauts et à gambades" le chapitre 3, du Livre III du dit Montaigne, pp. 818 à 829, dans l'édition précédemment citée. Il a 44 ans, dit-on ! J'étais un bien mûr quinquagénaire, quand je découvris cette "clé". Peut-être, n'est-ce pas, pour lui, trop tard ?
15:20 Publié dans les lectures | Lien permanent | Commentaires (1)