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jeudi, 30 décembre 2004

Pour Susan Sontag

Susan Sontag, à propos de Roland Barthes :

«....Barthes partage les écrivains entre ceux qui écrivent quelque chose ( ce que Sartre désignait par écrivain), et les écrivains véritables, qui n’écrivent pas quelque chose, mais qui, simplement écrivent. Ce sens intransitif du verbe écrire, Barthes ne l’assume pas seulement comme source de la félicité de l’écrivain mais aussi comme modèle de la liberté.
..................................................................................................................................................
Chez Barthes, la célébration de l’écriture comme activité gratuite, libre, est en un sens une attitude politique. »

in l’écriture même : à propos de Barthes.

Avant-hier soir, 28 décembre 2004, à 18 heures, la radio annonçait la mort d’une Grande femme.

08:20 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 28 décembre 2004

Pensées déçues

Certes, il y avait une tendance à la prolifération d’écrits et ça se disséminait, parfois, se répétait.
Avec La philosophie féroce, Michel Onfray ne se répète plus, il se répand. Et malgré le titre, ces exercices, pompeusement qualifiés “anarchistes”, se dissolvent dans le vinaigre et guère dans la pensée. Dommage !

Il y a dix ans déjà, un jeune philosophe qui m’avait ébranlé avec son Traité du désespoir et de la béatitude, commençait à se répandre dans des opuscules traitant de l’amour, de la solitude, des vertus, de tout et de rien. André Comte-Sponville devenait “in”. Dommage !

Dommage pour le lecteur !
Pression de l’éditeur ? Euphorie de la publication ? Orgueil d’occuper les têtes de gondoles ?
On a grande envie de leur écrire : « Hâtez-vous lentement ! »
Je les aime bien. L'un et l'autre. Et contradictoirement.

J’avais apprécié, il y a plusieurs mois, leur présence sur le petit écran, alors qu’y était aussi invité un certain Tariq Ramadan. Lequel se tint quasi coi devant les deux penseurs aux fines lunettes, qui, se tirant entre eux deux une gueule pas possible, pensèrent cependant avec efficacité contre le radoteur islamiste.
Ce soir-là, l’écran fut d’autant plus savoureux que, quelques minutes plus tard, surgissait un troisième penseur, Alain Finkielkraut, accompagné d’un quatrième, Peter Sloterdijk. De plus en plus coi, le Tariq !
La Pensée contre la Foi ! Vains dieux !
L’archange Gabriel n’osa même point venir au secours du “croyant”....

Pour panser mes pensées déçues, le Nouvel Obs m'envoie un hors-série sur 25 grands (!) penseurs du monde entier. C’est “mon” petit père Conche - lui ne m’a jamais décu - qui clôt avec la nécessité d'aménager son “pensoir intérieur”.
Tonneau pour Diogène, jardin pour Épicure, “librairie” pour Montaigne qui, lui, sans hésitation se ménage - s’aménage - une arrière-boutique !

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Le coin-lecture de Montaigne : son arrière-boutique ?

Des routes à suivre, entre et pendant les navigations de 2005 !

dimanche, 26 décembre 2004

Raser(!) la Coupole ?



"Au fil de l'O", dans son blogue du jour, mentionne qu'on se poile sous la Coupole.
Songeant à cette institution, c'est toujours Les Assis, le poème de Rimbaud qui me revient :

Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales
Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever
........................................................................
— Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.


Dans le Nouvel Obs de cette semaine, et toujours à propos de cette foutue fondation du Cardinal,- que l'ordre règne sur les mots pour régner dans les têtes - Garcin cite le "grand Vieux"*, Louis Poirier :
« Il n'y a aucune raison d'être contre — il suffit d'être, bien entendu, dehors. On peut s'amuser de la parade de la relève à Buchingham Palace sans vouloir pour autant s'engager dans les Horse Guards. »

Décapant, le nonagénaire des rives de Loire !

* C'est ainsi que les Chaouias nomment leurs Sages.

vendredi, 24 décembre 2004

La nuit dite la plus courte

Ce fut sans doute la nuit du 21 au 22 décembre.
Depuis le soir du 22, s'accroit la lumière solaire, mais s'amincit le temps pour la contemplation des étoiles.

Bon retour à la lumière !
Cependant.

« Le seul qui existe, c'est le rêveur. » dit Borgès.
Cet homme ne voyait déjà plus ni soleil, ni étoiles.

Alors ?

jeudi, 23 décembre 2004

Scriptorium et pixophotos

Deux jours de compagnonnage autour de "l'hénaurme" logiciel Photoshop qui risque d'entraîner les humbles artisans dans des tourbillons d'effets et de filtres dont se sont entichés déjà les graphistes et les imprimeurs, les truqueurs et les "paparazzi", les bloggueurs de talent et les bricoleurs sans génie. Sans doute, nous éloignons-nous de la photographie pour aller gaiment vers les "pixophotos" comme les nomme A, ce diable d'homme qui meuble ses disques durs de plus de ...... Combien déjà ?

Il sera bon, parfois, de recourir à l'austérité nue des ancêtres de l'argentique.

Les repas du phalanstère n'avaient rien, eux, de la frugalité monacale : pot-au-feu aux quatre viandes et chorba algérienne, variations patissières sur nos pommes d'Ouest. Je ne mentionnerai point les vins. Pudiquement.
Le soir, après les images et les écrans, fraternelle et sororale (!) guérilla grammairienne autour des incorrections et/ou figures de styles qui parsèment le manuscrit d' "Algériennes".

J'ai longtemps rêvé de longs et paisibles labeurs aux pupitres d'un scriptorium informatisé. La petite salle communautaire de Sainte-Luce avec ses dix ou douze ordinateurs en était un timide aperçu.

Merci , compagnes et compagnons !

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le scriptorium de l'abbaye du Mont Saint Michel

Post-scriptum :
Bonne nouvelle, à l'été 2005, pas très loin, presque dans l'ombre de l'abbaye normande, se tiendra le colloque sur l'Internet littéraire francophone. Du beau linge sur la Toile ! Poètes, chercheurs, professeurs,maitres de sites ! Du 13 au 20 août 2005 à Cerisy-la-Salle.
À consulter

http://www.berlol.net/ILF2005.htm

dimanche, 19 décembre 2004

Sans titre

« N'aimez pas l'éternel, aimez le périssable ! »
Edgar Morin
lors de l'émission de France Cul
For intérieur, le 12 décembre 2004

Il rejoint Ingmar Bergman quand celui-ci, dans Sarabande, fait se dénuder les deux vieillards.

samedi, 18 décembre 2004

De retour après traversée de certaines lassitudes

Comment reprendre une chronique interrompue depuis le 7 décembre parce que le monde - bruits, visages, paysages, brumes, paroles, rires, haines , nourritures, livres, images, voix, à nouveau visages - vous a tant traversé que vous en demeurez pantelant aux bords de votre écran ?

Cahiers d’écoliers ? écran ? bloc-notes ? blogs ?
Décidément, je ne suis point chroniqueur, diariste, bloggeur ! Ni poète, ni écrivain ! Un écrivant, sans doute oui !
J’aime bien le mot “barthésien” en diable et cet usage du participe présent dont sont friands mes anciens Grecs ! Écrivant qui va son chemin hors des appareils, des usages littéraires, des systèmes de valeurs, des cadres de référence.

Nous sommes des écrivants, n’est-ce pas ?
La blogosphère : une rumeur immense, et paisible et joyeuse et triste, d’écrivants...

Comment et pourquoi donc reprendre ?
Eh bien ! Parce que le “phalanstère” se manifeste au hasard des rencontres de la semaine. Sur les sentiers, au téléphone, dans la rue, au moulin de Bec où les flûtes de Naudet, de Boismortier et les sonnets de Louise Labé s’allient à nouveau.
Il se manifeste peu par l’entremise du “commentaire”, cet outil de blog pas très bien apprivoisé. Et pas encore par leur propre mise en écriture sur la Toile.
Quelque espoir ! Frémissements infimes sur les écrans amis.

Comment donc reprendre enfin ?
Une insomnie suffit.
Quand la pensée s’égare en velléités, s’effiloche de solitude nocturne, quand le corps las n’a point courage pour lever le bonhomme : mettre les écouteurs et les voix surgissent des nuits de France Cul, au hasard des rediffusions.
Le père Morin et son Éthique a bien failli me remettre à l’écran, mardi passé dans l'émission For intérieur... Cette nuit, plus d’un quart d’heure avec deux voix inconnues : la grave, d’un homme qui dit son enfance, ses musiques, la féminine, si jeune aux infimes et savoureuses hésitations étrangères, mais menant si bien l’engendrement de la parole, une “bonne” intewiouveuse” , quoi *?
L’insomniaque s’agite lentement sur la couche au gré des accords et des désaccords avec ce qu’énoncent les deux voix. Dommage ! Il semble que la voix de l’homme écrive littérature et écriture en majuscules.
Mj - et je lui en sais tendrement gré - m’a désappris cette fâcheuse inflation typographique. Ayons recours le plus souvent possible à la méditation sur le lexique des règles typographiques en usage à l’imprimerie nationale (sic) : les rois, papes, négus, archevêques, présidents et autres directeurs et ministres se composent normalement en bas de casse.
Humour du “normalement”.

* C’était, rediffusées, les affinités électives du 16 décembre. Je ne sais si je lirai Christian Gailly, mais je prends rendez-vous avec Francesca Isidori.
Dans les livres de ces jours, bien envie de m’embarquer dans l’Éthique d’Edgar Morin, quand monsieur La Martinière - dont le nom propre pourrait être mis en bas de casse, la typo faisant sens, cf. plus haut - le mettra, par Seuil sauvé des eaux, de nouveau à l'étal des libraires nantais.
Et puis, sinon de le lire, mais tout simplement de le poser sur la table, cet “objet imprimé non identifié” - dixit le jeune libraire des Abbesses - d’un certain Onuma Nemon, titré Quartiers de On chez Verticales.

mardi, 07 décembre 2004

...La veille où Grenade....

Six mois de navigation côtière s'étaient achevés à Rota, petit port dans le noroît de la baie de Cadix. Dac'hlmat était à sec. Entre les froidures - exceptionnelles, nous répétait-on - les tempêtes du détroit et nos “vieux os”, nous venions de décider un petit “break” hivernal et d'aller passer Noël dans nos douceurs océanes. Nous reviendrions pour vivre la Semaine Sainte à Jerez, passer une soirée “Flamenco”, visiter les “bodegas” de Jerez et de SanLucar de Barrameda, y déguster le manzanilla, le fino et l’amontillado, assister à une corrida (!), franchir le détroit et continuer le périple.

Patrik est venu nous chercher et nous a entraînés, LÀ, dans cette ville fulgurante qu'est Grenade.
Je n'avais en tête que cet incipit d'Aragon dans le Fou d'Elsa. Depuis la mort de Rabéa. Trente-sept ans dans les chants du Medjnoun, les paraboles, les zadjal... À longueur de pages, mots à longs traits;


...La veille où Grenade fut prise
à sa belle un guerrier disait...


Et en deça de ces ans, dans la chambre de la rampe Bugeaud quand éclatait la haine de l’OAS, nous faisions l’amour.
Et Rabéa me demandait de lui lire Fédérico Garcia Lorca. Et je lui lisais
La Casida de la Femme couchée.
Le Divan du Tamarit.
La Gacela du souvenir d’amour.


Et le corps ébranlé, troué, de Fédérico s’affaissait sous les murs de l’Alhambra.
Quand coulait le sang d’un “yaouled” dans une rue d’Alger.
Temps télescopés des violences et de la mort.

Mais ce matin de décembre 2001, nous étions dans la fraîcheur sèche, paisible, d’une Grenade ensoleillée. Neiges aux crêtes de la Sierra Névada.
Dans les jardins du Généralife, nous avons attendu que s’écoule la foule. À midi, l’Alhambra était quasi déserte.

Tous trois, Nicléane, Patrik et moi, mais chacun(e) seul(e), avons arpenté les patios, les salles, les alcôves, les jardins, les chambres, les tours. Jusqu’au mitan de l’après-midi.
Nicléane et Patrik ont fait moissons d’images.
Moi, je ne retenais, au rythme lents de mes pas, que des mots, des noms, des musiques comme des silences.

la salle du Mexuar...la vasque de la Chambre dorée...le bassin des Myrtes... le salon de Comares... le patio de la Grille et par-delà... le balcon de la Reine...l’Albaicin

Voici les images de Patrik :

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En fin d’après-midi, je suis revenu sur mes pas pour retrouver Nicléane ; je souhaitais qu’elle me photographie l’unique visage qui hante les murs de l’Alhambra. Il est dissimulé sous la voûte d’une alcôve de la salle des Abencerajjes.

D’où vient-il ce androgyne voyageur ? Il questionne la beauté.

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Toi qui marches dans moi ma profonde musique
J'écoute s'éloigner le parfum de tes pas

Aragon, le Fou d'Elsa

lundi, 06 décembre 2004

Éthique, grand âge et culture prolétarienne

Une semaine qui déjà s'étend en larges horizons.
Ce matin, le père Morin et son ÉTHIQUE sur France Cul. C'est toujours roboratif ! En espérant que son Éhique soit moins ardue que La nature de la nature qui ouvrait le bal de la Méthode.
Il y a des grognons sur les blogues philosophico-métaphysiques qui vont grincer des dents.

Un quart d'heure après, j'entre dans le hall des Chantiers, qui est pompeusement nommé Maison des hommes et des techniques.
Eugène, mon père, y fut apprenti à l'âge de treize ans ; il y fut ajusteur-mécanicien jusqu'à la guerre ; et moi j'y viens pour philosopher et faire du grec.
C'est mon Plan Vermeil* à moi - Merci Régis Debray pour ton humeur et ton humour ! Je m'autorise le tutoiement : avant ta courageuse aventure sud-américaine, au printemps 63, tu fus l'assistant de René Vauthier à Alger et ensemble, nous lançâmes les Ciné-Pop.

Bref, sur une table du hall, une affichette :

Le Mouvement ouvrier et la première guerre mondiale
Marcel Martinet


Martinet, l'un de ces rares intellectuels qui, en ce début du XXe siècle, défend sans relâche la culture ouvrière et l'Éducation populaire :
« Il faut que les hommes appelés à sauver le monde en se sauvant eux-mêmes (...) s'instruisent et s'éduquent, méditent et développent leur capacité ouvrière et sociale. Pour acquérir cette culture nécessaire, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes : ni dieu, ni césar, ni tribun »

dans La culture prolétarienne, 1935, Éditions Agone.


* Régis DEBRAY, Le plan vermeil , Modeste proposition , Éditions Gallimard, 2004
** Le même Régis Debray a "inventé", au grand dam de certains, le concept de médiologie

dimanche, 05 décembre 2004

Encore Louïse, mais aussi Germaine et Aristote...

D'être trop fasciné par l'écriture de la belle Cordière, je n'ai dit mot des musiques douces et allègres que nous ont jouées, à la flûte “alto”, Jocelyne et Pierre.

Une chaconne de Jean Naudot,
de Joseph Bodin Du Boismortier, les suites n°2 et 5,
une sonate de Jean Joseph Mouret
et un canon de Telemann.


Tous quatre nés dans les années 1680- 1690, cent vingt ans après la mort de Louise Labé. L’ont-ils lu ?


Hier samedi, autour un très bon whisky, chez Ray, échange à trois avec JP sur les affres que nous vivons dans les méandres de la coopération décentralisée avec nos amis des rives orientales du fleuve Sénégal.
Nous dévêtir de nos vieux oripeaux, tout autant d’ailleurs sur les bords du Sénégal qu’aux rives de Loire.

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Ce n’en était point fini avec l’Afrique : nous avions deux invitations pour un spectacle présenté dans le cadre du Théâtre Universitaire : Un drôle de silence ; j’y allais à reculons. Nicléane et moi, nous nous sommes assis près de la sortie. Je n’avais guère envie d’une flagellation de plus.
Julien Simon, l’auteur-acteur, s’appuie sur des correspondances, des témoignages d’appelés : c’est simple, émouvant ; peu de cris, mais justes, dans la longue mélopée qui déroule l’ennui, les peurs, les incompréhensions.
Un peu tordu, ce décor en échafaudage qui oblige à des contorsions qui ne renforcent guère le sens. Ça n'évoquait, ni la trivialité des chambrées, ni la solitude effarée des pitons et des tours de guet. À peine peut-être un parcours du combattant ?
Combien de milliers de nos bouches emplies d’un sable lourd de souffrance et de honte ?
Merci à Julien Simon d'avoir descellé ces bouches.

Et pour clore, tard le soir, un bref courriel de Nelly F, à propos du colloque parisien de vendredi 10 décembre sur la lutte contre l’exclusion et les Centres sociaux éducatifs en Algérie. Elle sollicite ma parole.Ce ne sera celle que d'un modeste artisan.
Le projet d’un hommage que le département du Morbihan doit rendre à l’une de ses célèbres résidentes, Germaine Tillion, la dame de Plouhinec, se précise.
Je pense aussi à cet automne morbihannais de 2005. Sans trop encore savoir la forme que pourrait prendre ma participation à cet hommage. L'artisan de l'Éducation de base et l'amant des Aurès s'affrontent en mon for intime.

Un cairn à la "Grande Vieille" ?

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Et demain lundi, comme un retour - mais, ô combien plus allègre - aux levers matinaux de naguère, je m'en vas entendre Aristote et son interprétation de la tragédie : c'est André S. qui officie dans le rôle d'un Socrate nantais. Bonheur de parcourir ces savoirs philosophiques.

samedi, 04 décembre 2004

Auprès de Louïse Labé, encore un peu

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Olivier de Magny lui répondit... Malgré tout. D’autres anonymes la célébrèrent. Calvin aux fesses serrées et quelques autres machistes tentèrent de la salir. La Fontaine, qui n’eût pu qu’en être amoureux, s’inspira sans doute de son Débat de folie et d’amour.
De femme à femme, Desborde-Valmore pleure des pleurs de Louïse.
Jusqu’à Aragon qui y alla de sa chanson populaire “où rien ne finit jamais par des chansons”.
Dans son Louise Labé - œuvres complètes, chez GF Flammarion, 2004, François Rigolot en rend fort bien compte.
Il a seulement oublié l’abrupte densité de René Char qui, dans Page d’ascendants pour l’an 1964, écrit

Louise Labé a gagné ses éperons à la trêve des lys, elle est amante.



La sculpture est d'Ipoustéguy.
Elle se dresse à Lyon, place Pradel

vendredi, 03 décembre 2004

De Louïse à Bai Ling

Ce soir
au sortir du verbe de Louïse, de la toute neuve langue qu'elle épanouit en corolles multiples,

Hier au soir
en surimpression dans le dédale des couloirs et des chambres
Wong Kar-Wai dessine les espaces encercelant
le visage piégé d'amour de Zhang Ziyi et sa croupe affolante dans une robe de supermarché

O noires nuits vainement atendues
O jours luisants vainement retournez

O tristes pleins O désirs obstinez
................................................
O miles morts en miles rets tendues


comme une universalité de la douleur femelle

jeudi, 02 décembre 2004

La camarde si proche encore

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mercredi, 01 décembre 2004

Louïse Labé Lionnoise

Vendredi soir prochain, chez Pierre qui jouera de la flûte, je lis la Belle Rebelle.

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Double contre-sens :
une voix de "mec" pour le texte et une flûte pour le luth.

Est-ce si grave ?
Je ne serai peut-être, lisant, que l'ombre de cet idiot d'Olivier de Magny, ce lecteur sourd de la plus fascinante plainte d'amante.

Pour m'y préparer, balade matinale dans les brumes de Loire.
Depuis deux jours, je m'emplis les oreilles de belles disantes, les voix de Bérangère Dautun, Catherine Sellers, et Emmanuelle Riva. C'était en décembre 83, une "Relecture" animée sur France Cul par Hubert Juin.
Longtemps, je me suis étonné de la façon dont Juin nommait l'écrivaine lyonnaise, en traînant sur le "OU" et accentuant le "I".
Mais bien sûr, ill suffit de déchiffrer attentivement une des graphies qui nous sont aujourd'hui proposées :
LOVïSE


À perte de souffle et de sens, labiale labile louïse labbé lïonnoïse belle rebelle baisée à en expirer jusqu'aux "Ö" bels exténués soupirs des bouches liées

Plus lointaine encore, mais elle, rocailleuse et déchirante, la voix de Colette Magny

Baise m'encore, rebaise moy et baise

dimanche, 28 novembre 2004

Au sortir de la douleur

“Toute cette douleur... au moins, est-ce que ça apaise de la nommer ? “

Oui ! Amie !
La nommer, mieux l’écrire, la rend portable - comme on dit “porter le deuil”.
Tu sors le regard lavé de l’inessentiel. Du moins pour un temps.
Tu réapprends la bonté.

Pour tenter d’éclairer l’énigme, il faut reprendre la glane. Dans les livres, sur les écrans, sur les ondes. Dans la présence si tendre de la compagne de mes jours. Dans les regards des amis, dans la chaleur de leurs mains, sur leurs lèvres hésitantes.

France Cul, le 5 octobre de cet an, diffusait un entretien de Michel Foucault avec Claude Bonnefoy, entretien mis en ondes par des comédiens.

« Tant qu’on n’a pas commencé à écrire, écrire paraît la chose la plus gratuite, la plus improbable, presque la plus impossible, celle en tout cas à laquelle on ne se sentira jamais lié.
Puis il arrive un moment - est-ce à la première page, à la millième ? est-ce au milieu du premier livre, ou ensuite, je l’ignore - on s’aperçoit qu’on est absolument obligé d’écrire. Cette obligation vous est annoncée, signifiée de différentes façons. Par exemple, par le fait qu’on est dans une très grande angoisse, dans une grande tension, lorsqu’on n’a pas fait, comme chaque jour, une petite page d’écriture.
En écrivant cette page, on se donne à soi-même, on donne à son existence, une espèce d’absolution : cette absolution est indispensable pour le bonheur de la journée. Ce n’est pas l’écriture qui est heureuse, c’est le bonheur d’exister qui est suspendu à l’écriture.
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On écrit pour arriver au bout de la langue, pour arriver par conséquent au bout de tout langage possible.
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On écrit aussi pour n’avoir plus de visage, pour s’enfouir soi-même sous sa propre écriture. »

Accompagnant Philippe Forest, - de lui, j’ai lu à la fin de l’été L’enfant éternel, des pages qui se lisent, les yeux emplis de larmes - accompagnant donc cet homme de l’autre côté du monde, il me donne à lire dans Sarinagara une longue, lente médidation sur l’énigme qu’inaugure un poème de Issa

monde de rosée
c’est un monde de rosée
et pourtant pourtant


Forest propose comme une interprétation de ce “et pourtant pourtant”
cependant


Et en écho, comme un appui qui ne résoud point, mais approfondit le questionnement, les guitares de René Char :

Merci, et la Mort s’étonne ;
Merci, et la Mort n’insiste pas ;
Merci, c’est le jour qui s’en va ;
Merci simplement à un homme
S’il tient en échec le glas.

21:55 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (0)